Dans les sombres forêts d'Asgard

Sevean jeta un regard peu amène au loup avant de regarder Maya d'un air déconfit quand elle lui parla du bois sec et de la neige. Il secoua la tête négativement en avouant

Je n'y avais pas pensé.

Il prit une autre fourrure et s'assit dessus, espérant qu'elle parvienne tout de même à allumer le feu, sinon il faudrait que les fourrures suffisent. Il leva les yeux vers le ciel alors que quelques flocons commençaient à tomber avec la légèreté d'une plume. Il resta fasciné. Il n'avait jamais vu de neige, n'ayant jamais été sur les Hauts Sommets d'Orkhon où seuls on pouvait en trouver sur les terres du Maudit. Il eut un sourire hésitant et tendit la main pour cueillir un de ces pétales gelés. Il resta surpris par le froid du flocon qui fondit tout de suite sur son doigt et resserra la fourrure autour de lui. Il comprenait que le feu était indispensable s'il ne voulait finir congelé. Il pensa que la neige avait la beauté glacée de la femme en robe blanche ce qui lui fit demander à Maya.

Tu connais la femme en robe blanche ?
Qui est-ce ?
On aurait dit une noble ou quelque chose comme ça...est-ce que ça veut dire qu'il y a une ville près d'ici ?

Non pas ce soir.
Demain, j'irais demain...

répondit lentement Sevean qui commençait à s'engourdir, ressentant la fatigue des dernières semaines, du froid et de ses blessures.
Il se sentait fiévreux et alla se mettre sous le couvert de l'abri, et tacha de se tenir chaud avec les fourrures.
Sur le dos, tachant d'ignorer la douleur, il marmonna

Elle était étrange cette femme, ... surnaturelle.
Elle ne m'inspirait pas confiance.

Un peu surprenant de dire ça à une fille qui vivait parmi les loups, comme s'il avait senti qu'elle, il pouvait la suivre à moindre risques malgré les prédateurs qui l'entouraient mais c'était pourtant le cas.
Il essaya de lutter contre le sommeil, car il n'aimait pas dormir en se sentant vulnérable, mais doucement ses yeux se fermaient.
Par moment un frisson le tirait de sa léthargie, tandis que parallèlement la fièvre montait.

Sevean avait tenu bon tant qu'il s'agissait de fuir et de sauver sa peau. La perspective d'être écartelé et son fort instinct de survie l'avait poussé au delà de sa résistance. Mais à présent ayant trouvé une certaine sécurité, il succombait aux blessures infligées par le bourreau. La fièvre le terrassa, faisant errer son esprit dans des délires mélanges de souvenir et de peurs enfouies, de désir de vengeance et d'angoisse. De temps à autres il reprenait conscience quelques secondes et avec une lucidité terrible savait qu'il était en train de mourir. Il n'avait même plus froid.
Il ne sut jamais combien de temps il resta ainsi entre les deux mondes...
Un matin il s'éveilla tout à fait et se redressa, étonné de se trouver dans un lit. Un coup d'œil circulaire lui permit de constater qu'il était dans une belle chambre aux murs de pierre. Un épais rideau bouchait la fenêtre, tamisant la clarté pour laisser le malade se reposer.
Sevean fronça les sourcils, faisant un effort pour se souvenir mais ses dernières images étaient le campement de la sauvageonne. Il avait reçu des soins comme l'attestait les bandages qui enserraient encore son torse. Sevean tenta de se lever mais fut pris d'un vertige et il dut s'appuyer au lit en grognant, furieux contre sa propre faiblesse, car il restait un jeune homme impatient. Par tous les démons, où était-il ?