Une auberge dans le village de Derchen

24. << avant, sur les routes d'Ynys Prydein

Une nouvelle nuit tombait sur le pays celte, et une nouvelle fois, les deux femmes durent se trouver abri pour la nuit. Mais à l’approche d’un village, il valait mieux comme l’avait souligné Thrüd prendre une chambre dans une des auberges du coin. Il ne ferait pas bon se faire surprendre par l’un ou l’autre villageois aux abords des habitations, en train de poser un bivouac gardé par des loups. Non surtout pas au milieu d’un pays encore plus superstitieux que les vikings, ou peut-être pas.

Et puis il leur fallait approcher le peuple pour comprendre les raisons qui avaient poussé les vikings à faire alliance avec les celtes. Il leur fallait comprendre pourquoi les vikings s’étaient mis en route sur Utopia et très vite revenir au pays pour le raconter à Freyja.
Sigrün était de plus en plus inquiète, n’était-ce que par le comportement de ses loups, mais un autre sourd pressentiment lui disait qu’elles devraient très vite retourner chez elles.

Mais Thrüd insista. Freyja lui avait donné une mission qu’elle comptait bien remplir. C’est pour cette raison que Sigrün ne discuta même pas quand Thrüd proposa de se rendre dans cette auberge de ce petit village de Derchen. Elles pénétrèrent dans la taverne bien animée qui aussitôt fit silence en voyant les deux voyageuses, si différentes l’une de l’autre et pourtant, de toute évidence, toutes les deux étrangères au pays. Un pays qui était toujours en proie aux attaques de mystérieux guerriers.
Et l’édit du général aux éclairs était toujours d’actualité. Nul étranger ne pouvait fouler le sol de ces terres sans avoir affaire aux forces armées du pays. Sauf que là, ce soir, il n’y avait que des villageois présents.. Aucun garde.

- Bonsoir, commença Thrüd, dévisageant sans aucune crainte les visages curieux, voir presque hostiles qui se tournaient vers elles. Nous avons besoin d’une chambre pour la nuit, ma sœur et moi avons fait un long voyage.

Thrüd, ignorant toujours les regards qui ne manquaient aucun de leurs gestes, se dirigea vers le bar et le gars grassouillet qui se tenait derrière.

- Alors l’ami, as-tu une chambre à nous offrir.
- Heu… une chambre, j’ignore si..
- Si quoi ? t’en as de libres ou pas ?
- Oui mais pour vous, peut-être pas.
- Ah oui ? gronda Thrüd en saisissant l’homme par son col.
Ce dernier, saisit par la poigne de la jeune femme se mit à balbutier.

- C’est que le général Mcleod a ordonné de ne point accueillir les étrangers chez nous.
- Tiens!... et en quel honneur ?
- Et bien nous sommes pratiquement en guerre !
- Contre qui ?
- Contre les Vespaliens et les mercenaires qu’ils ont engagés pour nous attaquer.
- Les vespaliens ? voyez vous ça. Nous ne venons pas de Vestalia, mais d’Asgard.

Un murmure parcourut la salle, et Sigrün vit le doute dans le regard de quelques uns, le doute, mais la curiosité était toujours la plus forte. Sigrün s’avança à son tour.

- Justement, nous recherchons notre frère.
- Notre..

Sigrün regarda Thrüd de telle manière que celle-ci se tut et laissa parler sa sœur.

- Il cherchait à se faire engager pour la guerre, il a suivit les vikings qui comme on le sait tous, sont alliés à votre cause. Il voulait se faire engager comme mercenaire, mais on a du mal nous renseigner vu ce que vous nous apprenez. Qui sont ces mercenaires que les Vestaliens ont engagé ?

L’homme se dégagea de l’emprise de Thrüd qui le laissa faire sans insister puisqu’il allait cracher le morceau. Elle ne cacha toutefois pas une grimace de dépit. Ça avait été trop facile, il n’avait même pas résisté, elle n’avait même pas eu besoin de le frapper.