Dans un froissement de soies, Veronica courrait dans le couloir. Hors de question d’être en retard. Le Doge avait décidé de se promener à travers les canaux de Venezia. Il fallait qu’elle soit sur le trajet. Le mieux serait qu’un ed ses courtisans l’amena avec lui sur l’une des gondoles. Défilé sur les canaux, pour une femme – enfin une Courtisane – était une consécration.
Sa longue traine et son décolleté carré mais plutôt sage la mettaient en valeur. Elle avait la peau si blanche et fine qu’elle faisait envie à beaucoup de femmes.
Un rayon de soleil. La voilà enfin sur le balcon. Un escalier creusé dans le mur, descendait sur le canal, en toute discrétion. Elle pouvait comme ça rejoindre l’eau sans refaire tout le tour. Elle se positionna confortablement, assise en amazone sur le bord. Au loin on voyait déjà les premières gondoles se profiler.
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Une gondole. Seule. Veronica et sa mère attendaient. A la même place. Mais à l’époque elle se tenait droite et sage. Le vénérable Dom Francisco Liazzi, membre du Grand Conseil, allait arriver. Le cœur de Veronica battait la chamade. Dans un instant elle rencontrerait son époux.
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Veronica secoua la tête pour chasser ce mauvais souvenir. Déjà six ans de passés. Inutile de revenir là-dessus. Et puis le plus important était à ses pieds. Elle se pencha, révélant un peu plus ses seins laiteux.
En face, se tenait la simple foule. C’est presque avec envie qu’elle regardait ses femmes à la tenue si guindée. Pourtant elle ne les supportait pas. Etroites d’esprit, prudes, dévotes, incultes. Mais les hommes les respectaient. Elle… pour le moment aussi. Elle était jeune, puissante et belle. Mais un jour… elle crèverait de faim.
Ces mêmes femmes qui la pointaient du doigt, là maintenant.
Provocatrice, Veronica mis sa bouche en cœur, sa main devant, et envoya un baiser accompagné d’un clin d’œil aux hommes qui accompagnaient ces mégères. Les regards venimeux ne manquèrent pas.
C’était drôle pourtant… parce que de toute façon ces hommes ne poseraient jamais la main sur elle. Trop pauvres, trop médiocres.
Il y avait deux types de courtisanes à Venezia. Les humbles, simples prostituées de bas étages que l’on trouvait dans les rues qui longeaient les canaux. Et les Courtisanes. Avec un grand C. cultivées, intelligentes, influentes. On cherchait leur compagnie tant pour leur beauté que pour le plaisir de la discussion. De parfaites maîtresses qui satisfaisaient les lacunes d’épouses ignorantes et trop sages.
Le Doge passa sous son balcon. Elégamment, Veronica sortit un mouchoir blanc finement brodé et le laissa glisser vers l’homme de Venezia. Il le saisit, le posa sur ses lèvres et fit un signe à la Courtisane. Leurs yeux brillaient. Lui savait qu’il venait de gagner une alliée. Et elle savait que sa fortune venait subitement d’augmenter, ainsi son influence sur la cité.
La Gondole suivante regroupait un Sénateur, Luigi Di Montezemolo et un membre du Grand Conseil, Cristiano Lucci. Ils stoppèrent la gondole, déclamant gaiement quelques vers impromptus. Parfait.
Avec un grand sourire, Veronica fit une élégante révérence et fila sur la frêle embarcation.
Sujet: Venezia 
Mer 23 Juil - 13:37
