Une auberge..

71. ( Avant au port)



Le cheval et sa cavalière traversaient les plaines de Sunliao, sans plus s’arrêter, sans plus se retourner, fuyant le passé, fuyant l’ombre d’aventures qui n’étaient plus, une histoire qui s’était écrite avec passion, avec humour, avec humeur et qui cherchait à présent son point final.

La pirate, visage fermé, laissait sa monture les guider vers l’inconnu, droit devant, laissant le vent et les pensées glisser sur elle. Ne pas réfléchir à ce qu’elle avait été auparavant, ne plus songer à ce qu’elle était devenue, refuser de reconnaître qu’elle n’était plus que l’ombre de Lady Sparrow.
Il lui fallait oublier, oublier ce pourquoi elle s’était battue et pourquoi elle s’était dressée si longtemps contre vents et marrées. Il n’y avait plus que le son du galop effréné de Tornade, sa respiration, la sienne, les battements de son cœur, le vent, la vitesse et la liberté. Mais à quoi bon vivre libre quand on a perdu la foi ? La foi en l’avenir, cette incroyable énergie qui pousse l’homme à avancer, toujours, envers et contre tout ?

Lady Sparrow cherchait une raison de poursuivre, mais en ce moment, elle ne voyait plus rien, plus rien que le néant, la fin de ses aventures.. Et les lumières au loin d’un village, une ville peut-être, et peut-être le moyen pour elle d’oublier, d’arrêter de réfléchir..
La pirate trouva rapidement ce qu’elle cherchait, une taverne ou plutôt une auberge, même si ici, ce mot revêtait une bien étrange signification au vu du style de la baraque. Elle avait failli oublier qu’elle se trouvait à Sunliao.

Jesse mit un pied à terre, lentement sans se presser, attacha l’étalon à un montant devant l’auberge et grimpa les trois marches pour entrer dans l’établissement, un endroit calme, trop calme, mais pas totalement désert de clients. La pirate posa un regard circulaire sur le décor, les chaises, et quelques voyageurs attablés ci et là, et puis le bar avec son tenancier, les serveurs, tous des asiatiques empressés et souriants, prêts à servir la clientèle pas trop nombreuse. Elle était l’unique femme de l’endroit et aussi, l’unique femme pirate, blonde de surcroît, ce qui lui valut des regards perplexes, curieux, méfiants, mais qui ne s’attardèrent pas.

Jesse s’installa à l’une des tables, et à peine assise interpella l’un des serveurs.

- Je suppose que dans votre bouge, y’a pas de rhum ?
- si madame ! Nous avons tout ce que voyageur peut désirer, si madame désirer rhum, madame avoir rhum. Mais peut-être pourrions-nous vous conseiller une boisson un peu plus sage, de thé par exemple ? Nous avons excellent thé vert .
- NON ! Du RHUM J’AI DIT, Sacrebleu !

L’autre fit toute une série de courbette avant de se retirer promptement, non sans avoir jeté un coup d’œil au sabre qu’il avait vu à sa ceinture. Vu le caractère de la dame, mieux ne valait pas trop la contrarier. Et quelques minutes après, Jesse avait enfin son rhum. Quand le serveur voulut repartir avec la bouteille après l’avoir servie, Jesse la lui arracha des mains.

- je garde la bouteille.. Pouvez déjà préparer une autre ! et ne vous inquiétez pas, j’ai de quoi payer !

3. ( Avant dans la campagne utopienne)

Leur voyage s’était passé sans aucun problème, ils étaient montés sur le chariot du marchand et l’avaient accompagné jusqu’à Sunliao. Certes le voyage ne s’était pas fait en une journée car pour atteindre Sunliao, il fallait d’abord passer sur les terres vestaliennes. Mais ils y étaient parvenus, entiers et avaient rempli leur contrat avec le marchand. Une fois empoché la récompense promise, Mad se dit qu’ils auraient le temps de trouver un autre service à rendre d’ici que sa bourse fut à nouveau vide. Allister leur avait parlé de batailles qui faisaient rage le long d’une muraille que l’empereur faisait construire, alors peut-être qu’ils y trouveraient du travail, même si Mad se voyait plus en guerrier qu’en ramasseur de caillou.

- en attendant, on a bien mérité un peu de repos et un bon repas..

Mad avait envoyé une belle tape dans le dos de son ami Rool qui ne protestait même plus, habitué qu’il était aux démonstrations amicales de son associé.

- oui mais pas de bêtises cette fois !
- quoi des bêtises ? Je suis sage comme une image moi !

Le large sourire de Mad valait toutes les paroles du monde, Rool ne le connaissait que trop bien. La dernière fois, Mad n’avait pu s’empêcher de miser une grosse somme en pariant dans un jeu stupide et il avait perdu, naturellement. Rool avait eu beau lui dire que le jeu était truqué, il n’avait rien voulu entendre. Ce n’était qu’une fois qu’il avait perdu de trop précieux écus qu’il s’était brusquement rappelé des paroles de Rool et avait menacé de faire passer le meneur du jeu à travers la fenêtre si ce dernier ne lui rendait pas sa mise. Ce que bien sûr, l’autre avait refusé, et ça avait fini en énorme bagarre qui finalement les avait quand même laissé les poches vides.

- tu sais bien ce que je voulais dire.. et pas de filles ce soir, on doit un peu économiser, en plus on est bien loin de chez nous là. Qui sait ce qui peut arriver ?
- rahh t’es bien un pessimiste toi ! oui qui sait ce qui peut arriver ? un tas de bonne choses, je fais confiance en ma bonne étoile.
- la pauvre…
- hey arrête de jouer les rabats joies et tâches de t’amuser aussi un peu pour une fois.
- ben je m’amuse, et j’amuse même les autres…

Rool venait de lui désigner son psaltérion, instrument qui accompagnait les chansons qu’il écrivait au gré de leurs aventures.

- mouais, c’est pas avec tes cordes que tu vas séduire les filles.
- ça c’est toi qui le dis.

Et Mad se détourna de Rool alors qu’il venait de pousser la porte de l’auberge devant laquelle ils étaient arrivés. Il regarda les clients attablés, les serveurs et brusquement fit la plus évidente des constatations.

- fichtre, j’avais oublié qu’il n’y avait que des bridés ici !
- chutttt, tu vas nous faire jeter à la porte avec ce genre de réflexion.
- ben en tout cas aucun soucis à se faire pour les filles ce soir.. quoique.. Hey regarde-moi celle-là !!

Rool tourna la tête dans la direction que regardait Mad et fronça les sourcils. De toute évidence cette femme n’était pas de la région.

- hmm drôle d’allure, on dirait une renégate de l’île du Moine.
- la classe !
- une voleuse !
- on est fait pour s’entendre..
- je dirais même plus, une pirate !
- je l’aime déjà…
- tu aimes toutes les femmes…
- mais celle là les surpasse toutes, regarde moi ce …
- messieurs ? vous désirez prendre place ?
- euh oui.. mais on va demander à la dame si elle veut bien un peu de compagnie.
- Mad.. je crois qu’il faudrait éviter.
- bah pourquoi ? Une belle femme comme ça, dans ce genre d’endroit, ça ne doit pas rester seule. Elle a peut-être besoin de la protection d’un preux chevalier ?
- je ne crois pas.. elle est bien équipée.

Tandis que Rool désignait le sabre qui pendait de côté à la ceinture de la pirate, Mad lui regardait tout autre chose, avec le même large sourire qu’en entrant dans l’auberge.

- ça pour être bien équipée !

Rool soupira, c’était perdu d’avance, surtout avec ces airs que prenait Mad tout en s’approchant de sa future proie.

72.



Regardant sa bouteille presque vide, la pirate secouait la tête. Qu’allait-elle faire à présent ? Elle avait laissé Max derrière elle, et ne reviendrait pas sur sa décision. Son époux avait préféré se préoccuper de son clebs plutôt que d’ouvrir les yeux et de voir que leur relation allait mal. Elle ne devait pas avoir de regret, et têtue comme elle était, elle était bien décidée à aller jusqu’au bout. Mais au bout de quoi ? Le problème était là, Jesse ne voyait plus d’avenir pour elle, n’avait plus goût à se battre. Elle avait le sentiment d’avoir perdu cette flamme qui l’avait consumée toutes ces années, lors de toutes ses aventures.

Et maintenant quoi ? Allait-elle continuer de vivre dans ses souvenirs ? Allait-elle finir vieille et aigrie à se morfondre sur le temps perdu ? Non, voilà au moins une chose qu’elle éviterait. Elle refusait de finir ainsi. Comme tous les pirates, Jesse aurait voulu terminer son histoire par un dernier coup d’éclat, une dernière aventure tellement brillante que personne jamais ne pourrait oublier son nom.
Oui.. briller une dernière fois, mais comment ? Comment marquer l’histoire ?

Toute femme lui aurait répondu qu’il n’y avait qu’une manière de le faire, mais tous ceux qui connaissaient bien Jesse lui auraient conseillé d’éviter de le lui dire.
Alors se posant moult questions sans réponse, Jesse en était à sa troisième…quatrième bouteille de rhum ? Et elle ne parvenait plus vraiment à réfléchir correctement.

Brusquement un malotru eut le geste interdit, celui qui demandait une réaction aussi vive que le geste. En moins d’une seconde, le pistolet de la pirate se retrouva sous le nez de celui qui avait osé. Etonnants réflexes pour une femme déjà ivre, mais il le fallait bien quand on était pirate, capitaine, et femme de surcroît, il y avait des choses que même ivre, on ne pouvait laisser au hasard.

-bas les pattes !!!
- hey, du calme, je voulais juste.. juste trinquer avec vous !

Jesse leva les yeux vers cet homme qui lui souriait largement, tandis qu’elle affichait un air des plus mauvais. Elle plissa les yeux sans baisser son arme.

-Ne sais-tu pas que ce genre de geste aurait pu te coûter la vie ? On ne vole pas son rhum à un pirate !
- ha tu vois j’avais raison !
- ah mais je ne voulais pas le voler, je voulais partager.. Du reste pour vous prouver ma bonne fois, on peut en commander une autre tout de suite. Garçon ??

Evidemment, s’il la prenait par les sentiments, elle voulait bien trinquer avec cet étranger. Jesse rengaina son arme. Oui ça aussi, même saoule, elle savait encore faire la différence entre un bridé et un ..non-bridé.. Elle l’observa à la dérobée alors qu’il guettait le serveur, et détourna aussitôt la tête tandis qu’il reportait son attention sur elle.

Et comme le serveur apportait une bouteille neuve, ne voulant pas gaspiller la marchandise, Jesse vida aussitôt ce qu’il restait encore dans la bouteille qu’elle tenait serrée dans sa main.

-Et t’es qui d’abord ?
- Mad Martigan pour vous servir.

L’autre lui fit une petite courbette de salut et Jesse d’abord stupéfaite, éclata de son rire si peu discret.

-Haha.. tu rigoles ? Pour me servir, rien que ça ?
-bien sûr ! Je suis prêt à faire beaucoup de choses, en échange de quelques pièces bien sûr..

Le dénommé Mad lui sourit d’un air entendu qui ne trompait pas la pirate. Elle le jaugea des pieds à la tête, s’écartant un peu pour avoir une meilleure vue d’ensemble, et vacilla légèrement en souriant à son tour avant de répondre sur un ton pâteux.

-han… c’est vrai qu’t’es plutôt pas mal pour un mignon.

4.


Le moins qu’on pouvait dire au sujet de cette pirate, c’est qu’elle n’était point commode. Mais cela ne dérangeait pas vraiment Mad qui de toute façon, savait que cette femme là ne correspondait pas du tout au genre de femme qu’il avait l’habitude de « secourir ». Hélas, celle-ci ne semblait pas avoir besoin de son aide. Ce qui toutefois, ne l’empêcha pas d’insister un peu pour faire plus ample connaissance. Et les arguments pour la convaincre de l’accepter à sa table, ne furent pas trop difficiles à trouver.

Saisissant une chaise pour s’y assoir, il la regarda avec soulagement, ranger son pistolet à sa ceinture. Mad avait déjà compris qu’il devrait montrer patte blanche afin de ne pas contrarier la belle qui semblait manier ce genre d’arme avec aisance, ce qui n’était guère étonnant quand on connaissait la réputation des pirates.

Le guerrier lui offrit son plus beau sourire alors qu’elle le dévisageait sans aucune gêne et fut très flatté de voir qu’elle n’était pas insensible à ses charmes.

- Merci, ..euh… Mais comment ça un mignon ?
- elle te prend pour un gigolo, ce qui, si on considère l’état de tes services, n’est pas tout à fait erroné.
- Quoiaa ? un gig… Mais nan ! Sachez que je ne suis pas DU TOUT ce genre d’homme !... erroné ?

Mad qui avait pris ses grands airs indignés, fronça les sourcils en regardant Rool qui avait du mal à garder son sérieux. Mais son attention revint très vite à la pirate qui n’en perdait pas pour autant son flegme dû à son état d’ébriété passablement avancé.

- ha non ? Dans ce cas, j’vois pas quel genre de service tu pourrais m’rendre.

Il la regarda avaler une longue rasade de rhum, impressionné par la descente de cette femme, alors qu’il hésitait sur la réponse à lui donner. Il venait de rater une coche avec cette histoire de gigolo, mais il ne s’était pas attendu à entrer aussi vite dans le vif du sujet. Enfin de là à ne devenir qu’une marionnette aux services des fantasmes féminins, non ! Il avait tout de même sa dignité.

- et bien..euh.. Une femme seule en terre étrangère, n’auriez vous pas besoin d’un chevalier pour vous protéger ?

La pirate recracha sans façon, la gorgée de rhum qu’elle venait d’avaler, pour éclater de rire et soudain redevenir aussi grave qu’elle l’était quand il l’avait abordée.

- dis tu serais pas en train de te foutre de moi ?
- quoi ? mais non non, pas du tout. S’il le faut je peux vous certifier que toutes les femmes auxquelles j’ai proposé mes services, étaient euh.. ravies.

Un rire étouffé détourna son attention de la femme pour jeter un regard mauvais à Rool.

- tu t’enfonces là, l’ami.. laisse tomber, elle n’a pas besoin de nous.
- Soit, vous n’avez pas besoin de mes services, ni de ma protection. Mais pourrais-je au moins connaître votre nom ?

Il lui sourit encore et croisa ce regard de braise qui l’avait déjà envoûté.

- Lady Sparrow, capitaine Lady Sparrow !
- wooh capitaine ?
- hé oui m’sieur !
-et vous avez un navire?

La pirate eut un hoquet et tourna la tête vers Rool :

- Il est abruti lui ou quoi ?

Et Rool haussa les épaules, l’air navré pour elle.

- bien sûr que j’ai un navire, le White Star si tu veux tout savoiâar !
- ben je me disais, être capitaine, ça vaut pas nécessairement dire que vous êtes la propriétaire du rafiot, et que peut-être vous l’auriez volé à un autre ..

Mad lui adressa un clin d’œil, mais ne s’attendait pas à provoquer la réaction qui suivit.

73.

Son navire, volé ?? Mais pour qui il la prenait lui ? Car s’il y avait une chose qui lui appartenait dans ce bas monde, c’était bien le White Star, et vu l’état dans lequel se trouvait la pirate, la moindre contrariété pouvait provoquer la plus étonnante des réactions. Soit en l’occurrence une violente colère envers cet homme pour avoir OSE dire qu’elle avait volé son navire.

Jesse se leva si brusquement que la table recula sur ses pieds et la bouteille tangua dangereusement, parée à se renverser. Mais là encore un réflexe qui restait indéfectible malgré l’esprit embrumé de Jesse, lui permit de sauver le précieux liquide.

La bouteille préservée, Jesse dressée au dessus de cet homme qui avait provoqué sa colère, se pencha plus encore en avant, tanguant à son tour, telle une coque de navire malmenée par les flots. Elle le menaça du bout de son index qu’elle appuyait à chaque fois sur son torse.

- Sachez, Môssieur ! Que le White Star a été construit spécifiq’ment pour moi, ce navire est unique et personne.. Nooon, Je dis bien PeRSssssoonnne me ne le, ne me le volera JAMAIS ! c’Bien compris ??
- mais je n’ai jamais dit que ..
- SIIIIiii tu l’as dit.. hein qu’il l’a dit ?

Jesse prenait à témoin, l’autre hurluberlu qui semblait tout à fait approuver ses dires. Il devait craindre de provoquer plus encore sa colère.

- oui oui, tout à fait, Mad tu devrais faire tes excuses à la dame.
- CAPitaine !!!
- euh oui.. à la capitaine.
- Hey, mais j’ai rien dis moi !
- Mad !
- J’ai juste dit que son navire aurait très bien pu être volé, après tout c’est courant chez les pirates !
- Tu vois !!!! Tu recommences ! RAhhhh, vais te faire regretter tes paroles !!

Jesse avait dégainé à nouveau son sabre, mais son équilibre n’était plus aussi au point qu’à son entrée dans cette taverne, elle bascula et le preux chevalier se précipita pour lui éviter une pénible chute. Pendant un instant, elle resta là sans réagir, fixant ses yeux si bleus, sa colère envolée. Puis brusquement elle retrouva ses esprits et le repoussa brutalement. Après la troisième ? quatrième bouteille, elle avait atteint son quota de rhum pour la soirée.

- Laisse-moi.. j’crois que je ferai mieux de rentrer.
- puis-je vous raccompagner ?

Jesse plissa les yeux d’un air mauvais.

- NOnn, toi le preux chevalier, tu m’oublies ok ?

La pirate sortit une lourde bourse et déposa de belles pièces brillantes sur la table avant de faire demi-tour et tâcher d’atteindre la porte. L’exercice ne fut pas facile, mais elle avait l’habitude des tempêtes, même si celles qui malmenaient son corps et son cœur étaient d’une nature très différente..

5.

Mad regarda la porte claquer violemment après la sortie de la pirate. Puis il se tourna vers son acolyte.

- Mais quelle mouche l’a piquée ?
-il semblerait que tu aies touché à un point sensible.
- touché ? J’l’ai juste empêchée de tomber.
- oui mais bon, de lui dire comme ça qu’elle avait peut-être volé ce navire auquel elle semble beaucoup tenir, c’était pas très malin de ta part.
- mouais.. sans doute..

Mad qui était resté debout un poing sur la hanche, se grattait la nuque, songeur.

- bon alors tu vas peut-être t’assoir à présent ? Et nous pourrions manger quelque chose non ?
- hm non… non, il faut que je la rattrape.
- quoi ?? Tu vas encore te prendre un râteau ! Tu n’as pas compris qu’elle ne voulait pas de toi ?
- ha mais ça c’est parce que je lui ai parlé de son fichu rafiot !
- tu vois, tu recommences.
- oui ben il me suffira d’éviter d’en parler et j’aurai peut-être une chance..
- tu doutes de rien toi hein ?

Mad se rapprocha de la table et se pencha, mains à plat sur la surface pour confier à son ami :

- peut-être que je la mettrai pas dans mon lit ce soir, mais un jour où l’autre sans doute. Et puis c’est pas ce qui m’intéresse le plus chez elle.
- ah non ? Tiens ! J’aurais pourtant parié que oui, si tu crois que je t’ai pas vu loucher sur ses ..hem..

Rool fit un geste éloquent pour désigner cette partie charnue et si attirante chez les femmes. Mad s’esclaffa :

- Clair, il aurait fallu me mettre des œillères comme aux chevaux pour que j’y regarde pas dans son décolleté. Mais c’est pas de ça, dont je parlais.. T’as pas vu toutes ces pièces qu’elle trimbale ?
- sa bourse ? Quoi ? Ne me dis pas que tu comptes …

Mad lui sourit largement, le regard brillant de ruse.

- Sii ! Justement ! Et en plus, dans l’état où elle est, elle n’offrira pas beaucoup de résistance. Bon alors tu viens ?

Rool se redressa rapidement alors que Mad empruntait à son tour, le chemin de la sortie.

- Et tu vas t’y prendre comment ?
- j’ai ma p’tite idée là-dessus, fais moi confiance.. Pour commencer, ajouta Mad en regardant la cavalière s’éloigner au grand galop. Il nous faut un cheval pour la suivre.
- ah oui ? Et tu comptes trouver ça où ?
- bah, y’a de quoi faire là non ?

Rool regarda les chevaux que Mad lui désignait, attachés devant l’auberge. Il soupira en secouant la tête :

- encore une histoire qui va nous attirer un tas d’ennuis, je le sens !
- chuuttt… et dépêche toi.. Saoule comme elle est, elle va pas aller bien loin..
- vas savoir..

Un instant plus tard, on entendit quelques hennissements alors que Mad et Rool démarraient au grand galop, dans la direction qu’avait emprunté la pirate. Et les hommes à l’intérieur de la taverne, se précipitèrent au dehors, dans un bel ensemble pour jurer contre ces *BIP* de voleurs de chevaux.

( A suivre, au delà de la muraille)