Le Loukhoum - établissement de qualité ^^

Les mots de Sek raisonnent dans son esprit alors qu’il arpente les rues de Djamila.
« Elle est revenue ! C’est merveilleux ! Sahar est revenue ! »
*Il avait bien failli s’étouffer en dégustant ses dattes lorsqu’il avait entendu la nouvelle, car évidemment Sek n’était pas dupe, amoureux comme il était il aurait reconnu la jeune femme malgré tous les sortilèges.
Elle est revenue ? Mais quand ?
Cet après-midi !
Au loukhoum ?
Evidemment.
Tu devrais te méfier de tes sentiments, mon ami. Y est-elle encore ?
Je ne sais pas… Elle avait une fois de plus disparu quand je suis revenu la voir… *

Et puis il y avait eu le message de ses complices, qui confirmait les dires de Sek…
Ainsi son plan se compliquait avec le retour impromptu de la blonde voleuse. Les idées se bousculaient dans son esprit. Il les remettait en ordre méthodiquement un nouveau plan lui apparaissant clairement au fur et à mesure qu’il avançait.
Il court presque en arrivant aux abords de l’établissement. Il frappe à la porte, s’énervant de la lenteur de Bouba.
Vite ! Je dois voir ta maîtresse ! Où est-elle ?
… Dans le salon bleu ! Non !
Son regard est presque vitreux… Il ne sait plus quand la dernière sahar lui est passée devant les yeux en lui désignant une nouvelle salle.
Je trouverais seul.
Il finit par tomber sur Naja dans un des salons.
Où est-elle ?
Elle prend le temps de le détailler, d'un air las, avant de lui répondre.
En bas. A la cave, sous bonne garde…
Sait-elle ou elle est ?
Je ne crois pas. Les caves seressemblent toutes… Elles pourraient être dans celles du palais cela n’y changerait pas grand-chose…

Naja ne remarquera pas l’éclair de génie qui traverse les yeux d’Hakim. Elle vient de lui donner le point de départ de son nouveau plan…
Très bien… Tu vas lui dire…
Il inspire douloureusement comme si ce qu’il devait lui révéler était horrible.
Tu vas lui dire… Que Sekret l’a dénoncé au sultan et à khesce. Que ce dernier veut la faire exécuter en place publique pour s’être moquée de lui… Que Sekret est à la recherche du diamant pour recevoir tous les honneurs.
Naja secoue la tête interdite.
Ce n’est pas possible. Sekret était bien trop amoureux de Sahar pour…
Hakim lui saisit le poignet, approche son visage du sien, le regard presque implorant.
Crois-moi… Sekret était mon ami. Je ne l’aurais pas imaginé un seul instant trahir cette femme… Pourtant il l’a fait… Je suis désolé pour elle… Mais au moins il confirme ta théorie qu’aucun homme n’est digne de confiance. Finalement l’amour est bien fugace face au pouvoir.

Naja le dévisage longuement du coin de l’œil.
Et pourquoi devrais-je te faire confiance à toi ?
Il a ce petit sourire irrésistible en baissant les yeux.
Tu ne dois pas… Mais ici il ne s’agit pas de nous il me semble.
Il fixe longuement le sol, et finit par relâcher doucement son poignet.
Dis à Sahar
Soupir épuisé une fois de plus comme si le cas de la jeune femme le désespérait terriblement.
Dis lui simplement qu’elle a un ami qui veille sur elle. J’ai réussi à retenir Khesce le temps d’arriver ici… Mais on va devoir la faire sortir du pays au plus vite.
Il la fixe intensément.
Je pense que nous devrions également l’endormir pour la sortir plus discrètement. Elle ne comprendrait pas pourquoi elle a été enfermée dans ses propres caves… Elle risque aussi d’être surprise par ta venue… Il vaut mieux que tu sois dissimulée par quelque enchantement.

Pourquoi aides-tu cette voleuse ? Son sort te rend bien plus soucieux que de naturel ?
Il éclate d’un petit rire.
Je prendrais cette jalousie naissante comme un compliment. Mais je ne lui demanderais rien en échange de sa liberté… Je préfère même qu’elle ne sache pas que c’est moi qui l’aide.

La jeune femme lui tourne le dos et s’éloigne sans un mot. Et quand elle disparaît dans l’encadrement de la porte du couloir, il frotte sa barbe naissante d’un air satisfait… Il n’y a rien de pire que des amants trahis… L’amour et la haine rendent fou… Sahar et Sekret vont l’apprendre à leur dépends.

Quelques minutes plus tard, il a disparut en direction du palais. Il va devoir faire vite et bien. Pour l'instant il maîtrise parfaitement la situation, et cela doit continuer...


Suite au palais (pour suivre hakim)

ambiance

Cissi pousse la porte d’une taverne. Elle entre à la volée, les cheveux en bataille. Des regards curieux se tournent vers elle.
Elle relève le menton, fièrement, passe une main dans ses cheveux roses trop emmêlés et tente de se donner une contenance. Elle la perd bien vite en se mettant à boitiller. Dans sa fuite elle a perdu une sandale.

__

Cissi avait cherché pendant un moment un lieu pour piquer une bourse assez bien remplie. Elle ignorait tout de ce monde mais elle était confiante… Toute tribu a ses voleurs. C’est le lot de tout le monde. Elle avait donc exploré quelques poches sur une espèce de marché tout bizarre. Il était tout plein de couleurs… Des tissus de tout genre. Il y avait des tenues loufoques, les hommes portant même des robes. Enfin Cissi ne pouvait trop rien dire… avec son pagne – heureusement elle en avait mis un long et propre – elle avait l’air à côté de la plaque pour changer.

Finalement, un gros monsieur avait posé négligemment sa bourse sur un étal pour régler un vendeur. Cissi s’était collé à l’homme avec un regard aguicheur, malgré sa cape légère qui cachait ses cheveux. L’homme lui avait fait un sourire malfaisant alors qu’elle avait posé la main sur la bourse. Main surlaquelle elle sentit une violente pression.

Je te tiens sale voleuse.

Arf son arrivée commençait bien. Elle tenta de se dégager mais pas moyen qu’il lâche. Cissi finit par pousser un hurlement strident.

Au vioooooooooooooooooooooooooool !!!

L’homme, surpris, la lâcha et retira bien vite sa main. Cissi se mit alors à courir tant qu’est plus… et se retrouva soudain plaquée au sol. Heureux réflexe que de rattraper la bourse et de la planquer dans son décolleté.

L’espèce d’hippopotame mugissant qui lui soufflait dans la nuque vociférait des imprécations contre elle.

VOLEUUUUUUUUUUSE !

Cissi tentait tant bien que mal de garder sa capuche sur la tête… Ses cheveux roses étaient bien trop repérables. Et puis il fallait décamper de là.

Mais lâche-moi par la barbe d’Amon, espèce de bouc puant.

Elle voulait se redresser mais l’homme était trop lourd. Une seule solution…

Cissi mis ses mains sans le dos et chercha ses côtés de l’homme… Entre deux masses de graisse elle les trouva… et commença à le chatouiller. Son agresseur se tortillait comme un beau diable et roula pour échapper à cette torture. Cissi eut juste le temps de se relever et de courir comme une folle à travers les ruelles.

__

Le son de la musique était étrange. Jamais elle n’en avait entendu de pareil. Elle se faufilait entre les tables basses. Les gens étaient assis à même le sol, sur des coussins.


Des couleurs et du luxe de partout. Cissi fit mine de pianoter avec ses doigts. Discrètement, enfin autant qu’elle en était capable dans son accoutrement, elle se glissa contre un mur et s’installa à une table sortant la bourse de l’audacieuse cachette.

Une femme s’approcha avec un sourire accueillant.

Madame prendra ?
Un rhum siouplé.
Un quoi ?
Un rhum… ou un jus de patate… c’pas grave… de l’al…

Cissi s’arrêta net. Si elle ne connaissait pas le rhum… C’était louche… un doute dans son esprit… certains n’aimaient pas l’alcool et son instinct lui disait qu’ici…

Hum… Je veux dire… la boisson locale ce n’est pas du rhum ?
Non… Non avons du thé si vous le souhaitez.

Cissi grimaça un sourire.

Ah… ben allons y pour du thé.

Fallait qu’elle soit vraiment désespérée pour accepter.
La jeune femme revint avec une théière que Cissi identifia immédiatement comme étant en argent. Son visage se fendit d’un sourire rayonnant.

Dites moi… Où trouve t on de quoi se changer je vous prie ?

Cissi ne lachait pas des yeux la théière… Elle allait peut être commencer à se constituer un trousseau… ça faisait déjà quelques lunes qu’elle ne s’était pas mariée.