L'amphithéatre

36. the mission: Ennio Morricone

l’un après l’autre, les groupes représentant de chacune des importantes maisons d’Arcadia, pénétrèrent sur l’arène de sable, au milieu de l’impressionnant amphithéâtre. En tête un cavalier seul portait l’étendard dont les symboles rappelaient aux Arcadiens qui parmi le peuple d’Arcadia participait à la plus prestigieuse rencontre entre les plus grands athlètes de tout le pays et même au-delà. Après lui venait le char tiré par le quatuor des chevaux dont l’élégance et l’allure ajoutait à la fête, cette touche si appréciée de magnificence.

Les chevaux avaient été toilettés et préparés avec soin pour paraître aujourd’hui devant la reine et ses sujets. Il n’y avait nulle autre spectacle plus appréciable que de voir ces attelages parader au petit trot , suivant le cercle de l’arène. Quadriges d’étalons noirs à la robe brillante et long crin retombant librement sur les cous musclés, étalons blancs éblouissants sous le soleil d’Arcadie, bais aux reflets cuivrés, accrochant les rayons du soleil, ou encore les fins Akal Tékés, venus d’un lointain élevage nomade. Chaque équipage rivalisait de beauté et les chars de par la richesse des ornements d’or ou d’argent sur fond noir , rouge ou vert éclatant , ajoutaient la touche de faste à tout ce décorum.

Venaient ensuite les athlètes eux-mêmes, alignés sur deux rangs et marchant au pas. Tous avaient revêtu la toge des athlète et suivaient lentement les chars en saluant la foule qui les acclamait avec force. Le peuple d’Arcadia était bon public, et nombre d’entre eux avaient fait un long voyage pour assister aux épreuves olympiques.. A leur entrée, tous les cors avaient sonné pour saluer l’arrivée des futurs héros d’Arcadia. Tous savaient qu’il y aurait là l’élite des meilleurs guerriers, combattants et athlètes. La différence n’existait plus aujourd’hui, ni sur les terrains de batailles quand le peuple était en guerre. Seulement aujourd’hui, ils ne se battraient pas pour protéger leur pays, mais seulement pour le prestige, pour le titre et la gloire.

Le moment était solennel, cette cérémonie représentait le début des festivités, précédent d’un jour le début des épreuves. Chacun des athlètes ferait en sorte de remporter un titre voir plus, afin d’honorer sa maison. Hélios guidait le char et retenait la fougue des quatre étalons blancs, en tenant fermement les rênes. Devant lui, Jason brillait par son élégance, et souriait au public, heureux d’être au centre de cette attention, portant fièrement l‘étendard de la maison du général Arès. Hélios, lui sentait la tension monter peu à peu, car pour lui, ces jeux signifiaient bien plus qu’un titre et quelques pièces d’or, ces jeux représentaient la fin d’une longue attente..

Quoiqu’il arriverait ensuite, dès la cérémonie de clôture des jeux, Hélios saurait, de gré ou de force, il saurait enfin ce qu’était devenu sa famille. Grâce à ses qualités d’athlète, il comptait bien arracher un maximum de prix, afin qu’Arès tienne sa promesse, ou sinon il savait qu’il pourrait compter sur Sahar.
Oui la fin de ces jeux signifierait beaucoup pour Hélios, le début d’une nouvelle histoire et sans doute la fin de celle qu’il avait écrite avec Sahar, la belle et passionnée Sahar..

Alors que leur groupe parvenait presque à la hauteur du balcon royal, Hélios se demanda où pouvait-elle bien être en ce moment tandis que lui-même s’apprêtait pour la première fois à saluer la reine. Il tourna la tête vers sa droite pour croiser son regard alors qu’ il passait à sa hauteur. La jeune femme venait d’accéder au trône, mais possédait déjà la noblesse de son rang et le menton fièrement dressé, elle saluait d’une légère inclinaison de la tête, les athlètes qui défilaient devant elle. La reine ne s’arrêta à peine sur Hélios, car il n’était après tout qu’un athlète parmi tant d’autres. De toute manière, il était concentré sur la direction à tenir pour son quadrige et le fait d’avoir paru devant la reine en personne ne l’émut pas particulièrement. Il fut juste étonné de la voir si jeune.

Ils passèrent ensuite devant l’estrade réservée à Arès et sa suite et le salua comme le voulait le protocole, mais il n’y eut nul trace de sourire sur son visage. Son regard parcourut rapidement les suivants du général, mais ne la vit pas. Il n’eut pas le temps de s’attarder sur cette idée car sous ses mains, il sentit les rênes se tendre. Il ordonna aux chevaux de se calmer et termina le tour de l’arène en ne pensant à plus rien d’autre que de terminer rapidement cette cérémonie..

Un festin suivrait la cérémonie, du moins pour les plus nobles des participants à la fête, ainsi que les athlètes qui étaient conviés à participer à la réception royale. Mais Hélios préféra rester s’occuper des chevaux et vérifier que tout était en ordre plutôt que de suivre les autres athlètes à la fête. Il n’avait guère le cœur à s’amuser.

juste pour le début

Il fait chaud et Sahar se promène en ville.
Celle ci est quasi déserte, la plupart des habitants qui ont pu avoir accès à l’amphithéâtre sont à regarder la cérémonie d’ouverture des jeux.
La jeune femme flâne en suçant une orange volée à l’instant à l’étal d’un marchand.
Elle se dirige d’un pas tranquille vers le quartier où Arès a sa demeure, demandant son chemin de temps à autre.
La voilà arrivée.
La maison est en marbre blanc avec un perron encadré de colonnades. Des statues d’athlètes nus dans des positions avantageusement parsèment le jardin le long de l’allée.
Sahar ne peut pouffer de sourire en pensant au goût du maître de maison.

Qu’est-ce qu’il y a de drôle ?

Pardon ?

Sahar se retourne et envisage le jeune homme qui vient de lui parler.
C’est un esclave au vu de sa tunique, il doit avoir à peine vingt ans et qui la dévisage intensément.
La jeune femme esquisse un sourire en coin et a un mouvement d’épaules désinvolte et charmant.

C’est ces statues là…
Ca vaut pas les vrais…

Mouai, encore faut-il pouvoir les approcher les vrais

Sahar sourit, mystérieuse.

Qu’est-ce tu fais dans le coin ?

Rien. Mon maître est absent. Il a du partir régler des affaires aux domaines et ne reviendra pas avant 4 jours.
Ce qui fait que je vais rater les jeux.
Normalement je devais l’accompagner à l’amphithéâtre.

Le jeune homme a un air bourdeur, déconfit par sa mésaventure.

Ah dommage, va y avoir un banquet ce soir…
Y a personne chez toi ?

Non l’intendant est à la fête et les femmes sont aux courses.

Tu m’invites à prendre un verre ?
Moi c’est Sahar mais tu peux m’appeler Caroline

Euh…comme tu veux…

C’est ainsi que Sahar fait la connaissance de Joar dont le jardin de la maison de son maître communiquait avec celui d’Arès.
Installée dans le jardin, Sahar enregistre la configuration de la maison et le chemin qu’il lui faudra faire pour traverser le jardin et grimper jusque la terrasse.
Là elle pourra avoir accès à une des fenêtres en grimpant le long d’une glycine assez solide semble-t-il.
La jeune femme sourit détendue.

Ben si tu veux ce soir tu viens à la soirée.
Je sers là bas, tu viens m’aider et une fois qu’on a apporté les plats, on a prévu une petite fête dans l’arrière cuisine pour les esclaves, ça te dis ?

Le garçon en reste bouche bée

Vrai ?!!! Tu peux me faire avoir accès à l’amphithéâtre

Ouaip, j’suis l’esclave personnelle d’un athlète, Hél..Heraclès.

Ouahhhhhhh

Sahar a du mal à saisir en quoi être l’esclave de quelqu’un peux impressionner à ce pont mais visiblement cela fait de l’effet au jeune homme qui la regarde avec des yeux éperdus d’admiration.

Bon ben là ‘dois y aller, on se retrouve ce soir à la porte d’Agamemnon juste après la dernière criée des crieurs publics, je t’ferais entrer.

D’accord

A plus tard.

Sahar s’esquive de son pas léger et regagne l’amphithéâtre.

______________________________

La fête en l’honneur des athlètes bat son plein.
Sahar supplie Olivia de la laisser travailler en cuisine et l’esclave finit par céder malgré son appréhension à laisser la miss catastrophe près d’un fourneau.
Finalement elle lui trouve un emploi où la voleuse excelle, la confection de cocktail !!!!
Joar l’aide et ils s’amusent beaucoup.
Le jeune homme est drôle et charmant et ne manque pas d’humour, en plus il est ravi d’assister à la fête et de pouvoir apercevoir les athlètes.
Sahar commente et donne le nom de ceux qu’elle connaît.
En une journée elle s’est déjà renseigner et est capable d’identifier à peu près tout le monde, de dire à quelle écurie il appartient et quelle est leur côte.

C’est lequel ton maître?

Heraclès, là, le gros musclé à droite du petit brun avec un nez grec.
Oui celui là.

Wouah ben c’est une montagne.

Humhumm, tiens passe-moi la cruche là.

Joar lui tendit le pot et Sahar y versa en douce une partie de la préparation qu’elle est en train de faire dans une énorme jarre.

Cache ça et emmène le derrière sur la petite terrasse
J’arrive !!!!

Sahar finit sa mixture et s’éclipse avant qu’on lui donne un nouveau travail.
Avec Joar et trois autres esclaves ils vont près de la fontaine dans le jardin intérieur.
Chacun a apporté quelque chose et une petite fête s’improvise.

37.

La cérémonie s’était terminée aussitôt suivie du fameux banquet royal auquel se devaient d’assister toutes les têtes les plus en vue d’Arcadia. Il ne fut alors plus que question de qui gagnerait, qui avait ses chances et qui avait le plus de mérite. Les athlètes n’étaient plus des hommes valeureux mais de simples faire valoir pour chacune des maisons mère et des grands noms d’Arcadia. Les conversations allaient bon train entre tous ces gens de la haute, tandis que de leurs côtés, les athlètes se faisaient admirer par les femmes délaissées de ces chers bourgeois d’Arcadia. Les plus jeunes rougissaient devant un simple sourire ou un regard, tandis que les plus audacieuses avançaient leurs mains pour toucher ces muscles tant convoités. D’autres encore, obtenaient des rendez-vous pour plus tard, à l’abri des regards.

Hélios s’était éloigné de toute cette animation, ne portant aucun intérêt à ces conversations ou au badinage qui semblait pourtant de circonstance. En fait, il avait bien d’autres soucis en tête pour prêter attention aux belles femmes qui se pavanaient dans leurs plus beaux atours. Debout à côté d’une des colonnes qui entouraient les vastes jardins du palais où était organisé la réception, Hélios avait l’esprit ailleurs, jusqu’au moment où une voix féminine chaude et suave interrompit ses pensées.

- Vous ne semblez pas intéressé par la fête..

C’était plus une constations qu’une question. Hélios dévisagea l’inconnue qui lui souriait, elle était sans doute l’une des plus belles femmes de l’assistance, avec une prestance au-delà de ce qu’il avait vu jusque là, une assurance incontestable, et riche à voir les parures étincelantes qu’elle portait.

- pas trop non..
- c’est assez rare de voir un des athlètes qui ne profitent pas de l’attention qui leur est donnée.
- je sais, je ne suis pas un profiteur.
- je crois l’avoir remarqué oui.. Permettez que je me présente, je suis Vénusia Mythomanos.
- Hélios Sparthe.

Hélios accepta la main qu’elle lui tendait pour y appliquer un baise main à peine effleuré. Il n’était pas partisan de toutes ces convenances, mais restait malgré tout bien éduqué. Elle lui sourit alors qu’il relâchait sa main.

- vous êtes donc le favori du général Arès?
- sans doute, moi ou Jason.
- oui son fils. Intéressant parti aussi.

Hélios lui jeta un regard en coin, se demandant ce qu’elle lui voulait tout à coup. Si c’était juste pour flirter un peu ou s’il y’avait autre chose derrière ces yeux qui brillaient d’intérêt.

- Ne buvez vous rien? un verre de vin peut-être?

Elle ne lui laissa pas le temps de protester qu’il se retrouvait déjà avec un verre de samos en main..Le vin était des plus capiteux, mais puissant. Il ne fallait pas en abuser. Il la remercia et l’écouta lui parler de choses et d’autres, une conversation en apparence innocente.. mais en apparence seulement.

38.

Hélios écoutait les paroles de cette Vénusia dont il se demandait ce qu’elle pouvait bien lui vouloir d’autre à part s’amuser un moment dans ses bras, car ses paroles intelligentes ne pouvaient pas juste faire croire à une simple attirance. Non, elle voulait autre chose mais quoi.. les banalités qu’ils échangeaient commençaient à le lasser et il avait envie de lui dire franchement de cesser de tourner autour du pot. Seulement alors qu’il s’apprêtait à le lui dire en des termes diplomates, il croisa le regard de Sahar qui le foudroya sur place avant de s’esquiver si vite qu’il ne vit pas quelle direction elle avait prise.

- vous voyez, mon mari a lui aussi ses protégés dans cette course qui aura lieu demain et..Hélios vous m’écoutez?
- oh euh oui oui tout à fait.. Il y aura de nombreux participants à cette course et..

Il aurait voulu trouver le moyen de s’excuser rapidement sans tout autant paraître impoli, mais la femme avait posé une main sur son avant bras, et ne semblait pas vouloir le laisser s’en sortir aussi vite. Il fut contraint de lui porter encore quelques attentions.

- oui mais il n’y a que ceux qui ont une chance de gagner qui m’intéressent.
- qui vous intéressent?

Elle fit une moue d’enfant prise sur le fait et lui adressa un sourire contrit.

- c’est que oui.. celui qui gagnera cette course aura tout mon intérêt.
- vous faites, je suppose référence à l’un des protégés de votre époux..
- non.. à vrai dire non..

Hélios fronça les sourcils en étant un peu plus attentif à ce qu’elle lui disait, oubliant pour un instant la belle esclave.

- Excusez moi, mais j’ai du mal à comprendre où vous voulez en venir.

La femme jeta quelques regards à droite et à gauche et se pencha pour lui murmurer sur le ton de la confidence.

- J’aimerai vous faire part d’une affaire qui me concerne et à laquelle vous pourriez prendre part, mais je préfère vous trouver en des lieux plus discrets.. Pourriez-vous me rejoindre ce soir, à la porte nord de l’amphithéâtre?
- c’est que j’ignore si..
- je vous en prie, c’est extrêmement important pour moi.

Hélios s’interrompit, fronçant les sourcils de plus belle. Les airs mystérieux de cette femme l’intriguaient et l’inquiétaient toute à la fois. Il ne voulait pas soudain se retrouver mêlé à de sombres complots et cela juste avant les jeux olympiques.

- Je verrai si je peux me libérer…
- je vous attendrai à vingt deux heures ce soir..
- j’essayerai d’être là.
- je vais vous laisser, je crois que nous avons déjà trop attiré l’attention.. A plus tard, Hélios..

Pour toute réponse, il se contenta d’hocher la tête en la regardant retourner vers d’autres convives pour leur adresser son plus charmant sourire. Il croisa une dernière fois son regard vert émeraude et se détourna pour partir à la recherche de Sahar. Il ne mit pas très long à la retrouver, elle s’amusait avec d’autres serviteurs de la fête et de toute évidence, avait passablement abusé de l’alcool. Hélios fronça les sourcils quand il la vit se frotter contre un jeune esclave, de toute évidence ravi de l’aubaine. Il avança alors droit sur elle, pour s’arrêter juste un mètre à peine derrière elle.

- alors on profite que les maîtres font la fête pour s’amuser un peu?

L’autre esclave lui jeta un regard alarmé et recula avant de baisser les yeux. Hélios reporta son attention sur Sahar qui faillit perdre l’équilibre en faisant volte face.

39.

Amusé et aussi surpris par le ton amer de la jeune femme, Hélios finit par lui répondre.

- non, je n’aime guère ce genre de réception, j’aurai préféré passer la soirée en tête à tête avec toi, quelque part dans les jardins d’Arcadia, à admirer en ta compagnie ces étoiles et bien d’autres choses encore.

Il lui offrit un sourire taquin, laissant deviner ses pensées. Mais il lui fallait à présent, apaiser cette lueur de jalousie qui perçait dans le regard de la belle. L’allusion à sa rencontre de tout à l’heure ne lui avait pas échappé, de même que son regard juste avant d’avoir fui la réception.

- on m’a imposé une esclave, mais j’ai appris à apprécier la femme…la femme libre qui se cache derrière ces beaux yeux de chat.. Et même plus.

Ses yeux se plongèrent dans ceux de cette femme qui avait pris une place bien particulière dans son cœur, mais elle était ivre, et surtout trop indépendante pour recevoir ce genre de déclaration. Et Hélios ne tenait pas à se voir envoyer balader. Il saisit sa main qu’il embrassa délicatement, la retenant un peu plus contre lui, alors qu’elle vacillait.

- la beauté des autres n’est rien à côté de ton éclat.. Tu n’as rien à leur envier Sahar, car tu brilles bien plus qu’elles cette nuit, et j’aurais aimé que cela ne fut que pour moi.. Mais je n’ai aucun droit sur toi, Sahar, tu es esclave, mais personne ne saura te priver de ta liberté..

Il se tut avant de dire des bêtises qu’elle n’était pas prête à entendre. Il lui sourit avec tendresse, écartant de son visage une mèche de ses cheveux blonds.

- Bon à présent que tes amis sont rentrés, si je te ramenais à bon port? Je crains que tu ne te perdes en route.

Il s’esclaffa doucement, après cette gentille moquerie. Mais peut-être n’était-ce qu’un prétexte pour rester encore un peu avec la jolie esclave. Comme elle allait ouvrir la bouche, Hélios se pencha et glissa un bras sous ses genoux pour la soulever avec autant d’aisance qu’il l’aurait fait d’une plume.

- il me faudrait moi-même un peu de repos,et un bon lit, car demain une longue journée nous attend.

Hélios repensa soudain à ce rendez-vous donné par cette femme tout à l’heure. Mais il n’avait sincèrement pas envie de s’y rendre, tout cela ne lui disait rien de bon. Cette femme saurait sans doute se débrouiller sans lui…..

40.

Il sentit la jeune femme se crisper dans ses bras. Malgré son état d’ébriété, elle regardait autour d’eux, en alerte, et dans sa voix il avait perçu cette note d’inquiétude. Suivis? Qui pouvait s’intéresser au couple qu’ils formaient, mis à part quelqu’un qu’ils connaissaient. Arès? Non, le général aurait déboulé pour se moquer ouvertement d’Hélios. Jason? Il n’était pas le fils de son père pour rien et n’aurait pas manqué de provoquer Hélios une fois de plus, alors qui d’autre?

Hélios se retourna brusquement et aperçut une ombre fugitive. Sahar avait raison, mais il ne voulait pas qu’elle s’inquiéta d’avantage et décida de la ramener à ses quartiers avant d’essayer d’en avoir le cœur net. Ils parvinrent jusqu’aux quartiers des esclaves où ne brillaient plus que quelques rares lumières. Hélios suivit les indications de Sahar et se faufila dans les couloirs silencieux à cette heure avant de parvenir dans une étroite pièce d’où lui parvenait d’autres ronflements. L’athlète fronça les sourcils, car s’il avait eu quelconques intentions de profiter d’un moment d’intimité avec son précieux colis, ses projets étaient définitivement écartés. Il s’approcha de la couche restée vide et alors qu’il déposait Sahar, cette dernière s’accrocha à son cou en se plaignant doucement.

- hmm me laisse pas!!
- chutt.. tu vas réveiller les autres..
- je m’en fiche!

Avec sa moue butée, elle était adorable et Hélios ne résista pas à la tentation d’un dernier baiser. A peine s’était-il emparé de ses lèvres qu’elle plaqua son corps contre le sien dans un soupir d’aise. Hélios dut faire appel à toute sa volonté et toute sa raison pour lui résister. Le mouvement sur la couche voisine l’aida à s’arracher à l’étreinte de Sahar qui marmonna quelque chose et se laissa finalement retomber sur le lit. Hélios voulut s’excuser de ne pouvoir rester mais pour seule réponse, il n’obtint qu’une profonde respiration… La belle s’était endormie. Il caressa la douce épaule et quand un autre mouvement dans la pièce lui fit redresser la tête, Hélios décida de s’esquiver rapidement avant d’être pris pour un voleur, ou tout autre intrus.

Il se retrouva dans les couloirs qu’ils avaient traversés un peu plus tôt et devina la présence qui les avait suivi tout à l’heure. Son pas ralentit et il entendit le bruit d’un autre pas.

- qui va là?
- j’ai cru pendant un instant que vous ne viendriez pas…
- Dame Mythomanos! Ainsi c’était vous qui nous avez suivi tout à l’heure.
- je voulais être sûre de pouvoir vous parler, je vous l’ai dit.. c’est important pour moi.

Hélios jeta un regard autour d’eux et s’approcha pour lui parler à voix basse.

- mais qu’est-ce qui peut être aussi important au point que vous m’ayez suivi jusqu’ici ??

Le ton était plein de reproche, il n’appréciait pas ses manières insidieuses et était de plus en plus sur ses gardes. Non pas qu’il craignit qu’elle lui porta un coup fatal, elle ne paraissait pas armée, mais c’était plutôt les confidences qu’elle tenait à lui faire qu’il craignait. Et il ne put l’empêcher de s’exprimer. La voix de Vénuzia se répercuta à peine entre les différents murs qui entouraient le vaste emphithéâtre. Mais le ton était grave et le regardant droit dans les yeux, elle lui raconta.

- Mon mari était parti en campagne dans un pays voisin, il est un haut dignitaire de la cour mais seulement ses absences régulières et très longues ont commencé à me peser..

Elle baissa les yeux et Hélios aurait voulu la faire taire car il était facile de deviner la suite de son récit.

- Je suis une femme et vous comprenez …
- êtes-vous vraiment obligée de me raconter tout cela? Je ne vous connais même pas.
- désolée.. c’était pour que vous compreniez mieux ma situation. Je me suis liée d’amitié avec un homme, un athlète comme vous, il est devenu mon amant. Et à son retour de campagne, mon mari l’a apprit. Il a convoqué Pélops dans son bureau et moi-même pour nous annoncer que si Pélops ne gagnait pas le quadrige demain, il n’hésiterait pas à le vendre comme chrétien à un marché aux esclaves, à Vestalia Imperii.. autant dire qu’il est condamné à mort! Et vous comprenez que je ne peux pas laisser faire cela.
- mais qu’espérez vous de moi? pourquoi me raconter tout ça?

La femme saisit à deux mains les devants de la tunique d’Hélios et l’implora, crispant ses doigts sur l’étoffe.

- il faut qu’il gagne le quadrige. On m’a dit que c’était vous le favori de cette course.. je vous en prie.. laisse Pélops emporter le titre.

Hélios se dégagea brusquement.

- vous êtes folle!
- non.. je l’aime voilà tout…

La voix se brisa, fléchissant aussitôt la volonté d’Hélios.

- vous me demandez l’impossible.
- pourquoi? cela vous coûte-t-il tellement de perdre cette course?

Il lui tourna le dos pour admirer la ville que l’on voyait par delà les colonnes.

- vous ne pouvez pas savoir à quel point.

Un silence pesant s’installa qu’Hélios finit par rompre.

- de toute façon qui vous dit que votre époux tiendra parole?
- je sais… je n’ai pas le choix, c’est le seul espoir qu’il me reste.
- hélas je ne peux pas vous donner une promesse que je ne saurai tenir. Pour moi gagner cette course comporte bien plus d’enjeux que la gloire ou l’argent..
- alors vous refusez donc de m’aider?
- ce n’est pas que je refuse mais..
- c’est bon……j’ai compris.
- mais attendez!
- oubliez ce que je vous ai demandé ce soir…oubliez-moi!

Le ton était sec et plein de colère, mais depuis le temps qu’Hélios attendait ces jeux, il ne pouvait pas se permettre de laisser échapper cette chance de retrouver sa famille. Seulement il aurait quand même voulu faire quelque chose pour cette femme. Peut-être trouverait-il une idée. Pour l’instant il se faisait tard et l’athlète aurait du dormir depuis longtemps déjà. Il s’en fut à son tour vers les chambres prêtées aux athlètes de la maison d’Arès..

C’est un réveil difficile pour Sahar.
De ces réveils qui vous font regretter de vous réveiller justement ou alors d’avoir trop abusé la veille.
Autour d’elle les esclaves s’activent pour être prêt à leurs postes en ce premier jour des épreuves, la fameuse course des quadriges.
Sahar s’enfouit sous sa couverture bien décidée à ne pas bouger, elle a interdiction formelle de ne pas poser le pied dans la cuisine ce matin et ce afin d’éviter toute catastrophe qui ruinerait le déjeuner des athlètes.

Sahar tu ne va pas rester au lit toute la matinée ?

La voix d’Olivia perce sous l’épaisseur de la couverture de laine

Sahar grogne

Pourquoi pas ? J’ai mal à la tête et j’suis pas de service avant c’soir.

Un soupir et Olivia renonce aussitôt à la faire changer d’avis.
C’est que la petite esclave blonde et aux yeux jaune est têtue et ne se comporte pas vraiment comme une esclave …
Un cas à part, vraiment…
Sahar entend les pas et les rires qui s’éloignent.
La voilà seule dans le dortoir, elle replonge vers le sommeil quand des nouveaux pas se font entendre.
Un esclave qui a oublié quelque chose sans doute.
Mais brusquement des mains sont sur elle et l’empaquète sans qu’elle puisse réagir dans sa couverture.
La panique la submerge, elle se sent étouffer et débat, défense cependant bien faible par rapport à la force de son agresseur.
Une main brutale l’empêcher de crier.
Elle se sent soulever et jeter comme un fétu de paille sur une épaule musclée.
On l’emmène.
Quelques minutes plus tard lui semble-t-il, elle est jetée au sol et peut enfin retirer la couverture qui la recouvre.
Pendant ce temps une porte se reclaque.
Sahar assise sur un sol dallé regarde autour d’elle.
Elle est dans une petite pièce très haute de plafond et presque dénué de meuble.
La lumière filtre d’une lucarne en surplomb au dessus d’elle.
Il y a un fauteuil recouvert de velours rouge et une table de bois, rien d’autre.
D’après les murs de pierre blanche et le peu de temps qu’elle a passé en transport, Sahar se doute qu’elle est toujours dans l’amphithéâtre…
Après avoir testé la poignée, verrouillée évidemment, elle tapote sans conviction contre la porte

heu...au secours ?

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Dans les loges des athlètes, un peu après...

Un petit coursier vêtu de sandalettes et d’une toge blanche arrive en courant alors que les athlètes s’apprêtent à aller prendre leur déjeuner.
Où est Hélios Sparte ?
Je cherche Hélios Sparte !!
On lui désigne du pouce et il s’approche pour tendre une missive enroulée au jeune homme

Courrier !

Et le voilà déjà repartit vers d’autres courses
Hélios surpris déroule le message et le parcourt

Citation :

Si tu tiens à celle aux yeux jaunes retiens tes chevaux pendant la course
Ta victoire signifierait sa mort.

41. Harry Gregson Williams: Better Man ( ost Kingdon of Heaven)

L’homme écarquilla les yeux en lisant les mots inscrits à l’encre noir sur le bout de parchemin, ses mains se crispèrent sur le message et il serra tant sa mâchoire que la douleur vrilla jusqu’à ses tempes. Il ne pouvait croire que cette femme avait osé manigancer un enlèvement! Il ne pouvait admettre que celle qui occupait une bonne partie de son esprit, de ses pensées et qui avait pris tant d’importance dans sa vie venait de lui être ravi. Bien sûr sa vie ne lui avait jamais appartenu, même si le terme d’esclave le définissait clairement, pourtant à présent, il devenait le seul maître du destin de cette femme qu’il avait vu la première fois dans le salon du général.

- Sahar!

Il avait laissé échappé son nom comme une plainte, étouffée par la rage qu’il ressentait vis-à-vis de celle qu’il savait être l’instigatrice de cet odieux chantage. Un homme surgit dans la salle occupée par les athlètes qui se préparaient pour la première épreuve, la célèbre et plus prisée des courses, le quadrige.

- Messieurs, les chars sont attelés!

Hélios n’avait guère le temps de prospecter pour retrouver cette Venuzia, et regardant les autres sortir, résigné, il sut qu’il ne lui restait plus qu’une chose à faire. Il n’y avait même pas réfléchi du moment qu’il avait appris que sa vie était en danger, il savait qu’il ferait ce qu’il faudrait pour la revoir..vivante. A son tour l’athlète sorti de la pièce laissant le parchemin dissimulé dans ses affaires. Il se dirigea dans la cour intérieur, où étaient maintenus les chevaux qui piaffaient déjà d’impatience. Certains plus nerveux que d’autres étaient rapidement écartés de chevaux que la présence énervait. Les attelages avaient été préparés avec soin par chacun des palefreniers des différentes maisons.

La tension montait, et tandis que les hommes qui participeraient à cette épreuve, grimpaient chacun à leur tour sur les fameux chars étincelant sous le soleil arcadien, Hélios vérifia une dernière fois les sangles d’harnachement. Face aux quatre étalons, Andromède, Eridan, Persée et Orion, l’homme leur prodigua à chacun un baiser sur leur front , et leur flatta l’encolure. Cela pouvait paraître aux yeux des autres un comportement ridicule surtout de la part d’un solide gaillard comme lui, mais Hélios n’en avait que faire, pour lui ces chevaux étaient ses fidèles complices qu’il respectait autant qu’un être humain.

- vous êtes les meilleurs..

A son tour, il s’installa sur le char, et saisit les rênes du quatuor. Il eut encore un peu d’agitation dans les rangs, mais bientôt tous furent prêts à entrer dans la grande arène. Hélios regarda les deux lourdes portes de bois qu’on ouvrait pour leur permettre d’accéder à l’arène, et le cortège des quadriges se mit en route, lentement avec une impatience que chacun pouvait ressentir. Hélios serra plus fermement les rênes alors qu’il entrait à son tour dans l’arène et que lui parvenait avec toute son intensité, les hourras de la foule qui acclamaient leur entrée. Les chevaux devant tant de bruit devinrent plus nerveux, Orion força l’allure alors qu’Andromède ralentissait. De quelques mots, Hélios apaisa l’un et l’autre, et bientôt ils trottèrent tous parfaitement à la même allure, pour aller se positionner sur la ligne de départ.

Chacun des concurrents tourna la tête vers le balcon de la reine afin de la saluer, salut qu’elle leur rendit. Puis le crieur annonça les maisons et quand Hélios entendit celui des Mythomanos, son regard se plissa en dévisageant l’homme qui menait le quadrige. Ainsi c’était à cause de cet homme qu’Aujourd’hui il lui faudrait renoncer à emporter cette course pour laquelle, il s’était préparé depuis très longtemps. L’homme se tourna, et tous deux se jaugèrent, l’un avec haine et l’autre affichant clairement son assurance d’emporter la course.

Soudain le signal de départ fut donné. Orion n’obéissant qu’à son instinct de gagnant, s’élança, à peine Hélios avait relâché les rênes. Les autres ne mirent que quelques mètres pour accorder leur allure, et bientôt ils galopèrent à fond de train, exactement au même rythme, foulant avec la même force et la même énergie le sable qui se formait derrière eux, des nuages de poussières. D’entrée, quatre quadriges prirent la tête, l’équipage des étalons noirs de la maison Phalestos, l’équipage des étalons turcs à la robe beige de la maison Assyria, celui de la maison Mythomanos et celui d’Hélios. Ils galopaient plus ou moins à la même allure quand soudain l’homme qu’il devait laisser gagner, fit un écart vers l’attelage à sa gauche, brisant dans le choc, la roue du char Assyria. Hélios soupçonna l’homme ou ses sbires d’avoir muni son char d’un équipement pas très conventionnel et derrière eux le char Assyria, privé de sa roue, fit une brusque embardée pour se mettre à rouler plusieurs fois sur lui-même, entraînant son conducteur dans ce macabre élan. Les hurlements de l’homme se mêlèrent aux cris d’effroi de la foule, mais pour Hélios il n’était plus temps de regarder en arrière, il lui fallait surveiller ses flancs, craignant que l’homme ne lui préparât pareille manœuvre. Car à cette vitesse, toute chute pouvait devenir mortelle. Il guida le quadrige pour l’éloigner de son adversaire, perdant par la même occasion un peu de vitesse. Mais cela n’avait aucune importance, puisque il n’avait pas à gagner cette course.

Il vit l’homme se rapprocher dangereusement de son avant dernier adversaire en cette tête de groupe, et à sa surprise, le vit fouetter non pas l’attelage comme la plupart des conducteurs le faisaient mais le conducteur de la maison Phalestos. L’homme tenta de se protéger, mais ce faisant, il perdit le contrôle de son attelage qui fit un écart et se rapprocha dangereusement des murs d’enceinte de l’arène. Hélios le vit reprendre la maîtrise de son équipage juste avant l’accident. Cependant il était hors concours pour les premières places de cette course.

Il ne restait à présent plus qu’ Hélios et l’autre homme en tête de course, ils avaient pratiquement un demi-tour d’avance sur le reste des concurrents et la ligne d’arrivée se rapprochait. Ils échangèrent alors un regard, mais l’expression d’Hélios restait de glace tandis que l’autre comprenait qu’il lui cédait la victoire, et c’est dans un terrible brouhaha d’une foule en liesse qu’il franchit la ligne d’arrivée, suivi peu après d’Hélios qui évita de regarder dans la direction du balcon d’Arès…
A présent, il ne souhait plus que retrouver Sahar en bonne santé. Hélios avait rempli sa part du contrat, c’était à Vénuzia maintenant de remplir la sienne..

42.

La course des quadriges était terminée. Les palefreniers avaient ramené les attelages aux écuries, et il serait apporté bon soin aux précieux chevaux. Quand aux athlètes, tous avaient à faire leurs commentaires, particulièrement vis-à-vis de la maison qu’ils représentaient. C'est à ce moment qu'il la vit auprès de son amant, vainqueur de la course, et à la gauche de son époux. Vénuzia Mythomanos lui adressa un sourire de connivence qui fit gronder la colère d’Hélios. Il se retint d’aller au devant d’elle, mais à quoi aurait servi un scandale en public? Hélios n’oubliait pas qu’elle détenait toujours la vie de Sahar entre ses mains, mais que pouvait-il faire à présent? Il avait rempli sa part du marché, et il espérait bien qu’aucun mal ne serait fait à la belle esclave. Il ne lui restait plus qu’à attendre un signe de sa part. Et alors qu’il tournait comme un lion en cage, évitant les petits groupes d’athlètes et bourgeois d’Arcadia qui s’étaient formés dans les vastes coulisses de l’amphitéâtre, il vit Arès et sa suite foncer tout droit sur lui.

- Alors Hélios? Tu me dois des explications!

La voix du général avait porté plus qu’il n’était correcte de le faire, attirant l’attention de plusieurs personnes autour d’eux. Arès le réalisa et accrochant discrètement le bras d’Hélios l’entraîna à part. La poigne était de fer, et sa colère se ressentait à travers la façon qu’il avait de crisper ses doigts sur le bras de l’athlète.

- tu étais persuadé de gagner! et je savais que je pouvais compter sur toi! Alors comment se fait-il que tu aies laissé Andréïstos emporter la course?
- je ne l’ai pas laissé.

Hélios n’avait pas cillé, il ne devait pas alerter le général, quoiqu’il lui en coûta, il y aller de la vie de la jeune femme. Arès le dévisagea cherchant à percer les pensées d’Hélios.

- mais je croyais que nous avions le meilleur attelage de toute Arcadia! Et je vous ai vu vous entraîner, je sais que tu aurais parfaitement pu les mener à la victoire! Alors que s’est-il passé? On dirait que tu as fait exprès de le laisser gagner!

Hélios secoua la tête, mais Arès n’en avait pas fini. Il avait du parier gros et avait sans doute perdu une petite fortune.

- tu n’as pas oublié notre marché, Hélios… Je pensais que le devenir de ta famille t’importait un peu plus que ça!

Hélios crispa ses poings et dévisagea le général, les yeux pleins de haine. Il ne manquait plus grand-chose pour le faire une fois pour toute sortir de ses gonds, il avait été déjà assez mis sous pression sans que le général jugeât bon d’en rajouter.

- NON! Je n’ai pas oublié! Les.. les chevaux se sont affolés après l’accident, et ont perdu leur rythme. Mais ce n’est que la première épreuve. Tu peux compter sur moi pour te ramener un maximum de lauriers… Je gagnerai les épreuves qu’il faudra pour être le premier des athlètes d’Arcadia..
- c’est aussi ce que tu disais pour le quadrige!

Le sang d’Hélios bouillait dans ses veines, mais ce n’était pas le moment de perdre patience.

- Je ne pensais pas avoir affaire à des concurrents déloyaux…
- déloyaux ?? comment ça?

L’athlète ne pouvait lui en dire plus, même s’il lui en avait déjà trop dit. Il cherchait une échappatoire à cet interrogatoire quand il vit Vénuzia s’éloigner. Il devait la voir, seul! Hélios dégagea son bras et s’éloigna à son tour sans plus demander son reste, devant un Arès stupéfiait par son comportement. Le général n’en avait pas fini avec Hélios, il le retrouverait un peu plus tard..

Hélios avait rejoint Vénuzia, dehors dans les jardins, il l’interpella, et lentement elle se retourna pour lui faire face avec toujours ce sourire détestable.

- Où est-elle?
- oh vous voilà.. il fallait justement que je vous voie.
- cessez ce petit jeu avec moi… Où est-elle?? Que lui avez-vous fait?
- oh mais rassurez-vous, nous ne lui avons fait aucun mal. et..
- je préfèrerai m’en assurer par moi-même!

Vénuzia poussa un léger soupir, renonçant à discuter.. Elle sortit un objet de son corset qui était en fait une clef.

- Il vous faudra emprunter les escaliers qui mènent sous les combles, à la porte nord de l’amphithéâtre. Vous devriez la trouver facilement, un des boudoirs nouvellement aménagés pour les dames de l‘empire.. ..le dernier tout au fond…

Hélios n’attendit pas une minute de plus, surpris et à la fois frustré d’apprendre que tout au long de cette journée, elle s’était trouvée si proche, et lui arracha la clef des mains avant de lui tourner promptement le dos.

- et. n’oubliez pas, la dernière pièce au fond… encore Merci Hélios Sparthe!

Il ne se retourna même pas pour lui répondre, mais il espérait bien un jour lui faire payer ce qu’elle avait osé faire aujourd’hui. Pour l’instant, il devait retrouver Sahar, et Hélios ne marchait plus, mais courait le long des vastes allées de l’amphithéâtre. Il dépassa la porte Sud, bientôt passa l’entrée est et parvint enfin à la porte du nord. Aussitôt il emprunta les escaliers, grimpant les marches quatre à quatre, et traversa à nouveau un long couloir, guettant les inscriptions sur les portes, avant de parvenir jusqu’au dernier boudoir. La porte semblait neuve ainsi que la serrure. Il y glissa la clef un peu précipitamment et ouvrit la porte brusquement.

- Sahar!

Il posa un regard surpris sur la chaise renversée sur le sol, et du fait de retrouver Sahar debout sur la table..Mais il était trop heureux de la retrouver pour s’inquiéter de ces détails un peu incongrus.

43. Denez Prigent: Gortoz a ran

Hélios serra la jolie Sahar dans ses bras, fermant un instant les yeux, trop soulagé de voir qu’elle se portait plus que bien et son sourire fut plus rassurant qu’aucune de ses paroles. Mais il ne pouvait s’empêcher de songer qu’on avait failli l’enlever à lui et qu’il aurait pu ne plus jamais la revoir. Et cette seule idée le bouleversa bien plus que toutes les colères d’Arès qu’il aurait pu affronter. A ce moment, il réalisa qu’elle avait pris beaucoup de place dans son cœur, car pour elle, il aurait pu renoncer à cette quête qu’il menait depuis si longtemps. Une quête qui aujourd’hui semblait se perdre parmi le peu de souvenir qu’il gardait de sa famille. Etaient-ils seulement encore vivants? Aussi vivant que cette jeune femme qui lui souriait confiante et dont le regard brillait de cette flamme joyeuse.

Hélios s’écarta légèrement pour prendre son visage en coupe dans ses mains et plongea son regard dans celui de la jeune femme.

- Sahar… je t’en prie, ne prends pas de risques inutiles pour moi. Je préfère te savoir saine et sauve qu’en danger.. et… peu importe ces informations, du moment que toi tu vas bien..

Il termina son discours par un baiser qui se fit tendre, passionné et s’écarta avant de perdre ses moyens, si ce n’était pas déjà trop tard. Elle l’avait envoûté par son seul regard, par ces yeux de félin, par ce sourire malicieux et ses airs adorables. Mais Hélios ne devait pas oublier qu’elle ne lui appartenait pas et savait combien la liberté était chère au cœur de la belle Sahar. Et puis comme elle l’avait dit si justement, d’autres épreuves l’attendaient.

- demain j’emporterai les épreuves des lancés du javelot et du disque. J’aurais aimé laisser une chance à Jason de gagner l’une ou l’autre, mais après avoir perdu une des plus importantes épreuves olympiques, je ne peux me permettre un seul écart.. Il faut que je m’assure la victoire, même si pour cela je dois affronter les foudres du fils d’Arès…et du général lui-même.
- tu parais très sûr de toi.

Hélios vit la lueur amusée dans le regard de Sahar et lui sourit.

- oui je sais, ça peut paraître un peu présomptueux de ma part, n’est-ce pas? Mais je connais tous les points forts et points faibles de Jason. Je l’ai pratiquement moi-même formé..

Il soupira, las, résigné. Il n’avait guère le choix.

- bien, ne restons pas là.. La journée n’est pas encore terminée, ce soir j’espère bien te retrouver après les festivités. Et même si je pouvais éviter le banquet, je préfèrerai passer un peu plus de temps en ta compagnie. Surtout que je ne tiens pas du tout à recroiser cette Venusia, je crains d’avoir quelques paroles malheureuses, avec elle, son mari ou son amant..

Il secoua la tête, agacé..

- je préfère ne plus y penser…

C’est ça mon chou, t’es l’plus fort
Allez va t’entrainer, j’ai des trucs à faire…

Plantant un baiser sur le torse d’Hélios, (parce que le front elle peut pas l’atteindre sans monter sur chaise ) la jeune femme lui tapote gentiment le bras avant de s’éloigner distraitement déjà ailleurs dans ses pensées.

(Suite ICI)

44. Lesiem: Matter Gloria

La journée touchait à sa fin, Hélios avait battu les records de l’amphithéâtre sous les puissants hourras de la foule, ravie du spectacle qu’il leur offrait. Mais ils ne savaient pas combien gagner ces jeux était important pour le jeune homme. Le disque avait volé plus loin que toutes les mesures prises jusque là, et les gens dans les gradins, s’étaient levés comme un seul homme, saluant la force de l’athlète.

Et puis Hélios avait croisé le regard si fier d’Arès, alors que le sien était plein de mépris. Arès avait gagné, mais pour le jeune grec, la partie n’était pas terminée, il lui restait plusieurs épreuves encore. D’ici quelques heures, débuterait la dernière épreuve marquante de cette journée, le lancé du javelot.
Hélios affronterait alors tous les athlètes de cette olympiade, mais surtout le jeune Jason.

En avançant sous les derniers rayons de soleil qui n’éclairaient plus qu’un angle du vaste amphithéâtre, Hélios aux côtés de Jason sentit le regard de ce dernier sur lui. Il le regarda à son tour et devina l’intensité de la haine que le jeune homme ressentait pour lui, lui qu’il savait capable de ravir un des seuls titres qu’il avait une chance d’emporter. Ils seraient opposés dans cette épreuve, et cela réduisait à néant les chances d’Hélios de convaincre Jason qu’il ne tenait pourtant pas à s’en faire un ennemi. Et hélas, il n’épargnerait pas le jeune homme dans cette future épreuve. Ce qui le rendit plus amer encore vis-à-vis d’Arès.

Ils saluèrent la reine d’Arcadia comme à chaque début d’épreuve, et ensuite les clairons sonnèrent le début de celle du lancer du javelot.
Ils s’affrontèrent l’un après l’autre, éliminant chaque fois les moins bon lanceurs, jusqu’aux deux derniers et inévitablement ce fut Hélios et Jason qui se retrouvèrent sur la ligne de lancement.

Soudain le silence se fit dans l’arène, comme si le peuple d’Arcadia avait deviné les enjeux qui opposaient les finalistes de cette épreuve. Les deux hommes échangèrent un dernier regard, se mirent en position et dans un magnifique ensemble jetèrent leur javelot bien loin au-delà de la dernière ligne. Les deux armes sifflèrent dans l’air avant de se ficher dans le sol, si proches qu’ils ne purent voir de là où ils étaient, lequel avait emporté cette victoire.

Ce fut la voix d’un hellanodice qui annonça le résultat. Hélios avait emporté cette épreuve. Et tandis que la foule laissait libre cours à sa liesse, Jason lui se ruait jusqu’à l’endroit où avaient atterri les deux javelots. Et ce qu’il découvrit ajouta à sa fureur, Hélios l’avait emporté de peu. De rage, le jeune Jason arracha de terre, le javelot et dans une terrible grimace de haine le jeta en direction de celui qui l’avait humilié.

Hélios ne vit pas venir le danger, en bon Arcadien, il saluait les bras levés au ciel, le public qui poussa soudain un cri; un cri qui se transforma en grondement de tonnerre…. Le geste d’Hélios fut comme suspendu dans le temps. Il ne comprit pas tout de suite, la surprise, le choc.. Et puis cette pointe rouge qui dépassait de son épaule, oui là, il comprit et se retourna pour voir Jason immobile, debout, haletant, qui le regardait comme pris de folie.

L’athlète tomba à genoux, submergé par la douleur et le poids de javelot qui pesait sur la blessure. Autour de lui, ce ne fut plus qu’agitation, les gens courraient vers lui, les soigneurs, et des hommes en tenue de soldat se précipitaient vers Jason dont il ne pouvait détacher son regard, un regard qui disait l’incompréhension pour ce geste. Le temps sembla tourner soudain au ralenti…. Le sang battait si fort dans ses tempes et la dernière chose qu’il vit avant de perdre conscience fut la belle Sahar qui accourait à son tour.. Il sourit faiblement, un sourire qui se figea alors qu’il sombrait dans les ténèbres.

45. Ennio Morricone: The Secret ^^

Hélios fut amené dans les salles réservées aux athlètes, dont une partie avait un semblant d’air d’infirmerie. On le déplaça du brancard sur un des lits, en faisant bien attention de ne pas bouger le javelot toujours fiché à travers l’épaule d’Hélios. Il fut donc installé sur le flanc et quand les soigneurs se penchèrent au dessus de lui, parés à lui retirer cette arme qui les empêchait de le soigner, il reprit conscience. L’un des hommes le regarda avec un air navré.

- Il aurait mieux valu que tu restes inconscient, je vais devoir retirer ce javelot de ton épaule.

Hélios fit la grimace, alors qu’il venait à peine de bouger, mais déjà la douleur lui vrillait tout le haut du corps. Il serra les dents et ferma les yeux.

- tiens bois ça, ça t’aidera..

Il rouvrit les yeux sur une tasse qu’on lui tendait, et but sans discuter l’alcool puissant qui lui fit oublier pour quelques secondes sa douleur, mais alors revint dans sa conscience les derniers moments des épreuves. Jason.. Jason avait lancé le javelot sur lui, de rage qu’encore une fois Hélios lui avait ravi cette première place. Ainsi il le haïssait tant qu’il avait voulu sa mort. Hélios ferma les yeux à nouveau, la blessure n’était pas que physique. Il ne prêtait pas attention aux échanges entre les hommes qui s’apprêtaient à lui retirer l’arme de son épaule, pourtant une voix domina les autres, celle de Sahar.

- Laissez-moiaa le voir!!
- vous n’avez rien à faire ici..
- ET lui?????

A ce moment, Hélios tourna la tête pour croiser le regard de celui qui était responsable de son état. Jason avait l’air effondré, mais des gardes le poussèrent sans ménagement vers la sortie. Ils lui avaient accordé cette faveur avant de l’emmener… Hélios entendit encore les cris de Sahar alors qu’on la chassait elle aussi. Il aurait pourtant aimé voir son beau visage.. Les voix s’éloignèrent, tandis que d’un mouvement sec, le soigneur retira le javelot, arrachant à Hélios un cri terrible qui se répercuta dans tout l’amphithéâtre. Il perdit conscience à nouveau….

La douleur céda le pas à ce monde cotonneux et apaisant de l’oubli. Mais Hélios fit alors un rêve étrange. Il se revit sur le chemin de la maison de son enfance, ce jour où il avait quitté sa famille pour suivre Arès dans les armées d’Arcadia. Ce dernier jour où pour la dernière fois il avait adressé un signe de la main à sa mère qui dans ses bras portait sa petite sœur, tandis que son jeune frère Anthony le dévisageait avec colère. Il ne voulait pas que son grand frère qu’il adorait, les abandonna, il ne voulait pas que son grand frère aille à la guerre pour se faire tuer. Hélios avait tenté de le rassurer en plaisantant, il ne serait pas facile d‘avoir sa peau… Il avait ébouriffé la tignasse blonde du gamin avant de leur tourner le dos..
Il ne les avait plus jamais revu..

Et dans son rêve, Hélios se retournait une dernière fois pour leur sourire, seulement sa famille avait disparu. A la place sur le chemin, se trouvait Jason qui criait après lui et qui l’accusait de l’avoir trahi. Il était furieux et dans sa main, il tenait le javelot ensanglanté .

- tu nous as abandonné, Hélios. Tout ça est de ta faute! Tu nous as tous abandonné!

Hélios secouait la tête, atterré. Il ne comprenait pas pourquoi Jason le détestait tant, il ne comprenait pas pourquoi tout se mélangeait .

- Je ne t’ai pas abandonné!
- tu m’as promis que tu reviendrais.. tu es un menteur..

Alors que devant lui, se tenait Anthony, Hélios entendait la voix de Jason.. Il voulut avancer vers lui, mais le chemin étrangement ne parvenait jamais jusqu’à lui et plus Hélios avançait, plus son petit frère s’éloignait, son petit frère qui avait pris l’apparence de Jason, son petit frère qui avait bien grandi…

- Attends, reviens!!.. Non.. ne pars pas!… Anthony!

Le cœur cognait lourdement dans sa poitrine, et Hélios le souffle court comme s’il avait réellement couru sur ce chemin, ouvrit brusquement les yeux. Il était en sueur et mis un bon moment avant de comprendre où il était, dans l'infirmerie de l'amphithéâtre. Et il n’était pas seul.

46. Secret Garden: Adagio( a mettre en boucle svp ^^


- Jason?

Hélios était surpris de la visite du jeune homme et avait encore un peu de mal à rassembler ses idées. La dernière fois qu’il l’avait vu, oui c’était sur l’arène, au milieu de l’amphithéâtre. Jamais il n’oublierait l’expression de ce dernier. Pourtant à présent c’était un tout autre visage qu’il lui présentait. Hélios y vit la gêne, Jason n’osait croiser son regard. Pourquoi était-il venu?

- Pourquoi es-tu venu, Jason? .. Pour constater que tu n’avais pas réussi à en finir avec moi? Pourtant tu avais drôlement bien visé!

La remarque était pleine de sarcasme, et Hélios s’en voulait, pourtant il ne pouvait s’empêcher d’être en colère contre Jason. Il avait été trop loin, un peu plus, et Hélios y aurait laissé sa vie. Cet homme le détestait-il à ce point?

- Me détestes-tu tellement que tu as préféré me voir mourir?…

Hélios avait mal, et sa blessure n’était pas seule en cause. Il s’en voulait pour ne pas avoir su protéger Jason d’Arès, Arès qui en avait fait un être ampli de haine et de jalousie..

- Je, il fallait que je te parle.. Je .. je suis désolé pour ce geste que j’ai eu, je .. je ne sais pas ce qui m’a pris, j’étais si furieux, aveuglé par ma colère, et mon p… Arès.. qui ne cessait de me vanter tes qualités, ça me rendait malade..

Hélios le savait parfaitement, mais pouvait-il excuser un tel geste? La faute était bien trop grave, du reste, comment avait-il échappé aux gardes qui l’avaient emmené? et Sahar, où était-elle, mais Jason ne semblait pas en avoir terminé.

- toutes ces années, moi son fils.. j’étais invisible à ses yeux. Il ne jurait que par toi, toi Hélios… Hélios est si fort, Hélios est le meilleur.. et…
- je sais Jason, mais crois-moi, je n’ai pas voulu cela.. J’ai essayé de te le dire mais tu n’as jamais voulu m’écouter..
- et je regrette, oh oui je regrette, c’est toi qui avait raison, et depuis le début, Arès est un monstre!!! C’est lui que j’aurais du viser, c’est lui qui …
- Jason, comment peux-tu dire ça? c’est ton père!

Jason releva soudain son regard presque aussi bleu que celui d’Hélios.

- Mais… tu n’étais pas au courant?

Hélios fronça les sourcils.

- Au courant? de quoi?
- Je pensais que… ce que Sahar m’a dit, le carnet… elle a trouvé le journal d’Arès.
- quoi, mais quel carnet? Je n’y comprends rien!

C’est à ce moment que Sahar entra dans la pièce. A sa vue, le visage d’Hélios s’éclaira et il s’agita dans son lit, réveillant aussitôt la douleur qui lui arracha une plainte étouffée.

- Sahar…
- Reste donc tranquille! Je suis là..

Elle s’était assise sur le lit, juste à côté de lui et se pencha pour l’embrasser doucement. Elle était toujours aussi rayonnante..

- J’ai trouvé ce que tu as cherché si longtemps, enfin une partie du moins, je n’ai pas eu le temps de tout lire ce fichu carnet…. et.. quand j’ai su que.. Jason était en fait ton frère, j’ai accouru aussitôt pour t’apprendre ça. Seulement je suis arrivée.. un peu tard.

Hélios dévisagea tour à tour, Sahar et Jason… Il n’était pas certain d’avoir compris, pourtant ce rêve étrange qu’il avait fait, alors…ce n’était pas juste un rêve? Seulement la vérité était si incroyable qu’il avait vraiment du mal à l’assimiler..

- Sahar a raison. J’ai lu ce que raconte Arès à mon sujet sur ce carnet.. Il savait que jamais il n’aurait de fils, vu ses.. préférences.. Ce n‘est pas pour autant qu‘il a renoncé à avoir une descendance. Alors quand tu es parti te battre à la guerre, il m’a fait venir chez lui, et pour tous je suis devenu son fils…Mais, mais je ne me souviens plus de rien!! Je n’ai plus aucun souvenirs d’avant! comment puis-je avoir oublié ma véritable mère? mon père? et oublié que j’avais des frères et sœurs? Si seulement j’avais su avant…

Jason s’effondra soudain au pied du lit d’Hélios. Il pleurait, il pleurait comme un enfant qu’on avait privé de sa famille, comme l’homme qu’il était devenu et qu’on avait privé de ses souvenirs, de son passé, un homme qu’on avait honteusement trompé.. Et à présent qu’il avait découvert toute la vérité, Arès lui paraissait encore plus ignoble qu’il ne se l’était jamais avoué, et le geste qu’il avait eu pour Hélios, encore plus impardonnable.

Hélios lui était sous le choc de cette révélation. La nouvelle faisait peu à peu son chemin jusqu’à son cœur.. Jason, Anthony, c’étaient les mêmes personnes.. Toutes ces années, il avait recherché un frère qui avait grandi finalement à ses côtés, qui avait appris à le jalouser et finalement à le haïr. Que le destin s’était montré cruel, jusqu’à ce jour… Mais après ces longues années, il avait enfin retrouvé son frère…Peut-être en apprendrait-il bientôt un peu plus sur sa petite sœur? Hélios devait se montrer patient et apprendre déjà à vivre avec cette incroyable vérité…

- Hélios? ça va?

Sahar s’inquiétait du long silence dans lequel s’était plongé l’athlète, alors que Jason peu à peu se reprenait et se redressait en s’essuyant misérablement son visage ravagé de chagrin.

- oui.. je crois.. Cela fait si longtemps que je te cherchais… et tu étais là… avec moi. Quel gâchis!
- hé bien moia je trouve que finalement, c’est pas si mal, au moins vous avez déjà passé pas mal de temps ensemble.

Hélios dévisagea sa jolie voleuse et ne peut s’empêcher de rire devant cette conclusion somme toute très vraie, mais s’arrêta aussitôt, coupé par la douleur.

- Pourras-tu jamais me pardonner?

L’athlète regarda ce jeune homme brisé qui lui demandait son pardon… son frère. Et l’émotion lui étreignit le cœur alors qu’il lui tendait la main.. Jason la saisit et pour la première fois, depuis très longtemps, les deux frères se serrèrent dans les bras l’un de l’autre. Hélios fit taire sa douleur tandis que Sahar protestait, d’une voix qui trahissait son émotion.

- roh mais vous avez pas bientôt fini ? Si on vous surprenait, les gens s’imaginerait que..enfin comme Arès quoi…

Gênés et un peu empruntés, les deux frères se séparèrent . Puis Hélios posa la question qui l’intriguait depuis un moment..

- .. que c’est-il passé après.. après l’épreuve? Où est Arès?

Il regarda tour à tour Sahar et Jason qui affichèrent alors un air de conspirateur pris en flagrant délit.

47.

Hélios soupira. Ainsi on les avait arrêté tous les deux, et ils s’étaient échappés pour venir le voir. A présent il fallait trouver le moyen d’arrêter tout ça, cette roue infernale, de mettre un terme à toute cette histoire. Soudain Hélios songea à un détail qu’ils n’avaient pas encore évoqué.

- Et Ariane?
- Ariane ?? - Ariane ??
- oui, notre sœur.. Arès en fait-il mention dans son journal?
- euh non enfin pas de ce que j’en ai lu.. m’enfin pour le moment il s’agit surtout de trouver comment nous sortir de là.
- il faut que tout cela cesse.. De toute façon je ne pourrai plus terminer ces jeux, avec cette blessure..
- Hélios, je suis désolé.
- .. mais après tout j’ai déjà retrouvé mon frère et c’est déjà bien non? C’était si important pour moi.
- oui oui, mais il faut qu’on sorte de là !!
- bon alors si je n’ai plus besoin de tenir mes engagements, en espérant que je trouverai des notes concernant ma sœur dans ce carnet ou alors….hmm encore mieux!
- Quoi?
- Arès ne doit pas être très fier de savoir qu’à présent tout le monde va apprendre pour son crime.. Nous avons là une preuve formel de ce qu’il a osé faire.. Je pourrai utiliser ce journal afin de lui soutirer toute la vérité sur cette histoire, et..
- m’enfin Hélios, quelqu’un risque de revenir et on est toujours coincé là.
- oui oui je sais.. Il faut que je voie Arès! Tout de suite!

Hélios tenta de se redresser, mais sa blessure était bien trop vive encore. Il s’effondra à nouveau sur le lit.

- Il faut que je voie Arès!
- oui mais là il est chez la reine.
- Lui seul peut vous éviter une condamnation… je ne veux pas vous perdre à nouveau, toi Jason, et toi, Sahar..
- oui mais comment?
- Il saura intervenir en votre faveur auprès de la reine, je crois qu’il a un certain poids auprès du conseil, et si je soutiens ses idées..
- toi, soutenir ses idées?
- seulement en ce qui vous concerne tous les deux, je leur expliquerai que tu ne voulais pas me blesser Jason et que toi Sahar, tu voulais seulement me euh.. hum protéger.… Ensuite, ensuite j’ignore encore ce qu’il se passera. Il mériterait de terminer ses jours en prisons, mais de toute évidence nous avons encore besoin de lui..
- oh… tu veux dire que..
- que s’il nous aide, s’il me révèle enfin toute la vérité et qu’il vous évite à tous les deux les geôles, je ne demanderai pas à ce qu’il soit jugé pour ce qu’il a fait…
- une sorte de compromis... Il te dit tout, et toi tu ne diras rien..
- mais il ne va quand même pas s’en sortir aussi facilement !
- Jason, je préfère mille fois vous savoir libres toi et Sahar, que de le voir condamné pour ce qu’il a fait..

Ils n’avaient guère le choix de toute manière…