Le Palais de Glace: royaume des Valkyries.

* * *

L'Empire d'Asgard est vaste
Situé tout au Nord de notre monde, il est le pays le plus froid du continent.
L'hiver est particulièrement long et rigoureux
et la glace enferme ce peuple dans sa gangue pendant plusieurs mois.

Au printemps, cette glace fond en partie seulement
Car à certains endroits, les neiges sont éternelles et la glace
jamais ne cède le pas aux bourgeons de fleur.

Le Palais est niché au plus froid et au plus haut de cet empire..
Il est gardé par de féroces loups et toutes sortes de légendes courent sur les trois femmes qui règnent sur ce royaume de glace.

Personne n'ose s'en approcher sous peine d'être transformé à son tour en statue de glace,
ou dévoré par les loups ou les ours polaires.

Ces trois femmes sont appelées les Valkyries par le peuple d'Asgard,
on les dit invincibles et personne n'a jamais osé les affronter.
Elles sont tout autant craintes que vénérées et elles en profitent quand les nuits sont fraîches pour enlever de gentils hommes sur les terres voisines.

Nul n'a jamais su ce qu'ils sont devenus.

- 55 - dernier périple
( avant, sur les côtes de Swizzerland)

Enigma: East to West

Les chiens menaient un train d’enfer à travers les paysages sublimes, un voyage hors du temps qui ne semblait pas prendre fin. Une mer blanche semée de récifs de glaces, pics enneigés qui formaient d’étranges ombres sur l’étendue gelée et recouverte par une couche de la dernière poudreuse. Le soleil bientôt scintilla sur cette neige si blanche, obligeant la pirate à plisser les yeux tant elle était éblouie. L’air cru lui rougissait le visage pourtant habitué aux intempéries et des glaçons s’étaient formés à la pointe de ses cheveux qui accrochaient des éclats de neige tels les embruns sur la mer.

Voir ces chiens en pleine course était un spectacle étonnant qui possédait une beauté particulière, ils couraient au même rythme, tirant de toutes leurs forces sur les harnais qui les retenaient deux par deux au traîneau. A chaque cri de leur maître, ils viraient aussitôt pour s’aligner à nouveau à sa demande. Leur dévouement à cet homme était total, et cela rappela à la pirate qu’il pouvait exister des liens très forts entre l’homme et l’animal..

La course prit fin alors qu’ils approchaient de terrains plus vallonés. Pachka laissa la pirate après de nouvelles recommandations de prudence. Sa femme lui avait préparé quelques provisions pour ce nouveau voyage, des provisions qui lui seraient utiles pour affronter les températures rigoureuses et la neige qui recouvrait tout. De plus elle allait devoir grimper jusqu’au plus haut de ces montagnes que Pachka lui désigna. Il lui prêta aussi des étranges objets, des raquettes qu’il disait l’aiderait à franchir ces champs de neige. Ici le seule moyen de locomotion qui lui restait serait seulement ses deux jambes, et l’effort vu la pente serait terrible. Mais Jesse savait qu’au bout, elle le retrouverait alors n’importe quelle montagne ne l’empêcherait pas d’atteindre son but. Quand aux loups dont lui avait parlé Pachka, elle avait toujours son mousquet sous le lourd manteau.

Jesse se tourna une dernière fois pour saluer Pachka, elle le reverrait bientôt, lui et sa femme.. Sans attendre de le voir s’éloigner sur son traîneau, la pirate commença le long périple qui lui ferait atteindre les hauts sommets d’Asgard. Elle marcha à un bon rythme, s’octroyant que de rares pauses pour boire un peu, et plus elle avançait, plus le terrain devenait difficile s’élevant toujours plus haut. L’air lui brûlait la gorge alors qu’il créait un nuage de buée à chaque souffle. La sueur perlait à son front malgré le froid ambiant et tous ses muscles souffraient de l’intense effort qu’elle faisait.

Elle n’avait plus qu’une pensée en tête, le retrouver au plus vite, avant que n’arrive quoi ? le pire ? Avoir parcouru tant de kilomètres pour arriver trop tard, elle ne pourrait le supporter, c’est pourquoi la pirate ne s’arrêta qu’à la nuit tombée, se voyant dans l’impossibilité de continuer à cause du manque de visibilité. Pourtant ici les nuits étaient particulièrement claires, grâce à la réverbération des rayons de lune sur la neige, mais ce n’était pas assez pour éviter tous les pièges dissimulés par la belle poudreuse.

Il lui fallut trouver un endroit un peu abrité pour bivouaquer et allumer un feu fut particulièrement ardu avec toute cette neige. Malgré tout, Jesse trouva quelques branches de bois mort cachés sous les lourdes branches des sapins, suffisamment secs pour lui permettre d’allumer un feu salvateur. Tous ses muscles la faisaient souffrir et elle était épuisée, de sorte qu’une fois qu’elle fut installé sous le couvert de sapins, elle s’endormit rapidement.. Cette nuit-là qui sait si quelqu’un veilla sur elle, mais la pirate ne rencontra aucun ennui.

Au matin, elle se réveilla péniblement en jurant contre les courbatures qui lui donnaient des airs de vieilles femmes. Jesse s’étira, fit quelques mouvements pour échauffer ses muscles et dévora rapidement une partie des vivres offertes par Gertrude. Elle examina la flasque du liquide ambré que le grand père d’Heidi lui avait offerte, hésitant à la garder pour une occasion plus utile, mais se dit qu’une gorgée suffirait à lui redonner un peu d’entrain. Puis elle reprit son chemin, toujours en direction de ces montagnes qui n’étaient plus très loin. Après lui avait dit Pachka, après, elle ne pourrait pas manquer de le voir, le fameux palais des glaces.

Alors commença la longue ascension vers le sommet de ces montagnes, l’obligeant parfois à se courber en avant pour ne pas retomber plus bas, à s’accrocher à des branches pour ne pas perdre l’équilibre, et continuer toujours plus loin, toujours plus haut. Jesse mit encore toute une journée avant d’atteindre un passage entre les deux montagnes, celui que lui avait décrit Pachka… Et là, comme il le lui avait promis, elle découvrit le fameux palais..

- J’arrive… j’y suis presque…encore un dernier effort… pourvu qu’il ne soit pas trop tard…

- 56 - enfin!

Jesse attendit d’avoir récupéré son souffle avant de traverser la vaste forêt qui entourait le palais, là ou disait Pachka se trouvaient les loups les plus féroces. Au début, elle ne perçut rien de particulier, mais bientôt des craquements de branche lui firent comprendre qu’elle n’était plus seule… Et tout à coup au loin, elle les entendit, les hurlements de ces loups. Sans doute était-ce le signal qu’ils attendaient, car aussitôt elle entendit les grognements et les vit débouler à travers les arbres, il y en avait quatre et effectivement, ils lui parurent énormes..

Enigma: Hello and Welcome!

Une détonation retentit, puis des cris, ainsi que des glapissements d’animal blessé.. Jesse se tenait à présent au milieu de la meute vaincue, son sabre ensanglanté dans une main, le souffle court, et les loups qui perdaient peu à peu leur sang si rouge dans cette neige si blanche. Le combat inégal n’avait pas été facile, mais elle en avait vu d’autres..Aussi reprit-elle très vite son chemin, et parvint enfin jusqu’au pied de l’impressionnant château..

Elle avait eu le temps de réfléchir à la façon dont elle entrerait dans cet étrange palais. Déterminée à récupérer son époux, elle jouerait cartes sur table, allant droit au but et peu importe ensuite ce que ces trois sorcières décideraient. Jesse ne pensait à présent plus qu’à une chose, le revoir..

C’est ainsi qu’elle se présenta sans hésiter à la porte du palais, mais première surprise, aucun garde n’en surveillait l’entrée, alors après n’avoir hésité qu’un instant, Jesse se risqua à pénétrer dans l’antre des sorcières. Le décor de ce palais semblait irréel, sombre, froid.. La pierre elle-même était prise dans la glace et l’eau suintait ci et là d’énormes glaçons qui descendaient en stalactites des hauts plafonds, créant un décor des plus étranges.. Mais les dimensions des pièces n’en restaient pas moins impressionnantes et tout en regardant autour d’elle, Jesse continua d’avancer tout en restant sur ses gardes.

Soudain un loup blanc surgit d’un des couloirs et se positionna en grognant devant elle..

- holà tout doux ! j’ai déjà réglé le compte à plusieurs de tes collègues..
- nous sommes au courant ! Dolce nous a prévenue et elle n’est pas contente comme vous pouvez le voir !

Jesse dévisagea la femme qui était apparue derrière le loup, tout de blanc vêtue, un long manteau de fourrure qui se prolongeait tout autour d’elle sur le sol, elle caressait la tête du loup et ne semblait pas inquiétée par la présence de la pirate, comme si elle l’avait attendue. Elle avait un beau visage mais affichait une expression austère qui donnait à sa bouche un pli cruel et ses yeux bleus sondèrent ceux de Jesse.

- vous payerez pour ce crime.
- je ne faisais que me défendre, ils m’ont attaqué !

La femme plissa les yeux et inspira avant de lâcher sur un ton mordant..
- Que faites-vous ici ?
- je..
- Sigrùuun !!! Alors tu nous amènes cette visiteuse ??

La voix de stentor venait d’une pièce dont Jesse voyait l’entrée un peu plus loin.. Une lumière orangée s’en échappait et visiblement on s’impatientait.. La dénommée Sigrún fit un signe au loup qui fila aussitôt et se redressa pour jauger la pirate de ce regard glacial.

- par là..

Jesse sans rien ajouter suivit la jeune femme vers la pièce d’où émanait la lumière et découvrit un sorte de vaste salon.. Deux autres femmes y étaient installées, la première se redressa immédiatement à la vue de la pirate. Elle était très grande et particulièrement musclée, ses cheveux étaient aussi blonds que ceux de l’autre femme mais elle les portait nattés de chaque côté de son visage, elle portait un casque impressionnant de part ses cornes et son armure semblait décourager tous les ennemis de tenter le combat… C’est elle qui possédait cette voix surprenante pour une femme mais qui avait un visage plus aimable que la première.

- haaa alors c’est elle qui a osé toucher à tes chers petites bêtes ? hahaha .. tu es bien audacieuse pour avoir tué ces loups, car tous sont sous sa protection. Dis-moi Sigrun, me permettrais-tu de lui donner une bonne leçon ? hein ?
- Cela suffit Thrúd… Il sera toujours temps pour quelques combats. Apprécions plutôt le divertissement que cette visiteuse nous apporte.. Alors peut-être qu’elle daignera nous dire qui elle est, et ce qu’elle est venue faire ici ?

Jesse se tourna vers la troisième femme qui parlait d’une voix suave. Au contraire de deux autres, la femme avait les cheveux aussi noirs que les ailes d’un corbeau et ses vêtements étaient assortis à la couleur de ses cheveux.. Un seul regard et Jesse comprit qu’elle serait la plus dangereuse des trois. Elle était aussi belle sinon plus que les autres, une beauté mystérieuse qui devait en envoûter plus d’un.. Comme en témoignaient tous ces hommes qui l’entouraient tel une cour empressée de soupirants, l’un lui proposant des fruits, l’autre caressant doucement sa peau délicate, un troisième coiffant une mèche de ses cheveux. Tous des hommes jeunes, tous sans doute enlevés à leur famille.. Jesse se détourna d’eux pour reporter son attention sur la femme installée sur son fauteuil au centre de ses suivants.

- Je suis Lady Sparrow, ambassadrice des îles du Crâne, et je suis à la recherche de mon époux..
- hahaha, Freyja pourrait peut-être te prêter un de ses hommes… elle en a tant qu’elle se souvient même pas de tous leurs prénoms.
- la ferme Thrúd !..

L’ordre cingla comme un claquement de fouet et Thrud fit une grimace à Freyja la ténébreuse.

- Et qu’est-ce qui te fait croire que tu vas le trouver ici ?

Jesse ouvrit la bouche pour répondre, mais un homme vêtu d’une armure entra dans la pièce et s’inclina devant Freyja.

- ma reine… Il y a un problème.

Freyja se redressa et chassa d’un geste agacé les trois suivants.

- ne m’en dis pas plus ! Il refuse toujours d’obéir ?
- oui...
- Combien de temps ?
- depuis ce midi, ma reine.
- et il s’entête toujours ?
- hélas…
- Bien, amenez-le moi.. Nous allons montrer à notre visiteuse comment on traite nos invités dans ce palais..

Jesse fronça les sourcils, se demandant à quoi elle devait s’attendre.. Elle resta silencieuse et entendit une voix…une voix qu’elle reconnut.. qu’elle crut reconnaître, ce n’était pas possible.. . ce n’était pas…. Le garde de tout à l’heure venait d’entrer dans la pièce, il maintenait par des liens un homme vêtu d’un simple pagne pour cacher sa nudité qui avait les bras ligotés dans le dos, et le jeta sur le sol, face contre terre devant les trois femmes, et devant Jesse…. Elle ne voyait pas son visage, mais …son cœur avait cessé de battre… Ce fut Freyja qui prit la parole.

- alors mon beau, tu refuses toujours de servir ta reine ? Tu sais que si tu refuses de porter cette toge, tu resteras toujours ainsi vêtu ?....

Le Palais de Glace: royaume des Valkyries. 97585

Le Palais de Glace: royaume des Valkyries. 97585

Invité

Musique!

Depuis combien de temps Max était il dans cette situation ? Séparé de son être cher, Pitié ayant été emmené ailleurs par ces sorcières… il l’entendait parfois hurler a la mort la nuit, reconnaissant son chant mélodieux parmis des milliers s’il le fallait…

Le plus embêtant dans l’histoire était qu’il n’avait ni arme, ni allié, ni sa pirate. Malgré tout, il n’était pas pour autant résigné a obéir a une autre femme que la sienne, donc… il se rebellait comme il le pouvait, mais ne pouvait malheureusement pas toujours résister aux séances de tortures… dans ces moments la, son esprit lui jouais des tours, lui montrant une image lointaine, brouillée, de ces sévices, infligés de la même façon… mais la tortionnaire ressemblait énormément a… sa pirate… La seule différence était leurs vêtements a tous deux…

Si bien que les jours passaient et il ne savait toujours pas quoi faire…. Une fin d’après midi, d’après le soleil couchant, il fut emmené dans la salle où ces sorcières passaient le plus de leurs temps… Il fut jeté a terre tel un fétu de paille, dans un silence troublant… au moment de relever la tête il aperçu des bottes… Il devait rêver… comment cela était il possible…

Ce n’est que lorsqu’il vit le visage de Jesse, profondément surprise qu’il compris que non… il ne s’était pas trompé, Dieu sait par quel hasard… elle l’avait retrouvé... Il se leva complètement… et fonça vers elle !

"Te voilaaaaaaa enfin ! Je désespérais de te revoir un jour Ma Pirate !!!!!!!!! "

Puis, sans lui laisser le temps de répondre, et devinant une certaines agitation derrière lui il lança a la cantonade :

"Alors la ! Quand je vais raconter a ma pirate tout ce que vous m’avez fait… elle…. Elle…. Elle va vous étriper!!! "

"Vas y ma chérie ! Tu vas te les faire !"

les gardes était deja avec leurs épées tirées de leurs fourreau, attendant un ordre d'une des sorcières....

- 57 - Une pirate et un guerrier sans pitié!

Guns N'Roses: November rain

Non, elle n’avait pas rêvé…C’est bien son vaurien de guerrier qui à présent provoquait ces trois femmes en se cachant derrière elle…. cela faisait quoi, trois semaines, un mois peut-être qu’ils ne s’étaient plus vus, mais à cet instant, elle eut l’impression qu’il ne fut s’agit que de la veille... Il était là, il n’avait pas changé, elle retrouvait bien là son maxichou…

Elle entendit à peine les gardes se déployer autour d’eux, elle ne vit pas les regards échangés entre les trois femmes, elle ne voyait que Max habillé d’un simple pagne. Prenant sur elle de ne pas lui tomber dans les bras, de ne pas lui montrer combien il lui avait manqué, elle joua la carte de la légèreté en espérant que les trois femmes se laisseraient distraire, le temps qu’elle trouve une solution pour les tirer de là, puisque c’est ce qu’il espérait. Le silence semblait s’éternisait alors qu’elle s’efforçait de ne pas montrer ses émotions, il ne fallait surtout pas leur montrer sa plus grande faiblesse, c’était à dire lui…

Alors la pirate redressa ses épaules, plissa les yeux pour dévisager sévèrement son homme. C’est d’un ton sûr et sans aucun tremblement qu’elle prononça :

- C’est quoi cette tenue ? et devant ces dames ? Je crois Max que c’est à toi de me donner des explications.
- moia ?? mais ! Je te l’ai dit, ce sont ellleees !!
- tu vas encore me dire qu’elles t’ont obligé ?

Jesse glissa un regard furtif vers les trois femmes qui semblaient surprises par la tournure que prenaient les évènements. Elle tourna autour de Max pour admirer sa tenue, une expression de mépris sur son visage. Elle se plaça exactement là, où elle le souhaitait, main sous son menton, et l’autre croisée sous son autre bras, faisant mine de réfléchir mais en fait elle échafaudait déjà un plan de sortie. Quand à Max il semblait stupéfait par la réaction de sa femme..

Invité

Max n’en revenait pas… non seulement il avait été presque torturé, séparé de son Pitié, affamé, et surtout le pire, empêché de dormir… et voila que Sa pirate, Sa Jesse, le soupçonnait, lui, pourtant sage comme un mouton de l’avoir trompée… que de cruelles déceptions en ce bas monde…

- Mais…. Je te jure, elles m’ont forcées, faut me croiaaare !!
- Comment veux tu que j’en sois sur mon cher ??
- Parce que je te le diiis, moiaaaa, Max, je le jure, sur Pitié !

Au loin un hurlement se fit entendre, qui n’était en fait qu’un loup chantant sa complainte a la Lune naissante dans le ciel ( Petit aparté, que j’ecris bien moiaaaaa :mrgreen: ) mais qui, de où ils étaient situé, pouvait très bien se confondre avec la douce mélodie du cri de Pitié

Haaaaaa tu vois mécréant !

Mais… Spa Pitié ca !

Taisez vous !

Une des meuchantes sorcières s’était levée, la fureur se lisait dans ses yeux…

Cessez cette pantalonnade ! Gardes ! Mettez les aux fers !

- 58 - L'échappée belle!

E Nomine: Mitternacht

- Cessez cette pantalonnade ! Gardes ! Mettez les aux fers !

L’ordre sonna comme le glas pour la pirate, il était hors de question qu’ils pourrissent tous deux dans les geôles glacées de ce palais perdu. Il était temps de voir si elle avait toujours ses réflexes de pirates et devant les trois femmes stupéfaites, dans un mouvement rapide et synchronisé, Jesse dégaina son mousquet et bondit en direction de la première des sœurs. La saisissant par le cou, elle se glissa dans son dos et pointa son mousquet contre la tempe de cette dernière en surveillant les deux autres.

- Max ! prends les armes de celle-ci !

Du menton elle désigna la femme qui portait une armure et qui la regardait avec un air meurtrier.

- vite !!!

Puis à l’intention de celle qui de toute évidence avait autorité sur les deux autres, Jesse lança sur un ton menaçant.

- essayez de faire seulement un geste et j’abats cette femme ! Max …
- oui oui, ça va, je lui ai pris son épée…….et sa hache.. Je ne crois pas qu’il y ait d’autres armes… à moins que tu ne préfères que je la fouille pour m’en assurer ?

Un rapide regard en direction de son guerrier préféré lui signifia qu’il ne devait même pas y songer. Elle commença à reculer en direction de la sortie, maintenant toujours fermement la femme contre elle, tout en surveillant les gestes des deux autres femmes. Max tenait en joue de son épée la première mais la deuxième affichait un calme inquiétant. Si elle lui faisait un tour de magie, Jesse ne donnait pas cher de leurs peaux. Il ne lui restait plus qu’à espérer qu’encore une fois, les croyances de ce peuple viking étaient exagérées…

Elle recula encore en direction de la sortie, imitée par Max qui restait bien sur ses gardes, l’épée en avant, prêt à se défendre si la guerrière désarmée sortait tout à coup une arme de son corset. Ou d’ailleurs.. C’est à ce moment que surgit un oiseau qui infligea à la pirate un terrible coup de bec sur son front , lui ouvrant aussitôt une plaie qui se mit à saigner sur sa tempe. Jesse faillit laisser son otage s’enfuir, mais après avoir assommé d’un coup de poing le volatile à plumes noires, elle saisit la femme par les cheveux, l’arrêtant instantanément dans son élan pour fuir..

- aaahhh..
- ne pars pas si vite, j’ai encore besoin de toi.
- Ne lui faites pas de mal !!
- Restez où vous êtes !
- il faut vite se barrer d’ici !! Celle-là a une flopée de loups qui sont à ses ordres…

Au moment où il disait ça, un loup blanc, le même que tout à l’heure, surgit et bondit sur Jesse qui serrait à nouveau contre elle, sa prisonnière par les épaules. Et pendant un instant, Jesse ne visa plus la tempe de la femme, mais le monstre blanc qui l’attaquait. Soudain, un ordre claqua sec dans l’air dans une langue que Jesse ne comprit pas. Aussitôt le loup dévia son bond pour aller se coucher un peu plus loin, oreilles plaquées contre son crâne, gémissant doucement.

- Ne faites pas de mal à mes loups…
- alors laissez nous partir sans faire d’histoire.. nous n’avons rien à faire ici, on veut juste s’en aller, mon époux et moi…
- votre époux……. Hé bien, vous n’auriez pas du faire tout ce chemin pour récupérer ce bon à rien.
- que vous dites..

Jesse retrouva le sourire et adressa un rapide clin d’œil à Max avant de reprendre la direction de la sortie. Ils passèrent la première porte et précipitèrent de plus en plus leur sortie jusqu’à ce qu’ils attinrent la haute porte des remparts. Ils devaient se dépêcher avant que les deux autres sœurs ne tentent quelque chose contre eux. Une fois à l’extérieur du palais, Jesse repoussa la femme devant elle, pointant toujours son mousquet sur elle.

- il nous faut des chevaux, vite !
- les chevaux ne vous serviront à rien !
- hein ? mais qu’est-ce qu’elle raconte ?
- hm.. elle a raison… avec cette couche de neige, ils n’avanceront pas.
- ben alors avec quoi vous vous déplacez dans le coin ?

Jesse regarda la femme, mais elle restait muette et les regardait d’un air mauvais.

- Parlez, vite !!
- en traineau… par ici…

Elle les guida sans se presser et Jesse la bouscula pour qu’elle allât plus vite. Ils découvrirent dans une dépendance du Palais différents traîneaux dont un particulièrement impressionnant, mais Jesse lui préféra un plus étroit, le même que Pachka avait utilisé pour l’emmener jusqu’à Asgard.

- et les chiens ?
- pas besoin de chiens…
- Cessez de me faire perdre du temps !

Jesse pointa son mousquet bien au centre du visage de la sorcière, la dévisageant avec un regard mauvais, l’autre sut qu’elle n’hésiterait pas. Alors la femme émit un hurlement qui ressemblait bien trop à celui d’un loup, le cri fit froid dans le dos de Jesse et aussitôt une meute de six puissants loups gris apparut dans le hangar. La pirate faisait des allées et venues avec son mousquet entre la femme et les loups et Max s’inquiéta…

- Jesse… je le sens pas ce coup-là
- t’inquiète…. Si y’en a un qui tente de me croquer, je lui fais un beau trou dans sa fourrure.
- NON !
- bien.. dépêchez vous de les harnacher…VITE !!

La sorcière s’exécuta bien à contre cœur, mais de toute évidence, elle tenait trop à ses loups pour mettre la vie de l’un d’eux en danger. Jesse l’avait bien compris..

- Jeeeessse !!
- oui quoi ??
- Je gèèèèle ! je vais pas pouvoir tenir longtemps comme ça !!
- oups..désolée mon chéri… Madame va te prêter son beau manteau.

Jesse adressa un sourire narquois à la sorcière qui se défit de son manteau pour le donner à Max qui se couvrit aussitôt avec. Il était vrai qu’il commençait à changer sérieusement de couleur..

- Allons-y !

1.James Newton Howard: The great eatlon

Freyja se redressa, quittant son trône pour faire deux pas en direction de la sortie. Superbe d’orgueil ses yeux ne furent plus que deux fentes sur son visage.

- Ces deux là m’ont fait perdre mon temps ! Maudits soient-ils !!!
- Il faut aller à leur poursuite ! Qui sait ce qu’ils feront à notre chère sœur ?

Freyja sans quitter des yeux l’entrée de la pièce, répondit sèchement :

- NON ! Elle saura bien s’en sortir seule !
- mais comment ? Freyja ! c’est notre sœur et ils l’ont enlevée ! Nous ne pouvons pas rester sans rien faire.
- Tout ce qu’ils voulaient c’était repartir d’ici, es-tu aveugle à ce point pour ne pas avoir compris ça ?
- compris ?.... non.. je ne vois pas…
- Cette femme a fait tout le chemin jusqu’à notre palais dans le seul but de retrouver son époux et ce dernier a toujours refusé de se soumettre, alors que tant d’autres se seraient entretué pour obtenir mes faveurs.. Il aurait été inutile d’essayer de les retenir..… BON Débarras !! Je commençais à en avoir assez qu’il nous rabâche les oreilles avec cette pirate ! Qu’ils aillent au diable !!

Freyja descendit les deux marches de l’escalier entourant son trône pour se diriger d’une démarche digne vers une autre sortie. Mais Thrúd ne comptait pas renoncer aussi facilement. En deux pas, elle rejoint sa sœur et la retint par le bras.

- Nous ne pouvons pas laisser Sigrún, nous devons la retrouver !

Freyja baissa ses yeux bleu violine sur la main de sa sœur qui retenait son bras, et se dégagea brusquement avant de dévisager cette dernière.

- Sigrún saura parfaitement s’en sortir toute seule, elle n’est pas seule.. il y a ses loups !
- Freyja !!
- J’ai déjà assez perdu mon temps comme ça……. Ne t’inquiète pas, de nous trois elle est la mieux placée pour se tirer d’une telle situation..

Thrúd regarda sa sœur s’éloigner, en secouant la tête. Elle ne comprendrait jamais Freyja, si dure, si sombre, sans cœur… La jeune femme n’avait pas dit son dernier mot, elle quitta à son tour le palais pour se diriger vers le hangar où étaient rangés les traîneaux..

* * *

Les encouragements de Sigrún pour ses loups, claquaient dans l’air glacial de la forêt qu’ils traversaient à présent à vive allure. Assise à l’avant, la pirate s’accrochait du mieux qu’elle pouvait en continuant de pointer son arme sur Sigrún. Quand à l’homme, installé devant la femme, il s’était recroquevillé sur lui-même, se cachant du mieux qu’il pouvait dans l’épaisse fourrure du manteau. Les loups fonçaient droit devant, haletant, leur souffle devenant instantanément buée dans l’air si froid. Devant eux, une piste presque droite les mènerait jusque sur le versant est des montagnes, des montagnes dont la chaîne formait autour du royaume des Valkyries comme un rempart contre tout ennemis ou curieux trop intrépide. Une fois qu’ils arriveraient au bout de ce haut plateau recouvert par les sapins, il y aurait alors une descente vertigineuse à affronter…

Un rictus mauvais releva la bouche de Sigrún. Freyja avait raison de penser que sa sœur n’avait pas besoin d’aide. Depuis le départ, elle savait exactement ce qu’elle faisait. Cette femme paierait pour avoir abattu ses chers loups. Il fallait juste attendre le moment propice, le moment où il n’y aurait plus de retour en arrière possible pour ces deux fous qui croyaient pouvoir se jouer des Valkyries. Si Freyja se laissait endormir par les flatteries de ses soupirants, si Thrúd était trop naïve, malgré sa force, Sigrún derrière sa façade farouche, était d’une intelligence machiavélique.

Le regard de Sigrún étincela, ils approchaient de la lisière des bois, après il ne manquait plus que quelques mètres et se serait le précipice. La femme dut s’en rendre compte à son tour, car elle cria pour se faire entendre :

- Arrêtez vous à présent !

Sigrún sourit de plus belle et fit claquer sa langue. Les loups accélérèrent.

- ARRetezzz ce traineau !!!!!

La valkyrie cria un ordre bref. Aussitôt les loups virèrent à droite si brusquement que les deux passagers eurent juste le temps d’écarquiller les yeux. Ils venaient de comprendre tous deux qu’elle les avait piégés.. Comme prévu la boucle du harnachement, se décrocha sous le brusque mouvement. Les loups allégés de leur charge, continuèrent leur course sur quelques mètres. Sigrún ayant anticipé le coup, bondit en arrière et roula dans la neige, alors que le traîneau, sans attelage à présent continua sa course au-delà du plateau, jusqu’à la limite de cette bande de neige plate qui bordait les flancs de la montagne…… A la vitesse où le traîneau se jeta dans la vertigineuse descente, ils n’avaient aucune chance de s’en sortir..

- 59 - l'Apothéose!

Ambiance siouplé! ( Craig Armstrong: escape)

Le traîneau emporté par l’élan de son propre poids fit un terrible vol plané au dessus du vide avant de redescendre inéluctablement vers le flanc de la montagne. Instinctivement, Jesse et Max s’accrochèrent de toutes leurs forces au traîneau, mais peut-être aurait-il mieux fallu pour eux qu’ils ne fussent pas entraînés dans cette course folle qui débuta. Plus rien ne pouvait arrêter l’engin qui glissait de plus en plus vite, bien trop vite sur les pentes enneigées. Le déplacement d’air et des éclats de neige les giflaient tous deux, alors que terrassés par la vitesse, ils ne pouvaient que regarder cette pente qui s’étiraient toujours au dessous d’eux, interminable, inquiétante..

Le moindre obstacle les briserait comme de la glace, car ils ne maîtrisaient pas du tout l’engin qui avait déjà atteint la moitié du versant. Et c’est là que tout bascula, une bosse une seule, mais suffisamment importante pour soulever le traîneau dans les airs. Cette fois tous deux ne résistèrent pas à la force de cet élan et furent projetés dans la neige dans un impressionnant saut. Heureusement, la neige si glissante mais si poudreuse leur garantit une chute en douceur, ou presque puisqu’ils étaient à présent tous deux bien enfoncés dans ce moelleux mais glacial tapis.

Ils s’extirpèrent péniblement de cette blanche poudreuse, se débarrassant de la neige dans leurs cheveux et sur leurs manteaux.. Jesse jeta un coup d’œil vers le traîneau qui avait continué sa course seul, sans ses passagers.

- Nom d’une baleine à bosse ! Cette fois j’ai bien cru que..

La pirate secoua la tête, encore secouée par ce qu’ils venaient de vivre, et se tourna vers Max qui lui aussi semblait encore sous le choc. Puis elle éclata d’un rire triomphant avant de se jeter sur lui..

- mais héééé !!!
- Oh Maax, je t’ai enfin retrouvé, et nous voilà en vie tous les deux !! En vie et liiibres !

Ambiance 2 svp ^^: Glory!
Ils tombèrent à la renverse dans la neige et Jesse en profita pour embrasser son époux à pleine bouche……..depuis le temps qu’elle en avait rêvé.. Las sa joie fut de courte durée, un bruit terrible se fit entendre, un bruit tel un craquement que Jesse ne sut pas reconnaître. Tous deux relevèrent la tête pour apercevoir, tout là haut, juste sur la crête de la montagne, la femme qui les avait traîtreusement envoyé vers la mort… Elle avait échoué, mais de rage, la sorcière semblait avoir trouvé le moyen de terminer ce qu’elle avait commencé..

Sous les yeux écarquillés de Jesse et Max, tout un pan de la corniche se détacha pour s’effondrer sur la pente avant de se mettre à former de gros paquets de neiges et tout cela dans un bruit de fin du monde.. La pirate comprenant ce qui arrivait, ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit..

- nom de dieuuu, cte bonne femme a provoqué une avalanche………Faut se tirer d’ici , vite !!!!!!

Dans un même élan, tous deux se redressèrent et se mirent à courir péniblement dans la neige.. Ils le savaient, ils n’auraient cette fois aucune chance… Oui aucune, mais c’était compter sans l’aide de ces dieux auxquels ils ne croyaient pas vraiment, bien à tord......Jesse qui venait de se retourner pour voir l’avalanche gagner du terrain fut la première à le voir, et ce qu’elle vit la pétrifia sur place. Max se retourna à son tour et voyant sa pirate cesser de courir il hurla..

- Jesssee !!!! Vieeeeennnnns !!!!

Et à son tour il regarda dans la même direction que Jesse et sa mine s’allongea… Il secoua la tête tout en balbutiant..

- non.. non.. là.. je rêve, pas possible… non.. Jesse, dis-moi que je reêeeeeve lààààà !!!!!!

Jesse lui jeta un bref regard, un regard ou brillait à nouveau l’espoir, mais bien plus que ça, elle savait qu’ils étaient sauvés… L’avalanche devenait de plus en plus impressionnante, mais ce qui avait pétrifié la pirate, glissait bien plus rapide, survolant l’avalanche, comme il l’avait déjà fait par le passé, quand il partait à l’assaut d’énormes vagues.. Le White Star avait toujours su affronter toutes les tempêtes, ce n’était pas un peu de neige qui l’arrêterait..

La pirate ne se posa plus de question, plus rien ne comptait d’autre, que leur vie à tous deux, et son navire qui fonçait sur eux, propulsé par l’avalanche… Un souffle d’air glissa sur eux comme le vent de la plus énorme des tempêtes, et au travers de ces tourbillons de neige, Jesse vit le cordage qui venait d’être lancé par-dessus le bastingage et saisissant la main de Max qui lui aussi avait renoncé à comprendre, l’entraîna à sa suite. Ensembles ils attrapèrent le cordage, s’y accrochant comme à une bouée de secours, et au moment ou l’avalanche tenta de les avaler, ils furent hissés sur le pont.

Jesse ne fut plus surprise d’y retrouver à son bord son équipage…Eux-mêmes, visages blêmes mais souriant la regardaient, heureux de la retrouver…Le navire atteint le bas de la pente, toujours glissant tel un surfeur sur l’avalanche…. Les flancs de la montagnes étaient escarpés, et à un moment le navire tout entier ne toucha plus le sol pour glisser seulement dans l’air, plus loin, vers l’océan de glace. Le choc allait être terrible, mais on était au printemps, Pachka l’avait dit… au printemps, les glaces fondent…………et sous le poids du navire, la glace n’offrit plus de résistance et se brisa dans un bruit effrayant. Le White Star avait regagné l’océan dans de grandes éclaboussures, non sans secouer sévèrement tout l’équipage..

L’un après l’autre, ils se redressèrent pour voir le navire fendre la glace plus très épaisse, laissant derrière eux l’avalanche, les montagnes enneigées et les trois valkyries…

... to be continued! ... ( suite ici à bord du White Star!)

2- James Horner: An ocean of memories

Une silhouette pâle s’était rapprochée du bord du précipice. Et dans ce décor si blanc, son regard bleu sombre ressortait encore plus, ou peut-être était-ce la haine qu’elle ressentait pour cette femme. Cette dernière venait de lui échapper et emmenait avec elle, un de leurs prisonniers. L’avalanche ne parvint pas à les ensevelir et cela grâce à l’intervention spectaculaire d’un navire qui semblait envoyé par Odin en personne. Comment une étrangère pouvait obtenir la grâce divine alors que c’était elles qui étaient sensées être les gardiennes de ce monde? Et qu’auraient dit les vikings s’ils avaient vu une telle chose. Sans doute, Freyja aurait-elle su encore une fois tourner l’histoire à leur avantage, comme d’habitude.

Sigrun dans sa longue robe blanche comme l’était son manteau ,resta là, sans bouger, observant le navire qui s’en allait sur la mer de glace qu’il avait brisé. Peut-être reverraient-elles ces deux personnes, peut-être était-ce un signe d’Odin. Avait-il voulu les avertir qu’on ne jouait pas avec les dieux? Sigrun la farouche ne pouvait s’empêcher d’y croire, car des trois, elle était la seule à prendre au sérieux ces histoires dont pourtant ses sœurs se moquaient. Après tout, n’avait-elle pas le pouvoir de communiquer avec les loups, dignes fils de Fenrir.

Depuis ces si longues années passées loin de tout, enfermées dans leur palais de glace, les trois sœurs perdaient peu à peu le sens des réalités, et Sigrun la plus solitaire des trois, plus que les autres, se perdait dans ces mythes et ces légendes. Elle avait toujours dès son plus jeune âge, montré un intérêt marqué pour la nature, et s’isolait déjà pendant de longues heures, ignorant les jeux auxquels les enfants se prêtent habituellement. Bien entendu, toutes trois ne réalisaient pas les changements qui s’opéraient peu à peu sur leur caractère, et même physiquement. Le froid n’avait plus du tout la même emprise sur elles qu’à leur arrivée en ces terres, et à présent, Sigrun, debout au bout de cette étendue de neige, ne tremblait même pas, c’était à peine si elle ressentait la morsure du froid.

Un grognement sourd au loin l’arracha à sa contemplation. Sigrun plissa les yeux et aperçu l’auteur de ces grognements. Son visage se fit plus austère encore à l’approche de Thrud, et elle s’avança dans sa direction avant de donner un ordre sec pour stopper les trois monstres blancs. Elle ignora la joie évidente de Thrud pour gronder d’une voix tranchante:

- Qu’est-ce qu’il t’a pris de les sortir?
- Sigrun, tout va bien?
- naturellement! Tu ne dois pas les laisser sortir si je ne suis pas là, ils auraient très bien pu t’attaquer!
- Ne t’inquiète pas, je leur ai dit que c’était pour venir te chercher.. Et on dirait bien qu’ils m’ont écouté.

Sigrun laissa retomber ses épaules, il était vain d’essayer de faire entendre raison à sa sœur. Elle monta sur l’énorme char et prit les rênes des mains de Thrud.

- La prochaine fois, évite de prendre les ours polaires pour venir me chercher, je préfère encore rentrer à pied.
- ah je vois, bonjour la reconnaissance.

Mais Sigrun ignora la remarque de sa sœur et fit claquer sa voix dans le silence de la forêt.. Les trois ours firent aussitôt demi-tour pour courir en direction du Palais, non sans émettre quelques impressionnants grognements.

3. Danny Elfman: Storytime

Les journées se rallongeaient au cœur des montagnes aux neiges éternelles, et dans les plaines d’Asgard, les bourgeons avaient déjà fleuri. La température se radoucissait et la neige fondait de plus en plus. La nature s’éveillait au printemps nouveau, et le soleil lui-même semblait s’en réjouir. En leur palais, les trois sœurs valkyries devinaient elles aussi, cette montée de sève qui poussait tous les animaux de la forêt à pointer leur museau hors de leur terrier. L’hiver était terminé, du moins pour la plupart des habitants d’Asgard, car leur palais était si haut perché au cœur de ces montagnes que les arbres et les prairies n’avait plus jamais repris cette teinte d’un vert éclatant… Ici, une couleur dominait, le blanc de la neige..

Lassée de leur isolement forcé, Thrud ce jour là alla trouver Freyja, en lui proposant la même requête qu’à chaque année, au début du printemps. Sa sœur était alanguie au milieu d’un imposant lit recouvert de fourrures, comme bien souvent, au centre de ses soupirants.. Les yeux mi-clos, elle semblait somnoler, visage si beau quand elle était apaisée, un doux sourire flottant sur ses lèvres, si pâle au milieu de cette corolle de cheveux d’ébène. Thrud la savait nue sous les peaux, de même que ces hommes qui comme elle, somnolaient sans plus se préoccuper de rien, heureux comme un chien fidèle de pouvoir dormir aux côtés de leur maîtresse.

- Freyja?
…
- Freyja? La neige a suffisamment fondu pour nous permettre d’aller visiter nos amis en plaine..
- hmm…plus tard Thrud…
- mais pourquoi? Et si nous y allions aujourd’hui? Hein?.. J’ai envie de revoir du monde, aller visiter une taverne ou deux, boire un peu de bière et m’amuser avec quelques prétentieux..
- hmmnan….on a le temps…demain peut-être..

Thrud fronça les sourcils…

- c’est-ce que tu dis chaque fois! Plus tard, plus tard!
- et qu’en pense Sigrün?
- Sigrün est encore sortie pour aller voir ses loups.. Et tu le sais parfaitement…toutes les deux, vous vous fichez bien de ce que j’aimerai faire…
- rrrrmmm…….Thrud, tu devrais te détendre un peu…….fais comme moi, laisse un homme prendre soin de toi, et tu te sentiras mieux.

Mais la jeune femme ne s’impatienta que plus..

- Encore une fois, vous me connaissez bien mal toi et Sigrün.. Toi et tes hommes, Sigrün et ses loup… et moi? Hein? J’aime me battre, et ici, c’est d’un ennui mortel……..Puisque c’est comme ça, j’irai seule!!

Thrud furieuse, tourna les talons pour quitter la chambre de sa sœur. Le sourire sur le visage de cette dernière s’accentua… Thrüd se trompait, Freyja la connaissait mieux que personne, et elle savait très bien que sa sœur ne ferait rien de ce qu’elle venait de dire, jamais elle n‘irait seule.. Cependant, elle savait que Thrüd avait besoin d’exercice…. Elle était comme un chien fou et si on ne lui permettait pas à elle aussi de ..s’amuser, elle risquerait bien de mordre la main de son maître..

Dans son lit, Freyja se redressa, superbe dans sa nudité, et résista aux paires de mains qui tentèrent de la retenir dans des soupirs..

- Plus tard mes chéris……..plus tard….

Elle accorda un baiser à celui qui était le plus proche puis les laissa là, pour aller se choisir une tenue.. Demain oui, ils iraient rendre une visite aux habitants d’Asgard.

4. Quindon Tarver: When doves cry Le Palais de Glace: royaume des Valkyries. 718945

Le soleil venait tout juste de se coucher et dans le froid toujours glacial de ces hauts plateaux, trois jeunes femmes s’apprêtaient à partir pour un voyage d’une durée encore indéterminée. Pour cette sortie plutôt exceptionnelle, les six chevaux noirs, aussi noirs que la longue chevelure de Freya furent attelés à l’énorme traîneau qui les emmènerait jusqu’en plaine. C’est un convoi des plus étranges qui allait se mettre en route alors que le soleil avait cédé la place à la lune, superbe dans sa robe d’argent et si basse dans le ciel qu’elle se posait en arrière plan de ces trois exquises silhouettes.

Un cri déchira la belle nuit qui s’annonçait, aussitôt suivie d’un claquement de fouet qui signifiait le départ des Valkyries. Thrüd tenait les rênes de l’attelage, plus impressionnante que jamais dans sa tenue d’apparat, ayant pour l’occasion coiffé son casque à cornes. Elle affichait un sourire éclatant alors que les chevaux décollèrent dans un sursaut entraînant avec eux, le char des trois sœurs. Le puissant galop des six étalons résonna par delà la forêt, tenant en alerte tous les animaux de cette sauvage contrée.

Derrière Thrud, Sigrun plissa les yeux pour apercevoir autour d’elle les regards luisant des loups qui avaient décidé d’accompagner pour un bout de chemin leur maîtresse adorée, reine blanche au visage austère qui se tenait dignement assise aux côtés de Freyja. Cette dernière gardait ce sourire énigmatique, enveloppée de son manteau de fourrure noire, comme sa robe, comme sa chevelure soulevée par l’air revigorant de la nuit, tout aussi belle et digne que sa sœur aînée, mais bien moins enthousiaste que leur plus jeune sœur, Thrud qui laissait éclater sa joie. Oui Thrud exultait et imaginait déjà tous les combats qu’elle pourrait faire dans ces villages de viking, tous ces hommes qu’elle écraserait de sa force brute, insoupçonnable dans ce corps aux courbes généreuses.

Quand les valkyries partaient ainsi en expédition, nul ne savait jamais quand elles surgiraient dans leur village, nul ne savait quel serait le but de leur visite et quand elles repartiraient. Mais toutes trois savaient que d’un commun accord, quand le danger serait trop grand, quand les secrets enfouis depuis si longtemps risquaient d’être découvert, il serait temps de rentrer

En attendant, chacune envisageait cette sortie si rare à sa manière. Si Thrud se réjouissait à l’idée de se battre, Sigrun était celle qui appréciait le moins ce genre d’escapade et préférait garder ses distances d’avec ces hommes, ces barbares qui pour elle ne méritaient qu’une chose, croupir en Helheim d’où même les dieux ne pouvaient pas revenir.

Freya elle, devrait jouer de discrétion et céderait la place à cette femme de tête que tous craignaient et respectaient. Peut-être qu’elle trouverait une victime consentante pour varier un peu les plaisirs, car il ne fallait pas oublier que les Valkyries étaient sensées être vierges, du moins en Asgard.. Au-delà, cela ne regardait plus que les dieux eux-mêmes, heureusement pour elle…

Le convoi franchit la limite des plateaux et se lança dans la vertigineuse pente, sans freiner un seul instant. Les chevaux lancés à fond de train exhalaient des nuages de vapeur qui se cristallisaient dans la nuit telle une locomotive, mais sur un tout autre son, celui de leur respiration hachées, et cadencées par les sabots martelant le sol, de moins en moins recouvert de neige. Le printemps était à Asgard, et en plaine, il reprenait tous ses droits. Il serait bientôt temps de remplacer les patins du traîneau par les roues ingénieusement dissimulées sur les flancs de l’étrange voiture.

( suite à la taverne du loup blanc)

Arvid Langström

Messager des Valkyries

Découvrez Enigma!

Arvid avançait de plus en plus difficilement avec le vent de face qui était de plus en plus fort au fur et à mesure qu’il gravissait la montagne interdite. Cela faisait deux jours qu’il s’était mis en route, aussitôt après avoir reçu le message de Dame Isolde qui convoquait tous les dirigeants d’Asgard dans son château. La fameuse assemblée allait avoir lieu, et lui le savait, il était temps pour le guerrier de jouer son rôle de messager auprès des Valkyries.

Jusque là, il s’était efforcé de ne plus y songer, pour ne pas anticiper sur des dangers qui ne manqueraient pas. Et en effet, le voilà qui à présent devait faire face à une violente tempête, alors qu’en plaine, les températures se radoucissaient lentement, avec l’arrivée du printemps. Les bourrasques de neige l’empêchaient de voir son chemin, et plus il avançait, plus il craignait de se perdre.

Il aurait du s’arrêter, ou mieux rebrousser chemin, mais il craignait plus encore la colère des Valkyries s’il échouait dans sa mission, que la mort elle-même. Après tout, ne sauraient-elles pas le retrouver au-delà de la mort ? Non, mieux valait serrer les dents et poursuivre quoiqu’il advienne sa route. Le guerrier viking marcha ainsi pendant des heures et des heures, le dos courbé, yeux mi-clos, discernant à peine le paysage alentour.

Et brusquement devant lui, surgit aussi noir que la neige était blanche, un énorme loup. Dans un sursaut, Arvid dégaina son épée, persuadé que jamais il n’emporterait un combat contre un loup de cette taille. Il fit un pas en arrière et bascula contre la paroi rocheuse derrière lui. Face au viking, le loup lui s’approcha un peu plus, babines retroussées, yeux brillants d’un éclat surnaturel au milieu de cette tempête. Le guerrier écarquilla les yeux, attendant le moment ou l’énorme bête lui sauterait dessus.

- Tu peux m’attaquer si tu veux, mais je ne me laisserai pas faire sans me battre !

L’homme et la bête échangèrent un long regard quand au loin, d’autres hurlements sinistres de loups retentirent malgré le vent qui continuait inlassablement d’emporter des brassées de neige. Le loup détourna brièvement son attention du guerrier pour se tourner à nouveau vers lui, la truffe pointant dans sa direction. Il souleva sa patte, comme dans l’expectative, flaira à nouveau l’odeur de l’humain, puis disparut aussi soudainement qu’il était apparu..

Arvid laissa retomber son bras armé, voûta les épaules, soulagé et adressa une prière de remerciement aux Valkyries qui veillaient sur lui, comme elles le lui avaient promis..

Quand enfin la tempête se calma, encore une fois, Arvid vit le vol de plusieurs corbeaux planer au dessus de lui, jusqu’à ce que l’un d’eux se posa sur une branche non loin. L’oiseau qui était énorme pour son espèce, se mit à croasser avec insistance, en regardant en direction du guerrier. Il s’envola pour se poser un peu plus loin, et répéta son manège à plusieurs reprise.

Alors Arvid retrouva le sourire et son aplomb et emprunta la direction indiquée par le corbeau, car il en était sûr, celui-ci était un envoyé des Valkyries..

Après encore quelques heures d’une marche harassante, sa peine fut enfin récompensée. Arvid parvenu sur un haut plateau, se redressa alors qu’à ses pieds se déroulait une vaste vallée en forme de cuvette au cœur de laquelle, il pouvait apercevoir les tours glacées du palais des Valkyries. Il ne lui restait plus qu’à traverser cette épaisse forêt, et il parviendrait à destination.

En parcourant cette ultime distance qui le séparait encore du palais, Arvid vit et entendit encore nombre de loup, et il se dit que plus jamais il ne mettrait en doute les légendes qui parlaient des Valkyries et de leurs serviteurs loups et corbeaux. Le souffle court, il parvint au pied de l’impressionnant palais des glaces et en voyant la couche de glace qui le recouvrait, il se dit que nul autre palais ne pouvait mieux porter son nom. Etrangement, aucun garde n’en surveillait l’entrée. Aucun pont-levis n’en protégeait les fortifications. Non, une vaste ouverture sans herse semblait l’inviter à entrer. Ce qu’Arvid fit, puisque de toute manière, il savait qu’il était attendu. Il avança lentement, guettant le moindre bruit, le moindre appel, ou la moindre manifestation de vie dans cet endroit qui semblait à la fois si inquiétant et si mystérieux.

Il repéra soudain un couloir au bout duquel émanait une douce lumière orangée. Arvid fit quelques pas quand il entendit une voix qu’il reconnut aussitôt.

- Entre donc, mon cher Arvid… Nous t’attendions..

9. ( Auparavant, à la taverne du Loup Blanc)

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Les trois Valkyries après cette brève visite en Valkyrheim, étaient retournées en leur palais, attendant le jour où le messager choisi par Freyja viendrait à elles, pour leur annoncer une nouvelle qu’au moins deux d’entre elles, attendaient impatiemment. Thrüd était sans doute la plus impatiente des trois, faisant milles suppositions sur l’avenir d’Asgard, et prédisant qu’à tous les coups, elles se devraient de se battre aux côtés des vikings. Il ne pouvait en être autrement, et même si Freyja ne portait pas autant d’intérêt aux combats que sa sœur cadette, elle devait reconnaître qu’elles se devaient en tant que Valkyries d’être présentes, et d’assister ces hommes dans la bataille. Si toutefois, celle-ci devait avoir lieu.

Quand à Sigrün, elle n’approuvait pas cette guerre, préférant demeurer en leur royaume, loin des hommes et de leurs turpitudes, préférant la compagnie de ses amis les loups. Mais elle savait comme ses deux sœurs que cette paix avait un prix et que pour continuer à régner sur le royaume d’Asgard, et dans le cœur de leurs habitants, elles devaient toutes trois, concéder quelques sacrifices, même si Thrüd ne voyait nullement leur participation à la bataille comme un sacrifice.

Et tandis que les loups hurlaient au loin, elles comprirent que quoiqu’elles décidassent, le destin était en route, et qu’elles se devraient de suivre le leur, celui des Valkyries d’Asgard.
Freyja avait pendant bien des jours après leur retour au palais, guetté la venue d’Arvid, envoyant Razor, son corbeau survoler les montagnes interdites afin de la prévenir de son arrivée. Et quand enfin ce jour vint, toutes trois étaient prête à intervenir dans la vie des habitants d’Asgard.

Freyja était installée dans son trône, majestueuse dans sa longue robe noire, au col redressé autour de sa nuque en une multitude de plumes noires qui venaient caresser ses épaules nacrées et frôler ses joues . Ses longs cheveux du même noir d’ébène, retombaient librement de chaque côté de ses épaules, et ses yeux si bleus, brillaient de cet éclat mystérieux qui fascinait toujours autant celui qui se laissait prendre au piège de son regard. Elle souriait alors que Razor venait de se poser sur le sommet de son trône imposant. Arvid était au palais et ses deux sœurs arrivèrent par chacune des portes qui donnaient dans la grande salle, en même temps que le messager.

- Enfin te voilà… approche…

L’homme resta un moment figé sur place alors que son regard découvrait la salle aux hauts plafonds voûtés, et l’immense cheminée à sa droite, ainsi que les fourrures étalées partout, les immenses chandeliers qui pendaient du plafond et ceux accrochés aux murs. Il n’y avait point de glaces dans cette pièce, et il y faisait un peu plus doux que dans les longs couloirs qu’il avait traversés, mais l’endroit n’en restait pas moins impressionnant, n’était-ce que la présence des trois femmes qui le sondaient de leur regard acéré. Elles étaient toutes les trois d’une incroyable beauté ce qui pour un pauvre viking sans la moindre éducation, pouvait facilement l’amener à croire qu’il se trouvait face à des déesses. Où alors peut-être que cela était du aux atours qu’elles portaient, robes précieuses, tissus brodés de fil d’argent ou d’or, fourrures rares, ou… pour Thrüd, la plus impressionnante et la plus déshabillée des armures cuirassées qu’on ait pu voir dans tout Asgard et même au-delà.

Freyja lui laissa le temps de détailler la magnificence de leur palais, et enchaîna avec toujours cette voix de miel, à la fois douce et profonde.

- J’espère que tu n’as pas rencontré d’ennuis en chemin ?
- non, non..enfin j’ai cru avoir rencontré Fenrir en personne, mais il m’a laissé poursuivre mon chemin. Je voulais vous en remercier.

Freyja et Sigrün échangèrent un sourire complice.

- Je t’en prie, Arvid, ne t’avions-nous pas promis de veiller sur toi?
- oui, oui bien sûr…
- Voudrais-tu manger quelque chose avant de nous faire part de ton message ? Tu dois avoir faim, et tu es dois être épuisé.
- Freyja.. ne peut-il pas d’abord nous dire ce qu’il a à nous dire ? Il aura bien le temps de manger ensuite !
- Thrüd, ma chère Thrüd, ne sois pas toujours si impatiente. Laissons lui le temps de se remettre.
- Je peux bien attendre un peu..
- ah voilà une bonne idée ! alors Arvid, ces nouvelles ?
- Le chef Olrik a reçu une invitation du roi de Roskildheim . Le grand conseil aura lieu au chateau de Dame Isolde à Gjälleborg, dans deux mois. Voici du reste une invitation qui vous revient directement.

Arvid avait sorti de sous son manteau, un pli scellé du royaume de Roskildheim, destiné aux Valkyries. Sigrün s’approcha et s’empara du pli qu’elle décacheta. Elle le parcourut rapidement et le tendit ensuite à Freyja.

- Ce roi sait à qui il a affaire, c’est très sage de sa part de nous faire parvenir cette invitation, nous n’aurions pas apprécié de ne pas compter parmi les invités présents à ce grand conseil.
- Il m’est avis qu’il devait plus craindre notre colère qu’autre chose en nous oubliant, il devait savoir que cela ne nous aurait pas plu.
- Sans aucun doute, mais voilà toute de même une bonne chose. Cela nous évitera d’avoir à nous rappeler à sa mémoire.
- ça aurait pu être marrant..

Freyja regarda Thrüd, ne doutant pas que cette dernière aurait apprécié donner une leçon au Roi de Roskildheim, toujours présente quand il s’agissait de se battre, Freyja était tout de même soulagée de posséder plus de sagesse et d’intelligence que sa jeune sœur.

- Bien, Arvid, voilà donc ta mission achevée, tu vas pouvoir te sustenter et te reposer. Je vais t’accompagner, et tu me raconteras ce que tu sais encore au sujet de ce grand conseil.

Freyja s’était levée pour venir poser sa main sur l’épaule du guerrier qui se laissa captiver par ce regard d’aigue marine. Thrüd croisa ses bras sous sa poitrine en soupirant et Sigrün retourna à ses occupations.

- Tu parles, m’étonnerai qu’il ait le temps de lui en raconter beaucoup d’histoires, et c’est plutôt lui qui va se faire dévorer tout cru.

Un rire grave accompagna ces dernières paroles avant qu’à son tour, Thrüd ne décidât d’aller s’entraîner un peu, en vue de ces batailles qui se préparaient. Elle songea alors à ses sœurs et se dit qu’à elles aussi, un entraînement ferait du bien, elle ne se souvenait plus de la dernière fois où elle les avaient vu se battre. Voilà au moins un point où ce serait à son tour de leur donner quelques conseils avisés.

suite... Arvid

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Le viking se laissa guider jusqu’à d’autres salles, après avoir parcouru d’autres sombres couloirs, tandis qu’à ses côtés, la valkyrie lui parlait toujours de cette voix si douce et si agréable, captivant toute son attention et lui faisant oublier le pénible voyage qu’il avait fait pour parvenir jusque là. Sa mission était remplie, et à présent elle lui promettait des récompenses dignes d’un guerrier viking, le félicitant pour sa bravoure et son courage. Tandis qu’il lui assurait qu’il ne lui en avait pas fallu tant que ça du courage, que le voyage n’avait pas était aussi difficile et qu’il était content d’avoir pu leur livrer ce message.

- Ne sois pas si modeste, je sais quel périple fut le tien. Ah voilà Sven, Sven ? Fais nous porter un repas chaud dans mes appartements.

Arvid dévisagea le dénommé Sven, premier garde qu’il croisait depuis qu’il avait pénétré dans le palais, une autre des énigmes qui ne trouveraient sans doute pas d’explication, néanmoins il osa poser la question.

- Je n’ai rencontré aucun garde aux portes de votre palais, et Sven est en fait le premier que je croise.
- ..et tu dois te dire qu’un tel château est bien peu gardé n’est-ce pas ?
- oui.. c’est juste.
- rassure-toi. Sache que les valkyries n’ont pas besoin d’une garde très nombreuse, nous savons nous protéger seules.
- je comprends..

Il la regarda passer devant lui, pour emprunter un large escalier qui montait en colimaçon. Le voyant ralentir, elle se retourna en souriant.

- allons, suis-moi, tu n’as rien à craindre. Tu es en sécurité ici.

Arvid fronça les sourcils puis finit par lui emboîter le pas. Il se retrouva bientôt sur le palier d’un petit couloir qui menait devant une haute porte que la valkyrie poussa avant de l’inviter à y entrer. Ebahi, il découvrit qu’il s’agissait là de la chambre de la jeune femme et resta figé à l’entrée. Un lit énorme trônait au milieu de la grande chambre, au baldaquin orné de lourds rideaux de velours rouge sombres assortis aux rideaux des fenêtres, au velours des fauteuils, et des chaises qui encadraient une petite table ronde. Et encore une fois, la pièce possédait une grande cheminée où flambait un feu crépitant. Il devait en falloir du bois pour chauffer un tel palais et au moment où Arvid s’interrogeait sur qui s’occupait de tout ça, un homme se présenta à l’entrée de la chambre avec un plateau.

- Erik tu peux poser ça là, merci. Laisse-nous à présent.

L’autre sans un mot, comme Sven avant lui, s’inclina avant de se retirer promptement.

- Voilà ton repas, tu vas pouvoir manger et nous bavarderons un peu en même temps.

Le viking s’exécuta sagement et s’installa à la table où le plateau avait été déposé. Il n’attendit pas qu’elle s’asseye à son tour, n’ayant pas les manières de chevalier qui voulait qu’il tira la chaise pour la belle avant de s’assoir lui-même. Mais elle ne s’en formalisa pas et s’assit sur la chaise voisine de la sienne. Et tandis qu’elle découvrait des mets fumants et alléchants, elle l’interrogea sur ce qui s’était passé en Asgard ces derniers temps, ce qui se résuma vite à pas grand-chose.

Arvid dévora son assiette de bon appétit, ne laissant aucune miette et songea tout de même à un instant, à s’étonner qu’elle ne l’accompagnât pas pour le repas. Elle n’avait pas faim, ce qui ne dérangea nullement le viking qui lui mangeait pour deux.

Et puis à la fin du repas, elle lui demanda s’il n’était pas trop fatigué, réponse qu’il donna sans hésiter en vrai mâle qu’il était. Non, il n’était pas fatigué du tout !

- Tu m’en vois ravie.. Nous allons ainsi pouvoir passer au dessert.
- ah un dessert ? et c’est quoi ?

Arvid n’avait rien contre cette idée et s’essuya la bouche sur sa manche en rendant son sourire à la Valkyrie.

- toi, mon chou..
- moi ? mais…
- ne t’effraie pas, il est temps de songer à ta récompense non ?
- ma récompense ?
- oui mon chou..

La jeune femme s’était dangereusement rapprochée, un sourire aguicheur sur ses belles lèvres délicatement ourlées, et voilà qu’elle glissait un bras derrière la nuque d’Arvid qui prit peur. Il se recula un peu, autant que le dossier de sa chaise pouvait le lui permettre.

- mais.. je.. je ne peux pas ! Vous, vous êtes des valkyries et… et ..

Sur un ton teinté d’impatience, la jeune femme lui coupa la parole, murmurant quelques derniers mots si proche d’Arvid qu'il sentit un trouble délicieux s’emparer de lui.

- oui je sais, nous sommes sensées être vierges, mais cela ne concerne pas notre royaume. Ici, ce que nous faisons, ne concerne que les dieux et nous-mêmes.
- oh…
- voudrais-tu me fâcher, Arvid?
- moi ? oh non, jamais !
- alors qu’attends-tu pour t’occuper de moi ?

Mais Freyja ne lui laissa pas l’occasion de répondre, embrassant avec fougue le jeune guerrier. Le vinking manquait peut-être un peu d’éducation, mais il y avait des choses qu’il comprenait très vite, et ce genre là en faisait partie. Il renversa brusquement la belle sur la table et lui ôta toute envie de se plaindre d’être délaissée.

10.

Le temps était venu pour les Valkyries de se rendre jusqu’au château de Dame Isolde à Gjälleborg. Chacun des seigneurs d’Asgard serait présent à cette extraordinaire assemblée qui risquait de durer plusieurs jours, afin de débattre de l’avenir du pays. Et il était important qu’elles fissent acte de présence, ne serait-ce que pour montrer à tous que les Valkyries soutiendraient toujours le peuple d’Asgard.

Et si les conclusions de cette assemblée leur étaient encore inconnue, chacune des Valkyries avait sa propre opinion au sujet de la guerre qui se préparait. Naturellement avant de partir, il avait fallu qu’elles soient d’accord sur ce qu’elles diraient devant les représentants d’Asgard, car il en allait tout autant de leur avenir à elles que de celui du peuple viking.

Dès le départ, Thrüd avait bien entendu, plaidé en faveur de la guerre qui serait le sujet principal de discussion. Elle voulait se battre et si guerre il aurait, les valkyries se battraient au côté du peuple, cela, Sigrün et Freyja le savaient parfaitement. Toutefois, si Sigrün, elle y était totalement opposée, Freyja s’était montrée plus réservée. Il fallait réfléchir à chacune des conséquences que cette éventuelle guerre aurait sur leur pouvoir. Car pour Freyja, c’était ce qui importait avant tout, conserver cette divine place presque au sommet du panthéon nordique. Elles avaient déjà fait tant de sacrifice pour réussir à se les approprier qu’elles ne pouvaient pas se permettre le moindre faux pas.

Thrüd avait décrété qu’il était temps qu’elles montrent aux autres qu’elles demeuraient aussi puissantes qu’auparavant, et cela en aidant les vikings à emporter la victoire. Mais cette fameuse victoire aux yeux de Freyja n’était pas assurée et qu’en serait-il en cas d’échec ? Leurs adversaires pouvaient très bien profiter d’un peuple affaibli par les batailles pour décider à son tour d’attaquer. Et surtout, il leur fallait savoir le pourquoi de cette guerre et qui en avait décidé. Car personne ne prenait le risque de se lancer dans une bataille sans un objectif précis et digne d’intérêt.

Freyja avait donc envie de suggérer la prudence aux vikings, mais prudence pour un peuple guerrier pouvait bien devenir synonyme de couardise, cela signifiait donc qu’elles devraient se garder d’influencer les choix des vikings, et se contenter de leur promettre leur soutien quelque choix qu’ils feraient. Voilà qui écartait les objections de Sigrün qui pour elle, toute guerre était inutile, et n’apportait que malheur. Ce qui pendant leur conversation, lui avait attiré les moqueries de Thrüd.

- allons bon, t’es une viking ou pas ? Des fois je me dis que tu serais mieux au milieu des celtes et de leurs druides, avec leurs idées pacifiques, beurk ! Du reste t’as peut-être un peu de sang druide dans tes veines.
- Thrüd, tu oublies qu’elle est notre sœur.
- et alors ? ça empêche pas !

Freyja avait dévisagé sa sœur en silence et avait soupiré. Discuter avec Thrüd n’aurait mené à rien, elle pouvait se montrer plus têtue qu’une mule.. Même si en quelque part, Thrüd n’avait pas si tord que cela, mais ça, Freyja ne pouvait pas le savoir.

Ainsi au final, les trois Valkyries étaient parvenues à se mettre d’accord, elles ne prendraient aucun risque, et se contenterait d’assister à cette assemblée sans imposer leurs opinions. Sauf si on le leur demandait, comme l’avait argué Thrüd, aucunement résignée à ne rien dire. Toutes trois étaient donc impatientes d’assister à cette assemblée, mais pour des raisons différentes. Sigrün voulait s’assurer que rien ne serait fait qui mit en danger leur existence dans le royaume des glaces. Thrüd voulait prouver sa valeur et celle des vikings, en véritable patriote qu’elle était. Quand à Freyja, elle était curieuse de connaître ce nouveau roi dont lui avait parlé Arvid, à savoir si ce dernier mettrait en danger leur position à elles-trois.

Car une phrase que lui avait dit Arvid au sujet de ce roi, lui revenait constamment à l’esprit. Les rumeurs disaient qu’il serait le roi qui parviendrait à réunir tous les royaumes d’Asgard sous sa bannière. Elle comptait donc sur cette assemblée pour mieux connaître ce fameux roi, et surtout savoir quel genre de considérations il aurait à leur égard, car d’elles, dépendrait la suite de leur histoire.

( A suivre à Gjälleborg )

20. ( Avant à Gjallebörg)

Un cavalier parcourait à vive allure la vaste plaine qui menait jusqu’au cœur du royaume des Valkyries. Ces dernières étaient rentrées depuis déjà quelques semaines de cette désastreuse assemblée au court de laquelle Freyja avait cru perdre leur vénérable statut. Et depuis le royaume des glaces éternelles s’était à nouveau endormi…
Jusqu’à ce jour.

Suivi de près par la meute de Silver le gris, le cavalier ne semblait cette fois, ne pas craindre les loups, et cela pour une bonne raison. Ils étaient devenus son escorte personnelle comme à chaque fois qu’il devait faire le voyage du royaume des glaces, jusqu’en plaine plus bas, vers la ville..
Ce cavalier n’était autre d’Agrid qui ramenait une étonnante nouvelle pour les Valkyries, desquelles il était devenu le fidèle serviteur au même titre que Sven. Sauf que si Sven veillait sur la sécurité des trois femmes, Agrid lui leur servait d’espion et messager.

C’est donc porteur non pas d’un message, mais de ce qu’il venait d’apprendre, qu’il bondit à bas de cheval et se précipita dans le vaste et étonnant palais. En principe, il délivrait ses messages directement à Freyja, mais cette fois c’est Thrüd qu’il trouva en entrant dans le grand salon étincelant de la lumière qui se réfléchissait sur les glaces recouvrant le palais, une lumière qui entrait à flot par les fenêtres.

- Tiens Agrid, te voilà bien pressé ! Où cours-tu ainsi ?
- j’ai des informations à donner à Freyja.
- Freyja est souffrante..

Agrid écarquilla les yeux.

- Souffrante ? Mais ce n’est pas possible !!

A cet instant, Sigrün entra dans la pièce à son tour, Dolce l’avait prévenue de l’arrivée du visiteur. Elle fusilla du regard sa jeune sœur et avec un petit sourire crispé, répondit à sa place au jeune Agrid :

- En effet, elle souffre d’un mal mystérieux sans doute lié aux maux dont souffre le peuple..
- Alors vous êtes déjà au courant ?
- Nous savons des choses que tu ignores, mais je suis sûre que Freyja sera ravie que tu lui confirmes nos pressentiments.

Thrüd dévisagea sa sœur les yeux ronds, et Sigrün l’avertit d’un regard.

- oui, il faut que je la voie..
- elle doit t’attendre dans sa chambre, mais ne la fatigue pas trop..

Agrid hocha la tête et tourna vivement le dos pour se rendre au chevet de sa valkyrie préférée.. Elle si forte, si belle, si déesse, ne pouvait pas être malade… Sauf.. s’il tenait compte de ce qu’il venait d’apprendre.. Il parvint enfin dans la chambre de Freyja, et avança jusqu’à l’immense lit sur lequel Freyja reposait, toujours aussi belle, même endormie.. Il s’approcha et prit tendrement sa main qu’il porta contre sa joue mal rasée..

- Freyja….

Freyja ouvrit les yeux soudain, pour les poser surpris sur Agrid.

- Agrid ?

Elle se redressa lentement dans son lit, ce qui bouleversa Agrid.

- que vous arrive-t-il ma douce ?

Elle passa une main glacée sur son front. Si seulement elle le savait.. Elle répondit sur un ton las.

- une fatigue… ne t’inquiète pas Agrid, elle est passagère.. alors que m’apportes-tu comme nouvelle ?
- c’est le roi Wilhelm.. Il est décédé il y a quelques jours.
- Quoi ??? Mais comment ?

Freyja se redressa sur son séant bien réveillée à présent.

- la rumeur dit qu’il s’agit d’un empoisonnement.. Officiellement on dit que son cœur était faible..
- mais alors…Qui va reprendre le flambeau de la réunification décidée par le roi Ragnar ?
- personne pour l’instant.. chaque royaume semble préoccupé par ses propres problèmes.. Mais, il y a pire.. enfin j’ignore si c’est pire..
- oui ?
- Harald a lancé ses troupes sur Utopia..
- Quoi ??? Mais il est fou ! Il ne passera jamais Ynys Pridein.
- Ce n’est pas ce que les vikings disent. Harald clame haut et fort qu’il a obtenu une alliance marchande et militaire avec Ynys Pridein. Et la rumeur dit que des mercenaires celtes rejoindront la bataille et se battront aux côtés des vikings.

Freya quitta cette fois son lit, et commença à s’agiter dans sa chambre. Si Harlad était aussi sûr de lui, c’est qu’il y avait anguille sous roche. Comment avait-il pu obtenir un pacte d’alliance avec les druides qui refusaient toute idée de guerre ? Et pourquoi tant tenir à attaquer Utopia ? Il y avait quelque chose qui lui échappait et qu’elle comptait bien trouver..
Utopia, capitale de Liberty Human, la cité la plus noble et plus ancienne de ces terres..
Qu’est-ce qui pouvait intéresser à ce point, ce cupide Harald qui plus est, était aussi idiot que son propre palefrenier ?

Freyja en oublia sa fatigue et remercia Agrid pour son dévouement. Elle l’invita à aller se détendre, boire et manger, car elle-même avait à faire, et quitta sa chambre.

21.

Cela faisait plusieurs heures que Freyja s'était enfermée dans la vaste bibliothèque du palais qui réunissait là, des volumes des plus rares que la valkyrie avait passé de nombreuses années à réunir. Car il lui fallait bien tout le savoir de Liberty Human, et même de l'ancien monde pour parvenir à tous les convaincre du pouvoir des valkyries.

Et ceux qui pensaient que sa puissance était uniquement due à Odin, ignoraient à quel point ils se trompaient. Car la force de Freyja ne résidait que dans sa seule intelligence, et toutes ces connaissances qu'elle avait acquises ces longues dernières années. Quand les hommes s'imaginaient que les valkyries ne faisaient rien d'autre que de profiter d'orgies aux côtés d'Odin et les siens, Freyja elle, apprennait, encore et encore..

Ainsi depuis la nouvelle de l'attaque qu'Harald avait l'intention de lancer sur Utopia, Freyja s'était intéressée à tout ce qu'elle avait pu trouver sur la capitale. Beaucoup de légendes, beaucoup d'histoire de rois qui avaient emprunté des actes héroiques à ceux des terres anciennes, mais rien qui puisse justifier que l'on s'intéressât autant à Utopia.

Certes, géoagrapiquement parlant, c'était un point stratégique au centre de Liberty, et si l'on considérait le côté commercial de la chose, il aurait pu être intéressant de s'approprier une place comme Utopia, mais les vikings n'avaient que faire des chemins à travers les terres pour faire leur commerce. Le leur se résumait à de vulgaires pillages qu'ils opéraient en venant depuis les mers du nord.. Il devait forcément y avoir autre chose.. mais cette chose lui échappait, quelque chose qui ne figurait pas dans les livres..

Une énième fois, Freyja revint à la légende d'Utopia, observant le dessin qui illustrait la première page de son livre sur l'histoire de la capitale. Il s'agissait de la dame du lac s'adressant au premier roi d'Utopia et qui lui demandait de construire pour elle, une grande et belle forteresse sur les rives du lac Morgane.

Soudain une douleur aigue lui vrilla les tympans et Freyja laissa le livre pour se masser ses tempes, en proie à une nouvelle migraine. C'était cette douleur plus ou moins constante qui parfois se réveillait brutalement qui la fatiguait tant que ces derniers jours, elle préférait rester allitée..

- Freyja!! Tu aurais pu m'en parler!!

Freyja releva péniblement les yeux vers sa soeur Thrüd qui venait de surgir dans la haute pièce.

- moins fort, Thrüd, moins fort, dit-elle d'une voix lasse, en passant sa main sur son front glacé.
- désolée..mais...j'aurais aimé savoir ce que tu as décidé de faire au sujet d'Harald!
- je ne sais pas.. je...

Thrüd hauss un sourcil perplexe, surprise de découvrir que pour une fois sa soeur ne possédait pas la réponse à sa question. C'était bien la première fois.

- Je.. j'aimerai comprendre pourquoi Harlad aurait conclus une alliance avec Ynys Pridein. De plus il semblerait bien que les autres comptés n'en aient pas été informés, sinon nous l'aurions su bien avant. Il a agi dans notre dos, et je veux comprendre pourquoi..Même Ragnar ne semblait pas au courant...

Soudain, Freyja eut une idée, une idée qui lui semblait la seule solution possible pour obtenir des explications, ou un semblant de réponse à toutes ses questions.

- Cependant je compte obtenir le fin mot de l'histoire, et ça sera grâce à toi Thrüd.
- moi??

La jeune femme ouvrit de grands yeux surpris et approcha de sa soeur comme elle lui faisait signe..

- tu es à présent mon dernier espoir de comprendre le pourquoi de cet intérêt subit d'Harald pour Utopia... Vas, vas à Ynys Pridein, et apprend comment Harald a pu conclure ce soit-disant pacte avec les celtes, et qu'est-ce que ce pacte commercial engage..
- Moi? mais .. je n'ai pas .. pas ton savoir et tes qualités pour parler avec les gens, tu connais mon sens de la diplomatie et..
- Thrüd, écoute moi.. sur ce coup, je te demanderai de faire un effort.. Oublie la diplomatie, je veux juste des réponses..Je veux savoir... Emmène Sigrün avec toi, elle saura jouer de discrétion pour en apprendre plus, et toi tu sauras leur arracher les réponses qu'ils pourraient refuser de nous donner..

Thrüd sourit.

- ah oui ça! S'il s'agit de les faire parler, je dois pouvoir le faire..
- bien.. et Agrid vous accompagnera...
- mais et toi?

Thrüd hocha la tête, inquiète soudain pour sa soeur..

- ne t'inquiète pas pour moi, j'ai assez de garde et Sven restera avec moi.. Allez-y toutes les deux, et ramenez-moi les réponses à mes questions...
- bien, il sera fait suivant ta volonté, Freyja, tu peux compter sur moi...

22.

Freyja étendue sur son lit, respirait doucement. Ses migraines qui lui avaient laissé un répit ces derniers temps, reprenaient de plus belle aujourd’hui, à tel point qu’elle n’osait plus faire un seul geste de peur de déclencher une nouvelle vrille de douleur. Elle était soulagée que ses deux sœurs ne soient pas là pour la voir souffrir ainsi, il y avait déjà assez de Sven et de ses suivant pour s’inquiéter pour elle.

Et c’est justement son plus fidèle serviteur qui entra dans la pièce pour constater que sa maîtresse était à nouveau en proie à ces douleurs qui ne lui avaient laissé qu’un maigre répit. Sven se précipita à son chevet, et prit sa main avec la délicatesse de celui qui a peur de briser une fragile porcelaine. Elle était si pâle, si belle, avec sa corolle de cheveux noirs comme le jais.

- Freyja, il vous faut voir quelqu’un.
- Sven..

Elle souleva difficilement ses paupières, et sentit la douleur affluer dans ses yeux, la lumière trop intense lui faisait mal, horriblement mal.

- les rideaux…

Elle tendit une main tremblante vers les épais rideaux de velours, mais Sven avait déjà compris et courut pour les tirer. Pourtant la lumière n’était pas très importante, en cette saison proche de l’hiver. Ce qui l’inquiéta de plus belle. Il revint auprès d’elle.

- Je vais descendre en plaine et quérir un soigneur.
- Sven.. non ! Tu ne peux pas, je t’interdis.
- mais vous êtes très malade, je vous vois dépérir jour après jour, et je suis impuissant devant ce mal qui vous atteint.
- c’est peut-être que ma destinée s’arrête bientôt.

Horrifié, Sven s’exclama.

- ne dites pas cela !!! C’est décidé, je vais aller chercher quelqu’un.
- non Sven, je suis une valkyrie, les valkyries n’ont pas besoin de soigneur.
- vous et moi savons ce qu’il en est de cette histoire, cessez ce jeu, il ne vous sera plus utile une fois que vous aurez passé à trépas.
- alors si cela doit l’être je l’accepte. Laisse-moi à présent, je suis fatiguée.

Bouleversé, Sven se redressa, et s’exécuta bien à contrecœur. .. Il n’allait pas la laisser mourir sans rien faire. Mais oserait-il lui désobéir ?