Résidences des généraux

4. ( avant)

Gabriel Yared: I'll be back

Depuis une semaine, Hélios tentait de prendre son mal en patience. Ils avaient fait le voyage depuis Asthénis et arrivés aux portes de la cité, ils avaient appris pour le décès du roi. Non pas qu’Hélios fut touché par sa mort, il n’avait que faire des dirigeants de ce pays, mais la mort du roi signifiait le deuil du pays tout entier et les jeux avaient été pour la première fois reportés à un mois plus tard.

Arès s’était installé dans sa résidence particulière que le roi octroyait à tous ses généraux pour disposer de leurs conseils en temps de guerre, mais personne ne voyait d’inconvénient à ce que le général Arès en dispose à son gré. La demeure était agréable et ses murs épais en préservait la fraîcheur des pièces, même au plus chaud de l’été. Une vaste écurie jouxtait la propriété et accueillit sans problème les étalons du général.

Chaque jour, Hélios profitait des vastes champs de la propriété pour y faire courir les chevaux. Ceux-ci supportaient encore moins que lui l’inactivité, et il fallait les entraîner le plus régulièrement possible en vue des jeux qui se préparaient. Ainsi, Hélios passait le plus clair de son temps à échauffer les étalons et à s’entraîner lui-même pour les autres sports de compétition, le lancer du disque, du javelot, le saut en longueur, la course, la palestre, le pugilat et la pancrace. Jason s’efforçait de suivre le rythme de son aîné, mais il était évident pour tout le monde, excepté pour son père qu’il n’avait pas l’étoffe d’un athlète. Pourtant ce dernier n’osait contrarier ce père si fier et continuait ses entraînements aux côtés d’Hélios.

Aujourd’hui comme bien souvent, le jeune homme avait encore provoqué Hélios:
- allez vas-y! frappe-moi!
- non.. Laisse tomber Jason..
- Allez quoi! Tu crois que je ne suis pas capable de te plaquer au sol? Hein? C’est ça? Tu crois que j’en suis incapable hein, comme tout le monde!

Le jeune homme fonça tête baissée en avant, et Hélios bloqua le coup de bélier de son bras.
- arrête Jason!
- Mais vas-y bon sang!

Jason frappait les bras et le torse d’Hélios qui serrait la mâchoire sous les coups, sans broncher.
- Il faudra bien que je sache me défendre quand je serai en face des autres adversaires.

Ce n’était plus de la rage qu’Hélios entendait dans cette voix, mais du désespoir. Jason avait raison, il risquait fort de se faire massacrer sur les terrains de lutte. Et Hélios ne supporterait pas de le voir se faire écraser trop facilement, Arès encore moins.
- ok c’est bon..

Hélios se dégagea de l’étreinte de Jason et le repoussa brusquement en arrière, en fléchissant les genoux.
- Vas-y frappe! Non pas si haut, frappe dans le ventre..
- Monsieur Jason?

Le combat qui avait à peine commencé, cessa aussitôt. Moon venait de les interrompre. Le grand esclave noir les regardait, le visage inexpressif.
- Votre père vous demande.
- on remet ça à plus tard, d’accord Hélios?
- Monsieur Hélios aussi est demandé.

Les deux hommes se dévisagèrent, l’un surpris, l’autre inquiet. Ils se dirigèrent ensemble à la suite de Moon qui les guida jusque dans le vaste salon où Arès les attendait, bras croisés dans son dos, mais il n’était pas seul. Un peu en retrait se tenait, Ranji, son esclave le plus dévoué mais le plus sournois aux yeux d’Hélios. Le jeune homme était contre l’utilisation et l’asservissement de ces pauvres gens, mais Ranji devait bien être le seul esclave pour lequel Hélios n’avait aucune pitié. Et à droite d’Arès, deux femmes attendaient, toutes deux les mains liées, l’une redressant fièrement le menton et souriant aux deux hommes d’une façon aguichante et l’autre gardant résolument la tête baissée.

Arès affichait son sourire des grands jours, ce qui pour Hélios ne présageait rien de bon.
- ah voilà nos fiers Athlètes. Encore à vos entraînements? Franchement, j’admire, cependant…

Arès se mit à marcher devant eux, de long en large, se frottant le menton du pouce.
- j’estime que de valeureux athlètes comme vous méritez un peu de détente. C’est pourquoi ce matin, j’ai envoyé Ranji au marché aux esclaves avec un ordre bien précis, trouver des esclaves qui sauraient amuser un peu nos chers athlètes…Et là au vu de ce qu’il m’a ramené, je m’avoue entièrement satisfait. Mais bon, encore que je ne sois pas le juge idéal..

Hélios jetait des regards méfiants au général ainsi qu’aux deux femmes. Il craignait de comprendre.. Arès, effleura d’une main l’épaule dénudée de la première des deux femmes, une grande brune aux yeux clairs.
- d’après ce que je sais de toi mon fils, cette belle femme doit être à ton goût? N’est-ce pas Ranji? Alors tu nous fais les présentations?
- Oui maître.. Ariane devrait convenir au jeune maître, elle a …beaucoup d’expérience, et n’a pas froid aux yeux..

Hélios secoua légèrement la tête tandis que Jason prenait quelques couleurs. Le pauvre était d’une timidité presque maladive et voilà que son père lui offrait une esclave qui paraissait prête à le dévorer tout cru. Cette dernière semblait aussi très rusée et aussitôt les présentations faites, elle se mit à genou devant Jason, posant sa tête contre sa cuisse.
- Je vous suis entièrement dévouée, maître..
- haha haha brave fille va………et tiens voilà celle que tu as choisi pour Hélios.. Hmm dis-moi Ranji, combien as-tu payé pour celle-là? Elle a bien mauvaise mine..
- 500 pièces d’argent.
- quoi? Et en quel honneur? A-t-elle des aptitudes particulières?
- c’est que…..elle est très jolie et…
- hmm… bon j’espère que tu sauras t’en contenter, Hélios? Hahaha

Arès saisit la jeune femme par son bras et la repoussa sans ménagement en direction d’Hélios qui la rattrapa par réflexe, surpris du geste du général. La jeune femme redressa la tête et pour la première fois il vit son regard, étonnant. .intriguant…
...

5.

Hélios pourtant habitué aux idées d’Arès, se dit que cette fois, le général avait fait fort. Arès connaissait son point de vue sur les esclaves et c’était sûrement encore une fois intentionnellement pour lui prouver son autorité qu’il lui faisait ce présent des plus étranges et si inattendu. De plus Arès était avare de son argent et d’apprendre qu’il avait dépensé autant pour lui, le laissa sans voix. Il jeta un regard de côté à Jason qui repartait les épaules basses accompagné de la dénommée Ariane. Mais il n’eut pas le temps de poursuivre ses réflexions que la jeune femme qu’il retenait toujours par les bras, se dégagea et siffla d’une voix haineuse.

- z'avez l'intention de me laisser saucissonner comme ça ou ... ?
- tiens en voilà une que tu devras dresser. Gageons que tu y parviennes aussi bien qu’avec les chevaux.

Un nouvel éclat de rire accompagna ces paroles. Hélios fronça les sourcils, la colère brillant dans son regard. Il avait intérêt à éloigner cette fille d’Arès avant qu’il n’exigea d’Hélios qu’il punisse l’esclave pour lui apprendre à obéir, ce qu’il l’avait déjà vu faire bien trop souvent auparavant avec d’autres esclaves. Mais il commençait à savoir anticiper ses réactions. C’est pourquoi il saisit la jeune femme sans ménagement par les liens qui retenaient ses poignets et l’entraîna à sa suite en direction de ses appartements. Autant qu’Arès se fasse des idées à son sujet, au moins il le laisserait tranquille.

Une fois dépassé la porte, il ralentit l’allure et s’assura qu’Arès ou Ranji ne l’avaient pas suivi. Il s’adressa à la jeune femme qui luttait contre sa poigne.

- essaie de te tenir tranquille..
- lâche moi espèce de brute!

Elle n’allait pas lui faciliter la tâche, il aurait préféré qu’elle se taise au lieu d’alerter tous les résidents de la maison. C’est pourquoi il repartit en direction de sa chambre, l’entraînant derrière lui, malgré ses protestation. Mais au bout de quelques pas, un malaise la prit et elle tomba à genou, freinant Hélios dans son élan. Surpris, il se retourna et se précipita pour l’aider à se relever.

- Qu’est-ce qu’il y a? Ca ne va pas?
- hm…futé avec ça…

Malgré son état de fatigue et sa faiblesse, elle parvenait encore à lâcher quelques mots pleins de mépris. Sans se laisser perturber par la colère de la jeune femme qu’il pouvait comprendre, Hélios la soutenant par la taille l’aida à parcourir le dernier couloir avant d’atteindre sa chambre. Il l’aida à s’asseoir sur un des sièges et revint aussitôt fermer la lourde porte en bois qui leur assurerait un minimum d’intimité. Il ne tenait pas à ce qu’un des esclaves vint l’espionner pour rapporter ses propos à Ares. La jeune femme le voyant faire protesta:

- Qu’est-ce que vous allez faire?

Hélios qui revenait auprès d’elle, s’arrêta, surpris par la question. Pas un instant il n’imagina ce à quoi elle avait pu songer, il pensait plutôt à la suite, oui.. Qu’allait-il faire de cette esclave? Il s’assit en face d’elle et après avoir passé une main dans ses cheveux, secoua la tête d’un air las.

- Je n’en sais rien…

Si la jeune femme fut surprise, elle n’en montra rien. Il ne savait même pas que lui dire, pourtant ce n’était pas qu’il manquait d’expérience avec les femmes, mais celle-ci n’avait rien de commun avec celles qu’il avait fréquentées et de plus elle était son esclave. Il n’en revenait encore pas.

- Vous n’en savez rien? C’est bien la première fois que j’entends ça..
- et c’est la première fois qu’on m’offre une esclave..

Il devait réfléchir, mais il avait bien du mal vu la présence de la jeune femme. Il se redressa et se mit à faire les cent pas dans la chambre.. Par ou commencer?… il ignorait même son nom..

- Quel est votre nom?

Le ton était abrupte, la façon un peu maladroite, mais il fallait bien commencer par quelque part.

6.

Elle se trompait sur son compte, mais il ne prit pas la peine de le lui expliquer. Il connaissait bien la condition des esclaves, mais ce n’était pas pour autant qu’il allait agir avec elle comme Arès le faisait avec ses esclaves. De voir des êtres humains traités parfois pire que des animaux le révoltait, mais il était lui-même sous la coupe du général, une situation compliquée dont se fichait sûrement cette jeune femme. Elle avait refusé de donner ne serait-ce que son nom, sans doute une façon de garder un tant soit peu de dignité. Il la libéra de ses liens, déplorant l’état de ses poignets et ignorant les remarques acerbes de l’esclave. Il la vit se pencher sur ses pieds autant en mauvais état que ses poignets. Elle avait besoin de soins c’était certain mais aussi de nourriture. Hélios fut tout de même surpris de la voir reprendre si vite autant d’aplomb. Pas plus qu’il ne fut dupe des regards qu’elle jetait à droite et à gauche.

- S’il ne tenait qu’à moi, tu serais déjà libre. Mais hélas pour toi, ton sort ne dépend pas de ma personne.
- mais je croyais que…c’était pour toi qu’on ..m’avait achetée?
- apparemment oui.. C’est pourquoi si tu te tiens tranquille, tu seras traitée avec égards. Cependant, je préfère t’avertir, au cas où l’idée t’aurait effleuré de t’enfuir…

Il plongea son regard dans les beaux yeux si clairs, ces yeux qui l’avaient fasciné.

- oublie ça tout de suite. Si Arès apprend qu’un des esclaves s’est enfui, il mettra ses troupes à ta poursuite, et j’ai déjà vu le sort qu’il réserve aux fuyards.. Je ne voudrai pas qu’il t’arrive quelque chose de fâcheux. Tu m’as bien compris?

Hélios voyait bien qu’elle gardait son sourire narquois, se fichant apparemment des mises en garde.

- C’est bon, c’est bon… je n’essaierai pas de m’enfuir.

Il ne se laissa pas berner par le ton mielleux. En soupirant il se redressa et recula.

- je vois bien que tu ne me crois pas, tu devrais. Ce que je dis, c’est dans ton intérêt.
- sans blague..
- Tu ignores encore de quoi est capable Arès.. Mais bon, puisque tu ne veux pas comprendre, c’est à moi qu’il revient de vieller à ce que tu ne t’enfuies pas.

Elle le dévisagea, méfiante. Sans doute s’attendait-elle à ce qu’il lui tourna le dos pour aller quérir un peu de nourriture, là encore, elle se trompait sur son compte. Hélios se dirigea vers la porte qu’il ouvrit.

- Suis-moi.
- où ça?
- aux cuisines pardi! Tu as faim non?
- mais je pensais que…
- que j’allais te laisser seule ici, pour qu’à peine quand j’aurai tourné le dos, tu t’enfuies?.. Sache que pour autant que tu ne me fais pas confiance, je n’en aurai aucune en toi. Tu vas donc être obligée de gagner en marchant les cuisines et pas de simagrées ou je te rattache à nouveau tes poignets.

Il lui indiqua clairement de la précéder dans les couloirs de la villa…

- et après tu prendras un bain…

7.

Les manières de cette femme laissaient Hélios perplexe mais l’amusait en quelque sorte. Elle manquait peut-être d’éducation mais en tous les cas, ne manquait pas de culot et cela le changeait bien des autres esclaves du général. Seulement elle s’obstinait à lui laisser entendre qu’elle partirait à la première occasion et Hélios craignait le pire si d’aventure elle mettait ses paroles à exécution. Il s’installa à son tour sur l’un des tabourets et allait répliquer quand il vit son changement d’expression.

- tu pourras te reposer, une fois que tu auras fait un brin de toilette. Ou préfères-tu rester crasseuse?
- et alors? Ça change quoi pour toi?

De nouveau, elle devenait méprisante, mais peu importait, elle prendrait un bain qu’elle le veuille ou non. Hélios devait mettre les choses au point.

- écoute ma jolie, je crois que tu n’as pas compris une chose: Je ne te veux aucun mal, je veux au contraire t’éviter des ennuis avec le général Ares.
- en me faisant prendre un bain?
- bien possible, s’il voit que tu te négliges, il est capable de changer d’idée et de t’envoyer travailler aux champs. Alors franchement, n’es-tu pas mieux ici avec moi?
- faut voir..

Hélios se releva en soupirant, cette femme était une véritable tête de mule.

- En attendant c’est moi qui décide que ça te plaise ou non. Tous les gens de la maison respectent les règles d’hygiène et sont libres d’aller et venir. Rare sont ceux à désirer fuir leur maître, car le châtiment encouru est bien pire que la vie qui leur est offerte ici. Tu as un toit, à manger, je te promets d’être bien traitée et tu n’auras presque rien à faire si ce n’est éviter de vouloir t’enfuir. A présent tu peux écouter mes conseils, en tenir compte ou pas. Je ne vais pas passer mon temps à te surveiller.

Il se dirigea vers la sortie, puis comme elle ne le suivait pas, il appela.

- Alors Caroline, tu viens?
- Caroline??
- ma foi, tu ne veux pas me dire ton nom, il fallait bien que je t’en trouve un. Bon, je vais te montrer ou se trouvent les bains.

La jeune femme abandonna les restes de son repas sur la table et se décida à le suivre clopin-clopant. En parcourant la villa, Hélios aperçut Moon et le héla:

- Veux-tu dire à Naya et Olivia de se rendre aux bains? Et que Naya prenne ses ongents avec elle, Caroline a besoin qu’on soigne ses blessures.

L’esclave hocha la tête sans poser de question et repartit pour exécuter les ordres. Quand à la nouvellement nommée Caroline, elle faisait une jolie grimace.

- tu verras, Naya va te soigner ces blessures à tes poignets et tes pieds.. Enfin une fois que tu auras pris un bain.

Il lui sourit, amusé de la voir fort contrariée et continua son chemin jusqu’à la vaste salle qui abritait un magnifique bassin carré rempli d’eau fraîche. Les mosaïques des carrelages, les vitraux des plafonds, les plantes disposées ci et là comme dans un jardin d’eden, donnaient à la pièce un air lumineux et très agréable qui invitait à la détente. Les bains restaient pour tous un plaisir unique et rarement offert aux esclaves qui devaient en principe se laver en utilisant des bassines d'eau puisée dans le puit de la cour ou à la rivière. Mais comme Ares devait penser que Caroline deviendrait l’esclave privilégiée d’Hélios, ce dernier pouvait bien lui offrir ce luxe.

- voilà, on y est.
- tu vas rester là?
- qui sait, peut-être as-tu besoin de quelque un pour te frotter le dos?

C’était au tour d’Hélios de se moquer d’elle…

8. music

- Ben justement oui ! Tu veux pas t'en charger ?

Hélios fronça les sourcils, le regard sur la jolie Caroline. Il croisa ses yeux de chatte qui brillèrent de malice. A quoi jouait-elle? Voilà à présent qu’elle retirait ses vêtements, n’hésitant pas un seul instant à se mettre nue devant lui, aucune pudeur, au contraire, il devinait qu’elle le provoquait intentionnellement. Il ne se gêna pas pour profiter du spectacle, admirant les courbes si joliment dessinées, la peau dorée, le cou gracile sous la cascade de cheveux d’or. Un muscle de sa mâchoire tressaillit alors qu’elle se penchait pour tremper son pied dans le bassin. *Par Zeus, cette jeune femme n’est pas farouche *

Et pour la première fois depuis qu’il avait reçu son présent très particulier, Hélios s’interrogea sur la provenance de celui-ci. Elle n’avait certes pas de sang noble, bien trop impudique pour ça, mais ce côté lui plaisait bien. Lui qui ne savait pas que faire d’elle, se dit que finalement il trouverait bien comment l’occuper. L’homme se détendit un peu et retrouva même un semblant de sourire.

- soit! Pour commencer je vais me charger de te rendre aussi propre qu’un sou neuf, mais ensuite Caroline, ça sera à ton tour de t’occuper de moi.

Il observa son visage, et il lui sembla voir une pointe d’hésitation avant de lui adresser un sourire un peu crispé se détournant de lui pour tenter de tremper un peu plus que le bout de son pied.

- mais il serait plus pratique pour ce faire que je me débarrasse moi aussi de mes vêtements.

Elle se retourna brusquement, manquant de perdre l’équilibre alors qu’Hélios retirait déjà la ceinture qui maintenait sa tunique, de ses sandales, de l’étoffe de la tunique et de sa braie, affichant un large sourire à la jeune femme qui oublia que l’eau était un peu fraîche. Puis sans attendre, en deux pas, il la rejoint, la souleva un bras sous ses épaules et un autre sous ses genoux et sans tenir compte de ses vives protestations, il se laissa glisser entièrement dans l’eau, riant même de la voir se débattre pour lui échapper, mais il la tenait fermement.

- ah mais pour se laver, il faut se mouiller entièrement, sinon ça ne sert à rien.

Hélios était content de sa plaisanterie, et rit de voir la mine de Caroline ( dans la piscine? )

9,


Tantôt féline, puis câline, elle lui avait filé entre les mains comme le poisson dans les mains du pêcheur. Elle l’avait provoqué, allumé pour mieux lui échapper. Debout sur le bord du bassin, elle le regardait le rire dans les yeux. Pour une esclave elle avait un esprit étonnamment libre..

- Caroline c’est mieux qu’esclave…Je trouvais qu’il t’allait bien, mais si tu ne l’aime pas, ma jolie, il suffit de me dire ton nom.. Et si c’est un secret d’état, devant les autres, je pourrai toujours t’appeler Caroline.

La légèreté de cette jeune femme le touchait et devenait contagieuse. Pour la première fois, il en avait oublié ce personnage qui empoisonnait sa vie depuis si longtemps.

- mais dis-moi… pourquoi es-tu sortie de l‘eau? Tu as déjà terminé ton bain? Je ne t’ai pourtant pas encore bien frotté le dos.
- je crois que ça ira pour cette fois.
- pour ta part, mais tu m’oublies un peu.. Alors viens donc un peu par ici, t’occuper de moi.

Elle le regarda, ne sachant s’il plaisantait ou non, et le provoqua un peu plus.

- et si je refuse d’obéir?
- je vais peut-être devoir me comporter en véritable maître dans ce cas. Mais je préfèrerai ne pas avoir à te forcer…

Il attendit qu’elle se décide et si elle ne viendrait pas, il irait la chercher.

10.

* si je la laisse faire, elle va finir par m’arracher la peau du dos! Quelle peste!*

Ne prêtant qu’une demi attention à la question de la jeune femme, Hélios se retourna brusquement pour lui arracher le gant de crin des mains. Il avait perdu toute envie de jouer, forcément, après un tel traitement.

- ce que je te donne pour que tu me dises ton nom? Que dalle ma belle…. Je crois que tu oublies un peu ton statut. Si tu ne veux pas me le dire, garde le pour toi, après tout que m’importe que tu t’appelles Caroline, Aglaé ou Sidonie. Tu peux te rhabiller à présent, j’ai été lavé pour une bonne année au moins..

Hélios sortit du bassin pour récupérer ses vêtements. A ce moment, Naya et Olivia arrivèrent dans la salle d’eau, des serviettes et des onguents sur les bras et dans les mains.

- ha vous arrivez à point nommé. Occupez-vous de soigner ses blessures et menez la aux quartiers des esclaves. Elle vous aidera à faire la cuisine.
- quoiââ??

Hélios ne lui prêta qu’un regard ironique. Elle avait voulu se jouer de lui ce qu’il n’appréciait pas du tout, elle allait sans doute le regretter.

- Tu prendras tes repas avec les esclaves, mais ce soir, tu m’attendras dans ma chambre. Olivia et Naya? Vous êtes responsable d’elle… Si elle essaie de s’enfuir, appelez Ranji…

Après avoir pris une des serviettes tendues par Naya qui regardait la nouvelle, Hélios s’éloigna puis se ravisa et se tourna pour ajouter encore:

- J’ignore quel est ton nom, mais je connais Ranji…ne lui offre pas l’occasion de te punir.

Et Hélios laissa là les trois femmes, songeant à prendre des nouvelles de Jason. Il espérait que la dénommée Ariane serait plus douce que cette….. Cette femme dont il ignorait toujours le nom! En tout cas, il se souviendrait de son coup d'étrillage..

11. Goran Bregovic: Arizona Dream

Hélios s’était aventuré du côté des appartements de Jason, mais approchant de la porte de sa chambre, il perçut les soupirs et les gémissements de la femme qui en ce moment même semblait subir un sort pas trop désagréable pour une esclave. Voilà au moins quelque chose qu’Hélios n’aurait pas à lui apprendre, il en fut soulagé et s’éloigna en direction des escaliers pour quitter peu après la villa

Il s’absenta ainsi le reste de la journée, ne revenant qu’à la nuit tombée. Nul ne savait où il était parti mais quand il entra dans la villa, une voix venant du salon l’interpella:

- Ou étais-tu?
- faire un tour..
- un tour? Tu n’as pas profité de ton joli présent d’après ce que Moon m’a dit.

Hélios se crispa, le pied encore sur la première marche de l’escalier. Il aurait du s’y attendre, la prochaine fois, il s’assurerait une excuse pour la servir au maître des lieux, afin d’éviter ce genre de remarque. Mais il n’était pas à court de parole et inventa aussitôt.

- Je voulais garder mes forces pour cette nuit.. Et la laisser, elle aussi récupérer, elle en aura besoin.

Il vit au sourire d’Ares qu’il avait marqué un point, mais cet autre regard l’agaça tout autant que ses remarques.

- haha…je comprends.. La prochaine fois, dis-moi quand tu sors. J’aime être au courant de ce que font mes protégés.
- je sais… tu m’excuseras, elle doit m’attendre en ce moment.
- oui je t’en prie, vas donc lui montrer ce que tu vaux.

Un rire gras l’accompagna jusqu’en haut des marches, ajoutant un peu plus à la soudaine mauvaise humeur d’Hélios. Parvenant devant la porte de sa chambre, il espéra vraiment retrouver la jeune femme à l’intérieur. Alors quand il la vit déjà en train de ronfler au milieu de son lit, il fut soulagé, et content de la revoir. Même si au fond, cette peste aurait mérité de dormir avec les autres. En silence, Hélios se débarrassa de ses affaires et s’allongea sans faire de bruit dans les draps de lin blanc déjà froissés du côté de la jeune femme. Celle-ci marmonna dans son sommeil et se retourna pour se lover contre lui..en soupirant, et afficha un sourire béat..

Hélios s’était immobilisé, surpris de son geste et hésitait encore à savoir ce qu’il allait faire quand la jeune femme marmonna plus distinctement cette fois..

- hmbll….Sek! Ne pars pas..

Voilà qu’elle le confondait avec un autre homme, visiblement celui qui hantait ses rêves.. Hélios souleva le bras de « Caroline » et la repoussa en douceur. Mais alors qu’il la pensait profondément endormie, elle ouvrit subitement les yeux et poussa un cri.

- Qui êtes vous??? Et Que faites vous dans mon lit????

Elle reculait déjà tirant le drap sur elle, dénudant par la même occasion Hélios qui protesta en saisissant le drap et le reprit vers lui.

- he ho, je suis chez moi, mademoiselle la ronfleuse. Hélios, tu as déjà oublié??

Elle cligna des yeux plusieurs fois, avant de reprendre pied dans la réalité. Et se fit toute petite dans le coin le plus éloigné du lit.

- ha je vois que tu retrouves la mémoire…
- je m’étais endormie…
- ça j’avais remarqué merci…
- je pensais que tu ne viendrais plus..
- je te manquais? Fit-il amusé.
- non, j’espérais pouvoir dormir tranquille.
- et bien…rendors toi!

Hélios se coucha en lui tournant le dos, tirant à nouveau sur le drap.

- euh.. Et c’est tout?
- quoi c’est tout?
- juste dormir?

Il se tourna pour la regarder, toujours assise dans le lit, elle le dévisageait avec méfiance.

- oui juste dormir.. Tu n’espérais pas autre chose après la séance étrillage de ce matin, si?
- euh non..
- bien alors bonne nuit!
- …bonne nuit..

Il s’étendit de nouveau et sentit qu’elle en faisait tout autant. Hélios soupira et eut une pensée pour Jason, il aurait presque envié sa situation pour une fois. Lui à la place devait supporter cette femme qui n’avait pas l’air de l’apprécier.. Mais bon, vu la situation, il pouvait comprendre.. Il devait dormir à présent, car demain l’entraînement reprendrait…*il va falloir que je trouve quelque chose à lui faire faire. ..grbml..tu parles d’un cadeau*

- mais j’avoue que je ne comprends pas.

Hélios qui avait déjà fermé les yeux, les rouvrit aussitôt. En plus elle n’avait pas l’air de vouloir le laisser dormir. Il se tourna sur le dos pour tourner la tête vers elle.

- Quoi encore?
- pourquoi tu voulais que je t’attende dans ton lit, si….euh..enfin tu vois quoi.
- je vois tout à fait. Tu sais ma jolie, je ne suis pas du genre à forcer une femme pour obtenir ses faveurs.
- mais..
- dors à présent, demain une longue journée m’attend….et toi aussi, je dirai à Olivia qu’elle t’apprenne à te rendre utile, ..quand même que tu serves à quelque chose..

En fait ce qu’Hélios ne lui disait pas, s’il l’avait fait venir cette nuit, c’était pour qu’Arès le laissa tranquille. S’il pensait Hélios en bonne compagnie, il cesserait alors de l’ennuyer, mais aussi pour épargner la jeune femme. Une esclave dans le lit de son maître était bien mieux traitée que celles trop maigres ou trop peu au goût de ces derniers qui devaient accomplir des tâches ingrates et bien plus rudes. Il n’osa même pas imaginer ce qu’auraient été les journées de la jeune esclave si elle avait été sous la coupe de Ranji…

Cabrel : Encore et encore

Sahar reste perplexe, assise au milieu des draps tandis qu’Hélios lui tourne le dos pour dormir.
Il est étrange cet homme…
N’est-elle donc pas irrésistible ? Ah oui mais c’est un grec
Sahar est prise d’un fou rire nerveux qu’elle étouffe tant bien que mal.
Elle enfouie sa tête entre ses genoux pour contenir ses hoquets, ses bras entourant ses jambes serrées l’une contre l’autre

Silence je dors !

Oups…

Mais le fou rire reprend de plus belle, jusqu’à se tranformer en sanglots.
Elle a rêvé de Sekret’ avant d’être réveillée par cet inconnu qui se dit son maître à présent.
Malgré sa trahison, il lui manque, elle a besoin de lui, envie de le voir, de le toucher.
Elle roule sur le coté et se met en chien de fusil, les yeux clos.
Son nom roule dans sa tête comme un leitmotiv incessant
Sekret Sekret
La douleur lui sert la poitrine, terrible oppressante.
Elle reflue lentement et revient en force, ressac de douleur et de souvenirs.
Sahar voudrait dormir pour oublier mais le sommeil se refuse à elle.
Elle ne bouge plus retient son souffle, écoutant juste la respiration régulière de l’homme allongé à coté d’elle.
Ce n’est pas Sek’
Sahar retient un gémissement, elle revoit son visage, son sourire en coin, ses yeux moqueurs.
Pendant longtemps ils se sont vus en amis, fleurtant sans jamais franchir le pas, jusqu’à cette fameuse nuit.
Nuit où il l’avait trahi, nuit où il avait préférée Djamila et son joyau à elle-même.
Son bel espion…
Elle se rend compte qu’elle l’a aimé dès le premier regard peut-être avec sa manie irritante d’apparaitre toujours à l’improviste
Que n’apparait-il pas maintanant ?
Elle voudrait pouvoir le voir encore, lui demander pourquoi, lui hurler dessus mais à quoi bon ?
Sahar cuirasse son cœur et se rendort, plongeant dans le sommeil et l’oubli.

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Sahar s’éveille en sursaut, un instant de panique la saisit dans le noir.
Un instant elle est au cachot dans les geoles de Djamila.
Puis perçoit la présence de Hélios à coté d’elle et se souvient, elle est en Arcadia.
Les battements de son cœur affolé se calment.
Hélios dort, le peu de lumière venant des rayons des lunes filtrant par les persiennes nimbent son corps musclé d’argent.
Séléné pourrait bien s’arrêter pour l’admirer dans son sommeil innocent.
Sahar se lève doucement, elle enfile sa tunique et saisit ses chaussures à la main.
Elle ouvre la porte sans faire de bruit et se glisse à l’extérieur de la chambre dans le couloir, elle prend soin de refermer la porte tout doucement.
Attentive elle écoute, tous ses sens sont en alerte, elle ne doit pas se faire prendre.
La sortie est par là, elle emprunte le couloir, monte une série de marche, bifurque.
Là elle se fige, une porte est entreouverte, un rai de lumière inonde le couloir.
Deux voix, deux hommes, une voix forte et une autre mielleuse et lascive
Deux voix qu’elle connait

Ah, bientôt les jeux, nous y brillerons d’un tel éclat que nous ne pourrons qu’être remarqué par la Reine elle-même.

Oui mon seigneur

Je me rendrais indispensable, elle me confiera ses armées et lorsque tout sera en place, je pourrais l’évincer par le mariage ou la force.

Vous êtes diabolique mon seigneur

Humm, oh, humm… et toi habile..

Des bruits d’amour envahissent la pièce, Sahar a vite fait de comprendre, l’intendant et Arès sont encore plus proches qu’elle ne le pensait..
Ah ces grecs ! décidemment ! deuxième preuve de la soirée.
Sahar se mord violemment les joues pour ne pas rire.
Elle hésite, que faire ?
S’enfuir ?
Sans trop savoir pourquoi, elle revient sur ses pas, et revient dans la chambre.
Alors qu’elle referme la porte et se retourne, elle se retrouve face à un Hélios furieux.

Je ..euh je…j’étais partie faire pipi…

12.

Hélios se garda bien de la consoler alors qu’il entendait ses sanglots. Les femmes étaient compliquées parfois et il ne voulait pas se mêler d’affaires qui ne le regardait pas, même si la détresse de cette femme ne le laissa pas indifférent. Mais elle était si farouche qu’elle l’aurait de nouveau envoyé promener.. Mieux valait dormir. Seulement au beau milieu de la nuit, son sommeil s’interrompit soudain. Il ignora ce qui l’avait réveillé mais constata aussitôt que le lit à ses côtés était vide.

Immédiatement bien réveillé, Hélios se saisit de sa braie qu’il enfila à la va vite et fonça vers la porte au moment ou celle-ci s’ouvrait. C’était elle qui revenait.

- Je ..euh je…j’étais partie faire pipi…
- et moi je suis Hadès revenu des enfers pour te mettre une belle correction.
-. Ben quoi? C’est interdit d’avoir un besoin pressant?
- Tu me prends donc pour un imbécile… partir avec tes sandales à la main…hein?

Hélios retourna à son lit sur lequel il se laissa retomber assis..

- je vois bien que je ne te retiendrai pas éternellement, on a beau t’avoir acheté au marché des esclaves, tu n’as rien à voir avec tous ces gens que j’ai vu enchaîné, et s’habituer à baisser les yeux devant leur maître. J’ai cru qu’il te faudrait un peu de temps, mais je vois bien qu’à la première occasion tu t’enfuiras…ça se voit dans ton regard..
- ha..tu as une bonne vue..

Hélios ignora la pique et secoua la tête.

- sais-tu seulement ce que tu risques si Ranji t’attrape?
- hm il ne va en tout cas pas profiter de moi..

Surpris, Hélios la dévisagea alors qu‘elle tentait d‘étouffer son rire, se demandant tout à coup ce qu’elle avait fait pendant sa brève échappée.

- Pourquoi tu dis ça?
- ha euh comme ça..
- tu veux à tout prix t’obstiner à me mentir.
- mais je ne suis pas une menteuse! Si je voulais m’échapper, pourquoi serais-je revenue?
- en effet, je me le demande.. Pourquoi être revenue?.. Pourquoi me cacher ton nom.et pourquoi tant de mystère?

Sahar hausse les épaules et balance ses sandalettes à coté du lit.
Puis elle s’asseoit sur le rebord une jambe repliée sous elle, un rire la secoue quand elle repense à ce qu’elle vient de voir.

Vous avez une sacrée réputation vous les grecs.

Pourquoi tu dis ça ?

Et c’est le fou rire
Ce qui énerve Hélios dont les injonctions ne font que rajouter à l’hilarité de la voleuse

Arrête !
Arrête !!!!

Sahar se mord les joues de nouveau et hoche la tête, les yeux brillant de larmes de rire.

Bon ça y est tu es calmée C A R O L I N E ?

Sahar tire la langue devant le prénom prononcé avec ostentation dans le seul but de la faire bondir

Je me fiche bien que tu saches mon nom !
C’est pas un mystère !

Et pourquoi t’obstine tu as ne pas le dire ?!!
Le ton monte à mesure de l’exaspération d’Hélios

Tu l’as pas demandé gentiment

PARDON ?!!!!

Ben oui quoâ…

Sahar sourit, en penchant la tête sur le coté, coquette et ajoute assez vite avant qu’Hélios n’explose comme une cocotte minute sous pression

Je m’appelle Sahar, enfin c’est comme ça qu’on m’appelait à Djamila.
Dis…

Oui ? Visiblement hélios digère le changement brutale d’attitude de la jeune femme

C’est vrai que tous les grecs…sont et bien ..."grecs" ?

Sahar est bord de repartir en fou rire mais se contient en regardant Hélios d'un air hilare.

13. John Powell: Assassins tango

Sahar, enfin il savait son prénom, oh combien plus évocateur que Caroline qu’il avait choisi sur un coup de tête. Jolie Sahar, farouche, malicieuse et sans doute un peu trop provocatrice. Mais à jouer avec le feu, on finissait par s’y brûler.. Elle se moquait allègrement de lui, et Hélios n’était pas d’humeur à entendre ses plaisanteries douteuses.

- Je suis grec, il est vrai..mais ces stupides rumeurs ne sont pas réservées ma chère Sahar, aux seuls grecs.
- que tu dis…

Trop c’était trop! Il se tourna si brusquement vers elle qu’elle n’eut pas le temps de s’écarter. Saisissant ses poignets, il la renversa sur le lit, un sourire de prédateur sur son visage. Elle était à sa merci, son corps pesant sur le sien, il devinait contre lui, les courbes de la belle qui se débattait à présent.

- cesse de gigoter de la sorte, je ne vais pas te faire de mal.. Bien au contraire.

Hélios perdait son sang-froid, il lui avait pourtant dit qu’il ne l’obligerait pas, mais elle l’avait bien cherché.

- tu voulais une preuve que tous les grecs ne sont pas attirés par leurs semblables.. Je vais te la fournir.

Il écrasa sa bouche contre la sienne, se débrouillant pour maintenir les fins poignets d’une seule main alors que l’autre découvrait dans des caresses osées, les courbes voilées par l’étoffe. L’étreinte n’avait rien de la douceur qu’il réservait d’ordinaire à ses maîtresses, mais cette intrigante l’avait allumé et à présent, il lui faudrait assumer ses paroles. Le sang battant furieusement dans ses tempes, il dévorait à présent la peau dorée de son cou, de ses épaules, cherchant à défaire les liens de son vêtement..

Puis réalisant qu’il s’apprêtait à franchir un point de non retour, il souffla tout contre ses lèvres entrouvertes, alors que sa main dirigeait la sienne vers l’objet de tous les doutes.. Il venait de lui fournir une preuve flagrante du désir qu’elle avait allumé en lui.

- cela te suffit-il comme preuve? ou tu en veux encore plus?

Sahar est d’abord abasourdie par la réaction de l’athlète. Elle a du mal à respirer tellement il la sert fort et elle a un instant de panique, cherchant à se débattre sans succès.
Jusqu’à ce que finalement il s’écarte et lui pose la main sur l’entrejambe.
Les lèvres entreouvertes, Sahar s'éveille aux sensations de son corps qui s'abandonne et fond.
*Ah oui…..humm…graou…*

- cela te suffit-il comme preuve? ou tu en veux encore plus?

Sahar en reste coite un bon dixième de seconde *cerveau pas penser* avant que les mots ne fassent leur chemin et la sorte de sa bienheureuse torpeur
Elle réplique alors d’un ton cinglant, les joues rouges.

Ben faut croire que t’es pas le chien de ton maître !
T’a pas du sang vestalien des fois ?

Quoi ?

Quoâ quoi ?

Le chien de mon maître ?

Sahar se recroqueville au ton d’Hélios qui n’a pas l’air d’apprécier du tout, du tout le terme
Elle dit d'une petite voix

Ben oui … l’aut’ là, Arès…

Qu’est-ce qu’il vient faire là dedans ( ) Arès ? rugit Hélios

A la lueur meurtrière dans les yeux d’Hélios et à sa mâchoire crispée, Sahar se dit que cette fois, elle a peut-être dépassé les bornes.
Elle répond d’un ton plus humble plus doux

Ben juste qu’il est grec…
Il s’envoie en l’air avec l’intendant…

Il te faut pas un dessin quand même !!

Sahar se mord sa langue qui parle toute seule ! Ratadamned !
Elle est bien heureuse de la diversion que crée sa révélation et de la réaction étonnée d’Hélios.
Quoi cette esclave n’est pas là depuis un jour qu’elle sait déjà des secrets qu’il n’aurait pas soupçonné !
Elle en profite donc pour s’éloigner d’un demi centimètre et pour retirer sa main.
Ce n’est qu’après coup qu’elle a soudain très chaud !^^
C’est que il n’est pas mal du tout le Grec et très très proche.
Par les dieux, pitié miséricorde, à peine une semaine d’abstinence et elle est dans tous ses états à cause d’un paquet d’hormones !!
Paquet oui c’est le mot.
Rhoo non la voilà repartie à rire.
Il va encore se fâcher, encore que ses colères n’ont pas l’air d’être toute désagréable.
Elle fait le poisson en avalant se joues et grossissant les yeux, méthode infaillible contre le fou rire c’est bien connu.
De toute façon elle n’y peut rien c’est nerveux, c'est parce qu'elle a peur.

14.

Il fut surpris qu’elle était déjà au courant pour Ares. D’ordinaire il était plus discret, mais bon elle avait l’air très curieuse aussi, il pensa deviner où elle s’était rendue tout à l’heure. L’expression hilare de Sahar, le refroidit instantanément. Elle se jouait de lui, et il n’appréciait guère. Il lâcha ses poignets et se renversa sur le dos de son côté du lit.

- C’est bien une femme ça… à peine ici depuis un jour que tu es au courant de beaucoup de choses. Je ne te demanderai même pas où tu as été mettre ton nez. Si le général l’apprend, ça va chauffer pour tes fesses.
- alors tu le savais?
- ça fait des années que je le connais. Je crois qu’il faudrait être complètement idiot pour n’avoir rien remarqué.
- et après toutes ces années, il n’y a ..hm jamais rien eu entre vous deux?
- Tu vas pas me lâcher avec cette histoire hein?

Hélios poussa un soupir exaspéré, et glissant son bras sous sa tête, il continua en regardant le plafond, ses pensées voyageant dans le passé.

- figure toi qu’il aurait bien aimé, mais c’est justement parce que je lui ai toujours bien fait comprendre que je n’étais pas comme lui qu’il a toujours eu besoin de me provoquer, de me rabaisser.
- tu n’as pas l’air de beaucoup l’apprécier.

Il tourna sa tête vers elle, et remarqua encore cette expression moqueuse, pourtant il n’avait aucune envie de rire:

- tu n’imagines même pas à quel point!
- alors pourquoi restes-tu avec lui? Il est quoi pour toi, un père? Un protecteur?…Tu n’es pas un esclave toi!
- c’est une histoire très compliquée, qui remonte à si longtemps que parfois j’ai un peu de mal à me souvenir moi-même. Au départ il était mon protecteur, un envoyé du ciel comme disait ma mère. Mais j’ai très vite découvert sa véritable nature.

Un pouffement de rire l’interrompit.

- rahh mais je ne parle pas de ça!!.. Arès est un homme arrogant, sans pitié, qui a usé de tous les moyens possibles pour parvenir à son poste. Il ne vise qu’une seule chose, comme bien souvent… le pouvoir, la gloire. Rien d’étonnant pour un être aussi imbu de sa personne. Sahar…méfie toi de lui.. J’aurais aimé que quelqu’un me le dise quand je l’ai connu, alors je te rends ce service aujourd’hui. Il est dangereux, mieux vaut l’éviter..
- hmm Tout ça ne me dit pas pourquoi tu restes encore avec lui.
- parce qu’il est le seul à détenir des informations très précieuses pour moi. Et j’espère un jour qu’il me les livrera.. Il m’a promis que si je l’aidais à connaître la gloire, il me fournirait ces informations.. Mais je sais ce que tu vas me dire.. Comment faire confiance à un homme qui n’a aucune parole?… Je n’ai guère de choix..

Hélios se tut, il ne lui disait pas tout, mais lui aussi avait des secrets. Il avait compris depuis longtemps qu’Ares le menait en bateau avec ses promesses et que jamais il ne lui révèlerait quoique ce soit. C’est pourquoi Hélios depuis peu, avait commencé à réfléchir à un moyen d’obliger Arès à lui livrer son secret..

15. Lisa Gerrard: Sorrow

Hélios la regarda, ce qu’elle venait de dire n’était pas sans le laisser indifférent et elle-même semblait bien amère. Ca faisait des années qu’il y pensait, des années qu’il cherchait les réponses à ses questions et qu’il avait compris qu’il ne les obtiendrait jamais d’Arès. Et jour après jour, cette situation allait finir par le rendre fou.

- Je ne compte pas me laisser écraser sans rien dire…sois en certaine! Quand à toi, tu me parles de pion, mais te voilà devenue esclave! Je pourrai te manipuler à la façon d’Ares, te traiter comme ce que tu es, mais rassures-toi, je n’en ferai rien. Si tu veux partir, pars, va rejoindre ce sekret et laisse-moi à mes problèmes.

Hélios était en colère, elle se moquait de lui et pour des raisons qui lui étaient inconnues, elle s’amusait à lui montrer combien ce qu’il avait fait jusqu’à présent était inutile. Toute sa vie, il s’était trompé, il avait combattu aux côtés d’Arès, parce que ce dernier le lui avait demandé, parce que ce dernier avait promis de verser de l’argent à sa famille pour qu’elle s’en sorte, et il l’avait honteusement trompé.. Ensuite, Hélios avait compris et était parti. Pendant plus d’une année, il avait cherché à retrouver sa famille, sans ne trouver aucune piste. Il avait fini par croire qu’ils étaient tous morts comme sa mère, mais c’est là qu’Ares était revenu dans sa vie, lui promettant de lui dire où se trouvaient son frère et sa sœur si Hélios mettrait son talent et sa force à son service.

Arès rêvait déjà depuis longtemps de gloire et s’il ne l’avait pas obtenu à la guerre, peut-être l’obtiendrait-il grâce à son nouveau poulain. S’illustrer aux jeux olympiques lui permettrait d’éblouir le roi et éventuellement sa fille. Sa renommée en ferait alors un gendre digne de la princesse aujourd’hui devenue la reine du royaume. Le pays était à son grand malheur à nouveau en paix, et il n’avait trouvé d’autre moyen que ces jeux olympiques pour accéder plus vite à ce rêve.. Non seulement être reconnu de tous, mais détenir le pouvoir suprême en s’installant sur le trône aux côtés de la reine..

Par contre Hélios ignorait qu’il comptait déjà la remplacer, quelle folie! Il se leva pour sortir sur le balcon de sa chambre. Il avait soudain l’impression d’étouffer.. Cette colère qu’il gardait en lui depuis si longtemps grondait comme l’orage menaçant d’éclater. Découvrirait-il un jour ce qu’ils étaient devenus? Seul Arès le savait. Toutes les recherches d’Hélios n’avaient mené nulle part, le général était le seul à détenir le secret sur le devenir de sa famille.. Hélios ne les avait plus jamais revu depuis qu’il était parti à la guerre, cela faisait si longtemps… Ses poings serrés sur la balustrade, il fixait l’étendue des champs face à lui. Un endroit si beau, un magnifique avenir qui s’offrait à l’athlète et pourtant il n’avait jamais été autant désespéré. Lui ne poursuivait aucun rêve de grandeur, il espérait seulement reconstruire une famille qu’on lui avait arraché, bien trop tôt.

Il vit les premières lueur du jour au loin et le visage sombre se décida à aller s’habiller. Il ne saurait plus dormir de toute façon. En passant devant Sahar pour récupérer ses affaires, il ne dit mot mais comme elle voyait qu’il allait quitter la chambre, elle l’interrogea..

- tu vas faire quoi?
- ce que je fais chaque jour…m’entraîner afin d’emporter ces jeux.. Même si tout cela comme tu dis, ne me mènera à rien.

Plus tard, il aurait droit aux commentaires d’Arès, avoir quitté encore une fois si tôt sa chambre, ne manquerait pas d’être relevé par les maîtres des lieux. Ses esclaves lui raconteraient sans doute que la nuit avait été bien courte pour Hélios, cela lui vaudrait des moqueries supplémentaires, cela n’aurait aujourd’hui aucune importance…. Il oublierait tout cela en poussant un peu plus les limites de son corps, pour ne plus y penser, pour un moment du moins.

..

Sahar a comme un coup de poignard en entendant le nom de l’espion dans la bouche de son « maître »
Elle regarde pensivement Hélios sortir.

*Il est mal barré * pense-t-elle
Je crois qu’il a besoin d’aide
J’vais m’incruster encore un peu, puis c’est presque « sympa » ici. *

Se dit-elle en regardant la chambre confortable.

En plus je crois pas qu’on va m’obliger à faire la cuisine de ci tôt !

La voleuse rit au souvenir de la fumée noire envahissant la cuisine et deux servantes la chassant à coup de grands cris effarés
Elle s’enfouit dans les couvertures et se rendort, épuisée, elle a besoin de récupérer.

__________________________

Ce n’est qu’en fin de journée que la voleuse se réveille, un peu dans le pâté.
Cependant elle a meilleure mine.
Les effets de la fatigue, du désespoir et des drogues commencent à s’estomper.
Sahar est en général une personne née pour rebondir entre les drames qui jalonnent sa vie depuis toujours.
Heureusement parce que sinon elle serait suicidée depuis belle lurette !
Mais non elle a un fond d’optimisme indécrottable qui subsiste même quand elle touche le fond.
Un instinct de survie d’une rare puissance !
Elle ouvre donc un œil puis deux, s’étire et baille.
Dehors on entend les cris des athlètes qui s’entraînent, et les qui conseillent leurs poulains
C’est du sérieux !
C’est que ce ne sont pas seulement des Jeux ce sont aussi des Enjeux et politiques avec ça.
Sahar décide d’aller se rafraîchir et se dirige vers les bains.
Elle profite de ce que le lieu soit désert, tout à l’heure il sera bondé, les athlètes venant se laver et se faire masser.
Elle nage, et s’enduit de savon se lavant avec délice.
Elle a l’impression de se débarrasser de la crasse des cachots de Djamila même si dans les faits, elle s’est déjà laver la veille.
Puis elle s’occupe de laver et démêler ses cheveux et les brossent soigneusement.
Enfin Sahar enfile la tunique blanche à liseré gris, signe distinctif des esclaves.
Alors qu’elle est sur le point de sortir, entre un athlète qu’elle reconnaît pour le jeune Jason.

Tiens tiens, mais que fait donc la petite esclave d’Hélios ici.

Ben euh…je me suis lavée… se dit Sahar

Mais c’est que les esclaves n’ont pas le droit de se laver ici, c’est réservé aux athlètes..

Ah…

Sahar recule instinctivement d’un pas, il n’a pas l’air net ce garçon.
Mais si tu es bien gentille, je ne dirais rien, viens par là ma jolie

C’est que…mais où est Ariane ?!!! demande-t-elle en haussant le ton,

espérant que la jeune esclave soit dans les parages car Sahar commence sérieusement à paniquer

héhé je l’ai épuisée elle se repose, ce qui n’est pas ton cas, il paraît qu’Hélios…manquerait d’entrain à ton égard, il doit être aveugle

*ohhh je suis dans de beaux draps, si je le pousse dans le bassin, je finis à la potence…je vais quand même pas le laisser me trousser !!!
Ah ben il est comme son père, chaud lapin, mais manque de bol, lui c’est les femmes qu’il aime*

Sahar recule d’un nouveau pas, cherchant désespérément une porte de sortie.

16. Enigma:Smell of desire

Hélios sortit discrètement de la villa où tous dormaient encore. Il se dirigea vers les écuries et après avoir murmuré des mots réconfortants à chacun des chevaux à la robe blanche, il leur donna une friandise et sella Orion. Peu après la silhouette du cavalier et sa monture s’éloignaient lentement à travers champs. Hélios n’avait pas besoin de se concentrer et laisser l’animal aller à son rythme. Il repensait à ce que Sahar lui avait dit. Elle avait vu juste, hélas…Mais il ne comptait pas laisser Ares s’en tirait aussi facilement. Il lui fallait un plan pour forcer ce dernier à parler..un moyen de chantage, comme Arès en usait avec lui. C’est pourquoi la vielle, il était allé en ville trouver des anciennes relations du général, trouver peut-être l’information qui tiendrait Arès à la gorge. Mais ce dernier était rusé et fin stratège, et surtout il avait une réputation intouchable auprès des autres généraux. Il ne serait pas facile de le piéger…

Sa monture bien échauffée, Hélios le poussa subitement au grand galop, atteignant une vitesse formidable et parcourut ainsi une longue distance sans que le cheval ne montra un seul signe de fatigue. Puis quand Orion eut sa robe luisante de sueur, Hélios le fit lentement reprendre le chemin du retour. Il passa encore du temps à prendre soin des précieux étalons puis gagna les terrains en terre meuble pour s’entraîner aux autres disciplines. Il mit alors toute sa rage et sa colère dans l’élan qu’il donna au javelot. Celui-ci fendit les airs dans un sifflement sourd pour dépasser une fois encore son ancien record.. Il se confronta ensuite aux autres dans des combats de lutte, puis épuisé fini par regagner les bassins dans la vaste salle. Son corps recouvert de poussière, ses cheveux plaqués par la sueur, il avait bien besoin d’un bain.

Mais à peine avait-il franchit le pas de la pièce que des voix familières lui parvinrent…

- Mais où est Ariane ??
- héhé je l’ai épuisée elle se repose, ce qui n’est pas ton cas, il paraît qu’Hélios…manquerait d’entrain à ton égard, il doit être aveugle.
- Je le suis bien moins que toi.. Tu devrais te méfier d’elle.
- me méfier d’une esclave?

Hélios fut surpris de voir qu’elle était encore là et vit le soulagement sur le visage de la jeune femme. Il était visiblement arrivé à temps. Bien que Jason était plus un beau parleur qu’autre chose.

- elle ne l’a pas toujours été… et personne ne sait ce qu’elle faisait avant.. De même qu’Ariane.. Jason, tu devrais te méfier un peu plus des femmes.

Vexé qu’Hélios se permit encore une fois de lui donner des conseils, il ricana méchamment avant de répliquer.

- Et toi à mon avis tu t’en méfies un peu trop. Tu ne sais même pas profiter de beautés comme cette esclave alors que père l’a acheté justement afin de..
- d’abuser d’elle? Je préfère encore payer les services d’une prostituée plutôt que de forcer une femme pour me satisfaire…
- je vois.. Je vous laisse avant que tu ne me serves encore tes discours sur l’esclavagisme…
- tu devrais m’écouter Jason.. Ne fais pas comme ton père qui ne respecte rien ni personne, tout cela finira par lui retomber dessus un jour ou l’autre.

Jason dégagea son bras et dévisagea Hélios, l’air mauvais.

- des menaces peut-être?

Mais il n’attendit pas sa réponse pour quitter la salle, laissant derrière lui un lourd silence. Puis regardant la jeune femme qui avait observé la scène.

- je suis surpris de te voir encore là… Tu ne devrais pas venir ici seule..
- ouais je crois que j’ai compris merci..
- j’allais prendre un bain..
- ça me parait nécessaire en effet, tu veux que je t’aide à nouveau?

Elle le regardait de nouveau avec cet air moqueur.

- non merci, tu n’es pas très douée pour t’occuper d’un homme apparemment. Et d’après ce qu’on m’a dit, en cuisine non plus, tu ne t’es pas montrée très utile..

Elle ouvrait déjà la bouche pour protester, mais à ce moment une voix résonna derrière eux, une voix qu’il détestait..

- ah vous voilà… Jason m’a dit que je te trouverai là. Je m’inquiétais pour toi. Je t’ai vu aujourd’hui à l’entraînement et. ..quelque chose me dit que tu étais un peu tendu. Barbas m’a même dit que tu lui avais mis une sacrée raclée.
- c’était pour le sport et rien d’autre.
- je vois..peut-être n’as-tu pas pu.. Comment dire défouler certains besoin avec cette esclave?
- tu ne devrais pas t’inquiéter pour moi Arès…

Le général se rapprocha et après avoir jaugé tour à tour Sahar et Hélios, il se plaça devant ce dernier:

- Hélios.. Tu ne devrais pas dédaigner les présents que je te fais. Je m’efforce de te faire plaisir et toi tu n’as aucune gratitude.. Peut-être que je devrais confier cette femme à Jason, il semble plus apte sur ce terrain que toi mon cher.

Hélios serrait les dents, retenant une fois encore sa colère. Son regard croisa alors celui de Sahar..