Music
1.
La nuit ouvre ses fenêtre sur l’empire….la lune est haute dans le ciel, le silence est pesant, oppressant. Sur les toits, une silhouette se faufile rapidement sans émettre le moindre bruit. Elle parait irréelle, ses déplacements sont fluides et légers comme le vol d’un papillon. Toute de noir vêtue, Tora s’arrête là où les rayons lunaires ne peuvent l’atteindre, la lune cette nuit semble vouloir la trahir, allongeant une ombre persistante sur les murs des bâtiments. Au fil de ses pas feutrés et légers, son cœur commence à s’emballer. L’ancienne maison du conseil n’est plus très loin, et même si tous les sages ont été décapités en place publique, certains hommes l’occupent encore. Elle ferme les yeux, accroupie contre un des murets surplombant d’autres toits, son cœur se ralentit, Tora entre dans une sorte de méditation qui lui permet de détendre chaque muscle de son corps. Sa respiration elle aussi se fait plus lente….
*-Tora ?
-Oui maître ?
-Ces hommes sont dangereux.
-J’en suis consciente.
-Il ont été entraînés par le général Tanaka en personne tu as tort d’y aller seule.
La jeune femme voile alors son visage d’un turban noir cachant ses traits fins et délicats, puis se retourne vers le vieil homme qui la regarde d’un air soucieux. Du bout de ses doigts il tire sur sa barbe filasse. Les globes blancs de son regard lui donnent un air fantomatique, il est fin comme le roseau, et son visage parcheminé ne montre plus aucune émotion. Elle porte le regard vers la fenêtre, la nuit vient de tomber, la chaleur est douce.
-Je ne crains pas la mort.
-Il y a pire que la mort Tora…il y a l’échec et le déshonneur…*
Un bruit la tire de ses pensées, un groupe d’hommes vient d’entrer dans la maison du conseil. Ils chuchotent, et bientôt une faible lumière se diffuse à travers les panneaux coulissants du bâtiment. Encore quelques minutes d’attente…Elle lance un crampon vers un arbre en contrebas, puis armée d’une section de bambou coupée transversalement, se laisse coulisser rapidement vers le bâtiment. Un des hommes qui garde la porte tourne la tête…..
-Tu as entendu ?
-Mmm ? Quoi ?
-Ce bruit….
-C’est ton imagination qui te joue des tours…
-Non j’aurais juré que…
Mais à ce moment, un chat bondit hors d’un buisson…et traverse la rue sombre….
-Alors ?
-Non c’est bon…juste un chat…
L’ombre, pendant ce temps, se faufile derrière le bâtiment, glisse le long du mur en regardant de gauche à droite….puis escalade un muret afin de s’introduire à l’intérieur.
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20 minutes plus tard, la jeune femme sort du bâtiment serrant contre elle un objet précieux…..elle ne dispose que de peu de temps pour s’enfuir, bientôt l’alerte sera donnée….Aussi légère qu’un papillon, Tora se précipite vers un coin ou la lune ne peut trahir sa présence….Des cris autour d’elle, il est trop tard…..
-Par ici !!!!!!! Le tan'tou a été dérobé !!!!
Des hommes commencent à emplir les rues autour de la maison, Tora d’un bond se précipite à découvert, le combat est inévitable…la seule issue est une ruelle gardée par deux hommes qui se retournent en la voyant courir vers eux. Une main entre les omoplates, son sabre est retiré à toute vitesse, gifflant ceux des deux hommes en un bruit de métal. Rapide comme l’éclair, elle bouge comme la lumière, tournoyant sur elle-même, sa lame, moulinant l’air dans un bruit de fouet. Elle saute, pare les coups, exécute un salto avant pour se retrouver derrière les deux guerriers et décocher ces étoiles que l’on appelle Shaken. Une deux puis trois, parées par les lames qui dansent dans la nuit, la quatrième atteint sa cible, l’homme hurle puis tombe à genoux la jugulaire tranchée. Tora en profite pour s’enfuir, suivie du second qui tente de donner l’alerte. Elle se met à courir puis escalader un mur, sautillant comme un petit singe. Les griffes de ses pieds l’aident à grimper et devenir aussi agile qu’un animal sauvage….elle saute, virevolte à présent sur les toits, sentant seconde après seconde, l’air de la liberté brûler ses poumons,. Tandis que les autres hommes fouillent les rues, son poursuivant gagne du terrain. L’homme est rapide et entraîné, si elle veut en découdre de lui, elle doit l’affronter. Tora se retourne et brandit à nouveau son ninjatô. L’homme lui aussi fend l’air de son sabre, et le combat qui fait suite devient balet tant les figures sont acrobatiques et légères.
La jeune femme est une combattante hors pair, par deux fois elle touche l’homme, une fois au bras, une seconde à la cuisse. Au moment où elle pense la partie gagnée, juste au moment ou le sabre de son adversaire est projeté dans les airs, elle reçoit un coup de pied fulgurant dans le plexus et est projetée sur les tuiles. Tentant de reprendre sa respiration elle veut se redresser mais l’homme est déjà sur elle, rugissant de lui rendre ce qu’elle a volé. Un corps à corps débute, l’ennemi est puissant et habile, au point de lui arracher le bandeau qui cache son visage….
Un rayon de lune l’éclaire, l’homme écarquille les yeux.
-Ce n’est pas possible !!!!!
Il s’effondre alors, une Fukumibari, cette petite flechette plate qu’elle cachait dans sa bouche vient de se planter dans la gorge ennemie….A bout de souffle, elle replace le bandeau noir sur son visage et se relève tant bien que mal. Une douleur cuisante poinçonne son épaule, elle est blessée….probablement un coup de sabre masqué par l’adrénaline qui rugissait dans ses veines au moment du combat.
Quelques minutes plus tard, l’ombre s’évapore à travers les toits, chargée de son précieux butin….
Le tant’ou, cette petite dague dont le manche en or représente un phénix dont la tête sans vie retombe sur le côté.
La seule arme capable de tuer l’Impératrice que l'on dit immortelle...celle qui brille maintenant dans les mains de la kunoichi.
Sujet: La rue près de la maison du Conseil 
Jeu 27 Mar - 22:58