La tribu des Guimpus [GouïMpou]

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Yves Larock-Rise Up

Le désert encore et toujours… Kara a quitté depuis peu l’oasis où elle et Pégase ont pu s’abreuver. A présent elle continue sa course, sa recherche de cette réponse que pourtant elle seule possède. Mais peut-être qu’avec les aléas de ses rencontres, de son voyage, elle trouvera cette réponse.

La chevauchée se poursuit donc à travers les plaines de ce désert. Bientôt, elle sait qu’elle atteindra le village Guimpu, petite tribu nomade aux origines africaines, peuple de fameux chasseurs et guerriers si nécessaire, mais aussi une tribu amicale avec les amazones qui les côtoient régulièrement. Le soleil s’apprête à disparaître derrière les collines rouges quand Kara arrive devant le village.. Les cris des enfants ne tardent pas à annoncer sa venue, ils la connaissent, ils l’espèrent à chaque fois, Kara Bag Bag.. Et à peine franchit-elle l’enceinte du village qu’une multitude de gamins se mettent à piailler dans un belle ensemble, visages d’ébènes aux sourires éclatants. La mélopée monte en intensité:

- Bag-bag! Bag-bag! Bag-bag!
- oui oui, j’en ai avec moi.. Attendez un peu! Bandes de vauriens!

Kara éclate d’un rire cristallin avant de fouiller dans les besaces qui pendent sur les flancs de l’étalon.. Le précieux trésor en main, les enfants se mettent à crier de joie.. Et la distribution commence.. Les fameux bag-bag, petites douceurs en sucre fabriquées par les maures, ces commerçants qui parcourent inlassablement les terres de Liberty. Ils font le bonheur de ces gosses qui n’ont presque rien, mais qui n’ont jamais été si heureux… Ce que leurs parents chassent, suffit à les nourrir, il ne leur en faut pas plus, si ce n’est quelques bag-bags de temps en temps..

Les cris se sont calmés, et Kara pose un pied à terre, entraînant Pégase à sa suite alors qu’elle pénètre plus en avant dans le village. Looku ne tarde pas à venir à sa rencontre, lui aussi tout sourire, il apprécie toujours les visites de l’amazone et sait qu’elle vient en paix, ou alors peut-être pour participer au repas ce soir et aux réjouissances qu’ils ont coutume de célébrer ensuite..

- Bonjour Karayan… alors encore en train de marauder?
- Bonjour.. encore? Pourquoi dis-tu cela Looku?
- chaque fois que tu viens nous voir, je sais que c’est parce que tu t’ennuies et qu’il n’y a que chez nous que tu t’amuses!

Le vieux ricane, un sourire malicieux sur son visage. Il la taquine et elle le sait parfaitement. Mais par jeu, ou peut-être parce qu’elle est butée, Kara lui répond:

- Tu es fou Looku! Je ne maraudais pas!
- peut-être oui.. Mais il est dangereux de traiter le chef du village de fou!
- tssahh ….. Tu sais bien que je n’ai rien à craindre de toi!
- tu as raison.. Tu es vraiment très intelligente pour une femme!
- Fais attention Looku!
- hahaha, mais je sais je sais.. Il y a aussi des choses qu’il faut éviter de dire aux amazones, aux fières et belles amazones… Comme il faut éviter de me traiter de fou!

Il lui fait alors un clin d’œil.. Le vieil homme n’est peut-être pas de taille à affronter la guerrière, mais ses mots sont plus acérés qu’une lance. Il est rusé comme un renard. Ensembles ils entrent dans la case principale du village, et déjà parvient aux narines de Kara, le fumet du repas qui se prépare.. Ils discutent tous les deux, des derniers voyageurs passés dans la tribu, des rumeurs qui courent dans le désert et qui sont la seule source d’information des nomades. Puis Kara lui parle de la proposition de l’homme d’Arcadia et de ses hésitations.. Pour seule conclusion, Looku lui répond:

- tu te poses trop de question, prends ce repas avec nous, et après place à la fête! Demain sera un autre jour.

Comment discuter face à de tels arguments? Looku sait que Karayan apprécie l’esprit de Guimpu, l’esprit de fête, ses rires, ses chants et ses danses.. C’est pourquoi, elle accepte à la fin du repas, l’invitation des guerriers de la tribu qui vont danser le pangana… Une danse ou un combat, un harmonieux mélange des deux, une chorégraphie, une musique entraînante qui ne laisse personne indifférent.

Elle connaît les gestes, les a déjà fait auparavant, les a mémorisé et à présent les exécute en parfaite sychronisation face à ses partenaires de danse qui alignés à ses côtés, reproduisent tous les mêmes mouvements… Le chasseur qui se met aux aguets, la proie prête à bondir, le chasseur qui la voit, se lève et la vise de sa lance, puis le mouvement pour tuer l’animal… après la course, c’est une lutte pour la vie, le chasseur pour se nourrir et la proie pour s’échapper… Le rythme devient plus lancinant encore, les gestes plus saccadés jusqu’à la mise à mort et ensuite vient le moment de se battre avec le frère ennemi, celui qui ne chasse pas pour survivre mais pour conquérir.. Le passage que Kara préfère.. Les lances ont été échangées contre un long bâton, et commencent alors les coups rythmés, chorégraphie harmonieuse de parades et d’attaques, sans jamais atteindre l’autre danseur, naturellement.. Tout n’est que mime, tout n’est que simulation, sauf les bâtons qui s’entrechoquent au plus grand plaisir des petits et grands qui tout en admirant le spectacle, reproduisent quelques uns des gestes, en chantant pour accompagner les tambours, et les steel-drums..

La musique résonne encore longtemps dans la nuit, puis tout le monde finit par aller se coucher.. Kara entre dans une des cases réservées aux invités de passage.. Elle se couche sur la simple couche, et trouve rapidement le sommeil.. Ses rêves seront emplis de la musique entendue dans la soirée et de ces danses exécutées depuis des siècles..

( suite ici..)