Au dela de la Muraille

presentation
1. ambiance

Aux premières lueur du jour sur un sentier de terre prés de l’empire de Sunliao, un voyageur marchait en direction de l’est … Ses vêtements était poussiéreux et usée …Son visage était protégé par un foulard ne laissant voir que ses yeux. Le soleil tapait fort en cette saison. Cela faisait des jours, qu’il marchait se nourrissant de se qu’il trouvait sur son chemin. Après avoir traversé pendant des jours des plaines verdoyantes se succéda des contrées rocheuses. Au loin le voyageur vit se dessinée une longue et impressionnante muraille … Il s’arrêtait afin d’observer ce monstrueux serpent de pierre qui s’étendait du nord au sud. En chemin, il n‘avait rencontré personne depuis le dernier village cela faisait trois semaines ….

Avant d’aller voir ce qui se passe derrière cette muraille … Le voyageur décida de faire une halte pour se restaurer …. Ouvrit son sac qu’il portait en bandouiller et s’apprêtait à s’asseoir

Ne bougez pas …

Le voyageur s’immobilisa … retenant sa respiration..son cœur s’accéléra….

Ne bougez pas …. Une vipère de Russell se trouve à votre droite ….

Tournant la tête sur sa droite, il la vit … de couleur beige, avec des taches marron entouré de noir..en rouler sur elle-même…une petite partie de son corps relever … se balançant … sa langue fourchue qui fendait l’air … Le voyageur déglutit … une peur au ventre commençait a l’assaillir … ne sachant que faire.. La vipère le regardait tranquillement …. Soudain , une dague vint s’abattre sur le reptile le décapitant ce qui fit sursauter le voyageur ….

Il se retourna vivement en direction de la provenance de la dague et des voix… La se tenaient deux hommes d’origine asiatique … D’age différent… Le voyageur déduisait qu’ils devaient être militaire au vue de leur vêtement et leur armes accrocher a leur ceinture. Bien que celui-ci n’est jamais vu d’accoutrement comme celui-la… Mais il avait traverser plusieurs contrées et rencontré différente culture, que les militaire se reconnaisse facilement….

Le plus vieux des deux fit un pas en avant ….

Cela aurait put vous être mortelle…

Le voyageur fit quant à lui un pas en arrière, tout en serrant son sac contre lui…..

Je vous remercie de m’avoir épargner ça messieurs….

La voix du voyageur était jeune et fluette… tout comme son physique qui était menue, pas très grand….

Je suis Jiang Li Tanaka Il se tourna vers le plus jeune.. Voici Dong-wook Hong

Mais le voyageur recula encore, regardant autour de lui nerveusement … Les deux hommes trouvaient ce comportement bien étrange….

Pour t avoir sauver la vie.. Étranger peux tu nous montrer ton visage … nous dire qui tu es et que fais tu sur ses terres….

Le voyageur au lieu de parler se mit a courir…. En direction des bois de Pins qui entourait le sentier. Les deux hommes se lancèrent a sa poursuite … Le voyageur s’avéra rapide et agile en zigzagant parmi la foret de Pins … Il tournait par moment la tête pour voir si ses poursuivants était toujours a se trousse … Mais les deux hommes de le lâchait pas d’une semelle… Alors qu’il se retournait a nouveau, le voyageur se prit le pied dans une racine et trébucha… se retrouvant face contre terre….

Les deux poursuivent qui avaient dégainé leurs sabres, les pointaient sur l’inconnu…. Alors que ce dernier se remettait de sa chute, le plus jeune des asiatiques s’approcha de lui et le releva de force ….

Voyons voir a quoi tu ressemble ….

L’homme lui enleva le foulard qui dissimulait le visage de l’étranger ….Libérant une crinière aussi doré d’un champs de blé en été et un visage au trait féminin… L’étranger s’avérait être une jeune femme…

Mais lâchez moi !!!!

Surprit par cette apparition, Dong-wook lâcha la jeune femme qui en profita pour se remettre a courir. Les deux hommes restaient un instant immobile se demandant si leurs esprits ne leur jouaient pas un tour mais ils partirent à la poursuite de cette jeune fille.

Ils la retrouvèrent rapidement, elle faisait face au vide d’une paroi rocheuse ou une dixième de mètre plus bas se trouvait une rivière aux eau profonde …Jiang Li fit signe a Dong-Wook de ranger son sabre et il en fit de même…

Nous ne te voulons pas de mal …. Dit il en s approchant …

Elle se retourna, les regardant d’un air méfiant.. Fit un pas en arrière, se retrouvant sur le bord…..

* bon selena ..va falloir réfléchir vite ..*

Ils dévisageaient cette jeune femme qui se trouvait face a eux . Elle n’avait pas les yeux en amande et la peau halée comme les habitant de Sunliao.. Ils pensèrent tout les deux à la suite de la prophétie ….

Elle serait le signe d’une migration d’autres femmes

Alors qu’ils firent un nouveau un pas vers elle. Un sourire en coin apparut sur le visage de la jeune femme …

Oui c’Est-ce qu’ils disent tous ….

Elle se retourna et sauta de la falaise …. Plongeant a pic dans la rivière …. Aucun des deux hommes n’avait eu le temps de la rattraper…

L’eau était froid et le courant important. Quant Selena remontait à la surface, elle se fit entraîner par le courant ne pouvant lui résister …. Se faisant ballotter a droite, a gauche … tout en tentant de se maintenir a flot ..la tête hors de l’eau …. Elle fut projette contre un rocher et se cogna la tête .. Une douleur sur le front l’assaillie. La sonnant un peu …. A force de lutter contre le courant et de tenter de rejoindre le bord …. Elle s’épuisa …

Alors qu’elle tentait une nouvelle fois de rejoindre le bord de la rive, une main ferme l’agrippa et la hissa sur la terre ferme … Elle n’eu pas le temps de voir qui l’avait sortie de l’eau qu’elle se trouva plonger dans le noir … Elle venait de s’évanouir ….

au palais

Mist Hood


Ambiance



Jung-woo s'était levé en trombe pour savoir ce que lui voulait son frère et il vit... la grande muraille s'étaler devant lui.
Le jeune homme était de retour chez lui, sur ses terres... Terres qu'on lui avait refusé pour une prophétie stupide... Il serra les poings mais une main amicale lui fit reprendre les esprits.

- Je sais que ton passé te poursuit mais pense à Kim. Je suis sûre qu'elle n'aimerait pas te savoir comme ça...
- Thésée... laisse-le 'tit ! T'y vois bien qu'il n'aime po cte cité... Même t'emps, c'est normal... L'vieux nous avé prév'nu...

La jeune femme lança un regard de braise à Vincenzo alors que Jung-woo lançait un regard vide à la Cité.

Quelques heures plus tard, la petite troupe arriva aux portes de la Cité de Sunliao. Les gardes avaient l'habitude de voir les Vistanis et laissaient volontiers entrer à l'intérieur. De plus, le mariage de l'impératrice allait se faire très prochainement.
De son côté, le jeune homme espérait vivement revoir la belle Kim.

- T'en fais pas Jung-woo, on t'arrangera ça, comme à l'époque...
- Si je me souviens bien, la dernière fois, ça c'est assez mal fini...
- Tout de suite les grands mots... Grâce à nous nous a quand même réussis à lui parler si je me souviens bien...

Le jeune coréen esquissa un léger sourire. Son coeur battait la chamade à chaque avancée vers la cité. Les portes s'ouvrirent et toute la troupe pénétra à l'intérieur. Une fête se préparait, c'était certain et les vistanis se tiendraient prêt à inaugurer le mariage de l'impératrice...

- C'est étrange, nous sommes déjà venus ici mais aujourd'hui, c'est tellement... différent...

Ambiance


Le soleil était haut dans le ciel lorsque Keita arriva à la muraille. Il y a tellement longtemps qu'il ne l'avait vu... Il s'arrêta un instant, profitant du spectacle et se remit en marche peu après.
Arrivé aux hauteurs des grandes grilles, deux gardes l'arrêtèrent.

- Halte !
- Je suis Keita Himura et...
- Keita Himura... N'es-tu pas ce samurai partit il y a sept ans... ?
- Oui, c'est exact, je suis ce samurai et je suis revenu pour voir ma mère !
- Je ne peux pas t'empêcher de revenir parmi les tiens alors, sois le bienvenue...

Le garde fit un signe et la grande grille se leva lourdement. Keita les salua et pénétra dans la Cité. La route était dégagée. Il y avait quelques effervescences à l'intérieur et le jeune homme se demanda bien pourquoi. Mais, il n'avait pas le temps de s'arrêter encore, sa mère était gravement malade et il lui fallait se dépêcher.
Un aigle siffla dans l'air, Keita releva la tête et reconnut de suite l'oiseau de sa soeur. Il le suivit rapidement et arriva devant sa demeure, celle de sa mère, celle de son enfance...
Le coeur serré, le coeur battant, il poussa la porte coulissante...



Chez la famille Himura

Ambiance

Jacky chevauchait le long de la muraille, perdu dans ses pensées....le général Choi l'accompagnait....
Le temps était clair, le soleil haut dans le ciel, le cliquetis des selles et le renaclement des chevaux brisaient ce silence pesant.....

Jiang-Li.....
Mmmm?
Je n'ai pas vu Park depuis quelques jours...gardera-t-il ses fonctions où l'impératrice lui a donné d'autre attributions?
Jacky émit un petit rire cynique.....
Si on considère qu'honorer la couche de mon épouse tous les jours et ne plus la quitter d'une semelle est une attribution....alors oui!
Sung-Soo baissa les yeux....
Le jeune homme était d'un tempérament tranquille, il ne s'était jamais remis du déces de sa femme lors d'une épidémie....à l'époque, Park et Jacky qui étaient les meilleurs amis du monde l'avaient soutenus dans cette épreuve....
Tu es injuste Jiang-Li.....n'est-ce pas toi qui a choisi Park? N'était-ce pas ton idée ?
Jacky arrêta son cheval...puis inspira profondément......les yeux clos, il renversa la tête en arrière....

Tuer tous les membres du conseil était également mon idée.....depuis Akeru m'en veut à un point tel que cela en devient inquiétant..
Tu as fait cela pour la protéger....le conseil était un nid de vieillards sournois et fourbes....j'aurais sans doute agi de la même façon....
Jacky lui fit un petit sourire et tâcha de détendre l'atmosphère...
Dis-moi Sung-Soo...maintenant que j'y pense...
Mmm?
Tu es le seul général qui n'a pas encore de promise.....
Sung-Soo éclata de rire...
Tu m'étonnes, j'ai trouvé le truc, j'évite de rencontrer l'Impératrice!!!!
La bonne humeur fut contagieuse, et ils se mirent à rire de bon coeur...

La tête de Dong-Wook quand Akeru a décidé de le marier à cette étrangère....Selena c'est ça????
Oui!!!
Hier il m'a confié que baillonnée et ligotée elle serait sans doute une épouse parfaite!!!!!
Et Joon?
Joon? Il semble ravi, sa petite souris le regarde comme s'il était un dieu vivant...elle a trouvé son point faible!
Il ne reste donc que toi !!!!!
Je préfère le célibat crois-moi!!!
On dit ça...et puis on tombe amoureux...
La mine de Sung-Soo s'assombrit.....le terrain devenait glissant et jacky le remarqua immédiatement...il était temps de changer de sujet....

Il n'eut pas à se creuser la tête....au loin...sur la colline....un cavalier....
Un étalon dont la robe semblait dorée, avançait doucement vers la muraille...
Les deux hommes se regardèrent et talonnèrent leur monture afin d'aller à la rencontre de l'étranger qui visiblement risquait à tout moment de tomber....

Juste avant


Ambiance

Akeru fit un grand sourire en voyant Tonnerre galoper vers elle.....
Elle avait tenu à laisser l'étalon en liberté...aussi il vagabondait à travers la cité...magnifique, libre, crinière brillant au vent.....

Elle se mit à courir, sentant son coeur exploser dans sa poitrine.....Tonnerre dérapa et galopa à ses côtés, se rapprochant suffisamment pour que la guerrière qu'elle était autrefois fasse un saut extraordinaire, s'agrippe à sa crinière et finisse par faire corps avec le démon noir....
Les fers étincelant au soleil de la matinée, son corps s’allongea afin de prendre de la vitesse…..
Park talonna sa jument blanche afin de rejoindre son épouse….
Ils longèrent la muraille au grand galop, libres comme le vent, heureux comme jamais ils ne l’avaient été….
Akeru en quelques jours était tombée amoureuse folle de ce jeune homme magnifique, avec lui elle se sentait revivre, grâce à lui, elle se sentait belle à nouveau….

Attends-moi Mee-Ae !!!!!!!
Elle avait pris de l’avance, son étalon exécutant de longues foulées, elle se retourna cheveux au vent….
Le premier arrivé au centre de la ville !!!!!
Tu es folle ???
JE SUIS FOLLE DE TOIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Park explosa de rire et talonna Miyu de plus belle, arrivant presque à sa hauteur…..Akeru était une cavalière extraordinaire, sans selle elle faisait corps avec l’étalon qui s’ébrouait de bonheur, les flancs trempés de sueur, crinière claquant au vent comme des fouets de cuir….
Oui elle était folle, gonflant ses poumons de cet oxygène qu’on lui avait si longtemps refusé….

*Lâche-toi Jezabel.....*
La jeune femme ferma les yeux, bercée par cette voix de l’eau delà
Ses mains lâchèrent la crinière de l'étalon.....

*Il est le souffle, la colère et le vent...il est l'aigle au dessus des cimes...*
Elle écarta les bras vers le ciel, grisée par le danger, souriant à la mort qu'elle défierait à nouveau

*Il représente l'élégance et l'intelligence..il est l'attaque du vent, le goût d danger au plus profond de ton coeur, il est l'air que tu expire de tes poumons.....la gifle qui te secoue le coeur....il est l'orgueil Jezabel....il est la vie....*

Le cheval traversa la plaine à toute allure, s'allongea, volant comme un aigle, éclairé par les rayons du soleil

*Il est l'amour et la fidélité.....*
A bout de souffle, la jeune femme, sentit son coeur exploser en une myriade d'étoiles

*Il est l'éternité...*

Akeru sentit à nouveau des sentiments extraordinaires envahir son corps, son coeur et son esprit....mais en lieu et place de ces bribes de souvenirs qui lui déchiraient le cœur, c’est le visage de Park qu’elle voyait…..

Oui elle était folle….folle amoureuse de ce jeune homme qui lui donnait envie de recroquer la vie à pleine dents….folle de ce général au sourire attendrissant…..folle de son riz trop salé, de ses éclats de rire et de son corps qui dans la chaleur de leurs étreintes faisait exploser en elle, un feu d’artifice et de bonheur…..

Ils arrivèrent bientôt vers les habitations……côtes à côtes, ils tendirent la main l’un vers l’autre afin de se toucher…..

Akeru n’avait jamais été aussi heureuse….
Le phénix renaissait de ses cendres…une fois de plus.....

Suite ici

Dans le désert ...


Ambiance ...

Les larmes se mirent à couler doucement sur les joues de Gaya….
Larmes de soulagement … Larmes d’épuisement … elle ne savait plus…

Elle s’affala doucement sur l’encolure de son cheval et le remercia.
Ils avaient réussit ….

Le voyage lui avait semblé durer des siècles mais jamais le bel étalon n’avait renoncé. Galopant à travers le désert, il n’avait ralenti l’allure qu’une fois atteint ce pays remplis de montagnes et de collines verdoyantes …
Ce pays semblait si beau, si différent du sien ...
Au loin, elle avait même aperçus un superbe cheval noir galopant comme le vent .

La jeune femme ferma les yeux et vacilla sur sa selle.
Elle essaya de toutes ses forces de ne pas tomber mais elle était si fatiguée …
Son corps n’était plus que douleurs et elle avait tellement sommeil …

Le cheval hennis doucement comme pour la rassurer mais Gaya était déjà hors d'atteinte ...
Elle se sentait sombrer lentement dans un puits sans fond et chuta lourdement sur le sol. Restant étendue sans bouger, elle s’enfonça dans l’inconscience.
Elle voguait sur une mer calme et paisible … Elle était libre maintenant…

Un léger sourire sur les lèvres, elle n’entendit pas les martèlements des sabots qui s’approchaient …

La grande prêtresse d’Isis s’était évanouie …

au palais
-2-
ambiance

Wen et ses hommes étaient partis en direction des limites de la muraille. Il avait choisit d’examiner de fond en comble la forêt avoisinante. La tigresse ne devait pas avoir beaucoup bougé depuis le passage de l’Impératrice et du Général.
Même si il ne dit rien, il se rappela la scène un peu plus tôt dans la cour du palais. Le visage en colère mais épanouie de l’Impératrice, et la joie de vivre que l’on voyait sur le visage du Général, ne montraient en rien qu’ils avaient été attaqués par une bête féroce.
Mais on ne discutait pas un ordre et il le savait. Il était loyal et dévoué, et devait faire ce qu’on lui avait ordonné, que cela lui semble logique ou non.
Son avis n’ayant pas été demandé il n’avait donc pas à le donner.

Au moins cette chasse à la tigresse lui donnait un bon prétexte pour s’en aller avec ses hommes se défouler en forêt. Il adorait être sur sa monture et galoper. Cette sensation de liberté lui permettait de ne faire plus qu’un avec la nature, de la comprendre et de mieux la connaître.
Quand ils furent arrivés auprès de la muraille ils repartirent cette fois ci en ligne et au trot par le second chemin. Si un animal se cachait ici ils le trouveraient et ils le ramèneraient. L’Impératrice leur serait reconnaissante.
Ils avancèrent doucement, par moment Wen levait le bras et tous s’arrêter. Quand il faisait cela ses hommes savaient qu’il voulait le plus grand silence pour écouter ce que les éléments l’entourant pouvaient lui apprendre.
Quelques secondes après il demanda par un signe de la main, de se rapprocher tout doucement, il leur murmura.

Il y a quelque chose de tapis au fond du fourré en direction de l’est à environ quelques encablures de cheval. Vous deux vous irez par la droite discrètement, vous deux par la gauche, tant qu’à toi tu viendras avec moi de front.

Ils se préparèrent et suivirent les ordres du capitaine. Wen avança doucement, la méfiance présente et grandissante.
Il n’y avait quasiment plus rien qui le séparait de ce qui était couché ici, quand il s’approcha écartant une branche de son passage, il fut reçu par un éventail positionner sous son cou.
Il se fixa net, ne bougeant plus le moins du monde. Cet éventail n’était pas un éventail de dame de compagnie, mais une arme vu les pointes aux extrémités. Il n’avait toujours pas relevé la tête mais quand il le fit, il fut surpris.
Une femme, une femme le menaçait. Elle avait les cheveux en bataille et ressemblait à une sauvage. Elle devait errer dans les alentours depuis un certain temps.
Se fut elle qui rompit le silence en premier.

Qui êtes vous ? Que me voulez vous ?

Je suis Capitaine de la garde Impériale. Nous sommes ici en mission, pour ramener la personne ou l’animal ayant attaqué notre Impératrice et son Second époux le Général Zhao.

Une incompréhension passa soudainement dans les yeux de la femme.

Quoi pardon ? Mais je n’ai attaqué personne et encore moins l’Impératrice, vous faites erreur.

Non je ne pense pas vous êtes sur le chemin donné par le Général, et étrangement on vous trouve armé. Veuillez s’il vous plait enlever cet éventail de mon cou.

Qu’allez-vous faire de moi si je ne m’exécute pas ?

Je vous l’enlèverais par la force. Que cela vous plaise ou non.

J’attends de voir cela.

Mais à peine eut elle le temps de dire sa phrase que Wen pris le fourreau de son arme, pour d’un coup sur le coté de sa taille, la faire pivoter sur elle-même. N’étant plus menacé par l’éventail sous le cou, il lui tapa au niveau de l’aisselle, puis de la pliure du coude. Sous le choc elle lâcha son éventail, mais elle ne s’avoua pas vaincu, elle allait lui sauter au cou, quand il lui mit un coup de fourreaux, à l’intérieur du genou.

Elle se retrouva devant Wen à genoux, et les gardes purent alors l’attraper par les bras, pour l’immobiliser.
Wen ramassa par terre son éventail, son baluchon ainsi qu’un fourreau contenant un sabre.
Ils lui nouèrent les bras dans le dos, ils la firent monter en avant du cheval de Wen et le capitaine s’assit derrière elle.

Eh bien maintenant en route, direction le palais et votre confrontation avec vos victimes.

Ils partirent, et pendant tout le trajet la femme maugréa que tout ceci n’était qu’injustice.

au palais

74. ( Auparavant, dans une auberge de Sunliao)

Ambiance, svp..

Furieuse contre cet impudent qui avait osé la traiter de voleuse, mais plus très sûre que sa colère était bien due aux paroles du guerrier, Jesse avait néanmoins un urgent besoin de prendre l’air. Seulement elle ne voulait pas retourner au White Star, non, elle savait qu’en s’y rendant, elle passerait les prochaines heures et les jours suivant à fulminer en attendant le retour de son cher époux et ça, elle ne le voulait plus. Il s’était déjà suffisamment moqué d’elle jusque là.

Ainsi la colère de Jesse n’était pas seulement dirigée contre ce Mad Martigan, mais ce soir là, elle était furieuse après tous les hommes de la terre. Furieuse et fatiguée, car on s’était bien trop souvent joué d’elle, et de ce qu’elle était véritablement : une pirate. On avait voulu la changer, faire d’elle une femme qui ne correspondait plus à la pirate que tous avaient crainte, il n’y avait pas si longtemps de ça. Jusqu’à ce qu’elle se perdît elle-même.

Alors ce soir un vent de folie la poussait à fuir, à fuir cette ombre qu’elle était devenue, courant après un nom, après une histoire, après celle qui était véritablement Lady Sparrow. Mais pouvait-on revivre son passé ? L’histoire était déjà écrite, et Jesse ne pourrait pas la recommencer, alors n’était-il pas trop tard ? Jesse ferma son esprit à ces pensées qui la torturaient jours et nuits, réalisant tristement que le rhum n’avait pas suffit à les noyer. Elle s’efforça de ne plus entendre que le son des sabots de Tornade, son galop éperdu dans les plaines sous la voûte étoilée de Sunliao. L’animal aveuglément, lui obéissait, comprenait son désir de se rebeller contre tout ce qui l’avait enfermée dans une histoire qui n’était plus celle d’une fameuse pirate.

Tornade se braqua brusquement, pilant si net que Jesse bascula par-dessus son cou et tomba lourdement sur le sol en poussant des cris de douleur. Elle se releva tant bien que mal et se mit à houspiller l’animal, ne comprenant pas sa réaction.

- Ventrebleu ! mais qu’est-c’qui t’a pris ??? J’aurais pu me tuer !

L’étalon agita sa tête, son œil fixant sa maîtresse et protesta doucement. Jesse voûta les épaules, réalisant qu’elle n’avait pas à s’en prendre à lui.

- t’as raison, au fond il vaudrait peut-être mieux..

Sa voix n’avait été qu’un murmure qui céda le pas à un lourd silence. Jesse fixa la bouteille qui dépassait de sa besace accrochée à la selle, et la saisit pour en boire goulument une longue gorgée. Elle se déplaça de quelques pas au devant du cheval quand soudain elle remarqua qu’elle se trouvait sur le bord d’un ravin. Elle poussa à nouveau un cri et fit quelques moulinets des bras pour retrouver son équilibre et recula aussitôt d’un pas, en jurant. Elle comprit brusquement le pourquoi de l’arrêt subit du cheval et lui jeta un regard en biais. Puis lentement, elle s’approcha à nouveau au bord de la vertigineuse paroi rocheuse qui plongeait dans un gouffre de ténèbres.

- Ainsi, le destin m’a conduit jusqu’au bord de ce gouffre. Peut-être me tend-il une perche ? Peut-être que le moment est venu pour moi, de mettre un point final à cette histoire ?

Jesse s’approcha encore un peu et frissonna soudain alors qu’un vent tourbillonnant s’élevait depuis le fond du ravin, accrochant au passage une larme dans le regard de la pirate qui fixait l’invisible au-delà du gouffre, qui regardait son passé, des souvenirs de ce qui avait été sa vie.

- Tu m’avais dit que j’avais encore une mission à faire ! Tu m’avais dit qu’il y avait une raison à ce que tu ne m’accordes pas mon droit de passage. Tu m’avais dit que je devrais guider les sans patries vers les terres libres et je l’ai fait ! Mais j’ai du faire une erreur quelque part… j’ai échoué ! Tu m’entends Callypso ??? J’ai échoué !!!!!

Les larmes coulaient librement à présent, beaucoup de rancœur, trop de tristesse..

- chacun a suivi son propre chemin, ils sont tous partis.. J’ai eu beau me raccrocher à ce que nous avions construit ensemble, il reste quoi ??..... dis-moi !!!! Que reste-t-il ???......... une femme qui n’est plus que l’ombre de Lady Sparrow, et qui a perdu tant de choses, et tant d’amis.. tant de désillusions..

Jesse se laissa tomber à genou, brisée, évacuant tous ces démons qui la rongeaient depuis si longtemps.

- j’ai essayé pourtant…tu sais que j’ai essayé, j’ai mené mon navire bien au-delà de ce qu’on pouvait imaginer, bien au-delà de ce que je pouvais imaginer… Il ne me reste plus que mes souvenirs..

Alors dans un dernier élan de rage, Jesse se redressa et brandit son poing étroitement serré, dans la nuit.

- Il a gagné ! ils ont gagné ceux qui ont tout fait pour nous détruire. Maudits soyez-vous !!!

Fièrement dressée, la pirate se rebellait une dernière fois face à son passé, une fois de trop, peut-être… Où peut-être un peu trop de rhum ? Son pied soudain, glissa sur la pierre humide et la pirate cette fois ne sut pas retrouver son équilibre. Jesse ne put éviter la chute en avant..

6.

- Stop !
- quoi ?
- elle s’est arrêtée.

A l’instar de son ami, Rool tira sur les rênes de son cheval et mit un pied à terre avant de l’attacher à un jeune arbre. Et tout comme Mad, il s’approcha lentement de l’endroit où se tenait la pirate. Puis Mad le tira brusquement en arrière, pour se tapir derrière des buissons épais et plein de..

- Nom d’une pipe en bois ! Des buissons ardents ! Aie !!
- chuuuttt, tu vas nous faire repérer !
- et alors? Je croyais que tu voulais la rattraper, chuchota Rool, prenant le même ton conspirateur que son acolyte. Rondidju, c’est plein d’épines ! Tu aurais au moins pu choisir un buisson qui ne pique pas.
- figure-toi, répliqua Mad sur un ton ironique, que je n’ai pas vraiment eu le temps de choisir !

Puis Mad se retourna vers la pirate et se tut pour l’écouter soliloquer.

- Mais qu’est-ce qu’elle fait ??
- elle parle à son cheval on dirait.
- un cheval qui s’appelle Calypso ?
- avec les femmes tu sais, il faut s’attendre à tout. En tout cas, elle en tient une bonne !
- tu parles, tu l’as vu descendre le rhum ? Elle m’en a à peine laissé un verre.
- c’est sûr, et elle n’en était pas à sa première bouteille…hmm..
- quoi hmm ?
- ça n’a pas l’air d’aller fort. On dirait bien qu’on a affaire à une demoiselle en détresse.
- Moi je dirais plus qu’elle tient pas l’alcool. Toi aussi quand tu bois trop, tu te mets à pleurnicher comme un bébé.
- Mad, je suis sérieux, tu devrais peut-être jouer ton rôle de gentilhomme.
- tu crois ?
- oui, les femmes aiment bien avoir une épaule pour pleurer. Alors vas-y, c’est l’occasion ou jamais.

Quand il s’agissait de jouer les chevaliers servant, Mad ne se faisait jamais prier. C’est pourquoi, affichant un large sourire, il se redressa, arrangea un peu ses vêtements et s’avança vers la pirate qui lui tournait le dos. Il allait lui signaler doucement sa présence quand il la vit tomber à genoux et l’entendit pleurer de plus belle. Mad s’arrêta, hésitant et tourna la tête en direction de Rool qui lui faisait des gestes pour poursuivre sur sa lancée.

- allez, vas-y grand nigaud qu’est-ce que tu attends ? Marmonna Rool, sachant que Mad ne l’entendrait pas, à moins qu’il ne sut lire sur les lèvres. Quelque chose dans l’attitude de la pirate, lui disait que la situation urgeait.

Mad fit deux pas supplémentaire. Au moment où la pirate se redressait, il l’avait presque rejoint et c’est là qu’il réalisa qu’elle se tenait au bord d’un puissant gouffre. *Nom de dieu, mais à quoi elle joue ?*

Il ouvrit la bouche pour parler mais tout à coup, elle bascula dans le vide. Mad bondit aussitôt en avant, se retrouvant à plat ventre sur le sol, criant sous le choc, mais ses réflexes étant ceux d’un des meilleurs guerriers qui soit. Il avait, juste à temps, saisit la main de la pirate, avant qu’elle ne tombât inexorablement dans ce puits mortel.

- Je vous tiens ! Tenez bon, je vais vous sortir de là.

La pirate leva le visage vers lui et il put lire dans ses beaux yeux, une détresse sans nom qui le déstabilisa pendant un bref instant.

- ça va aller.. ROOOL ?? UN coup de main ne serait pas de trop !

Mad entendit les pas précipités de son compagnon de route, retenant à présent à deux mains, celles de la pirate.

- oh mon dieu, juste à temps. Alors sur ce coup, Mad, bravo, tu mérites vraiment ton titre de chevalier.

Et tandis que Rool se penchait à ses côtés pour l’aider à hisser la femme en sécurité, loin du précipice. Mad, crispé sous l’effort, répliqua :

- oui ben on en reparlera, aide moi au lieu de palabrer.

75.

Les nébuleuses ténèbres se déchirèrent alors que le sol s’était dérobé sous ses pieds et que son sang se glaça d’effroi dans ses veines. Le rhum avait endormi ses réflexes et la nostalgie noyé le danger. Mais à présent que Jesse était pendue au dessus du vide, la réalité reprenait tous ses droits. Elle avait bien failli y passer et devait la vie à cet homme qui la retenait à bout de bras. Alors pendant ce bref moment quand leurs regards se croisèrent, la pirate ne fut plus très sûre de vouloir être sauvée.

Seulement c’était sans compter sur l’esprit dévoué de ce cher chevalier pour dames en détresse qui exhortait à présent son ami à l’aider à la sortir de cette situation désastreuse. Lady Sparrow ne s’était pas seulement noyée dans le rhum, mais sombrait dans le déshonneur. Quelle indigne façon de disparaître pour une pirate, et de paraître tout simplement. Au fond son époux avait bien raison, elle n’était qu’une pochtronne qui ne méritait pas plus de considération que son foutu clebs à la con. Tant de déchéance alors qu’elle avait été au fait de la gloire à la belle époque des mercenaires, montrait combien il devenait inutile de poursuivre.

Un dernier effort et la pirate se retrouva étendue sur la terre ferme, aux sabots de Tornade qui regardait la scène d'un œil intrigué. Sous le choc, Jesse était comme privée de réaction et ce fut son chevalier servant qui s’évertua à la tirer de sa triste torpeur.

- Mademoiselle ? ça y’est, vous êtes tirée d’affaire ! Je suis arrivé juste à temps ! hein Rool ?
- ça pour être juste à temps, il n’aurait pas pu arriver plus à point.
- elle réagit pas, tu crois qu’elle s’est cassé quelque chose en tombant ?
- dans ce cas, c’est pas ça qui la priverait de la parole surtout que jusque là, elle nous a offert un large répertoire de ses capacités vocales..
- de ses capa quoi ?
- genre elle n’était pas très silencieuse, si tu vois ce que je veux dire.
- hm ouais, mais je vais quand même vérifier.. bon de ce côté, tout à l’air en ordre, de ce côté aussi.. et euh voyons voir par là…

L’homme tâtonnait son corps sous toutes les coutures et c’est au moment où ses mains s’appliquèrent un peu trop à tâtonner sa poitrine que Jesse retrouva ses esprits et lui administra une claque retentissante qui fit pousser un « ouch » de compassion au dénommé Rool. Sous le coup, Mad recula, la main sur sa joue en feu, trébuchant avant de parvenir à se redresser, et se retourna pour s’indigner vivement de cet injuste traitement.

- Mais qu’est-ce qui vous prend ???? Je vous sauve la vie et c’est ainsi que vous me remerciez ??
- j’t’avais rien demandé! Tu aurais mieux fait de me laisser tomber dans ce trou.
- quoi ?? Non mais tu entends ça Rool ? Voyez comment les femmes sont reconnaissantes des sacrifices qu’on fait pour elles. J’ai failli me fêler une côte par votre faute ! Et j’aurais très bien pu y passer aussi!

Jesse qui s’était redressée à son tour, arrangea un peu sa tenue et jeta un regard dédaigneux à ce fameux sauveur.

- il aurait peut-être mieux valu aussi. La terre se serait vue débarrassée d’un cloporte de plus.
- Quoiaaa ??? Rool tu entends comment elle me parle ? et moi qui pensais avoir un peu de compassion.
- hum… on dirait que c’est raté sur ce coup-ci.. elle a pas l’air très compatissante la dame.

Jesse fit volte face, faisant voler sa crinière blonde sous le coup de la colère.

- CAPiTAine !! Je vous prie ! Je n’en reste pas moins capitaine, malgré ce à quoi vous avez assisté ce soir..

Mad échangea un regard avec Rool et pointa sa tempe de l’index, un geste plein de sous entendu auquel Rool ne put répondre qu’en haussant les épaules. Puis ils suivirent Jesse qui venait de saisir la bride de Tornade avant de s’éloigner de cette clairière aux abords du ravin qui avait failli servir de tombe à la pirate.

- Et alors CAPITAaèèène, vous comptiez aller où comme ça ? Retrouver votre équipage ?

Le ton était plein d’ironie, mais Jesse n’en avait cure. Pourtant il lui faudrait bien un jour ou l’autre retourner à bord.. Oui mais elle n’en avait pas la force pour l’instant, elle cherchait toujours à fuir tout ce qui touchait à son passé, ce passé qui ne la reliait plus à rien.. qui ne signifiait plus rien. Aujourd’hui Jesse devait songer à son avenir, mais ça aussi c’était trop lui demander. Quel avenir avait-elle ?

A nouveau complètement désemparée, le chagrin noya ses yeux. Jesse s’arrêta alors que les deux autres avaient à leur tour récupéré leur monture. Et c’est d’un ton misérable qu’elle répondit :

- j’ignore où je vais, ce que je ferai demain et je ne veux plus songer à ce que j’ai fait hier..

La pirate se laissa brusquement tomber sur un rocher, lâchant la bride de Tornade et se cacha le visage dans la main.

7.

Mad ne savait plus comment aborder cette femme. Ses réactions étaient des plus surprenantes et quoiqu’il dise ou fasse, ce n’était jamais à sa convenance. Il avait voulu se montrer serviable et elle l’avait envoyé balader, il lui avait sauvé la vie, et elle ne lui en était même pas reconnaissante. Pourtant il ne pouvait s’empêcher de persister dans son désir de lui plaire, ou plutôt de la séduire. C’était une femme de caractère, et il n’y était pas du tout indifférent, ou peut-être était-ce ses formes généreuses qui l’attiraient ? Ou finalement n’était-ce que le contenu de sa bourse qui l’empêchait de se détourner définitivement de cette pirate ?

N’étant pas homme à reconnaître facilement ses faiblesses, Mad opta pour la bourse, après tout en ces temps difficiles, tous les moyens étaient bons pour essayer de s’en sortir, et s’il pouvait joindre l’utile à l’agréable que demander de plus ?
Le regard du mercenaire se posa sur la pirate qui s’était soudain assise sur un rocher et qui pleurait silencieusement entre ses mains. Il se mit alors à fouiller ses poches à la recherche d’un mouchoir. N’importe quel chevalier servant se devait de toujours en avoir un à sa portée en cas d’urgence, comme cela semblait être le cas en ce moment. Las, il n’en avait aucun sur lui.

- tiens !

Mad baissa les yeux sur le mouchoir que lui tendait son compagnon de route et le remercia d’un sourire avant de le tendre à son tour à la pirate.

- séchez vos larmes, belle capitaine, cela me brise le cœur de vous voir si triste, lui dit Mad en s’accroupissant pour se retrouver à la hauteur de son visage.

Elle le regarda et Mad soudain se noya dans ces yeux mordorés, incapable de dire ou de faire quoique ce soit, comme si brusquement le temps s’était figé.
Rool qui observait la scène avec un certain amusement, se dit que plus tard, il ne manquerait pas d’écrire une chanson en souvenir de cet instant. Une chanson qui parlerait d’une belle pirate qui avait eu le cœur brisé, on ne sait trop par qui, et qui heureusement avait croisé le chemin d’un preux chevalier. Le chevalier Mad Martigan n’avait pas hésité à risquer sa vie pour sauver celle de la belle et qui à présent était tout disposé à la consoler.

- Et peu importe sa douleur, peu importe le passé, car demain, et ensuite, il sera toujours là pour la protéger.

Emporté par une inspiration soudaine, Rool s’était mis à déclamer ces vers, interrompant l’instant précieux, et s’attirant le regard furibond de Mad et celui perplexe de la pirate.

- Oh désolé, je ne voulais pas interrompre ce charmant instant. Mais poursuivez donc, je vous en prie.
- Rool !
- oui je sais je sais, je suis déjà parti…

Rool s’éloigna, gardant avec lui les deux chevaux, au cas où le hennissement de l’un ou de l’autre aurait dérangé le couple. Mais il n’eut guère le temps de s’éloigner, car à peine avait-il parcouru quelques mètres que le son d’une cavalcade lui parvint, et peu après des cris de colère.

- OH Par Erato !! Ils nous ont retrouvés ! MAAAAAaaaaaaaad !! Vite, il faut fuir !

Mad se redressa vivement en entendant les cris de Rool. Celui-ci venait de bondir en selle et s’approcha de Mad pour lui tendre la bride de son propre cheval.

- Vite ! Ils arrivent !
- qui donc ?
- mais euh.. c’est une longue histoire, voyez-vous madame la capitaine, et il se trouve que ce n’est nullement le moment ni le lieu pour vous l’expliquer.
- Rool plus tard.. Vous, vous venez avec nous.
- moi ?
- on en discutera plus tard, pas le temps à présent…Dépêchez-vous !

Mad tendit une main à la pirate, l’invitant par ce geste à grimper en selle avec lui.

Bodicea - Enya

Derrière elle, le passé, sa vie d'avant, Ynys Prydein, la belle citée du pays vert, protégé par la Ceinture d'Arbres, de tout cela, elle se l'est jurée, elle n'aurait pas de regrets ! Au devant, l'inconnu, du moins pour l'avenir, car ces pays, elle les a déjà parcouru par le passé, dans sa fonction de Prime Prêtresse, assimilable à celle d'un diplomate.

La neige a recouvert leurs traces, aide de la Déesse pour que jamais personne ne puisse suivre les traces de Sa fille qui a choisi sa voie loin de celle toute tracée par Ses voies.

Utopia s'est déployée sous les sabots de leur monture, fière contrée libre de Liberty, aux peuples à la mixité étonnante et réjouissante. Parmi eux, le trio humaines-louve a passé plusieurs semaines, allant au gré du vent, là où les pas de leurs montures les menaient. Au milieu de ces gens plus ou moins accueillants, la jeune femme a pu remettre en pratique sa connaissance des différentes langues libertiennes, elle lui servirait bien à l'avenir.

Cependant, Alba, elle ne parle que leur langue, le gaélique, peu connu des étrangers de par l'isolement de sa mère patrie. Ainsi, elles conservent leurs secrets, leur intimité et leur monde extérieur à celui de tous.

Chaque jour passé est comme un poids ôté des épaules de Meleandra qui se redresse à mesure que la distance qui les sépare de leur destination s'amenuise. La survie dans la nature n'est pas un problème pour le duo mère et fille, l'apprentissage qu'elles ont suivi, et dispensé pour l'ainée, les a aussi préparé à cela, vivre en harmonie avec leur environnement.

C'est grâce à cela qu'elles ont pu traverser le Vestalia Imperii sans encombre malgré les troubles agitant cette vaste terre. Si la druidesse n'avait pas été ravie de se voir menée là bas, elle ne s'était pas opposée au choix de leur direction. Néanmoins, à l'instant où elles s'étaient éloignées de ce territoire dangereux, le soulagement avait permis de desserrer l'entrave sur son cœur, cette angoisse sans cesse renouvelée de perdre ce qui lui est le plus précieux, sa fille.

L'Empire de Sunliao accueille maintenant leur cheminent. Au loin, Mélia peut apercevoir les contours d'une muraille qui ceint le territoire. Mentalement, elle adresse un remerciement à son Guide Eternel qui leur a permis de passer à côté de cet obstacle.

La fatigue se fait sentir chez Alba. Le caractère de feu, hérité de sa mère, de la petite, se manifeste de plus en plus souvent. Avec sa sagesse et ses expressions empreintes de sérénité, elle a tendance à oublier que la chair de sa chair n'a que neuf ans.

Plusieurs jours passent encore, rythmés par les allures équines et le rythme solaire. La muraille qu'elles rencontrent cette fois, Méléandra la connait pour l'avoir franchi aux temps jadis et sait par où la contourner pour tomber sur une porte.

Mère ! Qu'est ce que cette terre où les murs ont remplacé les arbres et où les hommes ont les yeux si étrangement étirés ?
Nous sommes à Sunliao. Les mœurs ne sont pas les mêmes que chez nous, à l'instar d'Utopia, comme tu l'as déjà vu.
La Déesse ne les a-t-elle pas guidés comme nous ?
Ses Voies sont impénétrables ma chérie ! Elle est partout...

Là de l'enfant de continuer la phrase de sa mère, apprise longtemps auparavant et récitée sans jamais se lasser.

... Elle est partout et chaque être vivant ici bas est Son enfant. Le vent est Son Souffle et la terre Sa matrice féconde. Elle est la Naissance, la Vie et la Mort.

A ces mots, dans un même geste, toutes deux embrassent le bout de leurs doigts pour l'apposer au milieu de son front pour l'une et sur son croissant de lune pour l'autre.

Soudain, leur mouvement est interrompu. Des hommes en armes arrêtent les chevaux en les saisissant à la bride. Sans un cri, Alba se tasse sur sa selle après avoir interrogé sa mère du regard. Celle ci lève les mains en signe de paix et saute au sol dans un mouvement souple.

Un homme en armure plus élaboré, casque rabattu, s'approche d'elle à grandes enjambées, épée au poing. Elle s'avance, sourire doux aux lèvres. Sa longue robe blanche bat ses chevilles et descend le long de son corps en une seconde peau souple et simple. Le vent rabat sa crinière de feu dans son dos, une mèche lui galope sur le front qu'elle rabat d'un doigt preste.

Ce simple geste révèle le lourd bracelet de cuir à son poignet, masqué auparavant par sa manche...un fourreau à stylet... Aussitôt, sur un mot de leur supérieur, les soldats l'entourent. Elle lève les mains en signe de reddition et commence à parler dans leur langue.

Paix ! Je viens en paix ! Je suis d'Ynys Prydein, au delà, bien plus au Nord. Je ne cherche qu'un refuge où commencer une nouvelle vie !
Qui êtes vous ?

La voix qui sort à présent du casque semble jeune. Meleandra relève ses deux manches et jette à bas ses armes afin de prouver sa bonne foi pour planter les poings sur les hanches, le regard effronté.

Je ne décline pas mon identité devant quelqu'un qui me cache ses traits !
Et je ne dévoile pas mes traits devant quelqu'un qui me cache son identité !
Nous sommes dans une impasse.
Nous sommes dans mon pays !

Un rire sonore s'échappe de la gorge de la rouquine, étonnant les hommes alentour. Ses traits perdent leur masque neutre pour révéler leur jeunesse en une expression de simplicité extrême.

Je me nomme Meleandra Sassech, Fille de la Déesse, Prime Prêtresse d'Ynys Prydein. Du moins l'étais-je... Et voici ma fille Alba !

Les hommes dévisagent l'enfant, peu habitués à en voir de si jeunes depuis longtemps. En la présentant, la druidesse s'est placé habilement entre son enfant et les armes.

A présent puis je savoir qui me tient sous le joug de sa lame ?

Sous son casque, le jeune général hausse un sourcil devant l'impudence de la celte. Ses traits se crispent. Les secondes passent, une minute, puis deux, sans qu'il n'esquisse un geste, pas plus qu'elle.

Tous deux se dévisagent à travers la visière de sa coiffe. Enfin, devant son regard franc qui ne se baisse pas, il remet son arme au fourreau pour ôter lentement son masque de métal.

Général Zi-Long Xue ! Sur ordres de leurs majestés impériales, je vous escorterais jusqu'au palais où il sera décidé de votre sort !

Un sourcil se hausse sur le visage pâle de la prêtresse à la mention des majestés impériales. Elle a bien entendu dire qu'une Impératrice avait été nommée mais plus non... Lorsqu'elle était venue en ces terres il y a des années, les sages s'occupaient du pays.

Puis je au moins remonter sur mon cheval ? Voilà des semaines que je chevauche et je suis fourbue.

Le ton sur lequel elle vient de demander cette autorisation lui déplait. Son ironie est saillante et le regard effronté qu'elle porte sur lui le hérisse, lui nouvellement nommé à sa fonction. Enfin, elle remonte en selle, imitée rapidement par le générale et quelques hommes qui les escorte.

Ainsi entourée, sous bonne garde, elles franchissent enfin le dernier pas vers une nouvelle existence, Meleandra le sent...

76.


Jesse qui peut à peu recouvrait ses esprits, regarda la main que lui tendait Mad Martigan, puis Rool qui les attendait et enfin la forêt d’où lui parvenait le son de plusieurs galops. Elle fronça les sourcils et dédaignant la main que lui tendait Mad, protesta :

- Moi fuir ? Jamais ! Qu’ils viennent et je leur montrerai de quoi est capable Lady Sparrow !
- quoi ? Vous plaisantez j’espère ??!
- Que Nenni ! Je suis une pirate pas une lâche, je refuse de jouer les poltrons ! Mais si vous préférez vous en aller, au lieu d’affronter avec courage l’ennemi, libre à vous !
- Non non non, ce n’est pas possible ! Ils sont trop nombreux, Mad, ne l’écoute pas, cette femme est saoule !!
- Quoia ?? Je ne suis pas saoule et je vais vous le prouveeeer !!!!!

Et sous les yeux ébahis des deux compagnons, Jesse dégaina son pistolet et son sabre. Elle se campa sur ses jambes face au groupe de chevaux qu’on pouvait apercevoir à travers les arbres.

- Venez ! Venez vous battre, et affronter en face votre destin !!
- Capitaine, il faut nous en aller pendant qu’il est encore temps !
- laisse tomber, elle est folle ! Folle à lier !

Mais malgré cette dernière réflexion, Mad n’en redescendit pas moins de son cheval et dégaina à son tour son épée qu’il tint à deux mains en venant se positionner non loin de Jesse qui ne lui accorda pas un seul regard, son attention toute concentrée sur les hommes qu’elle vit brusquement débouler sur eux.

- Ils sont là, les voleurs de chevaux ! Arrêtez-les !!

Jesse jeta un coup d’œil par-dessus son épaule à Mad.

- vous avez volé des chevaux ?

Mais le moment n’était plus à la discussion. Les cavaliers fonçaient tout droit sur eux, et Jesse ne comptait pas les laisser les arrêter. Elle pointa son pistolet sur le premier du groupe, visa rapidement et abattit le cavalier qui s’effondra à bas de sa selle, laissant son cheval continuer seul. Mais le temps n’était pas au repos et à peine la balle tirée, elle rangea son arme dans sa ceinture, et bondit soudain sur un rocher pour sauter au vol sur un des autres cavaliers, le réduisant aussi vite au silence que le premier. Elle le poussa à bas de cheval pour reprendre les rênes, et fit faire demi-tour à l’animal pour revenir affronter les autres hommes qui livraient déjà combat avec Mad Martigan et Rool.

Après un bref galop, elle rattrapa deux autres des hommes, et d’un adroit coup de sabre à sa gauche, frappa le premier, puis d’un autre coup à droite, Jesse se débarrassa du second. Elle s’apprêtait à descendre de cheval pour combattre face à face la poignée d’hommes qui restait quand elle vit Mad en train de livrer un combat acharné contre trois adversaires en même temps. Et le bougre maniait sacrément bien l’épée. Il luttait avec une belle aisance contre ses adversaires pendant que Rool de son côté, … reculait plus qu’il n’avançait.

La voix de Jesse soudain porta par-dessus le son des combats. Elle se sentait saisie par une rage incroyable de vaincre et exhortait ses adversaires à venir se battre avec elle.

- A moi la victoire, à moi la gloire, tendez vos lames, bande de cloportes que je vous envoie en enfer !

Et c’est avec cette folle énergie que la pirate se jeta dans d’autres combats. Les lames s’entrechoquaient avec force, et le son de cette savante chorégraphie, réjouissait d’autant plus l’ouïe de Jesse.

8.

Le souffle s’envolait en nuage de brume, dans la fraîche nuit de Sunliao. Mad fixait les hommes étendus sans vie à leurs pieds. Le bruit des lames s’entrechoquant, avait cédé le pas au silence au cœur de cette sombre forêt. Combien étaient-ils, ces hommes venus les poursuivre pour avoir volé leurs chevaux ? Cinq, six, sept, huit, ils étaient tous étendus là, leur sang se répandant lentement sur le sol humide.

Mad assommé par la tournure qu’avaient pris les évènements se tourna lentement vers la pirate qui elle affichait un sourire satisfait. Il la regarda essuyer son sabre sur le vêtement d’un des cadavres et le rengainer ensuite dans son fourreau, dans un geste sûr avant de pousser un bref sifflement aigu.

Alors un étalon à la robe d’or s’avança vers la pirate et vint s’arrêter juste devant elle.

- ces hommes ne vous créeront plus d’ennui. Dit-elle avant de saisir la bride de son cheval et de bondir en selle.
- ah ça, c’est certain. Mais enfin ! N’aurait-il pas été plus simple de s’en aller ? Pourquoi avoir tué ces pauvres bougres ? Ils n’avaient rien fait à part vouloir récupérer leurs chevaux.

Mad observa la pirate qui perdit son sourire pour dévisager gravement Rool qui se dressait devant l’étalon.

- Fuir ne mène à rien, sauf à devoir fuir toujours plus loin. Et sachez que je n’ai pas pour habitude de tergiverser quand on m’attaque. Il ne vous reste plus qu’à reprendre ces chevaux qui à présent vous appartiennent, et aller où bon vous semble.
- et vous ?

La femme dévisagea Mad en silence, laissant son cheval piétiner d’impatience.

- qu’importe où je vais ?
- cela m’importe à moi..

Rool les regardait à tour de rôle, et secoua la tête.

- Bon à présent, mieux vaut s’en aller rapidement d’ici, avant qu’une milice ne nous tombe dessus et nous envoie à la potence pour ces crimes.

Il fouilla les sous bois du regard, repéra les deux chevaux et se dirigea vers eux, puis ramena les deux montures à Mad.

- Mad ?
- oui on s’en va.. Capitaine ? Ajouta-il en grimpant à son tour à cheval, aussitôt imité par Rool et s’élança à la suite de Lady Sparrow qui menait son cheval au pas.

Nous pourrions faire un bout de chemin ensembles, qu’en pensez-vous ?

Il lui sourit alors qu’encore une fois, elle le dévisageait, sourcils froncés.

- la route ne m’appartient pas, vous êtes libre d’aller où vous le souhaitez.
- alors vous voulez bien ?
- ce n’est pas ce que j’ai dit..
- ah..
- Et pourquoi souhaitez vous poursuivre votre chemin avec moi ?

La question directe désarçonna Mad qui n’avait pas vraiment de réponse adéquate. Certes, il connaissait parfaitement la raison pour laquelle il tenait à poursuivre la route ensemble, mais il ne pouvait de toute évidence pas lui dire que c’était sa bourse qui l’intéressait. Dans ce cas, il lui fallait trouver un autre prétexte. Alors dans un grand sourire, il déclara avec emphase.

- j’aimerai en apprendre plus sur vous. J’ai admiré la façon dont vous vous êtes battue tout à l’heure, et je me suis dit que peut-être vous pourriez m’apprendre quelques bottes secrètes ?

Rool qui venait derrière eux, une fois de plus secoua la tête, Mad Martigan n’avait besoin de recevoir de conseil de personne en matière de combat, mais de toute évidence, il avait d’autres idées en tête, et il avait bien retenu la leçon de Rool, la flatterie plaisait toujours aux dames.

77.

Tenant d’une main souple, les rênes de Tornade et se laissant balancer au rythme du pas du cheval, Jesse jeta un regard par-dessous son chapeau à Mad qui la regardait tout sourire. Cet homme n’était qu’un vil flatteur, et Jesse n’avait pas vraiment la tête à flirter, et puis il y avait Max.. Que faisait-il en ce moment, son vaurien de mari ? Elle reporta son regard sur la piste devant eux et répliqua sur ce même ton indifférent qu’elle avait adopté depuis le début de leur conversation :

- Vous n’avez rien à m’envier, vous faites un excellent guerrier. Et j’en ai vu suffisamment dans ma vie pour reconnaître les hommes qui savent se battre quand j’en croise.
-vous m’en voyez flatté !
- ce n’est pas de la flatterie, juste une constatation. Tout comme je constate que tout charmeur que vous êtes, c’est autre chose qui vous intéresse que ma façon de manier le sabre. Alors si je ne vous l’ai pas encore précisé, sachez que j’ai déjà un homme dans ma vie.
- oh vous êtes déjà mariée ?
- exacte.
- et votre mari, il est où ?

Jesse se renfrogna, n’aimant pas la tournure que prenait cette conversation.

- en visite chez une amie.
- et pourquoi ne l’avez-vous pas accompagné ?
- parce que.. Non mais de quoi je me mêle ? Ca ne vous regarde pas !
- désolé, je vois que j’aborde là un sujet sensible.

Et devant un nouveau regard furieux de la pirate, Mad l’air de rien, changea de sujet :

- Et comment vous gagnez votre vie, capitaine ?
- suis une pirate, à votre avis, comment un pirate gagne-t-il sa vie ?
- en volant des navires peut-être ? Tenta Rool qui venait légèrement en retrait. Il n’avait pas oublié la réaction de la pirate quand Mad lui en avait parlé à la taverne.
- nan, j’ai le meilleur navire qui soit, pas besoin d’en voler d’autres.
- je vois alors.. en pillant et en volant comme un forban sans âme et sans cœur !

Jesse se tourna pour dévisager l’air stupéfait, Mad qui venait de prononcer des paroles déjà entendues par le passé, mais venant alors de la bouche d’un homme qu’elle n’était pas prête d’oublier.

- oui, c’est ça..
- oui mais et quand vous êtes à terre ?
- hé bien, je me bats pour ceux qui veulent bien me payer, ou .. s’il le faut, dans la pire des situations.. Quoi ? Pourquoi souriez-vous ainsi ?
- parce qu’au fond, vous êtes toute pareille que moi !
- moi ? comme vous ? Vous plaisantez j’espère !
- non pas du tout, moi aussi je suis un mercenaire au service de qui veut bien me payer.
- je croyais que vous n’étiez qu’un chevalier au service des demoiselles en détresse ?
- oui à l’occasion.. Mais quand elles refusent mon aide, il me faut bien trouver d’autres moyens de subsister.
- logique.. Désolée alors de vous avoir privé de l’occasion de jouer aux chevaliers servants. Dit-elle sur un ton narquois.
- oh mais je n’ai pas été tout à fait inutile, puisque je vous ai sauvé la vie !

Rool qui ne manquait pas une miette de la conversation, ajouta en voyant le sourire triomphant de son compagnon.

- ça il n’a pas tord ! S’il n’était pas arrivé à temps…
- hé, vous voyez !
- Et alors, vous voudriez peut-être que je vous offre une récompense pour m’avoir empêché de tomber dans ce gouffre ?
- ma foi, je n’dirais pas non !

Jesse irritée par l’audace de ce chevalier trop culotté, tira sur les rênes de Tornade pour l’arrêter.

- Tiens donc ! Je croyais que vous étiez un preux chevalier servant, prêt à tout pour aider les demoiselles en détresse, alors c’est bien la première fois que j’en croise un qui soudoie ses services !

Et elle poussa son cheval à repartir au trot, sans attendre sur les deux hurluberlus qui se jetaient des regards navrés dans son dos.

9.

Mais c’est qu’elle commençait à l’agacer, cette pirate avec ses airs supérieurs.. Cette capitaine qui ne lui était même pas reconnaissante d’avoir risqué sa vie pour sauver la sienne. Vexé, Mad talonna sa monture pour revenir à la hauteur de Lady Sparrow.

- Je vais finir par regretter d’avoir risqué ma vie pour vous sauver !
- risqué votre vie ? Au fait.. comment se fait-il que vous vous trouviez juste là à cet instant précis ? Cet endroit n’était pas vraiment très proche de la taverne où nous nous sommes rencontrés ! M’auriez-vous suivie ?

Mad qui s’apprêtait à répliquer du tac au tac, resta du coup sans voix. Il l’avait suivie, certes, mais comment allait-il lui expliquer ça ? Ce fut Rool son bon ami qui vint à son secours.

- Nous vous avions suivi, oui.
-quoi ?? Mais qu’est-ce que tu racontes !

Dans le dos de la pirate, Mad faisait des gestes furieux pour signifier à Rool de se taire. Mais ce dernier n’en tint aucun compte et continua avec assurance.

- Quand Sir Mad Martigan a vu que vous ne vous sentiez pas très bien…
- Je me sentais parfaitement bien !!!
- oui enfin il a supposé que peuuut-être vous risqueriez de vous trouver mal.

Rool ignora à la fois l’air dépité de Mad et le regard dubitatif de la pirate pour poursuivre.

- et en tout bon chevalier servant qu’il est, il a estimé de son devoir de vous suivre, afin de s’assurer qu’il ne vous arriverait rien. ET il a bien fait ! S’il ne s’était pas inquiété pour vous, vous seriez au fond de ce ravin à l’heure qu’il est.

Il observa la pirate, attendant sa réaction, mais elle resta silencieuse et finit par se détourner d’eux pour ne plus leur adresser la parole.

- Laisse tomber, Rool, tu te fatigues pour rien. Cette femme est incapable de reconnaissance, ça lui arracherait la langue de me dire merci.. et.. Hey.. attendez !! Lady Sparrow, Attendez ! SStooppp !!

Trop tard, la pirate ne tint pas compte de l’avertissement de Mad et poursuivit sa route, tout droit dans le piège. L’œil acéré du guerrier avait repéré la corde au sol, en plein milieu de la piste et brusquement un filet leur tomba dessus, aussitôt suivi des cris des mystérieux attaquants qui surgirent de toutes parts. Le cheval de la pirate se cabra devant cette attaque et la femme finit par tomber au sol, sa chute entraînée par le filet sur lequel leurs assaillants tiraient.

L’attaque soudaine les empêcha de riposter, et tous trois furent rapidement maîtrisés par une bande de sales types aux allures de barbares.

- Arrêtez, on a rien fait.. on vous jure que c’est pas nous !!
- lâches moi espèce de macaque !
- Si tu essaies encore de poser tes sales pattes sur moi, je vais me ………PAF

Mad s’était retourné au moment où un homme assenait un terrible coup sur la nuque de la pirate qui s’effondra, inconsciente sur le sol. Il s’insurgea alors devant un tel traitement, mais eut le droit finalement au même sort que la pirate. Il n’avait rien vu venir, et les ténèbres brusquement s’abattirent sur lui.

( A suivre au camp des Kurgans)

16. ( Avant, camp Kurgans)

Après trois jours de poursuite, de pistage, et à force de persévérance, ils apperçurent enfin les fumées d'un feu, signe qu'ils touchaient au but. Mais Genkan resta sur ses gardes. Peut-être que ces Kurgans savaient qu'ils étaient poursuivis, en tout cas, ils avaient drôlement vite levé leur camp, aux abords de la muraille.

Il ne fallait rien précipiter. Le général ne ferait aucune erreur cette fois. Il recommanda à chacun de ne pas faire le moindre bruit, et fit signe à ses soldats de se disperser dans la forêt alentours. Au moindre signe d'alerte, au moindre cri, ils recurent l'ordre d'attaquer. Mais il leur faudrait approcher le plus possible du bivouac des Kurgans. Et c'est ce qu'ils firent.
Le général jeta un regard en direction des occidentaux qui l'accompagnaient depuis le début. La pirate se disait amie de l'Impératrice et semblait tenir à régler leur compte aux Kurgans, comme les deux hommes qui l'accompagnaient.

Il avait accepté leur présence, suivant son instinct, espérant seulement qu'il ne l'avait pas trompé, et que ces trois-là, ne se retourneraient pas contre les sunlaoistes.
Tout était si calme. Ils perçurent bientôt des bribes de conversation, des éclats de rire et le fumet d'un cochon sauvage qu'on avait mis à rôtir. On ne se doutait de rien .. c'était parfait..

Le général fit des signes à trois de ses hommes. Il fallait repérer les vigies et les neutraliser rapidement. Les trois soldats partirent sans faire le moindre bruit, ombres silencieuses en ce début de soirée. Ils n'avaient pas pris le temps de s'arrêter, et de se reposer.. Le repos viendrait ensuite. Quelques fourrés s'agitèrent aux alentours du camp Kurgan et bientôt les hommes revinrent vers eux. Ils firent un signe affirmatif au général et Genkan fit le geste de continuer leur progression. Ils se dissimulèrent derrière les derniers buissons, avant d'avancer à découvert en direction du camp. L'ennemi était calme, ne se doutait pas un instant de ce qui allait leur arriver.

Alors Genkan poussa un terrible cri de guerre, et lui et sa troupe déferlèrent sur l'ennemi, avec un tel effet de surprise que la moitié de leurs soldats fut décimée avant que les véritables combats ne s'engagent. Ivre de rage, Genkan frappait de sa dague et de son bouclier sans discontinuer. Les coupls pleuvaient, l'ennemi parait, parfois une lame frôlait le général, mais jamais ne l'atteignait. Le sang éclaboussait généreusement sa lame ainsi que Genkan lui-même. Le combat ne cesserait que quand l'ennemi serait entièrement mis à terre..

Il avançait entre deux combats, son regard cherchant à repérer son vieil ami, espérant le trouver encore en vie. Genkan parait des attaques, et luttait encore, sans parvenir à voir où Subotaï pouvait se trouver.

87.

Aux côtés de Mad, Jesse ne relâchait pas ses efforts, le combat était intense, les kurgans, des guerriers acharnés et d’une sauvagerie exceptionnelle. Ils avaient très vite récupéré de l’effet de surprise et rendaient les coups avec une hargne sans pareille. Le combat fut rude, très rude, et même si Jesse maniait le sabre mieux que personne, même avec un adversaire aussi adroit à manipuler une épée que Mad, elle sentit que la bataille serait loin d’être gagnée d’avance. Ainsi les combats se poursuivirent jusqu’au dernier ou presque.

Ce qui mit un arrêt à la bataille fut le cri d’alerte de Rool qui avait vu des cavaliers partir au galop.

- Là-bas, trois cavaliers ! Ils prennent la fuite !!

Un des soldats du général se rapprocha de ce dernier :

- devons nous les poursuivre ?

Mais un autre homme arriva en courant.

- Général ! Il est là, Subotaï..

Jesse échangea un regard avec Mad. De toute évidence, la poursuite s’arrêterait là. Ils suivirent le général jusque vers une des tentes, et attendirent devant que le général prit connaissance de l’état de Subotaï. Genkan ressortit à peine quelques instants plus tard. Et d’un air grave, annonça.

- il vit encore, mais il va mal, très mal. Il lui faut un médecin de toute urgence. Seulement il n’est pas transportable, pas dans cet état..

Jesse vit le général serrer ses poings de rage. Elle devina qu’à cet instant, il aurait souhaité tuer de ses mains, les hommes qui avaient fait subir ça à son ami.

- Vous devez en avoir dans la région. Il faudrait aller en chercher un dans les villages alentours.

Voyant le regard que lui adressa le général, Rool ajouta, en levant les mains l’air penaud :

- enfin c’était une suggestion.

Jesse fronça les sourcils en voyant Mad ouvrir la bouche.. Ah non, il n’allait pas encore se proposer pour quérir le médecin !! C’était bien sympa d’avoir suivi le général dans ce combat, mais Jesse n’allait pas passer sa vie à batailler pour un général aux yeux bridés. A présent qu’il avait retrouvé le prisonnier des Kurgans, la pirate s’estimait libre de toute engagement.

17.

Mad était occupé à nettoyer la lame de son épée, encore rouge du sang de tous ces hommes qu’il avait tué au court de ce long combat quand il entendit Rool proposer d’aller quérir un médecin. Ainsi contrairement à ce qu’avait cru Jesse, il fronça les sourcils et s’avança au milieu du groupe.

- oui, c’est une excellente idée !

La pirate s’apprêtait à ouvrir la bouche à son tour, mais Mad n’avait pas encore terminé.

- Seulement ceci n’est plus de notre ressort, Rool. Le général Genkan doit avoir des hommes qui connaissent bien mieux la région que nous. Et puis qui accepterait de nous suivre, nous, des étrangers ? Non non, je crois que nous avons fait tout notre possible pour aider ce brave général et son ami. Toi et moi, et euh Lady Sparrow, ne pouvons rien faire de plus pour les aider.

Mad fit un pas de plus pour faire face au général Genkan. Il s’inclina soudain face à l’homme et les yeux baissés, débita sa diatribe :

- Général Genkan. Ce fut un honneur pour moi, de mettre mon épée à votre service le temps de ce combat, mais la vie d’un mercenaire est sur un champ de bataille. Et d’autres guerres m’appellent. Ce sont elles qui font vivre un soldat comme moi. Si je ne me bats pas, je ne peux me nourrir. Vous comprendrez ainsi que j’ai besoin de..

Le tintement typique de pièces qui s’entrechoquent interrompirent le discours de Mad qui posa les yeux sur la bourse que le général venait de jeter au sol. Il retrouva un sourire éclatant et se redressa non sans avoir ramassé la bourse au passage.

17.

Genkan totalement immobile en avait assez supporté de cette dégradante supplique. Il préféra donc mettre rapidement fin à ce spectacle si peu honorable pour un guerrier et jeta sa bourse au mercenaire. Il les avait assez vus de toute façon, même s’il reconnaissait que l’homme s’était très bien battu. La femme aussi, mais à ces yeux, ce n’était pas là une activité faite pour une femme, ainsi jamais il ne reconnaitrait qu’elle valait bien plusieurs de ses hommes. Seulement à cet instant, il songea au lien qui rattachait cette étrange femme à l’impératrice.

L’impératrice…
Que penserait-elle de ces Kurgans ? Le général avait accomplit sa tâche, même ingrate que lui avait confiée l’impératrice. Comme elle le lui avait demandé, il avait veillé sur les chantiers de construction, et avait chassé l’ennemi de leur terre, du moins pour l’instant. De plus, ils savaient à présent qu’ils avaient à faire à des Kurgans, même s’ils ignoraient encore tout de ces guerriers. L’empereur rouge eut soudain le pressentiment qu’ils apprendraient bientôt plus à leur sujet.

Pour commencer, il lui fallait trouver un médecin pour Subotaï, et informer l’impératrice des derniers évènements. Cela, dans les plus brefs délais. C’est pourquoi il s’adressa à la fois au mercenaire et à la pirate.

- Vous nous avez été fort utiles, et l’impératrice vous en sera sûrement reconnaissante. Cependant..

Il vit avec satisfaction les trois individus le fixer avec plus d’attention.

- il faut qu’elle soit informée au plus vite de ce qui se passe ici, dans notre empire. Il faut que vous lui parliez des ennemis que nous avons eu à affronter. Il me faudra tous mes hommes pour protéger le camp en cas de récidives de l’ennemi, de même qu’il me faut de mon côté, trouver un médecin pour mon camarade. Et je n’ai pas assez d’hommes pour me permettre d’en envoyer auprès de l’impératrice. Pourriez-vous faire cela pour moi ?

A contrecœur, il regarda en direction de la pirate qui venait de récupérer le célèbre étalon d’or.

88.

Jesse relâcha sa respiration, soulagée que Mad ne se fût pas proposé pour partir à la recherche d’un médecin. Mais apparemment le général sunlaoiste n’en avait pas fini avec eux. A peine venait-elle de siffler Tornade qu’il leur fit une étonnante demande. La pirate se figea un instant et dévisagea l’homme lequel elle avait senti dès le départ, lui vouait une profonde antipathie, le diable savait pourquoi. Quand à accepter cette offre, elle n’avait pas encore réfléchi à ce qu’elle souhaitait faire ensuite. Retourner au palais d’Akeru ne lui semblait pas la meilleure idée, car elle ne voulait plus revoir l’homme qui l’avait abandonnée pour un chien.

- Nous ? Vous voulez que nous vous servions de messager ? Cela signifie-t-il que vous me fassiez enfin confiance ?

Le ton était ironique, car Jesse connaissait la réponse, mais elle n’avait pu s’empêcher de lancer cette pique.

- Je n’ai guère le choix, mademoiselle.

Jesse fit la grimace à l’utilisation de ce mot. Oui vraiment cet homme ne l’appréciait pas. Elle préféra ne plus discuter avec le général et se mit en selle. A présent une seule chose comptait, reprendre son propre chemin.

- C’est bon. Nous irons trouver l’impératrice et lui expliquerons ce qui s’est passé ici, et le reste aussi.

Le général plissa les yeux devant cette dernière remarque. Elle l’avait fait exprès, il le sut à son regard. Tornade s’agita soudain, il avait sans doute saisi qu’il allait retourner au palais. Il fit un tour complet sur lui-même avant que Jesse ne le ramène face au général, mais c’est à Mad et Rool qu’elle s’adressa, avec ce même sourire narquois.

- alors messieurs les mercenaires, voulez-vous accompagner une messagère impériale, ou préférez vous rester ici à attendre mon retour ?

18.

Mad retrouva aussitôt le sourire. Accompagner une messagère impériale ? C’était tout à fait dans ses cordes ! Il s’élança vers leurs chevaux, bondit souplement en selle et fit ruer son cheval avant de lancer :

- C’est parti, madame ! Mercenaire au service de l’impératrice, voilà un travail pour moi !
- Hey, mais attendez-moi !

Et Rool essaya de faire pareil que Mad, mais il se rata et dût s’y reprendre à plusieurs fois avant de pouvoir monter en selle. Il se rapprocha du couple et secoua la tête en lançant à Mad :

- A quoi tu penses ? Ca sera encore un travail pour lequel nous ne recevrons rien en contrepartie.
- tu parles ! Une impératrice, tu imagines ? On va être recouverts d’or pour lui transmettre ce message.
- euh vous ne transmettrez rien du tout, c’est moi qui lui parlerai..
- oui et bien on t’accompagne et on se porte garant de la sécurité de la messagère impériale, ça mérite quand même quelques pièces !!

Mad fixa la pirate, voyant bien l’expression moqueuse qu’elle affichait.

- peut-être.. on verra ça au palais. Yahh !!!

Il la regarda lancer son étalon d’or au galop et ne tarda pas à faire pareil, imité peu après par Rool qui manqua encore une fois de tomber de selle. Il avait encore beaucoup à apprendre pour devenir mercenaire. Mais jusque là, il avait déjà fait un bon bout de chemin, il s’était battu sur un champ de bataille, avait mené plusieurs combats sans être blessé, c’était un miracle. Enfin c’était aussi sans doute du à la présence de Mad qui avait toujours assuré ses arrières.

Rool imaginait déjà les chansons qu’il écrirait pour relater cet épisode de sa vie et celle de Mad le chevalier servant quand ils croisèrent une étrange cavalière qui ne manqua pas d’attirer leur regard à tous les deux. Elle avait quelque chose de mystérieux, une aura aérienne.. et si Rool avait eu une plume et un parchemin sous la main, il aurait aussitôt écrit un poème sur la beauté de cet ange aux yeux en amande..

- Bon vous venez oui ??
- ha heu oui oui, on arrive, mademoiselle la messagère !

Rool regarda la pirate fusiller Mad du regard, et tous trois se lancèrent sur le chemin menant à la cité impériale de Sunliao.

( suite au palais)