L'amphithéatre

48. ambiance

Hélios s’était à nouveau assoupi. Après que les soldats avaient emmené Sahar et Jason, il était resté longtemps pensif, songeant à ce passé commun à lui et à Jason, son frère, retournant dans tous les sens, ces souvenirs, les leurs, leur disputes, leurs chamailleries, et réalisant en fait qu’il avait toujours considéré Jason comme son frère.. Etrange ironie du sort.. Mais à présent il lui fallait trouver rapidement le moyen de les faire sortir de là, voir Sahar emmenée pour être enfermée dans les geôles, l’avait contrarié au plus haut point, mais à part attendre Arès, il n’y avait plus grand-chose à faire.

La porte grinça légèrement sur ses gonds tandis qu’Arès rentrait dans la pièce et restait silencieux devant le lit où était étendu son champion. Il devait se douter à présent qu’Hélios connaissait toute la vérité, et craignait que ce dernier ne lui fasse payer le prix le plus élevé pour l’avoir trompé de telle manière. On aurait pu croire qu’il éprouverait quelques remords, mais cela n’était hélas pas du tout le cas. Arès craignait juste pour sa position qu’il avait petit à petit renforcé auprès de la reine, et cette affaire allait entacher sérieusement sa réputation si elle venait à s’ébruiter. Le comportement de Jason avait déjà fort compromis les hautes aspirations du général, et pour le coup, il ne regretta pas que ce dernier sut qu’il n’était pas son fils… Il n’était pas digne de l’être, ne l’avait jamais été. Mais à présent, il fallait sauver les apparences.

- Hélios.. Tu voulais me voir?

Ce dernier sursauta comme piqué au vif, et posa alors un regard terrible sur celui qui avait causé tant de mal autour de lui.

- oui… c’est au sujet de mon frère.

Il avait intentionnellement prononcé clairement ce mot afin de faire bien comprendre à Arès quels seraient les enjeux de cette discussion.

- Tout ça est de la faute de cette maudite esclave.. J’aurai du la renvoyer au marché dès le premier jour… Alors bon, à présent que tu sais la vérité, que me veux tu? Ton frère est en prison pour avoir voulu t’assassiner…haha, tu parles d’une famille..

Il était heureux pour le général qu’Hélios fut incapable de se redresser, car alors il aurait pu à son tour commettre un acte irréparable. A présent, il n’y avait plus grand-chose qui le retenait de ne pas laisser sa colère se déchaîner.

- tu mériterais d’être pendu pour les actes que tu as commis!
- ha, ma foi, peut-être? Qui sait.. Hélas pour toi, Hélios mon cher Hélios, ce n’est pas à toi de juger cela. Et puis la reine est dans mes petits papiers en ce moment, alors il me suffit d’un mot et..
- ainsi donc un seul mot suffirait à libérer Jason? et Sahar?

Arès le regarda avec un air scandalisé.

- Pour Jason, il aurait mérité d’y rester un peu, peut-être que cela aurait affermi un peu hm son caractère, mais cela aurait été très mal vu que moi son père, car c’Est-ce que je suis pour tout le monde n‘est-ce pas, le laissât en prison.. Donc, la reine consent à le libérer à condition que toi, tu sois d’accord. Elle désire te voir quand tu seras remis. Et je suis certain que tu ne souhaites pas que ton frère finisse ses jours en prison non?.. Donc tu vas être un gentil grand frère et… dire à la reine que ma foi, dans un geste de colère, etc..etc.. je te laisse t’arranger.. Mais quand à cette esclave, je me charge personnellement de la punir pour ce crime qu’elle a commis.
- lequel, m’avoir révélé toute la vérité?
- toute?..

Hélios sentit qu’il touchait à un point sensible…Sahar n’avait pas eu le temps de tout lire ce que contenait le journal, mais nul doute qu’il devait y avoir de quoi mettre un terme définitif aux aspirations du général.

- oui Arès, toutes! Et tu vas laisser Sahar tranquille. Non mieux que ça, tu vas intervenir auprès de la reine pour la faire libérer elle aussi..

Arès éclata d’un rire mauvais.

- Tu te fais des illusions mon cher Hélios. Si tu crois que je vais lever le petit doigt pour cette femme, elle a bien failli ..
- ruiner ta réputation si intouchable? Il apparaîtrait qu’elle n’est pas si blanche que ça… Car non seulement je sais à présent la vérité, mais grâce à Sahar, j’ai les preuves de tes malversations.

C’était du bluff, en partie du moins, mais la ruse fonctionna. Arès blêmit et cessa aussitôt de sourire.
- Tu n’as rien contre moi!
- oh que si.. un certain carnet, ou tu as pris l’habitude de noter certaines choses, comme la manière dont tu as honteusement trompé ton monde en te faisant passer pour le père de Jason..Toi qui n’aurais jamais pu avoir de descendance parce que tu es incapable de..
- Cela suffit! ha, voilà une facette de ta personnalité que je ne connaissais pas. T’aurais-je finalement quand même appris quelque chose? hm soit. tu as gagné, j’interviendrai auprès de la reine, en échange de quoi, tu me rendras ce journal.
- Quand Sahar sera libre, et affranchie.
- Quoi???
- tu as bien compris.. Elle n’aurait jamais du se retrouver sur l’étal des esclaves. Le carnet te sera rendu une fois qu’elle sera loin d’ici, à l’abri de tes manigances.

Arès fit la grimace, décidément Hélios devenait assez fort à ce petit jeu.

- ça sera tout?
- non..
- quoi? Peut-être que tu veux encore que je te donne quelques rémunérations en échange de ton silence?

Hélios eut une moue dégoûtée.

- ton argent ne m’intéresse pas. Dis-moi simplement ce qu’il est advenu de ma petite sœur, et notre accord sera complet.

Les deux hommes échangèrent alors un long regard ampli de haine et de mépris. Toutes ces années, Hélios s’était tu, avait encaissé chacune des remarques du général, s’était entraîné afin de devenir le meilleur à ces jeux, et les aurait facilement emporté s’il n’y avait pas eu cet incident. A présent, peut-être qu’il allait enfin obtenir toute la vérité sur sa famille. Le silence s’éternisait quand soudain Arès le rompit.

- Soit, à quoi bon continuer ce jeu-là, à présent. La reine t’a d’or et déjà accordé la victoire, même s’il reste quelques épreuves, tu as une large avance sur les autres, même en ne participant pas aux derniers jeux. Par contre, pour la suite…
- J’espère que tu ne comptes pas sur moi pour continuer cette mise en scène?
- ma foi, je te demanderai simplement de garder le silence sur tout ça, et tu seras libre d’agir à ta guise.

Hélios fixa le général avec méfiance. Lui rendait-il sa liberté à lui aussi? Certes, Hélios n’avait jamais été son esclave, mais il avait été si longtemps lié à lui par ce secret sur sa famille qu’il avait du mal à croire que tout ça était terminé. Il n’en oublia pas moins un dernier élément.

- Et ma sœur, qu’est-il advenu d’elle?
- Contrairement à ce que tu crois, j’avais tout de même fait verser quelques arhes à ta mère. Mais voilà, elle était seule et son fils aîné parti, les créanciers lui sont tombé dessus. La maison a été vendue, et ce que je lui ai offert n’a pas suffit. Cela n’a surtout pas suffit à la sauver. Elle est tombée malade, puis elle est morte, en laissant ces deux gamins orphelins. C’est à ce moment que j’ai recueilli Jason dans ma maison..

Hélios écarquillait les yeux en entendant ce récit qui aurait presque fait passer Arès pour un bienfaiteur pour sa famille, mais ce n’était qu’une apparence. Si Arès avait tenu ses promesses, s’il avait versé la solde d’Hélios à sa famille, sa mère n’aurait pas tout perdu, elle ne se serait pas affaiblie et… serait peut-être encore vivante aujourd’hui. Amer, Hélios répliqua d’une voix si basse qu’Arès eut du mal à comprendre.
- Et Ariane?
- et? …oh ta sœur? Je ne souhaitais pas de fille.. c’est un couple de passage à Asthénis* qui l’a emmenée.
- Comment s’appelaient-ils?
- j’en ai strictement aucune idée!

Hélios dévisagea le général, sidéré.
- tu leur as confié ma sœur, sans même leur demander leur nom?
- et alors ? qu’importe? Le principal était qu’ils avaient un toit à lui offrir non?

Ainsi Hélios n’en savait pas plus sur sa sœur, il pouvait seulement espérer qu’elle avait été choyée et avait trouvé un foyer agréable pour y vivre. Il n’en saurait sans doute jamais plus. Il ferma les yeux, soudain trop tourmenté par sa peine et sa colère.

- Bien… je te laisse faire le nécessaire pour Sahar et j’irai voir la reine, dès que j’irai un peu mieux. Ensuite je te rendrai ce qui t’appartient. Laisse-moi à présent.

Le général le dévisagea, dans l’intention d’ajouter quelque chose, mais il voyait à l’expression d’Hélios que toute parole de plus aurait été inutile. La porte se referma sur Arès, laissant derrière lui, un homme anéanti. En si peu de temps, lui qui avait lutté des années pour découvrir la vérité, avait fini par l’apprendre, une vérité qui se révélait des plus surprenantes. Il avait vécu aux côtés d’un frère qui l’avait considéré comme son plus grand rival, et à présent, il voyait ses chances de retrouver un jour sa sœur, réduite à néant…

Et puis bientôt, Sahar serait libre, libre de repartir chez elle…

* Asthénis: cf premier RP d'Hélios, sa ville d'origine.

Sahar se morfond dans sa prison sous le regard mauvais du geôlier à la bosse

Bon ça va, me suis excusée quand même
C’était un cas de force majeure, je suis désolée là !

Le temps paraît long en prison surtout quand on ne sait pas si on va sortir.
Sahar ne peut pas savoir que ses pensées font écho à celle de Sekret à plusieurs milliers de kilomètre de là.
Tout à coup un remue ménage se fait et la voleuse se redresse.
Arrive Arès, Jason et tout un tas de gardes plus un vieil homme en toge qui porte des tablettes et un autre type au visage couturé et à l’air sévère.
Celui là fait carrément peur.

*Oups…ça sent pas bon pour mon matricule ça !!*

Elle cherche à interroger Jason du regard mais celui ci est relégué dans le fond par les autres membres de la troupe qui discutent.
Héraclès est la aussi au fond près de, complètement paumé…On l’interroge, il hoche la tête.
Arès, lui, garde un air renfrogné, ça c’est plutôt bon signe, encore qu’il y a une lueur malsaine au fond de sa pupille gauche, Sahar le voit clairement !!
On la fait sortir de sa cage pour l’emmener entre deux gardes dans une salle de marbre blanc, une sorte de petit bureau avec une estrade sur laquelle
L’homme en toge blanche énonce

Sur décret de Sa Très Royale Majesté, Lyra, que les dieux lui accordent leur faveur éternelle, et avec l’accord de son propriétaire légitime Héraclès enfant des Jeux, l’esclave ci nommée Sahar est déclarée affranchie dès ce jour et recouvre ses droits de femme libre.
En tant qu’étrangère à notre Royaume, elle ne peut cependant pas être considéré comme citoyenne

Oh ben ça c’est pas grave !
Libre je suis libreeee !!!!

Afin que tous sache à présent qu’elle ne peut être remise en esclavage, la marque de l’affranchissement sera apposée sur son épaule droite à la vue de tous.

Pardon ?

Le type à la mine patibulaire s’approche, Sahar elle tente de reculer
Mais il a un fer rougit dans les mains ce …Rhaaaaaaaaaaaa !!!!!!

Ah non non non, je crois que ça va être possible parce que euh…j’ai la peau très sensible et je fait de l’eczéma au contact du fer.
Saurait été avec plaisir , hein , mais comprenez y a pas moyen

Mais mademoiselle c’est un honneur !!
C’est la preuve pour tous que vous avez été libéré définitivement.
Cela annonce à tous que vous resterez et quoique vous fassiez par la suite une personne qui ne pourra subir le joug de l’esclavage de nouveau.
Rare son ceux qui peuvent se prévaloir d’un tel honneur royale.
Ne vous en faites pas ça sera vite passé

Noon noon non je veux pas !!!
Tant pis, je ferais sans ce sublimissime honneur, je me débrouillerais !!

Il y a bien un autre moyen…
Cependant…

C’est quand le regard de l’homme en toge croise le regard d’Arès qu’elle comprends qu’elle est pigée mais elle demande quand même d’un ton morne, que faire d’autre ?

Quel moyen ?

L’exil, si vous quittez nos terres sans y revenir vous serez assurée de ne plus être mise en esclavage chez nous

Ce n’est pas tout à fait exact vu que la première fois elle venait direct en provenance de Djamila mais la voleuse ne dit rien.
Car si elle le contredît il la marquera comme du bétail.
Son regard croise celui d’Arès, triomphant.
Petit plaisir mesquin d’un homme qui trouve à se venger en respectant sa parole mais à sa façon pour ne pas perdre sur tout les tableaux.
Elle dtourne les yeux lui acordant cette victoire de plus.

Alors pour quelle solution optez vous mademoiselle ?
La marque… ?
L’exil définitif … ?

Un instant elle va dire non, tant pis, elle sera marquée mais pourra voir Hélios et rester près de lui au moins le temps qu’il se soigne.
Un instant …juste avant que son regard tombe sur le fer rouge en forme d’un éclair de Zeus.
Alors elle capitule

L’exil.

Vous ne pourrez plus revenir ici sauf à vos risques et périls car si jamais vous retombez en esclavage vous ne pourrez plus vous prévaloir de l’honneur de la Reine.
Vous avez bien compris

Oui oui j’ai compris

Très bien emmenez là.
L’exil est effectif immédiatement !

Mais je ….

Oui ? Autre chose ?

Non rien…je...très bien...

Des gardes l’entraînent vers la sortie, pour la ramener à la frontière
Sahar se débat un instant mais elle est emportée dans le flot, c’est trop tard pour faire marche arrière

Jasoooon !!! Jasooooon, dis lui que…

La porte se reclaque sur Sahar et ses dernières paroles pour Hélios.

musique à écouter à la fin vi !