Camp nomade aux abords de Jawharia

23- Au Palais



- Hors de question de quoi ?
- Jared...
- Et alors, on m'oublie ?

La jeune femme s'en alla vers ses deux frères et les serra tendrement.

- Mais comment... ?
- C'est grâce à ce saltimbanque. répondit le Prince en montrant le Salaud gantilhomme.
- je m'appelle Locke !
- Je te remercie beaucoup Locke. fit Fatiha en lui donnant un tendre baiser sur la joue.
- Ce n'est rien et puis... Fallait bien que je m'en sorte aussi...
- Jared, je pense que nous devons en arrêter là !
- Arrêter quoi ? Ce Sultan s'est payé notre tête ! Il est hors de question de laisser cet affront sans réagir.
- Ecoute Jared, c'est toi qui a été choisis par notre père pour représenter les Nomades et là, tu voudrais faire la guerre à Djamila ? Faire le contraire de ce qu'on nous a appris ?
- Tu n'y connais rien Fatiha, tu n'es qu'une femme !

Là, Jared n'aurait pas dû... Un bruit sourd se dit entendre, des yeux rougis par la colère et les larmes, une claque dont il se souviendra longtemps. Fatiha n'avait pas sa langue dans sa poche et encore moins devant son frère mais jamais, oh grand jamais, elle n'aurait osé faire ce qu'elle venait de faire mais là... Il avait été trop loin !
A cause de lui, ni elle, ni Farid ne pourrait retourner à Djamila. A cause de lui, elle serait forcée de vivre avec son peuple alors qu'elle avait préféré la "liberté".

- Ne me demande plus rien Jared !

La jeune femme fit demi-tour et s'en alla dans une tente.

- Je pense que tu y as été un peu fort là Jared... Fatiha est notre sœur et sans elle, nous serions encore dans les geôles...

Farid n'en rajouta pas et alla rejoindre sa soeur pour la calmer.

Locke regarda la scène sans mot dire. Même la Sunlaoïste ne disait mot. Le prince venait de se faire gifler et les nomades se turent. Tous semblaient connaitre la jeune femme et son caractère. Ils ne furent donc pas surpris de la voir réagir ainsi.

- C'est Sayid qui devrait être content... Elle a le caractère de chef mais cette dernière ne voulait pas en prendre la responsabilité et puis... Une femme cheffe des nomade...
- Je vais paraitre désagréable mais... Etes-vous sûr d'aller bien ?

Jared lui lança un regard noir. Le Salaud gentilhomme comprit en son regard qu'il ne devait en rajouter et s'il ne dirait rien pour le moment c'est bien parce qu'il l'avait aidé à s'enfuir de prison. Pourtant, une guerre ne serait profitable à personne, surtout pas au jeune homme qui avait encore quelques affaires à faire en ces lieux...
La jeune asiatique s'approcha du prince et posa une mains sur son épaule. Elle lui souffla quelques mots dans le creux de l'oreille auxquels il acquiesça. Jared suivit la jeune femme en dehors du campement, près d'une oasis, loin des regards indiscrets et des oreilles.
Le voleur aurait pu les suivre mais il savait qu'il pourrait plus facilement manipuler la jeune femme...

- Alors la prison ?

Locke se retourna et se trouva nez à nez avec le frère la jeune femme. Xhiang, s'il ne se trompait pas... Il semblait aigri. Il n'avait guère put suivre sa sœur et il semblait être totalement exécrable. D'autant qu'il ne semblait guère apprécier ce Prince...

- Si tu veux tellement savoir, je t'y amènerai la prochaine fois...
- Ne joue pas avec moi comme !
- Xhiang ! Ça suffit !

Kasuke était revenue au moment même où son petit frère portait sa main à la ceinture...

Kasuke n'avait dit mot. elle trouvait cela dommage d'en arriver là lorsque deux êtres étaient issus de la même famille... elle jeta un regard vers son frère et se dit qu'elle n'avait jamais été facile avec lui... Elle n'y Reine, ni impératrice mais agir de la sorte était complètement stupide et c'est en voyant Jared et sa sœur qu'elle le comprit.
La jeune femme se dirigea vers le Prince et lui posa une main sur son épaule.

- Vous savez, je ne pense pas que ce soit une bonne manière de parler à sa sœur... Je sais que je suis très mal placée pour vous dire ça mais je pense que vous devriez l'écouter...
- En effet, très mal placée... Mais vous avez raison sur un point, je devrais, peut-être l'écouter...

Kasuke esquissa un petit sourire. Finalement le Prince n'était pas aussi "mauvais" qu'elle se l'imaginait.

- Venez, je voudrais vous montrer quelque chose.

Le prince emmena la jeune Sunliaoliste près d'une oasis. Malgré qu'elle ne se trouvait pas très loin du campement, elle semblait être en un endroit à part. Tout était calme, serein. Rien ne semblait toucher cette sereinité, pas même les tracas qui occupait la jeune femme.

- Vous voyez, c'est ici que tout a commencé pour moi... Sayid est mort en ce lieu me laissant sa place. Je n'ai rien de princier à part le titre.

La jeune femme le dévisagea. Pourquoi lui raconter tout ça ? Elle ne le connaissait pas spécialement et pourtant, il commençait à lui dire son enfance... Peut-être avait-il besoin de se libérer... Après tout, avant d'être prince, c'était un homme... !

- Mon grand-père disait toujours qu'on ne naît pas Prince mais qu'on le devient. Toute comme l'impératrice de notre royaume. Je ne sais pas si elle est d'origine pure mais elle est d'une extrême bonté avec son peuple... malgré quelques différents que nous avons eu, mon impératrice reste une personne généreuse et tout ce qu'elle fait, elle le fait pour son peuple et non pour elle ! Vous savez, il y a des Rois qui sont né ainsi mais sont-ils vraiment ? Des êtres abjectes qui ne pensent qu'à se battre et à tuer ! Ils ne pensent pas aux autres et c'est ce qui fait leur faiblesse. Vous êtes bons, j'en suis persuadée et ce qui c'est passé avec le Sultan doit être réparé... A mon humble avis. Rien n'est perdu d'avance, il faut juste savoir prendre les choses comme elles viennent et...

Elle s'arrêta. Elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire. Elle était partie seule, sans l'accord de son impératrice, chasser les barbares qui avaient tué ces innocents dans son village. Et pourquoi ? Parce que son grand-père était mort. Il n'était plus et elle voulait le venger. Elle avait embarquer son frère mais en plus ce jeune homme qu'elle ne connaissait pas beaucoup. Le jeune asiatique qui l'avait aidé avait disparut, certainement à cause de sa bêtise et là, elle persistait... ?
Comment pouvait-elle... ? Elle donnait des leçons à cet homme mais n'était même pas capable de les appliquer.

- Désolée Prince, je crois bien que...

Elle se tourna vers le campement, cherchant son frère du regard. Il était avec Locke et le connaissant, il ne devait pas être agréable... Elle salua le Prince et se dirigea vers eux.

- Ne joue pas avec moi comme ça !
- Xhiang ! Ça suffit !

- Pourquoi tu prends sa défense Kassie ? Ce n'est qu'un sale voleur qui s'est échappé de prison !
- Xhiang ! Je n'ai pas envie de... S'il te plaît, arrête...

Le jeune homme regarda sa sœur et ne dit mot. Il jeta un regard en biais à Locke et s'en alla un peu plus loin. Le Salaud gentilhomme sentit bien qu'un lien plus fort les liait tous les deux, du moins, du côté du frère... Il garda cet info dans un coin de sa tête, au cas où...

- Je suis désolée Locke... Xhiang est parfois...
- Vous avez bonne mémoire...
- Merci. Je suis Kasuke ! Je viens de Sunliao.

Locke fit un petit signe de tête. Elle n'était pas vilaine, pas blonde de surcroît mais... Seule Sabetha lui faisait de l'effet... De toute façon, il n'était pas là pour ça !

- Ce n'est pas la peine de vous excuser.
- Je ne suis pas assez importante pour qu'on me vouvoie... D'ailleurs je...

La jeune femme baissa la tête. Trop de chose montait en elle... Locke fit quelque chose que jamais il n'aurait fait, à part pour ses amis. Pas qu'il n'était sans cœur mais chaque chose qu'il faisait était calculée, par intérêt... Même lui, à cet instant précis, si on lui demandait pourquoi il avait fait, il ne saurait répondre, ça avait été si spontanée...
Il attrapa Kasuke par les épaules et la colla contre lui. Elle était dans ses bras et il caressait tendrement ses cheveux. Il baissa sa tête contre son cou jusqu'à ce que ses lèvres frôlent ses oreilles.

- Pleurer ne sert à rien paraît-il mais, je sais à quel point ça soulage.

Il ferma les yeux et serra tendrement la jeune femme, comme si ces paroles étaient pour lui et non pour elle...

24-

Jared avait écouté sans mot dire les paroles de la jeune femme. Peut-être avait-elle raison... Oui, certainement mais comment faire machine arrière désormais ? Et, quelle image donnerait-il à son peuple ?

- Cette femme est pleine de bonnes paroles.
- Mitmet, mon ami... Je le pense aussi mais...
- Mais quoi ? Il n'est pas trop pour revenir en arrière mon Prince. Votre Peuple n'attend qu'un mit de vous, un seul. Il est prêt à vous suivre malgré la décision que vous prendrez et malgré ce qui vient de se passer entre Fatiha et vous. Sayid vous a choisit vous car vous êtes bon et droit. Votre Peuple vous fait confiance Prince !
- Tu es un fidèle ami Mitmet, plus fidèle que n'importe qui. Pourtant, as-tu raison... ?
- Ne commencez pas à vous poser autant de question Prince, faîtes ce que vous semblez le mieux pour vous, pour nous !

Il jeta un regard vers cette femme qui se trouvait dans les bras du saltimbanque. Elle était d'une grande sagesse et une femme comme elle à ses côté pourrait redonner la valeur à son peuple mais, il n'était pas du genre à vouloir imposer. De plus, il n'avait pas l'habitude de ce genre de procéder... De plus, une autre femme le hantait déjà...

- Mitmet, je vais retourner à Djamila et voir le Sultan ! Cette femme m'accompagnera, je pense qu'elle saura faire preuve de sagesse et de savoir-faire avec lui. Il faut qu'elle soit prête demain matin !
- C'est une sâge décision Prince mais...
- Ne t'en fais pas pour ça mon ami... Je vais voir avec Fatiha pour qu'elle s'occupe d'elle...

Jared s'en retourna donc vers le campement glissant dans la tente de sa soeur. Cette dernière lui lança un regard glacial et tandis que Farid essayait de pas faire envenimer les choses entre eux, le Prince exposa son idée...

Kasuke se sentait tellement bien dans les bras de cet homme qu'elle ferma les yeux. Etait-ce si déraisonnable d'être dans les bras d'un parfait inconnu qui vous remontait le moral ? Peut-être aux yeux de son peuple mais pour elle, ce n'était pas le cas. De toute façon, personne ne la verrait alors...
Elle ne pouvait avoir ce genre de pensées, elle n'avait pas le droit ! Pourquoi ? Parce que l'impératrice l'avait mariée et elle ne pouvait désobéir ni trahir, telle était sa destinée... Mais y croyait-elle seulement ?

- Désolé de vous interrompre mais le Prince a une requête à vous formuler...
- Non, vous ne.... balbutia la jeune femme en rougissant
- Et quelle est donc ?

Mitmet le regarda d'un œil mauvais. Mais de quoi se mêlait-il celui-là... ? La seule chose qui le retenait c'était d'avoir sortit le prince et son frère des geôles du Sultan.

- Une affaire privée. Puis-je vous parler en privé ? demanda-t-il à Kasuke en faisant signe de le suivre.

La Sunlaoïste jeta un regard vers Locke. Pourquoi ? Elle-même l'ignorait, après tout elle était assez grande pour décider toute seule !
Elle suivit Mitmet sous le regard du Salaud gentilhomme et sous celui de son frère qui n'était pas si loin que ça.

- Alors, de quoi vouliez-vous me parler ?
- Grâce à vous notre Prince reconnait ses torts. Il voudrait retourner voir le Sultan.
- En voilà une bonne nouvelle ! Mais pourquoi faire tout un mystère sur ça ?
- Il faudrait que vous l'accompagniez.
- L'accompagner ? Je suis désolée mais... je ne peux rester davantage...
- Mon prince est patient mais malheureusement, je n'ai pas la même et, lorsque le bien de notre peuple est en danger, il nous faut agir rapidement !
- Alors comprenez que moi aussi j'ai besoin de partir... ! Il faut que je retourne voir mon impératrice pour... Il faut que je parte !
- Je pensais que vous aviez des choses à régler... ?
- Qui... ?
- Disons que les murs ont des oreilles... Ecoutez, soit vous le faîtes de votre propre chef soit...

25-

- Olà, Mitmet ! Que se passe-t-il ?
- Rien de bien fâcheux mon Prince, j'amenais la jeune femme dans la tente...

Amener était peut-être un peu faible car lorsque Jared arriva, son second tenait Kasuke fermement et semblait presque la forcer. Le Prince tendit son bras et la jeune femme ne se fit pas prier pour l'attraper. Il ne dit mot à Mitmet qui semblait ruminer et se dirigea vers la tente où sa sœur et son frère les y attendaient.

- Peux-tu faire quelque chose Fatiha ?

La jeune femme du désert s'avança vers la sunlaoïste et la regarda sous toutes les coutures. Elle lui souleva les bras, regarda la moindre courbe et posa même ses mains sur les formes généreuses de l'asiatique sous son regard frustré.

- Ils ne sont pas aussi remplis que les nôtres mais ça devrait faire l'affaire... !
- Mais je ne vous permet pas ! Prince, qu'est-ce que ça veut dire ?!
- Mitmet ne vous a rien dit ?
- Ecoutez, avec tout le respect que je vous doit, je ne peux rester. J'ai des obligations et...
- Et bien mon chère frère, il va falloir que tu y ailles seul... lança Fatiha avec son regard qui en disait long.
- Kasuke, je t'en prie, j'ai besoin de ton aide.

Tout en disant cela, Jared s'était retourné vers la jeune asiatique en prenant ses mains dans les siennes. Il était sincère, Kasuke pouvait le lire dans ses yeux.

- Mais... Pourquoi moi ? Je veux dire, ta sœur serait parfaite pour ce rôle et...
- Je ne veux rien à faire là-bas pour ce genre de chose. De plus, je ne suis qu'une herboriste... Qu'est-ce que j'y ferai ?
- On ne te connait pas vraiment, c'est vrai mais je pense que le peu qu'on te connait suffit à te demander ce genre de chose.

La Sunlaoïste ne dit mot. Ces gens ne la connaissaient pas et ils lui demandaient de venir parler au Sultan pour la rédemption du Prince et de Locke. La jeune femme avait un cœur gros mais elle se devait de rentrer chez elle, s'excuser auprès de son impératrice et de recevoir ses foudres. Elle devait aussi s'attendre à recevoir celles de son époux...

- Je ... je suis désolée mais...
- Elle ira, compter sur elle !
- Xhiang ?

En effet, le jeune frère de l'asiatique venait de pénétrer sans permission dans la tente. Heureusement pour lui que Kasuke avait parlé la première car il serait très vite retourné d'où il venait... Jared lâcha les mains de la jeune femme regardant d'un air perplexe le nouvel arrivant.
Xhiang n'avait pas pour habitude de soutenir les demandes d'étrangers concernant sa sœur et là, il lui demandait de rester ?

- Xhiang, je ne comprends pas...
- Si tu rentres à Sunliao, l'impératrice va certainement te mettre aux fers et... Je ne veux pas que ça arrive !
- Mais Xhiang... Il faudra que je rentre de toute façon...
- Je vais rentrer ! Je ne sais pas encore ce que je vais dire à l'impératrice mais au moins, ce n'est pas toi qui..

Lui qui faisait tout pour garder sa sœur près de lui agissait étrangement. Peut-être avait-il enfin ouvert les yeux sur certaines choses... Jared lui posa une main amicale sur l'épaule de Kasuke.

- Voilà une chose de régler. Maintenant, je te laisse aux bons soins de ma sœur.

Tout le monde sortit de la tente laissant la jeune asiatique avec Fatiha.

Locke avait regardé la jeune femme partir avec ce Mitmet. Il n'avait pas aimé son ton ni la manière dont il avait emmené la jeune femme. En même temps qu'aurait-il pu y faire ? Et... Voulait-il vraiment faire quelque chose ? Rien n'était sûr.
Le salaud gentilhomme observait, c'était là, une très bonne façon de voir comment il pourrait s'en retourner. Le Prince sortit de la tente, emmenant la jeune femme à l'intérieur. Quant à ce Mitmet...

- Qu'est-ce que tu regardes comme ça ?!
- Rien de bien particulier...
- Alors regarde ailleurs !

Regarder ailleurs ? Pourquoi faire ? Avait-il quelque chose à cacher ? Il devait faire attention à cet homme, il n'était pas ce qu'il prétendait être, Locke en était certain !

- Je t'aime pas !

Le jeune homme tourna la tête et vit le frère de la Sunlaoïste. Il ne l'aimait pas ? Et alors ? Pensait-il que ça allait le déstabiliser ? Il lui en fallait plus que ça et après ce qu'il venait de subir dans les geôles...
Locke tourna la tête de l'autre côté, faisait fit de ce que venait de lui dire le jeune asiatique.

- Te moques-tu de ce que je suis en train de te dire ?
- Ecoute...
- Xhiang !
- Si tu veux... Je me moque de savoir si tu m'aimes ou pas. La Terre ne va pas s'arrêter de tourner pour autant !
- Pour ma sœur si ! Elle est partie de Sunliao sans en avoir avertie sa Majesté. Elle fut l'une des première mariée de la Prophétie pour me protéger et maintenant, c'est à mon tour de le faire !

Le Salaud gentilhomme le regardait d'un œil. Mais de quoi parlait-il ? Pourquoi les jours de la jeune femme seraient-ils comptés ?

- Kasuke a l'air de bien t'aimer et... Je n'ai nullement envie que ce soit ce Prince qui veille dessus !
- Tu dis ça comme si...

Mais la seule réponse qu'il obtint fut un silence. Quelques minutes après, le Prince et son frère sortaient de la tente où se trouvaient encore les deux jeunes femmes. Xhiang, quant à lui, demanda un cheval et partit rapidement du campement...

26-

27. (changement de main, changement de couleur d'écriture)

Le prince fit face au saltimbanque, surpris de sa requête.

- en effet, tu étais avec nous dans les geôles de Djamila, et c’est même toi qui nous en a fait sortir, mon frère Farid et moi-même. Dans ces circonstances, je crains qu’il ne soit pas sage que tu nous accompagnes. Le sultan n’apprécierait pas ta présence qu’il pourrait considérer comme un défi à son autorité.
- tu voudrais me faire porter l’entière responsabilité de cette évasion ?

Jared sourit en posant une main sur l’épaule de Kasuke.

- tu comprends très vite.
- je ne vous ai pas forcé à me suivre toi et ton frère.

Le prince s’arrêta et se tourna encore vers Locke Lamora :

- Juste, mais je pourrais bien prétendre le contraire au sultan si cela devait servir ma cause. Ainsi je te conseille de ne pas m’offrir des arguments qui te desserviraient. Pour l’instant je songe juste à rattraper les erreurs que j’ai pu commettre avec le sultan de Djamila. Après tout, en tant que représentant du peuple nomade, je me dois de songer d’abord à leur intérêt plutôt qu’aux miens seul.

Cette fois le prince se détourna définitivement du voleur gentilhomme, roi de l’évasion, pour consacrer toute son attention à la jeune asiatique, même si cette dernière ne pouvait s’empêcher de jeter des regards inquiets au jeune voleur.

- êtes-vous sûr , prince Jared que sa présence ne vous sera pas nécessaire ?
- tout à fait. Ces derniers temps, j’ai réalisé que les gens avaient trop tendance à croire que je ne saurai pas m’en sortir sans eux. Il est temps que je leur prouve le contraire. Après tout, ce n’est pas pour rien que j’ai été choisi pour diriger mon peuple.
- mais alors pourquoi avoir tant insisté pour que je vous accompagne ? Vous avez prétendu que vous aviez besoin de mes sages conseils.

Jared et Kasuke étaient parvenus auprès des chevaux qu’on avait préparés à leur intention. Le prince ignora les rênes que lui tendait un de ses soldats pour s’approcher de la jeune femme.

- c’était un prétexte pour vous garder encore auprès de moi. Je ne vous sens pas très rassurée à l’idée de retourner chez vous et j’ai bien entendu les paroles de votre ami Xhiang.
- c’est mon frère.
- soit votre frère, il craint pour votre vie si vous deviez rentrer chez vous à Sunliao. Tandis que si vous restez auprès de moi, je pourrai garantir votre sécurité.
- alors tout ceci n’était qu’une mascarade ?

Jared sourit en la dévisageant des pieds à la tête.

- oui, mais très réussie je trouve, vous êtes ravissante. Venez à présent, il nous faut faire route sans plus tarder.

Le prince saisit les rênes des mains du soldat et grimpa lestement en selle, attendant que la jeune asiatique en fasse de même.

( A suivre au palais Sélam)

(Avant, Gjälleborg, Asgard)

[je réutilise ce lieu comme campement de la caravane]


A quelques kilomètre de Jawharia, La caravane était prête à partir dès le lendemain. Le soleil dardait ses derniers rayons flamboyants sur les dunes et les hommes se hataient d'allumer les feux de camp. La nuit tombait vite dans le désert. Bientot il fit noir et les flammes brillaient claires et hautes.
Un peu à l'écart, à coté d'un des feu, se tenait un homme. Il était le chef de ce petit groupe composé d'une petite dizaine d'hommes, et de chameaux en suffisance. Les tentes étaient montées, les membres de l'expédition faisait griller des brochettes sur de longues piques, la soirée était douce, des rires ponctuaient la nuit. Un des homme interpella le chef.

Hé In ! tu veux une brochette ?

Non merci, je ne veux rien.
Et ne forcez pas trop sur l'alcool les gars...

L'autre grogna un pseudo acquiescement en s'éloignant.
Resté seul, Sekret rabattit sa capuche en arrière. Les flammes éclairaient son visage anguleux de lueurs orangées. De son ample manteau berbère, il sortit un objet enveloppé dans un foulard. Il écarta le tissu et dévoilà la Lampe d'Al Rhadin. Il l'examina longuement sans oser y toucher, le coeur battant plus vite. Il n'osait croire qu'il la tenait enfin!! Doucement avec un mélange de crainte et de révérence, il frotta la lampe.
Des volutes bleues s'élevèrent lentement et il retint son souffle.

59. Ambiance..

Ces doux souvenirs l’avaient plongé dans un linceul de mélancolie, regrettant ces précieux instants, cette ville qu’elle ne connaîtrait plus jamais, regrettant tout ce qu’elle avait perdu à cause de ce vil Siramnu, ce maudit Djinn qui l’avait privée de sa si précieuse liberté.
Voiles de rêve, volutes de fumées qui les remplacèrent soudain pour la surprendre, debout, les mains croisées sous sa poitrine, dans un décor inconnu, dans sa tenue de génie, face à cet homme qu’elle reconnut aussitôt que les nuages de poudre bleutée se furent dissipés.
En un regard, elle comprit ce qui s’était passé, cet homme .. celui que Ragnar avait bien failli tuer à Gjallebörg, les avait sans doute suivi, pour s’emparer de la lampe comme il avait voulu le faire la première fois.

Voilà, c’était le destin de la lampe, c’était devenu son destin à elle, un destin qui se dessinait suivant les aléas de ses rencontres et de celles de ses maîtres. Ragnar… Il avait été si furieux quand l’inconnu avait voulu lui voler la lampe. Cette fois il se retrouverait seul et Kalisha ne pouvait plus rien faire pour lui. Le génie avait un nouveau maître, et même si cela lui brisait le cœur de laisser derrière elle, le roi viking, le sortilège de la lampe se moquait bien de ses sentiments.

Contrairement à Ragnar, Kalisha avait chaque jour envisagé cette possibilité, le passé lui avait prouvé à maintes reprises qu’un trésor aussi précieux que la lampe, ne pouvait qu’attirer les convoitises de tous. Chaque jour, elle s’était préparée à cette éventualité, mais jamais elle n’aurait songé que cela puisse faire si mal..

Ses grands yeux bruns dévisagèrent l’inconnu face à elle qui attendait, anxieux.. Alors elle s’inclina avec grâce et récita les paroles tant souvent prononcées.

- Je suis Kalisha, génie de la lampe.. Je suis à présent votre esclave et réaliserai chacun de vos souhaits, comme bon vous plaira, maître.

Elle recroisa ensuite ses bras, et attendit en silence..

Sekret resta saisit quand le génie sortit de la lampe, les volutes s'enroulant en tourbillons bleutés pour laisser apparaitre la jeune femme.
Il resta un moment la bouchée bée et les yeux écarquillés avant que son visage ne s'illumine de joie pure, il avait réussi !!
Il avait réussi !!!!!
Cependant l'attitude légèrement butée du génie le ramena à la réalité. C'était surprenant on aurait une vraie personne. Mais sons doute était-ce une vraie personne en dehors du fait que ce soit un génie. Du moins c'est ce que supposait la légende d'Al Rhadin...

Kalisha....
Assieds toi

Et il désigna le sable près du feu, près de lui. Le génie obéit bien sur, il avait maintenant la voix de son maitre.

Connais-tu la légende de lampe Kalisha ?
Connait la légende d'Al Rhadin et de la Cité des Sables?

Il n'attendait pas vraiment de réponse, son regard était perdu dans les flammes.

Au temps anciens que tous ont oublié, était un Palais aux milles splendeurs. La vie s'y écoulait en harmonie, le pays était prospère et le conseil qui s'occupait de gérer ces merveilles était composé de sages et d'érudits. Car le pays avaient été bénis des dieux anciens et on disait que la lampe de la connaissance et de la sagesse éclairait leur décisions. Mais la perfection ne peut résister à l'Entropie. Un des conseiller Al Rhadin avait son coeur qui se consumait de désir pour les richesses qu'il voyait et pour la belle Sélàane, la plus jolie et la plus sage des conseillers de la cité dont la voix et la beauté ravissait le coeur des hommes. Alors il concut le projet de s'emparer de la lampe et il y parvint. Cela provoqua la chute de la Cité qui dépérit lentement en sombrant dans la folie et l'orgueil. Il prit la belle de force et la fit prisonnière de son harem mais il avait oublié les dieux et la ténacité de la conseillère. Selàanne pria, pria encore et encore et les dieux l'entendirent. Ils lui donnèrent la Mâgie et après une lutte sans merci, enferma Al Rhadin dans la lampe où il fut condamné à exaucer tous les souhaits des autres comme il avait voulu qu'on exauce les siens.
On dit que Jawaharia, sa décadence et ses sultans égocentriques sont un reste de la malédication d'Al Rhadin car Selaàne est toujours enfermée dans la Cité des Sables.
Celle ci est le reflet de l'ancienne cité et voyage dans le monde de la Mâgie mais parfois il arrive que les deux mondes s'effleurent et on peut atteindre la Cité.
Le jour où Selaàne sera libérée et la lampe remise à sa place au coeur de la Cité, le cycle achevé alors Jawharia retrouvera sa splendeur passée.

Je ne croyais pas que ce fut vrai jusqu'à ce que j'ai vu la lampe..

Il caressa le cuivre montrant les gravures

Tu vois ici ?
ce sont les caractères anciens, le véritable nom de la Cité des Sables.
Plus personne ne sait les prononcer mais je les reconnais...
Et aujourd'hui je sais qu'il y a une chance pour Djamila de s'en sortir sans la Perle volée.

Comprends tu ce que je te dis, génie ?

Moi vois-tu, ce que je ne comprends pas c'est ce que tu fais dans la lampe d'Al Rhadin ?
Es-tu une de ses apparences pour mieux plaire à ses possesseurs ?

60.

- Comprends tu ce que je te dis, génie ? Moi vois-tu, ce que je ne comprends pas c'est ce que tu fais dans la lampe d'Al Rhadin ? Es-tu une de ses apparences pour mieux plaire à ses possesseurs ?

Kalisha assise en tailleur dans le sable, avait écouté avec beaucoup d’attention cette magnifique légende quoiqu’un peu triste, et fut très étonnée de découvrir autant de passion dans un être si jeune. Elle l’avait perçu à sa voix, dans son regard, dans toute sa personne et pendant ces brefs instants, le conte de la mystérieuse cité des sables lui fit oublier sa propre peine.
Jusqu’à ce qu’il la rappelât à la réalité..

Kalisha ouvra de grands yeux surpris et s’exclama :

- une de ses apparences ? Mais nooon voyons.. je n’ai que cette apparence là ! C’est moi Kalisha, le génie de la lampe, c’est tout…

Fichtre, il n’allait quand même pas lui demander de se transformer en dieu seul savait quoi.. pour lui plaire. Mais qu’est-ce qu’il lui chantait là ? Quand à la raison de sa présence dans la lampe, elle n’avait vraiment pas envie de lui parler de ça. Alors pour éluder la question, Kalisha après avoir bondi souplement sur ses pieds nus, faisant tinter ses bracelets, reprit sa pause de génie.

- par contre je ne suis pas certaine d’avoir compris votre souhait maître. J’ai beau être le génie de la lampe, sensée comprendre toutes les langues du monde, et de voir clair dans toutes les idées, et posséder l’intelligence des plus grands savants de..euh ( ).. Enfin bref, là je ne vois pas. Alors si vous voulez bien éclairer ma lanterne.. euh je veux dire, reformuler votre souhait..

Sekret regarda le génie d'un air énigmatique. Bien des hommes auraient pu vouloir crouler sous l'or, se vautrer dans la luxure (avec ce même génie ma foi fort joli) acquérir puissance et gloire à chateauvallon mais pas Sekret. Il ne brulait que de l'obsession de trouver la Cité des Sables qui il en était persuadé sauverait Djamila de sa lente déchéance.

Je n'ai pas de souhait pour le moment génie, je ne t'ai raconté tout ceci que pour que tu comprennes l'importance de ma quête, de notre quête.
Te voici à présent liée à moi par un pouvoir ancestral. Oublie tout ce qui pourrait te détourner de notre but. Je me suis déjà renseigné sur toi tu sais. Ou plutot sur la lampe. A Jawharia réside des grands érudits.
La lampe ne peut me montrer le chemin de la Cité, même toi n'a pas le pouvoir de savoir pù elle apparaitra hormi le fait que ce soit dans le Grand Désert Blanc mais tu me permettra d'en ouvrir les portes.
Demain nous continuerons vers la Cité des Poêtes et nous y laisserons notre escorte, grace à toi nous passerons avec succès l'Epreuve du Sphinx et les Portes du Désert Blanc des Prophètes s'ouvriront pour nous laisser passer vers notre destin.

A présent raconte-moi ton histoire.
Comment as-tu pris place dans cette lampe et où est Al Rhadin ?

61.

Kalisha dévisagea son nouveau maître, perplexe. Voilà qui était nouveau, ce jeune homme n'avait pas de souhait.. Sauf retrouver une mystérieuse cité dont il savait déjà qu'elle ne saurait pas l'y aider, sauf à affronter un certain sphynx. Décidément, elle commençait à se demander ce qu'elle faisait là, entre le roi viking qui n'avait pas voulu de sa magie, et celui ci qui n'avait pas de souhait, elle se dit que Siramnu pouvait tout aussi bien la libérer de suite.

Alors quand l'autre lui reparla encore de cet Al Rhadin, Kalisha perdit patience..

- mais qu'est-ce que j'en sais moi, où se trouve El Rhadin?
-Al.. Al Rhadin.
- moui, c'est la même chose! Je ne le connais pas, et je ne sais rien de tout ce que vous me racontez là. Je ne suis pas de ce monde. Ragnar m'a expliqué, c'est ici un autre monde, un monde qui n'a pas connu Babylone, la ville d'où je viens. Elle aussi était un joyau de mon monde, mais un joyau qui a finit par disparaître.. Cela fait bien longtemps à présent que je suis prisonnière de la lampe et c'est un vieux fou qui m'y a enfermée.. Et il ne s'appelle pas El Rhadin, enfin Al Rhadin, mais Siramnu..

Kalisha qui avait fini par se relever, faisait les cent pas dans le sable face à son nouveau maître, faisant tinter les multitudes de bracelets qu'elle portait aux bras et aux pieds..Et l'homme tournait la tête de gauche et de droite pour suivre sa progression..
Puis elle se laissa soudain tomber dans le sable, dans un geste grâcieux pour s'assoire en tailleur, face à celui dont elle ne connaissait toujours pas le nom.

- vous ne voulez pas un bon repas? Une jolie maison pour vous y abriter? Un Palais? Vous ne désirez pas de nouveaux vêtements? Vous savez, je pourrai faire de vous, le plus riche des sultans, si vous le souhaitiez..

Mais voyant l'expression de l'homme, Kalisha soupira en faisant la mine, laissant retomber ses épaules..

- oui oui c'est bon, j'ai compris.. Vous ne voulez rien.. Les gens de ce monde sont étranges, c'est déjà le second maître qui me fait le coup... Et dans ce cas je fais quoi moi? Je retourne dans la lampe? Ah oui j'oubliais, vous aimez les histoires et vous voulez que je vous raconte la mienne. ... Soit, dans ce cas, votre souhait va être réalisé...

Alors Kalisha lui raconta la vie qu'elle menait avant, au tout début, quand elle n'était encore qu'une jeune fille insouciante mais surtout libre. Comment elle s'était amusée à manipuler les hommes de pouvoir pour obtenir ce qu'elle souhaitait, comment elle s'était jouée de riches épouses qui n'appréciaient pas que leurs maris s'intéresse d'un peu trop près à elle, comment elle avait obtenu ce qu'elle souhaitait grâce à ses charmes et à sa ruse..Désirant toujours plus, visant des hommes de plus en plus haut placé, et devenant trop gourmande... Jusqu'au jour où la favorite du sultan l'avait faite arrêtée alors qu'elle s'était introduite au palais afin de charmer son époux en faisant ce qu'elle savait le mieux faire...danser.

- ... j'étais la meilleure danseuse qui soit et j'ai su profiter, hum provoquer les opportunités pour gravir les échelons de la société dans laquelle les va-nus pieds sont juste voués à rester des esclaves toute leur vie. Ensuite en prison, un jour Siramnu m'est soudain apparu, et il m'a dit qu'il était temps de racheter mes fautes.. Il m'a ainsi offert un choix.. Tu parles d'un choix... rester dans la prison où j'étais, ou alors sortir de là et prouver que je pouvais devenir quelqu'un de meilleur.. Il m'offrait un semblant de liberté, mais ce n'était qu'un vil piège.. et j'ai accepté. Alors oui, j'ai échappé à la prison de Babylone pour trouver une autre, pire encore, puisque je suis devenue le génie de la lampe.. Du jour au lendemain, je possédais la magie qu'elle enferme et je suis devenue l'esclave de chacune des personnes ayant eu la lampe dans ses mains... Et cela dure depuis des siècles et des siècles.

Kalisha plongea ses grands yeux noirs dans ceux de son nouveau maître et ajouta d'une voix sombre..

- A vous aussi un jour, on vous volera la lampe. C'est ce qui arrive chaque fois, avant même que je n'ai su trouver le moyen de briser le sortilège, avant même que je n'ai pu prouver à Siramnu que j'avais changé...

Mais avait-elle vraiment changé? Kalisha fit taire cette petite voix et après un soupir, demanda:

- et pourrai-je connaître le nom de mon nouveau maître?

Quelle étrange histoire que celle du Génie. Sekret avait encore du mal à vrois comment les mondes et les destins se croisaient mais tout finirait sans doute par prendre sa place en temps et en heure.

Mon nom ?

Sans doute eut-il l'air surpris et vaguement ennuyé. On lui posait tellement de fois la question sans qu'il puisse donner une seule réponse, la vraie réponse, mais la connaissait-il seulement?
Il sourit d'un air las.

Appelle-moi In ou Sekret comme tu voudras.
Ca n'a vraiment pas d'importance.

Il y avait un vague relent d'amertume dans sa voix. Lui le Batard, n'avait pas, plus de nom, le droit de s'en servir lui en avait été dénié contre le droit de vivre.

Ne t'en fait pas Génie, tu aura ton utilité en ton temps.
Comme tu l'as dit nombreux sont ceux qui rèveraient des pouvoirs de la lampe et je ne veux pas attiser la convoitise de mon escorte en révélant tes pouvoirs. Tu es déjà assez jolie pour que leur loyauté à mon égard soit mise à l'épreuve.
Mais je te rassure, tu n'as pas besoin de retourner dans ton carcan de cuivre.
Quand tout ceci sera fini, je te laisserais choisir ton prochain propriétaire.
Tu pourra si tu le souhaites retourner auprès de ton barbare viking

Sekret grimaça en se touchant la machoire

Sacré droite celui là

L'espion s'allongea sur le flanc sur la couverture qui était étendue près du feu. Installé à l'écart de tous, il écoutait le bruit des hommes sui s'amusait, la musique qu'ils jouaient autour de l'autre feu de camp plus loin. Il repensa à ce qu'elle lui avait dit d'elle
j'étais la meilleure danseuse qui soit

Kalisha ?
Danse pour moi ce soir, Kalisha...

Et tandis que Kalisha s'executait, Sekret laissa son esprit dériver, envouté par les mouvements hypnothiques et gracieux de la danseuse.

62 .Enigma: Following the sun

Quand tout ceci sera fini, je te laisserais choisir ton prochain propriétaire.
Tu pourra si tu le souhaites retourner auprès de ton barbare viking

Kalisha ouvrit de grands yeux noirs, stupéfaite de son offre. Se moquait-il d'elle? Etait-il sérieux? Comptait-il vraiment transmettre la lampe à la personne de son choix à elle? Elle qui pendant des siècles avait été le génie de la lampe? Mais une telle chose était-elle seulement possible? Et Ragnar, que devenait-il? La cherchait-il seulement?..

Autant de questions qui trouveraient peut-être réponse plus tard, car pour l'instant Sekret puisque tel était son nom, désirait que le génie dansât pour lui. C'était une requête que Kalisha remplit avec un certain plaisir. La danse avait toujours fait partie d'elle, génie ou pas...

Ainsi au rythme des sons des musiciens nomades, Kalisha se mit lentement à faire onduler ses doigts, ses bras, et bientôt tout son corps qui semblait peu à peu s'animer de sa propre magie, mais une magie naturelle que Kalisha ne devait pas à ses pouvoirs de génie.
Il faisait plutôt doux ce soir là, et la brise chaude venant du désert enrobait le corps doré de la jeune danseuse, en harmonie avec la lumière des flammes qui ondoyaient sur chacune de ses courbes à peine voilées par les précieuses soies de son costume.

Elle dansa longtemps, sensuellement, devant le regard songeur de son maître qui ne semblait pas vraiment la voir, allongé sur sa couverture. Alors quand il se fut endormi, la jeune femme cessa peu à peu de faire cliqueter ses bracelets et à son tour s'assit à quelques mètres de lui, les jambes en tailleur, le regard perdu dans le feu. Elle resta toute la nuit ainsi, et quand au matin, Sekret ouvrit les yeux, il découvrit quelques plats remplits de fruits, de pain et une carafe de thé noir brûlant, comme il était coutume d'en servir aux voyageurs nomades de passage à Babylone..

- Mon maître a-t-il bien dormi?

Elle le dévisagait avec un petit sourire, et s'assit comme la veille, en tailleur non loin de lui. Les nomades du camp se réveillèrent à leur tour, l'un après l'autre..

- Mon maître a-t-il bien dormi?

Sekret se réveilla tout à fait au son de la voix de Kalisha. Oui depuis des années il avait bien dormi. Etonnamment bien. Lui l'espion qui ne dormait que d'un oeil toujours sur le qui vive avait dormi profondemment sans se soucier de savoir si il ne se réveillerait pas avec un couteau sous la gorge ou même s'il se reveillerait. Il répondit d'un ton surpris

Oui...

Il se redressa et regarda, étonné, le petit déjeuner dressé là. Il n'osa pas demander à la jeune femme le pourquoi d'une telle attention bien qu'il se posa la question. Après tout, il l'avait arraché à celui qu'elle aimait, il lui avait fait que que Khesce lui avait fait, à lui et à Sahar. Il retint une grimace à cette pensée. Il ne voulait l'entendre dire que ça faisait partie des avantages du maitre. Aussi se contenta-t-il d'un sourire

Bonjour Kalisha.
Merci pour le petit déjeuner, c'est...inattendu!.

Il servit lui même deux tasses, levant puis abaissant lentement le bec de la théière afin de faire mousser le liquide. Les hommes se préparaient jetant des regard curieux vers leur chef et sa compagne apparut comme par magie dans la nuit. Mais Sekret les avait choisit pour leur discrétion. Ces hommes là avaient leurs propres secrets à protéger et ne se melaient pas de ce qui ne les regardaient pas.
Sekret but son thé en silence et mangea distraitement un petit pain frais. Il était tout entier tourné vers son objectif, avec l'impression étrange de marcher vers son Destin. Ensuite il démonta le campement et chargea les dromadaires. Ils devaient reprendre la route. Il tint un des dromadaires pour Kalisha

Un coup de main ?

Il l'aida, faisant s'acroupir la monture et la tenant pendant que Kalisha s'installait. Ensuite il grimpa sur le sien et tapota la badine sur les flancs de l'animal qui avança en déblatérant. Il prit la tête de file faisant en sorte que le dromadaire de Kalisha resta à coté du sien pour pouvoir l'aider au besoin et discuter aussi. C'était plus plaisant de voyager en compagnie.

Il vaut mieux se mettre devant, Nous éviterons ainsi la poussière !

expliqua-t-il avec un sourire rusé. Il ajouta d'un ton déterminé

En route, ce soir nous arriverons à la Cité des Poètes...

( Suite, désert de Nubia)