Le Loukhoum - établissement de qualité ^^

( suite du palais de Selam)

- 8 - la fuite

Vangelis: Roxane dance

Le spectacle était terminé et ensuite sous les yeux de la pirate, se déroula un étrange cérémonial, fait de papillonnements de paupières, de sourires aguicheurs, des mots doux qu’on s’échangeait à l’oreille.. Le sultan allait choisir la femme qui lui tiendrait compagnie et comblerait ses dernières envies de cette chaude soirée avant de s’endormir tel le pacha qu’il était sur ses coussins de soie.

Il sembla à la pirate que le sang se retira de son visage quand l’homme ralentit devant elle. Que ferait-elle si par le plus malheureux des hasards, il la choisissait..elle ? Se sacrifierait-elle pour la bonne cause ? Mais quelle bonne cause ? Non, il n’y aurait point de sacrifiée sur l’autel de la luxure ce soir… Bref, le sultan en avait choisi une autre, et Jesse put enfin respirer normalement.. Elle croisa le regard de la favorite qui semblait la jauger, tentant de deviner ses pensées les plus secrètes.. Si elle avait su !

Une fois sa compagne choisie, les autres prirent congé et Jesse fut « gentiment » conviée à suivre le reste du groupe par des armoires à glace qui servaient de garde privé aux jeunes femmes du harem. Las tout ce muscle pour une kekette de ouistiti.. c’était navrant ! Tous des crétins d’eunuque…Quel gâchis ! L’on mena Jesse à l’une des chambres dans laquelle on l’enferma tout bonnement à double tour, d’après le bruit qu’elle entendit dans la serrure. La pirate put enfin se défouler de toute cette colère contenue depuis ….depuis qu’elle avait reprit connaissance dans le désert..

- Bande d’ectoplasmes ! Bachibouzouks ! Cornichons des Andes ! Non mais savez-vous seulement qui vous osez traiter de la sorte ? Lady Sparrow !! et… et vous entendrez parler de moi ..une fois que hmm..

Jesse s’interrompit, réalisant que pour la première fois depuis qu’elle avait débarqué dans ce monde de cinglés, elle se retrouvait enfin seule. Méfiante, préférant rester sur ses gardes, Jesse se mit à inspecter la chambre, vaste, luxueusement décorée, avec ces merveilleuses fenêtres ajourées qu’elle avait pu admirer en arrivant, mais bon si belle fut la cage, l’oiseau n’était heureux qu’en liberté ! et elle devait trouver rapidement le moyen de s’évader.

C’est donc tout naturellement qu’elle se dirigea vers la fenêtre, puisque la porte avait été verrouillée.. Jesse se pencha dans l’ouverture en arc de cercle et constata avec une grimace de dépit qu’elle devait se trouver à plus de vingt mètres du sol.. Quelle malchance ! enfin c’était surtout que les gardes du palais n’étaient pas tout à fait stupides et devaient s’attendre à ce que cette nouvelle arrivante choisît de prendre la poudre d’escampette.. Seulement à cette hauteur, cela devenait du suicide !

Sauf … Sauf si comme toute petite fille qui se respecte, elle avait lu trop de conte, hé oui, la pirate connaissait la légende de la princesse qui pour faire venir à elle son prince charmant avait glissé ses cheveux par la fenêtre et il s’en était servi pour la rejoindre.. Mais bon, il y avait deux hics à ce plan, le premier, il n’y avait aucun prince charmant à l’horizon, et le but était qu’elle se tirât de là, plutôt que d’y inviter un galant.. Deuxième hic, ses cheveux n’étaient pas aussi longs. Et elle n’allait pas attendre qu’ils le deviennent…

Ses yeux cherchèrent autre chose d’approchant.. et s’arrêtèrent sur les tentures qui entouraient le lit, puis les draperies qui ornaient le même lit.. que de tissu ! Jesse plissa ses yeux…

* plus une minute à perdre !*

Livin la vida loca..version murphy.lol

La pirate se mit rapidement au travail, utilisant toute l’étoffe disponible dans la chambre pour nouer les pans de tissu l’un avec l’autre.. Certes ça ne ressemblait en rien à ces beaux cordages de navires, mais elle n’allait pas faire la difficile puisque sa vie et l’honneur de la pirate étaient en jeu ! C’est ainsi que ..quelques minutes, enfin un peu plus tard, l’on put voire un étrange mélange de couleur noué en une sorte de corde tombé le long du haut mur de la tour. Puis une silhouette se hissa à son tour à l’extérieur de la tour pour se laisser ensuite glisser tout doucement au bas de cette corde improvisée.


Tout avait l’air de se passer parfaitement bien jusqu’au moment ou Jesse entendit un craquement de très mauvaise augure. Elle cessa instantanément ses mouvements et leva la tête, cherchant l’origine de ce bruit malvenu. Ses yeux s’écarquillèrent quand elle vit un début de déchirure… Tout de suite elle baissa les yeux vers le sol, constatant qu’il lui manquait encore une bonne dizaine de mètres.. Elle devait agir et très vite, ou elle allait terminer en crêpe de pirate.

Elle avisa alors une poutre un peu plus loin, mais hors de portée.. A moins qu’elle ne réussisse à se balancer, ce qu’elle entreprit aussitôt, projetant ses jambes en avant puis en arrière, au risque d’agrandir la déchirure. Jesse avait réussit à prendre suffisamment d’élan quand elle perçut un second bruit de craquement, plus fort que le précédent. Elle visa la poutre et lâcha sa corde improvisée au moment ou le tissu cédait complètement…. Ses mains accrochèrent de justesse le morceau de bois et Jesse se retrouva ainsi suspendue à dix mètres au dessus du sol…

La pirate entreprit alors de se hisser sur la poutre, et d’escalader ce mur qui offrait par son architecture, plusieurs prises pour tenter de rejoindre un autre toit, légèrement plus bas. Ces fichues chaussures n’étaient pas d’une aide précieuse dans cette escalade, et Jesse devait faire particulièrement des efforts pour s’accrocher et ne pas tomber.

Au moment ou son pied atteint enfin le toit qu’elle visait, un cri ressemblant au hululement d’une chouette perça la nuit. Jesse leva aussitôt la tête et reconnu le visage de la favorite qui venait de donner l’alerte..
*palsambleu ! , elle devrait être contente que je ne reste pas !!*

Stupéfaite, Jesse vit soudain une armée de petits soldats surgir de partout, en bas, au pied du mur. Il devenait inutile qu’elle chercha à fuir de ce côté, il ne lui restait plus qu’à suivre la voie des airs, enfin à longer les toits qui se suivaient les uns les autres dans cette cité entourant le palais. L’avantage était que les constructions se côtoyaient et qu’il suffisait d’un pas pour passer de l’une à l’autre. Les gardes étaient toujours à ses trousses, ils hurlaient des ordres que bien sûr elle ne comprit pas, et se mirent à tirer avec de longs mousquets… Jesse se baissa juste à temps pour éviter l’un des tirs, trouvant tout à coup fort injuste qu’on l’eut privé de son mousquet. Elle n’eut pas le temps de réaliser que c’était la première fois qu’on lui tirait dessus depuis bien longtemps. Les terres qu’elle avait exploré jusque là, ne connaissaient pas encore l’usage de la poudre.

Un nouveau sifflement proche de ses oreilles lui rappela qu’elle ne devait pas traîner et qu’elle ne pourrait pas échouer dans cette tentative. A ce moment, le visage du grand vizir surgit devant ses yeux. Si par malheur, elle se faisait attraper… Non, elle ne devait même pas y songer…
Tout à coup, Jesse se trouva devant une ruelle qui séparait une maison de la suivante. Trop importante pour la franchir même en prenant l’élan, Jesse se retourna pour constater que ses poursuivants avaient eux aussi gagné les toits.. Elle était perdue.. Il fallait tenter le tout pour le tout…

Elle prit donc son élan et bondit le plus loin possible… Las, le saut n’était pas assez puissant et Jesse se sentit happée par le vide l’espace terrible d’un instant quand tout à coup, elle se sentit comme prise dans un filet. La suite dépassa un peu sa compréhension, mais toujours est-il que la pirate se retrouva les pieds sur le sol, sans le moindre bobo, avec quelques vêtements accrochés sur elle. Jesse eut juste le temps d’apercevoir les cordes à linge qui lui avaient sauvé la vie avant d’entendre des cris un peu plus loin…

La pirate se mit à courir aussi vite que possible, empruntant un dédale incroyable de rues, mais ils n’étaient jamais bien loin.. Aussi se trouvant devant une haute porte, elle n’hésita pas et en poussa le battant heureusement ouvert, pour le repousser aussi vite derrière elle.. Toujours sans perdre un instant, elle enfila une tunique large et sombre qu’elle avait récupérée de sa cascade, par-dessus ses propres vêtements, du moins ce qu’il en restait, et enroula autour de son visage, le reste d’une écharpe de soie, à la façon des habitants de cette ville qu’elle avait pu observer en arrivant. Le déguisement ne lui éviterait peut-être pas d’être repérée au milieu des rues désertes pour l’instant de Djamila, mais il lui offrait au moins une tenue plus habillée que la précédente.

*Saleté de coutumes, et c’est quoi ces vêtements qui n’en sont même pas ! Non mais je vous j…*

BLANG !!!

Jesse trop absorbée par sa fuite n’avait pas réalisé qu’elle n’était pas seule dans ce couloir sombre, jusqu’au moment ou elle entendit ce bruit terrible, le son d’une casserole ?... Mais Jesse gisait à présent, inconsciente sur le sol…
Qui était donc ce mystérieux agresseur ?
Au dehors les voix des soldats et l’agitation s’éloignaient…. Ils avaient perdu la trace de la fuyarde…
...

Maitresse Sahar, maitresse Sahar

L’esclave noir appelait Sahar de manière pressante.
Celle ci fronce les sourcils, l’après midi au bain lui aurait-il donné un peu trop d’assurance pour l’interrompre en pleine conversation avec le marchand de bateau Souké Thethoa , un de ses meilleurs clients.
Elle s’excuse d’une phrase et d’un charmant sourire et laisse une des filles reprendre la conversation pour aller voir l’importun.

M’enfin que se passe-t-il ?

Pardonnez moi Maîtresse mais j’ai capturé un intrus en allant chercher du thé aux cuisines.

Capturé un intrus ?

Oui, je l’ai assommé avec la théière vide Maîtresse , et je l’ai enfermé dans le salon bleu.

Sahar ouvre de grands yeux incrédules, décidemment cet esclave est plein de ressource ^^
Un doute la saisit

Tu n’a quand même pas renversé du thé ?
Euh je veux dire tu n’as quand même pas assommé un invité ?
Allons voir ça, ..

Sahar se presse vers le salon bleu (nommé ainsi de manière fort peu originale à cause de son mobilier tendu de soie bleue)
Elle y découvre une forme allongée au sol, vêtue d’une tunique longue bleue et informe et dont le visage est dissimulé.
Sahar soupire, un pauvre hère qui voulait voler quelque chose ou encore un assassin chargé de l’éliminer ?
Ca ne serait pas la première fois, elle suscite tant de jalousie, quoique cela faisait plusieurs mois qu’elle n’avait pas eu à protéger sa couenne, peut-être avait-elle un peu trop relâcher sa surveillance..
Au jugé, elle pencherait bien pour le voleur mais elle ne peut guère se permettre de commettre une erreur.

Bon ben en attendant d’en savoir un peu plus, mets le à la cave dans le cellier.

Du remue-ménage se fait entendre à l’extérieur de la pièce

Mais bon sang de bois, c'est quoâ encore ? peste la jeune femme en sortant, laissant Bouba se dépatouiller avec le corps inerte.

Ouiiiiiiii ? chantonne Sahar en tombant nez à nez avec un garde.
Elle l’entraîne vers un autre salon, afin de pouvoir discuter sans déranger ses autres « invités »

Oui capitaine ? (car l'ex voleuse sait reconnaître les grades ^^)
Je peux vous aider ?

Nous recherchons une jeune femme explique d’un air sérieux le jeune homme

Et bien vous etes au bon endroit capitaine répond Sahar avec un fin sourire

Le Capitaine rougit et s’explique en bafouillant

Non nous cherchons une jeune femme particulière, la dernière épouse du Sultan…
Elle s’est enf…euh…perdue..

*Perdu hein ?*

Oui je vois ..., désolée Capitaine, mais toutes les jeunes femmes présentes chez moi font partie de ma maisonnée mais je ne manquerais pas de vous informer au besoin si d’aventure la pauvre créature venait frapper chez moi !

Sahar ramène le capitaine à la porte et le congédie habilement, il faut dire que jusqu’à présent Sahar a la faveur du Sultan.
Pendant ce temps Bouba s'occupe de soulever le corps pour le descendre à la cave.
Il pose les mains sur deux parties charnues de l'individu et le lache alors brutalement au sol
L'intrus est UNE intruse !!!!!!!!

-9- retour à la conscience

Cheb Khaled/Faudel/Rachid:Ya Rayah

Une douleur lancinante lui vrillait les tempes, ce fut le début du retour à la conscience. Une étrange pensée se glissa dans son esprit: elle n’avait pourtant pas abusé du rhum, au point d’avoir la gueule de bois..non.. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait plus touché à une bouteille, un terrible drame du reste.. Elle entendit des voix plus loin, encore cette langue étrange, ce qui voulait dire qu’elle nageait toujours en plein cauchemar, du coup, Jesse se trouva bien mieux dans cet état cotonneux de demi conscience, jusqu’au moment où un sombre abruti jugea bon de venir fourrer ses sales pattes là où il ne fallait pas.

PAF!
-Aie!
- hé ho, non mais ça va pas?

Le retour à la conscience s’était fait très rapidement du coup, Jesse avait ouvert les yeux et giflé le malotru, un homme à la peau très sombre qui recula sous le coup, se tenant la joue, surpris par la réaction, ou peut-être par autre chose. Il la dévisageait d’une étrange manière. Jesse écarta le pan de l’écharpe de soie qui lui barrait le visage, et essayant de se redresser rapidement, s’empêtra un peu dans la longue tunique.

- Sacré nom de tonnerre! Soit c’est trop court, soit c’est trop long! Il me faut absolument retrouver ma véritable tenue… hey toi l’abruti, c’est toi qui m’as assommé tout à l’heure?

Jesse dévisageait le pauvre homme avec un air mauvais, tout en tâtant délicatement la belle bosse qu’elle portait à l’arrière du crâne. Il ne l’avait pas ratée en tout cas. Bon est-ce qu’il allait enfin parler? Ou peut-être ne comprenait-il pas sa langue?

- hey, t’as donné ta langue au chat?

Mais l’autre la regardait toujours les yeux ronds.. Jesse jeta un coup d’œil autour d’elle.. Encore ces décors très colorés, tentures, et décors orientaux… Pendant un instant, elle crut être revenue à son point de départ, mais se souvint de sa "sortie" de l'escalade et de la fuite sur les toits...

Le problème avec le capitaine est résolu, du moins pour le moment.
Reste maintenant à régler le problème intrus ou plutôt le problème princesse en détresse…
Car qu’on se le dise, Sahar a beau être blonde, elle n’a pas un demi-cerveau !
Elle est bien sure que l’assommé du salon est une assommée et qu’il s’agit de la nouvelle favorite du Sultan.
Mais ce que Sahar sait aussi, c’est qu’en fournissant la fille au capitaine, celui-ci se serait acquis tous les honneurs auprès du Sultan et de cela pas question !!
Sahar sourit, elle va s’occuper de la demoiselle, la soigner et la rendre présentable, la convaincre au passage de la vie meeeeeeeerveilleuse qui l’attend près de son nouvel époux et la rendre docile comme une agnelle à Sa Majesté.
Le Sultan reconnaissant distinguera Sahar et le Loukhoum et de nouveaux clients afflueront dans son établissement.
Sahar transfigurée de joie à cette perspective, bondit vers l’escalier pour descendre à la cave quand elle se fait alpaguer par le Grand Karpeth Pacher, l’incontournable marchand de tapis de la Cité. ( ;) )
C’est un homme grand, costaud, au teint très mat dont le physique ne laisse en rien présager une passion pour les discours fleuris et la poésie à outrance.
Ce défaut fait que ses conversations peuvent durer des heures et qu’il n’est pas toujours évident de s’en défaire.
Sahar se force à sourire, frémissante d’impatience et tache de l’esquiver poliment

Ah beauté de l’Aube, tu nous délaisses ce soir ma beauté, que se passe-t-il pour que tu t’agites ainsi douceur de miel.

Las, Karpeth, il se trouve que ma maisonnée me donne un peu de fil à retordre ce soir.
Rien de grave juste quelques petites choses à régler aves mes nouveaux esclaves.
Mais ne t’en fait O roi du Fil de Kashmir, je serais de retour dans quelques minutes et je passerais volontiers un moment avec toi pour boire un thé.

Je t’attendrai donc Hirondelle du ciel comme le voyageur du désert attend l’apparition de l’oasis dans le désert

*c’est ça c’est ça*
Ca sera une joie pour moi, j’arrive, attendez moi dans le Grand Salon !

Sahar reprenant de vieilles habitudes, le pousse sur le coté et se précipite à la cave.
Elle descend l’escalier abrupt, manque de se prendre les pieds dans sa robe trop longue, rate une marche, glisse sur trois mètres, jure comme un charretier d’Utopia, se rattrape et arrive en bas essoufflée mais intacte.
Elle se rend compte alors qu’il y a un souci, la cave est plongée dans le noir, il n’y a pas un bruit et surtout hormis les tonneaux de vivre et de boisson, il n’y a rien ni personne.
Bouba n’a pas encore emmené son prisonnier et elle est descendue pour rien.
Sahar grommelle, attrape sa robe à deux mains et la soulève sans chichi pour courir plus vite.
Elle grimpe 4 à 4 et s’arrête en haut des marches.
Prudente elle jette un coup d’œil par la porte, ah ah, Karpeth est là, en embuscade, elle a bien fait de se méfier.
Ratadamned !!!
Sahar regarde à droite, à gauche, comment faire ?
Elle enlève une de ses bagues et la balance par derrière Karpeth qui au tintement délicat du bijou sur le marbre se retourne.
Sahar en profite pour passer dans son dos à une vitesse folle (Karpeth : « tel un courant d’air qui souffle sur les dunes de sable au lever du soleil un jour de tempête », oui c’est bon on a compris !) et regagne le salon
Elle entre précipitamment, voit vaguement une forme debout mais sans y prêter plus d’attention se tourne vers la porte pour la maintenir fermer contre d’inopportuns curieux

M’enfin tu traine Bouba !!! Ca fait des plombes que tu devrais être en bas avec le paquet !

-10- retrouvailles avec une jolie voleuse^^

Cette voix… ce n’était pas possible.. Et pourtant, cette crinière blonde, ces yeux de chat qui glissèrent sur la pirate sans s’arrêter, c’était elle, la jolie voleuse. Le temps fut suspendu… Jesse tout à coup muette comme une carpe perdait ses repères, elle ne comprenait plus vraiment ou elle était, certes ce monde ressemblait à l’orient qu’elle avait connu lors de ses voyages chez son amie Shéhérazade, mais Ysao, ici et habillée comme ….. Son esprit s’emballait comme une machine folle, brûlait les étapes.. Si Ysao était ici, si elle avait échappé aux armées ennemies, alors… alors Jesse n’était plus seule de ce côté du miroir, alors… alors si Ysao avait eu droit à une seconde chance, il était sûr que Max aussi! Et Jézabel et tous les autres, et le chien et.. Elle s’emballait…

Mais une chose était sûre! Elle n’avait plus de temps à perdre. Pourtant avant de commencer ses recherches, il fallait qu’elle s’assure d’une chose. En deux pas, elle fut face à la jolie voleuse qui venait de se retourner vers elle après avoir vérifié dans le couloir que personne ne venait, et lui pinça le bras.

- Ouch! Lady??? c’est toâ ??

Oui c’était bien son petit accent que Jesse aurait reconnu entre mille…Elle fit un large sourire à Ysao qui se frottait le bras et l’étreignit avec enthousiasme.

- oui c’est moi!! Ah ben çaaaa alors pour une surprise!!!
- oui oui sacrée surprise, mais ..erf, veux tu bien me lâcher, tu vas finir par m’étouffer..
- oups pardon.. C’est que.. C’est que depuis deux jours, je vous croyais tous morts.. Mais noooon .. Tu as l’air en pleine forme, même si habillée d’une étrange manière et.. Et…euh, mais qu’est-ce que tu fais là?
- Je pourrais t’en demander tout autant! Ainsi tu as épousé le sultan?
- hein? NAAAANN!! Jamais never, nicht! Hey suis déjà mariée, tu as oublié ?
- hmm moui mais bon… ici c’est pas pareil, les hommes ont le droit d’avoir plusieurs femmes et..

Le visage de la pirate s’allongea… plusieurs femmes et si… et si.. NON, elle les tuerait toutes s’il le fallait, ah le saligaud.. Jesse espérait bien qu’il n’y avait même pas songé!

- Ysao..
- appelle-moi Sahar..
- hein? Sahar ? Mais..euh pourquoi?…

- 11 - explications ^^

Pendue aux lèvres d’Ysao, enfin de Sahar puisque tel était son prénom dans cette cité, Jesse buvait chacune de ses paroles. La pirate avait cru avoir perdu tous ses amis depuis ces derniers jours, et là elle retrouvait Ysao même si en apparence elle avait bien changé. Jesse devina que la belle était installée depuis quelques temps déjà.. Ce qui lui fit se poser d’autres questions, elle n’était là que depuis deux jours. Tout cela était bien étrange, mais après tout le principal n’était-il pas de savoir son amie ici avec elle? Toujours muette de stupéfaction surtout après la question au sujet du sultan, Jesse vit d’un bon œil les rafraîchissements apportés par le drôle de sir qui obéissait au doigt et à l’œil à mademoiselle Sahar la respectable.

En souriant, Jesse tendit la main vers le verre et demanda à Sahar de quoi il s’agissait, humant d’un air méfiant le parfum qui se dégageait de la boisson.

- de la citronnade..
- hein? De la …Ysaoo! Euh enfin Sahar! Tu veux vraiment me faire boire de la citronnade? .. Y’a pas moyen d’avoir un peu de rhum? Nan? Juste un tout pitit peu? Naan? …

La demoiselle Sahar secouait la tête, navrée pour la pirate… Jesse fit la grimace et approcha le verre de son visage.. Après tout, elle avait bien trop soif, et se décida à avaler quelques gorgées.

- Tu vas avoir du mal à trouver de l’alcool dans cette cité..
- haa?

Inquiète, Jesse dévisageait Sahar, une angoisse la saisissant aux tripes .. Ou peut-être était-ce la citronnade?

- bé vi.. La religion le leur interdit!
- Nom d’une baleine à bosse, encore une histoire de religion….
- shuuut pas trop fort, j’ai mes clients juste à côté..
- hein tes clients?…oh là là..

Jesse se passa une main sur son front, proche de se sentir mal… Elle reprit contenance et en soupirant marmonna..

- euh tu me demandais ce que moi je faisais ici.. Ben… En fait j’ai été attrapée.
- attrapée???
- euh oui faite prisonnière quoi… par un certain Amir.. Tu le connaîtrais pas par hasard?
- ben tu sais les Amir ici, c’est pas ce qui manque…
- Diantre! Je dois récupérer mes armes et mon chapeauuu… Saligaud, ils m’ont volé mon chapeau..
- ils sont fous!
- oui.. C’est sûr..
- donc et.. Hum comment se fait-il que toi et le sultan…
- ça.. Une véritable histoire de fou..ça fait pas deux jours que j’ai débarqué sur ces terres, et Paf
- paf?
- ouaip, la traversée du désert et tout ça… puis me réveille le nez dans le sable, les cavaliers, les saligauds!
- des saligauds?
- oui les voleurs de mon chapeau! Et voilà qu’ils se mettent à me tâter…

Jesse fit la grimace à Ysao qui venait de pouffer dans sa main.

- rien que pour ça, il faut que je les retrouve!
- je n’en doute pas un instant…donc ton histoire? Dis moaa la suite!
- ben ils m’ont habillée en danseuse du ventre, tss. De ces fringues.. Je te dis pas pour grimper un mur, c’était pas facile.. Et ces chaussures!! Non mais y’a pas idée!

Jesse venait de lui montrer les sortes de babouches pourtant adorables avec leurs perles tout autour..

- un mur?
- oui bon.. En fait ce gars, Amir, il a voulu me vendre au sultan, comme une vulgaire esclave!
- ha non.. Excuse moiaa mais les femmes du sultan sont loin d’êtres vulgaires, tu devrais plutôt considérer ça comme un compliment..
- hmm.. Néanmoins j’ai préféré ma liberté à me transformer en joli oiseau coloré dans cette cage à poule! Et voilà… me suis enfuie par la fenêtre, mais ça n’a pas été sans mal..et la suite tu la connais… mais et toi?.. As-tu vu Jezabel? et Max? .. et ...c'est quoi cette histoire de client?

...

- 12 - déguisement numéro 2


Jesse dévisagea son amie un regard légèrement en biais.. Que manigançait la belle? Pourquoi tenait-elle tant à ce que la pirate restât dans les filets du sultan? Pourtant Sahar savait bien que Jesse était allergique à tout ce qui ressemblait de loin ou de prêt à une prison, et si elle s’était mariée avec Max, c’était bien parce qu’il avait su trouver les « arguments » pour la convaincre.. Mais de là à épouser monsieur barbichette et devenir l’une de ses esclaves sexuelles pour le restant de sa vie, non.. Plutôt mourir..

Ainsi à cause de ce mystérieux sourire sur le visage de Sahar, la pirate préféra rester sur ses gardes. Qui sait ce que ce nouveau monde lui réservait encore comme surprise, il avait déjà transformé la jolie voleuse en femme respectable, Jesse devait tout autant bien s’attendre à la voir se retourner contre elle, pour son intérêt personnel, celui-là même qu’elle avait vu briller dans le regard jaune de Sahar.

Et même si elle fut déçue d’apprendre que son amie ne savait rien au sujet de leurs amis communs, elle n’en montra rien et se leva pour suivre la jeune femme dans les couloirs qui les menèrent à l’étage. Sahar se faisait discrète, lui montrant de ne point faire trop de bruit et Jesse se demandait bien pourquoi.. Il faudrait qu’elle en apprenne plus ensuite, mais pour l’instant l’idée de trouver des vêtements plus seyant lui paraissait à elle aussi nécessaire..

Sahar la guida jusque dans une chambre mal éclairée, moins joliment décorée que le reste de la luxueuse demeure et Jesse en comprit rapidement la raison..

- Nous sommes dans la chambre de l’une de mes employées..
- tes employées. Mais com…mais..
- chut… je vais lui emprunter une de ses « jilbab »..
- quoia?
- oui une djellaba si tu préfères..

Et Sahar lui montra le vêtement devant une pirate sidérée…

- c’est quoi ce sac à patate?
- c’est une djellaba qui se porte avec le Hijab.. Les femmes dans ce pays ne doivent pas montrer leur visage aux autres, excepté à leurs proches..
- mouais, on m’a déjà servi le refrain! Merci…c’est…euh spécial!
- oui mais dans ton cas, ça va être très pratique, personne ne pourra te reconnaître ainsi vêtue!
- ben ça, ça me parait évident, on ne reconnaîtrait pas sa propre mère habillée ainsi…
- allez dépêche toi d’enfiler ça!
- oui mais après?
- tu verras bien…

Jesse n’aima pas la nouvelle lueur qui brilla dans le regard de Sahar, cependant ne pas être reconnue avait certes ses avantages, c’est pourquoi elle enfila sans discuter le vêtement si ample qu’on aurait pu y coudre un gréement complet pour un navire! Plus maladroite avec le Hijab, Jesse ne refusa pas un coup de main d’ysa…de Sahar qui semblait bien savoir s’y prendre avec cet étrange voile qui finalement ne laissa paraître plus que les yeux de la pirate…

- attend.. Un détail encore… assied-toi là !

De plus en plus crispée, Jesse s’exécuta en maugréant…Sahar se pencha au dessus de son visage et rajouta un peu de Khôl autour des yeux de la pirate..

- Tiens regarde..

Elle lui désigna son reflet dans le miroir, et Jesse resta sans voix devant cette femme entièrement voilée de noir, dont seul ses yeux traduisaient la totale stupéfaction.. Ce qui lui fit se demander: en quoi pourrait-elle bien être déguisée demain, en Heidi avec des nattes?? Elle commençait à en avoir sérieusement assez de cette situation.. Et Sahar comme lisant dans ses pensées…

- c’est pour ton bien tout ça.. Sinon rakoum!

Encore !!… Jesse rouspéta, le son de sa voix légèrement étouffée par le voile sur sa bouche.

- Tonnerre de Zeus! Je sais bien que rakoum. J’aimerai qu’on m’annonce enfin une bonne nouvelle!! Pff.. Comment font ces femmes pour vivre avec un mouchoir sur la figure toute la journée?…

La pirate était de mauvaise humeur…

- encore un détail peut-être.. Évite de parler en présence d’autres personnes, car ton déguisement à ce moment ne vaudra plus rien..

L’expression de Jesse remplaça toutes les paroles qu’elle aurait pu prononcer alors…

...

Voilà Lady est habillée comme il faut et peut passer à peu près inaperçue si tout du moins, elle se tient à carreau ce qui n’est pas encore gagné

Boooooooon maintenant nous allons sortir d’ici, traverser le grand salon et sortir par la porte arrière.
Surtout tu ne parles à personne
C’est bizarre j’ai déjà d’y ça à quelqu’un y a pas longtemps…hummm
Bref tu me suis, tu baisses les yeux sur tes babouches et chuuuuuut.

Sahar entraîne Lady en dehors de la pièce et pénètre dans le grand salon
Le grand salon est magnifique, les boiseries en bois de rose sont magnifiquement sculptées et ajourées et leur beauté est rehaussée par les mur blanchi à la chaux .
Des abats-jours colorés diffusent la douce lumière des lampes à huiles parfumées aux huiles de jasmin et de fleurs d’orangers.
Des coussins et les tentures aux couleurs chaudes sont disposés dans la pièce ainsi que des guéridons de bois précieux où sont mis à disposition des clients, nourritures fines, douceurs et fruits, et des boissons variées.
Tout n’est que plaisir volupté et repos.
Dans cette ambiance feutrée, des groupes d’hommes relaxés discutent ou jouent avec de belles jeunes femmes chargées de les distraire et de les servir.
Un trio de musiciens jouent de la musique locale près d’une estrade destinées aux danseuses qui donneront un spectacle plus tard dans la soirée.
Sahar louvoie entre les invités, adressant un sourire à l’un, un hochement de tête à l’autre, faisan signe aux hommes de ne pas se déranger pour elle.
Surtout ne pas s’arrêter sinon elle est perdue !
Heureusement Karpeth n’est pas dans les environs et Lady et Sahar peuvent sortir sans encombre.
La porte arrière donne sur un splendide jardin d’intérieur, les lauriers roses et la glycine en fleurs charment l'oeil du promeneur au milieu de la délicieuse odeur des chèvre-feuilles et de la cascade musicale de la fontaine.
Au détour d’un chemin, Sahar se cogne le nez sur un torse aux muscles fins et bien dessinés.
Elle lève le nez, deux yeux rieurs d’un vert changeant la regarde.
L’homme a les traits réguliers, la peau matte, et un sourire narquois aux lèvres.

Je savais que vous finiriez par me tomber dans les bras, ma chère

Sek’, vous ici ! Je croyez que vous aviez décrété ne jamais mettre les pieds dans mon établissement mal famé !

C’est bien pour cela que je suis dans le jardin, chère petite goutte de miel

Vous jouez sur les mots mais vous tombez à pic mon ami !!
Suivez moi, j’ai besoin de vous !
Oh rassurez vous je ne vous emmène pas dans mon établissement mais dans mes appartements privés.

Je rêve depuis des nuits de cet instant mon sucre de rose

Vous êtes incorrigible, cessez de faire le pitre, au fait je vous présente une amie, Lady

Lady Sparrow, la nouvelle femme du Sultan?
Vous avez repondu à ma question sans même que je vous la pose, vous êtes définitivement merveilleuse

Oh vous êtes au courant ? Déjà ?!!
Hé ! Pas si vite, c'est le sultan qui vous a mis sur la piste de Lady, c'est ça ?!!
Oh non vous n'allez pas vous sauver comme ça Sek'!
J'ai besoin de vous et vous me devez plus d'un service!
Lady, ce diable d’homme est très précieux, je dirais même in-dis-pen-sa-ble

Que de compliments! Vous allez me faire rougir
Enchanté de vous connaître Princesse, je dois vous ramenez au Sultan vous savez...
Mon petit Loukhoum, comment puis-je vous aider ?

Gagnons d’abord ma chambre, nous discuterons ensuite de tous ces petits tracas, les jardins ont parfois des oreilles, n'est ce pas Sek'?

En deux escaliers et quelques couloirs, le trio gagne la chambre de Sahar.
Elle ferme soigneusement la chambre et la fenêtre et revient vers Lady et Sek' qui s’observent.

- 13 - méfiance

A la suite de Sahar, Jesse traversa les diverses pièces avant de se retrouver dans le jardin face à un homme qui avait surgit de la nuit. Un vieux réflexe de la pirate la poussa à porter sa main à son sabre, mais bien entendu, il n’était plus là, et intérieurement la pirate se promit pour la énième fois d’étriper ces hommes qui avaient osé lui voler ses armes.. Seulement il se posait un autre problème pour l’instant, cet inconnu qui leur faisait face. Heureusement Sahar semblait le connaître, mais Jesse n’accorderait pas de sitôt sa confiance à cet homme et sur ses gardes, suivi les deux amis dans la chambre de la voleuse, plutôt bien décorée du reste…

A présent à l’abri des oreilles indiscrètes sauf celle de cet homme dont Jesse se méfiait toujours, il semblait qu’ils pouvaient s’exprimer librement.. Alors il y avait un point que la pirate devait tout de sutie mettre au point. A peine Sahar avait-elle fermé la porte que la pirate prit la parole.

- Je ne vous connais pas monsieur, mais sachez que je ne suis PAS la femme du sultan et que je ne l’ai jamais été…A ce que je sache pour que mariage il y ait, il faut une cérémonie, et nous venions d’être présenté quand j’ai décidé de lui fausser compagnie.. Première chose et seconde chose, je ne compte pas y retourner, et vous ne pourrez pas m’y forcer!

Jesse glissa un regard vers Sahar cherchant sans doute de sa part qu’elle confirme ses paroles, après tout Sahar la connaissait bien et devait se douter que la pirate n’avait pas l’intention de retourner au palais du sultan.. Et puis qui était cet homme et quels étaient leurs relations à ces deux là? Ysao était-elle devenue aussi respectable qu’elle le disait?

- Je me doute que tu ne veuilles pas y retourner, même si je regrette.. Tu sais elle est belle la vie au palais..
- Ysa…Sahar, tu sais très bien que..
- oui oui, je sais, je sais.. Tant pis!
- Bien, tu as l’air de penser que ce monsieur pourrait m’aider à quitter cette cité?
- oh tu veux déjà partir?
- franchement, si j’ai la garde du sultan aux fesses, je ne tiens pas à y retourner. De plus le grand vizir se ferait un plaisir de me « punir »..

Elle prononça le dernier mot avec une expression de dégoût.. Oui sans aucun doute qu’il prendrait plaisir à la corriger, la pirate avait compris que ce personnage cachait une personnalité des plus cruelles….

- et pour toi, tu n’es pas en sûreté pour autant que je suis sous ton toit, c’est pourquoi je pense qu’il vaudrait mieux que je quitte Djamila au plus vite.. Et puis il faut que je retrouve la trace de mes amis..
- tu crois que tu as une chance de les retrouver?
- je l’espère du moins… et il faut bien que je tente le coup non? Au moins je saurai où te trouver toi.. Mais bon dorénavant venir te voir sera compliqué.. Puisque je suis dans la ligne de mire du sultan… Il ne pouvait pas se choisir une autre femme pour lui servir de dessert? Enfin bref, ainsi donc, tu dis que je peux compter sur monsieur, pour fuir la ville?

Jesse dévisagea l’homme, plongeant son regard dans le sien, cherchant à déceler toute trace de roublardise, mais il se contentait de sourire, sûr de lui..

Détend toi Lady !!!
J’te trouve un peu…stressée ?

Sahar se dirige vers un cabinet en marqueterie et manipule une série de symbole en nacre.
Le secrétaire s’ouvre avec un petit clac et Sahar sort négligemment une bouteille de whisky d’Ynis Prydein et trois verres.
Car Sek ne dédaigne pas lui non plus un petit verre de temps à autre, du moment que cela se fait à l’abri des regards trop curieux.
Tout en servant avec soin les verres, Sahar soliloque gaiement

Ma chère Pirate à peine retrouvée…
Je n’ai pas l’intention de te perdre ou de te mettre en danger lorsque tu viendra me voir…
Aussi j’ai pensé à un PLAN
Un plan génial même si je puis dire !
Et mon cher ami Tulié Sek’reth Djel e Khonaï, ici présent va m’aider ou plutôt nous aider à réaliser ce plan.
Aussi trinquons à ma merveiiiiiiiiilleuse petite tête si bien faite !

Les yeux grand écarquillés, Lady regarde Ysao, cette Sahar serait-elle tombée sur la tête ?!!
Un coup d’œil à Tulié lui permet de constater que l’espion a lui même un air de franche curiosité intriguée.
Néanmoins il attrape son verre et ce n’est qu’après avoir discrètement ouvert une bague au dessus de son verre pour y verser une poudre blanche, qu’il s’autorise à en boire une gorgée, l’homme est excessivement prudent.

Mon loukhoum vert (les meilleurs, ceux à l’amande), je dois dire que ça m’inquiète quand tu es comme ça

Moi aussi !

Hihiii aaaaaaaah
Installez vous et ouvrez grands vos écoutilles, c’est comme ça qu’on dit hein Lady ?
Figurez vous que cela fait des mois que j’épluche les lois de ce pays.
Cinquante et un livres de lois, détaillées en milles chapitres comprenant chacun 33 versets, rédigés en phrases tellement sibyllines qu'elles sont capables de décourager un dromadaire de boire à une oasis après 6595 jours dans le désert.
Mais aujourd’hui cela paye ! ahaaaaaaaaaaah !
Car figurez vous que je connais UNE loi qui va nous aider.

Il est formellement interdit de se marier avec un ambassadeur.

un long silence suit cette déclaration avant que fusent simultannément:

Et alors ?
Et alors ?

Et alors, nous avons ici devant nous, le Capitaine Sparrow, Ambassadeur des Iles du Crane, venue à bord du White Star afin d’établir des relations cordiales avec notre cher sultan.
Malheureusement il se trouve qu’il y a eu une affreuse tempête et que le bateau à couler.
Le Capitaine Sparrow a tenté vaillamment de remplir sa mission coûte que coûte mais s’est fait attraper par les hommes du Vizir qui n’a RIEN voulu écouter de son histoire.
Splendide non ?
Nous faisons là d’une pierre trois coups

Sauver Lady du mariage
Lui permettre de se promener à Djamila à sa guise
Et enfin dernière raison pour laquelle mon cher Sek vous allez nous aider
Nous allons faire tomber en disgrâce le Vizir que vous détestez tant.

Maintenant il suffit juste que vous nous arrangiez quelques formulaires administratifs qui prouveraient que le Vizir était au courant et aussi de faire circuler quelques rumeurs, ça je peux m’en charger.
Ensuite nous pourrons organiser une autre rencontre avec le Sultan et je serais adulée comme celle qui a sauvé l’ambassadrice !!
Alors qu’en dites vous ?

Avec un sourire très fier, Sahar regarde ses deux acolytes à tour de rôle !

- 14 - complot

Jesse ouvrit la bouche pour protester en voyant Sahar extirper une bouteille de whisky d’un placard dissimulé..

- mais mais…!

Mais Sahar était déjà partie sur sa lancée, et leur fit part de sa merveilleuse idée qui faisait briller ses yeux d’excitation et qui laissa la pirate sans voix, pendant tout le spitch…. Beaucoup de lecture, des lois, des édits de cette cité dont Jesse ne connaissait rien et qui interdisait aux ambassadeurs de se marier.. Mais encore? …Voilà que Jesse était proclamée ambassadrice des îles du Crâne.. Quelles îles du Crâne? Jesse n’avait vu qu’un vaste désert! Mais Ysao n’avait pas terminé, elle évoqua son cher White Star qui aurait sombré… Nom d’une baleine à bosse, Jesse ne pouvait même pas imaginer une telle horreur!! Son cher navire coulé!! Parangon! La nervosité de la pirate augmentait au fil de l’histoire d’Ysao.

Cependant quand cette dernière, un sourire victorieux sur son joli visage leur fit face, attendant leur avis sur son idée, Jesse se plongea dans ses réflexions.. Libre de pouvoir circuler dans Djamila au lieu de devoir fuir, réclamer justice et si elle avait bien compris, faire tomber ce grand vautour de vizir de son perchoir, et c’était là où l’idée d’Ysao devenait tentante. Obtenir sa vengeance sur cet homme qui l’avait mésestimée et pire, se faire reconnaître devant le sultan, autrement qu’en vulgaire marchandise… Sa dignité reprendrait du grade, voilà une idée qui séduisait la pirate au plus haut point. Et peut-être, peut-être qu’elle retrouverait la trace de cet Amir, et de son chapeau par la même occasion.. Oui c’était décidé, elle était partante pour ce plan, mais il y avait encore des lacunes à combler, et la première était:

- hmm… ambassadrice des îles du Crâne, mais existent-elles vraiment? Si je dois me prétendre ambassadrice d’un royaume, le grand vizir aura tôt fait de prouver s’il est factice ou pas.. Et comment éviter qu’il n’aille mettre son nez chez ces gens, les habitants de ces îles qui n’ont jamais du entendre parler de moi bien évidement!
- t’inquiète pas pour ça, Sek va s’occuper d’officialiser tout ça!
- moi?
- oui…. Quelques falsifications de papier, ça devrait pouvoir se faire nan?

Jesse dévisagea l’homme qui réfléchissait lui aussi à l’idée d’Ysao.. La pirate se dit qu’il devait lui aussi sacrément en vouloir au vizir pour accepter de se mouiller dans une telle aventure, mais si le plan d’Ysao réussissait, Jesse était sauvée et de plus reconnue du sultan… ainsi que Sahar et Sek par à la même occasion.. Le trio était des plus hétéroclites mais le défi était des plus intéressants pour Jesse qui avait toujours adoré les relever. Et même si elle ne connaissait pas grand-chose de cet homme, elle était prête à faire équipe avec lui pour retrouver officiellement une liberté si chèrement défendue.

...

Pourquoi ça ne te plait les Iles Cranes ?
On peut mettre un autre nom si tu veux…moâ je trouvais que Iles Cranes c’était parfait pour une pirate

C’est surtout que si elles n’existent pas, le Vizir aura tot fait de découvrir la supercherie

Bah non, ici y a encore pleins d’îles et de continents inconnus…
Par exemple, ils n’ont jamais osé s’aventurer au delà de la Mer Serpent.
Paraît que y a des gros monstres dedans…
Sek’ nous bidouille quelques papiers, une fausse carte et le tour est joué .
Tu veux qu’il s’appelle comment ton roi ?
….
Erf enfin ce sont des détails, tu en discutera avec Sek’ pendant que la couturière vient prendre tes mesures.
Il te faut une tenue digne d’une pirate ^^

BOUBAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!

La porte s’ouvre quasiment aussitôt

Oui Maîtresse ?

Arrête d’écouter aux portes bon sang d’Arcadien !!!
Sek’ va finir par te trancher la gorge un d’ces quatre !!! (sourire mystérieux de Sek’)
Va plutôt cherchez Aïcha Pick’lezaiguye, c’est la meilleure couturière de la ville et surtout la plus discrète ^^

Ysao excitée comme une oustiti devant un tas de bananes, s’enquille un nouveau whisky et marche en long en large en travers.
Ses bijoux titannabulent au rythme de ses pas énervés.
Sekret lui en profite pour interroger la pirate sur ses préférences en matière de nom, pays, symbole etc…
Il faut aussi trouver un prétexte à l’envoi d’une ambassade

Bah le commerce, ça fera bien l’affaire…
Où alors mieux…
Héhé pourquoi pas un mariage..

Encore?!! Mais JE NE VEUX PAS épouser le sultan nom d’une baleine à bosse !!!

Pas le tien de mariage, patate douce !!
Celui de la fille de ton roi !!!
J’ai justement une amie qui cherche à se placer avantageusement….
Si je la mets au parfum…humm quoique j’ai pas vraiment confiance, elle pourrait nous vendre pour un cochon en pâte d’amande…
Nan on s’en tient au commerce.

On frappe à la porte

Maîtresse, la couturière est là

Déjà ?!!!
Fait la patienter deux minutes Bouba
Sek’ mieux vaut qu’elle ne te voit pas là …

Exact ma douce perle d’orient, je vais m’atteler à la tache de ces faux documents et commencer à répandre certaines rumeurs.
Ton plan est audacieux, dangereux, mais avec ta chance et mon talent il réussira

Tu veux dire ma chance et MON talent je suppose !

Sek’ sourit, complice, à Sahar puis s’incline galamment devant lady Sparrow et se touche le cœur la bouche et le front de la main en guide de salut avant de disparaître par la fenêtre, laissant la brise faire s’envoler les rideaux diaphanes.
Avec un sourire béat et les yeux brillants, Sahar commente

N'est-ce pas qu'il est charmant?

- 15 - The pirate is back!!

Hans Zimmer: Dead man Chest ( a ouvrir avec explorer)

L’idée de Sahar prenait forme, incroyable, complètement folle et pourtant si belle.. Celle qui fut la plus célèbre des voleuses mais aussi la plus habile, réalisait-elle le cadeau qu’elle faisait à la pirate? Jesse qui pensait ici avoir tout perdu, retrouvait son statut de pirate, et plus encore, un titre, une tenue, et le plus beau.. La reconnaissance. Elle serait reconnue désormais comme ce qu’elle avait toujours revendiqué, une pirate.. Ambassadrice des îles du crâne. Le symbole fut rapidement trouvé, un crâne et deux sabres d’abordage croisés, tel le Joly Roger… Des armes! Il lui fallait des armes! Oui, mais une chose à la fois!

Une nouvelle flamme s’alluma dans le regard de Jesse, Lady Sparrow était de retour, et même si ce monde n’était plus celui qu’elle avait connu, elle saurait à nouveau se faire une légende et faire trembler les gens à la seule mention de son nom… De nouvelles conquêtes, de nouvelles aventures, elle avait un nouveau monde à portée de main, il lui suffisait juste de signer quelques papiers douteux, de toute façon l’honnêteté n’avait jamais été une des qualités de Lady Sparrow.

Au moment où Bouba ouvrit la porte de la chambre, Jesse se redressa, plus fière et plus déterminée que jamais à conquérir ce nouveau monde… Ici, tous les trésors restaient encore à découvrir. Le sourire en coin, regard étincelant, elle retira ce fichu voile qui cachait son visage et salua Sek qui s’éclipsa rapidement avant l’entrée en scène de la couturière.

- N'est-ce pas qu'il est charmant?
- hmm oui, intéressant, et fort utile..

Jesse était à milles lieues de cette chambre, s’imaginant déjà livrant de nouvelles batailles contre des ennemis qui ne manqueraient pas. Elle remarqua cependant le doux sourire sur le visage de Sahar.. Et alors que cette dernière expliquait en quelques mots que Jesse ne comprit pas, ce qu’elle voulait à la couturière, Jesse se dit que la chance semblait enfin lui sourire, déjà elle avait retrouvé son amie…

Pendant que la femme prenait les mesures de Jesse après que cette dernière eut retiré la tunique informe, Sahar faisait la traduction sur ce que désirait la pirate. Tout serait commandé et livré rapidement .. À quel prix? Jesse l’ignorait, mais elle savait qu’elle serait infiniment redevable à la jolie voleuse.. Elle ignora la grimace de la bonne femme quand elle mesura son tour de poitrine..

- qu’elle n’oublie pas un corset solide, et pas en dentelle, vais pas aller au bal avec, mais doublé et hum confortable!
- oui bien sûr! Le corset
- et les bottes! Du trente-neuf..
- ha ben je comprends pourquoi tes babouches ne m’allaient pas..
- hmm..pas ma faute si je suis grande! Et la blouse avec de larges manches, et le foulard pour protéger ma tête..
- oui oui, quelque chose qui ressemble à ce que tu avais avant quoi!
- euh oui..voilà…. Hélas, il me manque mon chapeau!
- ho mais ne t’inquiète pas, on va t’en trouver un tout neuf, et qui sera bien plus beau!

Jesse dubitative fit la grimace, mais elle se tut, alors que la couturière finissait de prendre les mesures.. Elle baragouina quelques mots à l’intention de Sahar..

- ah ça.. Et bien…

Jesse ne comprit pas le reste et intriguée par le sourire amusée d’Ysao, elle l’interrogea..

- Qu’est-ce qu’elle dit?
- elle demande pour tes sous-vêtements si tu préfères porter des sous-vêtements masculins ou féminins..
- ben féminin.. Mais pas de chichi hein!
- hmm oui.. Oui, fais moi confiance, un truc assez sympa si jamais tu remets la main sur cette canaille de Max..

Jesse ne sourit pas à l‘allusion. Elle espérait le retrouver, mais de vieux souvenirs avaient refait surface…Lady Sparrow avait déjà perdu un être très cher par le passé…Pendant dix ans, elle avait écumé les mers et les terres de par le monde à la recherche du plus fameux des pirates, sans succès.. Dix ans de sa vie à courir après un rêve…un rêve définitivement perdu….Jesse avait tiré un trait sur Jack et pour l’instant il était trop tôt pour dire si elle en ferait de même avec son cher mari. Mais elle savait déjà qu’elle ne perdrait pas autant de temps que pour Jack, à courir derrière lui…

- Je te fais confiance… pour ça et pour le reste.. Quand tout sera-t-il prêt?
- hé bien ta toute nouvelle tenue, très rapidement. Mais le reste dépend de Sek.. En attendant il te faudra rester discrète.
- oui bien entendu.. Je ne vais pas bouger d’ici.. Ecoute, Sahar…
- oui?
- tu peux me laisser à présent et aller t’occuper de tes clients. Je m’en voudrais de trop te retenir.. Et puis.. .. Merci..pour tout!

Jesse avait saisi la main de Sahar dans la sienne et son regard remplaça tous les mots de remerciement… La pirate était heureuse de se savoir bientôt à nouveau dans la peau de Lady Sparrow, et non plus une de ces princesses de pacotille..

Et puis, elle avait déjà des idées, conquérir une île pour commencer, qui porterait le nom d’île du crâne, mais elle avait le temps.. Les papiers d’abord, la conquête ensuite…Quand au roi , elle avait déjà donné un nom à Sek pour ses papiers, un petit clin d’œil, en souvenir du bon temps…Le roi Maxime sans Pitié. Voilà qui lui aurait plus…du moins pour la première partie…le reste!

...

Sahar est contente de la façon dont se déroulent les opérations.
En peu de temps la Pirate sera équipée et ils pourront officialiser son arrivée en tant qu’ambassadrice des Iles Cranes.
Sahar a vu la leur déterminée et combative dans le regard de Lady Sparrow et est contente de la voir ainsi, prête à pourfendre tous les obstacles qui se dresseront sur son chemin.
Où mène ce chemin ils ne le savent pas encore, mais Sahar est persuadée que cela ne peut-être que vers une destinée meilleure.
Elle adresse un sourire radieux à la pirate et après s’être recoiffée soigneusement et remis du Khôl sous le regard étonné de Lady ; elle sort pour laisser cette dernière se reposer un peu.
Sahar regagne la partie du palais réservé aux « invités ».
En chemin Bouba la rejoint et lui donne un message que la jeune femme parcourt rapidement.
Un sourire rusé nait sur ses lèvres avant de disparaitre aussitôt sous le masque composé de la parfaite maitresse de maison.
Elle jette le billet dans un brasero et rejoint le grand salon, son esclave personnel sur les talons.

Isla Khoûl Douss, mon ami, quelle joie de vous voir !!!
Cela fait tellement longtemps

S’exclame Sahar en ondulant savamment vers un petit homme rond affalé sur une méridienne.
Celui-ci, devenant rouge comme une pastèque, se lève précipitamment pour accueillir la jeune femme qui lui tend ses mains fines chargées de bijoux précieux.

Je devrais vous gronder très cher, vous vous faites par trop espérer.

Le petit homme devenant cramoisi balbutie et manque de s’étouffer.
Sahar le dirige vers deux sièges, le pousse dans l’un, s’assoit dans l’autre et claque dans les mains, aussitôt deux belle jeunes femmes arrivent pour leur servir du thé et des petits gâteaux.

Je suppose que ce sont vos obligations au palais qui vous empêche de venir me visiter plus souvent
Un homme tel que vous doit être terrrrrrriblement occupé.

Oui oui, le premier scribe du Vizir est un homme très exigeant sinon je viendrais plus souvent douce amie.

Sahar se penche gracieusement ronronnant à l’oreille de l’homme qui a de plus en plus chaud

Je n’en doute pas…Je sais que sans vous on serait perdu au palais !!
Vous qui êtes toujours au courant de la moindre nouvelle…
Comme je suis bien sure que vous vous êtes occupé de préparer la venue de cet ambassadeur…

L’ambassss ?...euh oui oui c’est évident…
Je m’occupe de…euh de son arrivée…euh imminente d’ailleurs…
Mais euh...comment se fait-il que vous soyez au courant ? Sa venue a été gardé secrète et…

Sahar a un petit geste désinvolte, un charmant haussement d’épaule

Oh vous savez la rumeur enfle …
Ah comme c’est excitant !!
Un ambassadeur venu d’Iles lointaines et inexplorées…
Dire qu’on ne sait quand il va arriver, avec ses tempêtes terribles qui ont eu lieu…
On m’a dit qu’il était déjà en retard de plus de 10 jours !!
Espérons qu’il ne lui soit rien arrivé de fâcheux, la mer est si capricieuse…
Les méchantes langues disent que le bateau aurait fait naufrage…

Le scribe de la maison du Vizir semble perdu dans ses pensées, il sursaute et répond

Ah euh..oui oui …
Vous m’excuserez ma chère mais je dois vous laisser, un fâcheux contretemps…

Déjà ?
Oh…et bien je vous raccompagne alors…
Et dites bien bonjour à votre femme Jemela pour moâ !!

Sahar prend un air légèrement déçu mais sourit et en parfaite hôtesse accompagne le gros homme jusque la porte d’entrée.
C’est avec une grande satisfaction qu’elle voit l’homme courir aussi vite qu’il peut jusqu’au palais.
Deuxième étape sous controle, c'est Sek qui va être content !

- 16 - "contente"

l'envie de.. euh je vous laisse écouter....(avec explorer pff)

Cela faisait deux jours que Jesse se terrait dans la chambre de Sahar. Plus que jamais il était important qu’on ne sut pas que la jolie et respectable Sahar gardait chez elle un invité de marque. Aux yeux des domestiques de la jeune femme, Lady Sparrow n’était qu’une amie en visite et de toute manière, Sahar les avait clairement menacé de leur couper la langue s’il y avait quelconque fuite.

Pendant ces deux jours, les deux femmes avaient eu le temps de planifier ce qui allait être l’entrée en scène de l’ambassadrice des îles du Crâne, le pourquoi de sa venue, histoire d’établir des relations de bon voisinage, moyennant quelques présents. Bien entendu encore une fois, ce fut Sahar qui dut se mettre en frais pour trouver les cadeaux qui éblouiraient le sultan. Mais elle tint compte aussi du fait que le sultan et surtout le grand vizir s’était lourdement trompé au sujet de Jesse, ce qui leur éviterait de devoir faire un cadeau trop luxueux. Le sultan et son entourage seraient bien trop ennuyés devant l’énorme erreur qu’ils avaient commise pour se soucier de la valeur d’un présent.

Ce serait Sahar en personne qui accompagnerait l’ambassadrice des îles crânes et demanderait une audience à sa suprême altesse. En faisant valoir son aimable participation à secourir une pauvre ambassadrice poursuivie par des gardes qui n’avaient rien voulu entendre à la raison de sa venue, elle serait remerciée comme elle le méritait! Du moins c’était l’idée d’Ysao sur la question. Quand à Jesse, elle comptait bien obtenir réparation au vu du comportement du grand vizir.. Ce serait à son tour cette fois de s’agenouiller devant elle. L’image était suffisamment plaisante pour que la pirate patienta pendant ces deux jours.

Le lendemain déjà, Sahar recevait en sa maison la renommée Aïcha Pick’lezaiguye qui avait apporté avec elle, la parfaite panoplie d’une pirate, ou plutôt d’une ambassadrice pirate. La vue des vêtements, des superbes ceintures de cuir, des armes et au final le fameux chapeau, firent briller de joie le regard de Lady Sparrow qui s’exclamait à chacun des effets qu’elle tenait en main, ignorant les chuuuut de Sahar qui craignait que la pirate n’alerta tout le quartier:

- Rohhh là làààààà, regarde moi ces booooootttes!!! Ellles sonnnnnnnt suppperbeeeuuh!!!
- oui mais doucement Lady..
- rohhhhh et y’a même les bijoux…… Carambaaaa, c’est la classe!!
- chuuuuuuuttt, tu vas finir par alerter toute la cité avec tes cris!
- haaaaaaaaaaaaaaaaaaa…….. Le chapeauuuuuu ! Oh …roh…. Il ..il .. Il est superbe…

Jesse qui venait d’étrenner toutes ces affaires, s’admira dans le miroir, et cette fois ses yeux brillaient d’émotion…Elle fit volte face devant Sahar et la saisit avec un immense entrain dans ses bras, la soulevant presque et l’étouffant surtout! Jesse lui colla un énorme baiser sur la joue et concéda enfin à la relâcher, avant de se mettre à exécuter quelques pas d’une étrange gigue sortie d’on ne sait ou..

Pleine d’une énergie nouvelle, Jesse après avoir admiré une énième fois son reflet dans le miroir, se tourna à nouveau vers Sahar qui recula d’un pas prudent.

- et alors ton ami?
- Sek?
- oui!! Sek!! Il arrive quand avec ces papiers?? …il faut que nous allions très vite voir ce sultan et ce grand crétin de vizir et je leur montrerai de quel bois je me chauffe..
- ahem.. Oui mais bon, il vaudrait mieux que tu me laisses leur parler d’abord..
- ha oui, tu sais parler leur langue toi!

Mais en fait Sahar devait plus craindre que la pirate ne s’emporte encore comme à l’instant… il ne faudrait pas que la toute nouvelle ambassadrice gâcha les chances de la jolie voleuse d’acquérir auprès du sultan une réputation sans pareil.. Ainsi elle se garda de contredire la pirate encore toute à sa joie de découvrir sa nouvelle tenue.
...

Le soir tombe doucement apportant avec lui un peu de fraîcheur après la chaleur étouffante de la journée.
Le Loukhoum vient bientôt ouvrir ses portes et Sahar profite d’un moment de répit pour se reposer avant l’arrivée des clients.
Les yeux mi-clos, étendue de coté sur une méridienne, elle ressemble un chat alangui.
Elle semble parfaitement au repos alors qu’elle bout intérieurement de ne pas avoir de nouvelles de Sek’ depuis trois jours.
Par les cornes du diable mais que fait-il ?
Y a-il eu un problème dans le déroulement du plan ?
Sek a-il du mal à trouver un faussaire, à réunir les papiers, à faire circuler la rumeur ?
Les recherches pour retrouver la « princesse » se poursuivent mais avec moins d’enthousiasme, si Sek ne se dépêche pas l’exaltation du moment serait passé et le fait que l’ambassadrice soit la future princesse aurait bien moins d’impact.
Le sultan est un homme à l’esprit changeant, concernant les femmes surtout, il n’y avait qu’à voir la taille de son harem, et le Grand Vizir sait le manœuvrer avec habilité.
Sahar plisse les yeux pour cacher le feu qui couve dans son regard jaune de prédateur.
C’est qu’elle aussi a un compte à régler avec le Grand Vizir.
Car le Grand Vizir aime les femmes d’une manière particulièrement déplaisante.
Et il n’a pas compris que le loukhoum n’était pas là pour assouvir ses pulsions.
Sahar revoit le beau visage de Samilia constellée de bleus, les yeux clos les membres rompus à force de coups.
L’affaire avait bien sur été étouffée, on n’allait quand même inquiéter le Grand Vizir pour la mort d’une fille de maison, cela ferait désordre !
A ce stade de ses souvenirs, Sahar bouille de rage et n’entends pas Bouba qui l’appelle

Maîtresse

La jeune femme torture les franges du coussin de soie.
Il y a aussi lady Sparrow, Sahar doute de pouvoir la tenir confinée encore longtemps.
La pirate veut sa revanche.
Sahar soupire

Maîtresse ?

Oui ?

Votre thé est froid, maîtresse
Et vous n’avez rien mangé

dit Bouba d’un air désolé en regardant le plateau de nourriture, intact.
Sahar fait un geste

Tu peux remmener tout ça.
Et ensuite fait ouvrir les portes, il est l’heure.

Il est l’heure, ces mots éveillent une nostalgie profonde chez Sahar.
Il est l’heure, autrefois elle partait alors en chasse nocturne, à la recherche de butin et de sensations.
Autrefois quand elle s’appelait Ysao les mains vives.
Mais aujourd’hui elle est Sahar et elle a un établissement à faire marcher.
Les premiers clients entrent, ils sont encore peu nombreux à cette heure de la soirée et se dispersent dans les différents salons.
Sahar leur sourit distraitement, l’esprit toujours ailleurs quand un homme se plante devant elle pour la saluer.
Elle sourit gracieusement et penche la tête sur le coté, c’est un nouveau client lui semble-t-il.

Ma dame, votre beauté éclipse le scintillement du coucher du soleil sur le palais de Djamila

Cette voix…

Je me présente
In Khonitô

*Sek’ !!!!!!*
Le visage de Sahar s’éclaire et un sourire dévoile ses dents, petites et pointues, croqueuses de vie.

Laissez moi vous offrir un thé pour vous souhaiter la bienvenue dans mon établissement
J’accueille toujours avec plaisir de nouveaux invités.

Sahar entraîne son ami vers une petite alcôve du grand salon où elle peut à la fois entretenir une conversation discrète tout en surveillant les évènements qui se déroule chez elle.

- 17 - Le faux royaume

Loreena McKennitt: Night ride across the caucasus

Jesse regardait par la fenêtre qui donnait sur la belle cité de Djamila. Tout paraissait si calme en cette douce soirée au pays de l’orient, mais la pirate ne tenait plus en place. Il lui tardait de repartir, vers d’autres horizons, de découvrir ce nouveau monde, et si ceux qui avaient décidé de lui offrir cette seconde chance, le voulaient bien, peut-être retrouverait-elle son vaurien d’époux et ses meilleurs amis..

Mais quelque chose lui disait que la chance ne lui sourirait peut-être pas toujours et qu’il valait mieux ne pas trop espérer. Désormais Lady Sparrow devait apprendre à apprécier le jour qui se lèverait encore demain, sans regret pour la veille. Après tout il lui restait sa plus grande richesse, ses souvenirs.. Et puis Ysao qui l’avait déjà bien aidée jusque là.

- Mais que fait-elle? Fichtre et ce Sek qui ne revient plus.. Je lui ai dit, on ne peut jamais compter sur les hommes!

Au moment même où Jesse prononçait ces paroles, la porte s’ouvrit rapidement sur Sahar qui poussait devant elle, un inconnu. Qui était encore cet homme? Jesse le dévisagea puis se tourna pour guetter une explication de son amie quand l’homme fit un pas en avant et se montra sous l’éclairage des larges vasques des lampes à huile..

- oh c’est vous!! Je ne vous avez pas reconnu!
- c’est le but..
- hmm..

Jesse fit une moue dubitative et sans attendre lui lança, la voix légèrement teintée d’excitation.

- et alors ces papiers? Ça y’est vous avez pu trouver ce qu’il nous faut?
- oui, quand je donne ma parole à Sahar elle sait qu’elle peut toujours compter sur moi..

Et de sous son ample vêtement, Sek sortit quelques rouleaux de parchemin…Il les ouvrit et les posa sur la table toute proche.

- Voilà votre royaume Lady Sparrow..enfin celui du roi Maxime sans pitié, reconnu pour ses conquêtes maritimes dont les îles crânes. Une superficie de 8’425 kilomètres carrés, quelques deux milles habitants en majorité indigènes, une végétation riche et luxuriante, des plantations de café, des bananeraies mais surtout des mines d’émeraudes!

Jesse ouvrit de grands yeux ronds..

- des mines d’émeraudes??? Là sur cette île? Fit-elle très intéressée.

L’homme eut un sourire énigmatique avant d’adresser un regard malicieux à Sahar, il lui expliqua encore.

- En fait ma chère! Il n’y a aucune mine d’émeraudes. Elles ont été crées tout spécialement pour l’occasion!
- quoi? Le ton était déçu, nettement!!
- et bien il existe effectivement une île de cette superficie au sud de notre continent, pas très loin à vrais dire, mais suffisamment éloignée pour qu’aucun navigateur ne s’y soit intéressé de trop près…Et puis les rares personnes à en avoir entendu parler, la craignent en raison des habitudes anthropophages de certaines des tribus de cette île…
- des cannibales???
- oui, voilà qui devrait vous éviter d’avoir des gens trop curieux pour oser en approcher. Mais comme je vous le disais, aucune mine d’émeraude..Seulement je trouvais que ça donnait un petit plus à votre royaume.
- mouais…

Jesse trouvait que cela avait un air de déjà vu.. Des cannibales, il ne manquait plus qu’eux dans l’histoire, et voilà qu’elle allait être leur ambassadrice, enfin en théorie seulement! Elle examina la carte finement détaillée et hocha la tête, satisfaite..

- oui du joli travail.. Et comment pourrai-je prouver à cette face de babouin que je suis bel et bien l’ambassadrice d’un royaume qui n’existe même pas?
- Avec le message officiel que voilà.. Une fausse lettre rédigée par un homme à ma solde, et un sceau encore une fois fabriqué sur mesure..

Il lui dévoila le fameux pli qui avait été scellé à la cire et frappé du sceau royal, une tête de mort et les fameux sabres croisés. La pirate retrouva son sourire en coin, frôlant du bout des doigts le motif incrusté dans la cire…

- hmm et que dit cette lettre?
- que votre roi, Maxime sans Pitié vous envoie auprès du Sultan afin d’établir de nouvelles relations de bon voisinage mais aussi et surtout afin de faciliter le transport et le commerce du café Jack Vabre. Et d’établir éventuellement un pacte de commerce entre vos deux peuples..
- hm oui je vois..du café…
- oui mais c’est là que j’interviens!
- ah oui?
- hé bien ouiiiiiii comme le grand Vizir t’a si mal reçue! Et que tu as été obligée de t’enfuir, c’est donc moi qui vais éviter le pire avec cette rencontre qui aurait très bien pu se terminer dans un bain de sang..
- c’est Clair!!! Si j’avais eu mon sabre, je lui aurais tranché net la gorge à cet infâme cloporte!
- non enfin je veux dire grâce à moiâ.. Nous allons éviter une guerre entre deux peuples..

Jesse qui avait mimé le geste de pourfendre le grand vizir s’arrêta net et dévisagea son amie en biais…Sahar la nouvelle porteuse de paix…voilà qui avait de quoi laisser sans voix!

...

5.

(la suite d’Allah Ahr M’niak) …

Le soir était tombé depuis quelques heures sur Djamila emportant avec lui la fraîcheur de la nuit, contrastant de la chaleur étouffante de la journée passée. Dehors, dans les rues de la Cité Joyau, les rares habitants marchaient sans grand bruit, de leurs pieds foulant les pierres où, quelques heures auparavant, déambulait une foule en folie prête à acheter tout et n’importe quoi.

- C’est encore loin ?

Dans une rue des plus étroites, trois hommes marchaient. Nul autre présence à l’horizon, si ce n’était les quelques riches hommes –on les reconnaissait sans mal de leur parure et habillement.

- Nous te dirons, ne soit pas impatient ainsi. répondu Ibn à Medjaï, continuant de le guider à travers coins et recoins de la Cité.

Des rues qui, en cette heure si tardive, offrait une toute autre splendeur qu’en période de marché. Cité quasi désertique, selon les artères que l’on empruntait, les trois hommes Ibn, Medjaï et Al’ Kôhl Ihq - tel était le nom du tenancier de l’Allah Ahr m’Niak – se faufilaient à travers les rues de plus en plus magnifiques, d’une richesse architecturale hors norme.

- Nous y voilà : le Loukhoum !

Levant les yeux vers la bâtisse qui s’érigeait maintenant juste devant ses yeux, Medjaï siffla d’admiration devant le monument.

- Bon tu viens, c’est à l’intérieur que c’est intéressant !

Ibn et Al’ étaient déjà devant la porte du Loukhoum, n’attendant plus que Medjaï, qui était resté figé devant la beauté de la façade, pour rentrer. Se rendant compte qu’ils n’attendaient plus que lui, et qui plus est, se trouvait en plein milieu de la rue, Medjaï s’avanca donc pour rejoindre les deux hommes.

- Déclinez noms et attentions de venir en pareil lieu.

Deux hommes, bien plus grands qu’eux de deux têtes, étaient postés devant l’enseigne. Une peau halée, une musculature impressionnante – bien que ce genre de gros bras faisait davantage rire Medjaï que l’apeurer.

**Des Eunuques ? Normal qu’ils ont l’air aussi musclés, tout ce qui ne gonfle plus en bas gonfle en haut …**

Pouffant de rire, Medjaï s’interrompit net de vouloir éclater de rire sous le regard noir d’Ibn et Al’, lui faisant signe de se taire et de les laisser faire. Face à pareil « gardes », mieux valait être prudent.

- Al’Kôhl Ihq, tenancier d’Allah Ahr m’Niak !
- Ibn Bakr, marchand des sables et voilà mon ami …
- ..Medjaï Bey, dernier Setjuki !

Les deux gardes levèrent les yeux vers cet homme qui venait de prendre la parole. S’échangeant un regard, ils éclatèrent de rire.

- Un Medjaï ? Elle est bonne celle-là ! Ils sont tous décédés !

**Décédés ? Je vais te montrer ce que c’est qu’un décès**

Mais avant même de pouvoir porter la main à son cimeterre, Ibn retint la main de son ami, lui faisant signe de ne pas s’énerver. Calmant d’un regard Medjaï, les deux gardes prirent à nouveau la parole.

- Ahlala, allez, c’est bien la première fois qu’on me fait rire autant de la sorte. Avec pareil métier, on n’en voit des vertes et des pas mûres. Entrez donc. C’est un « laissez-passer » que je vous fais.

- Merci, dit Ibn tandis que les deux gardes leur ouvraient la porte, laissant entrer les trois hommes.

A peine la porte entrouverte, une lumière éblouissante survint de l’intérieur du Loukhoum, comme si ce lieu était le lit du Soleil quand la Lune s’éveille. Un grand couloir, une richesse ornementale, qui amenait les deux hommes vers la grande salle. Une salle qui fit vite comprendre à Medjaï où il se trouvait. Des femmes, voilées, dansant pour le plus grand plaisir de ces hommes ; des femmes encore, qui faisaient le service à ces mâles assoiffés d’un peu de tendresse.

- Medjaï, voilà donc le Loukhoum. Tu comprendras par toi-même pourquoi on t’a fait venir ici ?

- Hmmm… je dois reconnaître que ce lieu est magnifique, mais je ne suis pas intéressé.

- Intéressé ? Medjaï, ces femmes ne sont que des hôtesses, rien de plus. Si des femmes acceptent les avances d’un homme, ce n’est que par consentement, et pas différemment.

- Je vois, je vois. Qu’attendons-nous pour nous asseoir ?

Les trois hommes furent donc guidés par une hôtesse au charme envoûtant vers une table, s’asseyant dans les méridiennes de soie.

- Que dis-tu de ce lieu ? Bien que notre religion nous interdit de boire de l’alcool, nous savons profiter autrement de la beauté de ce monde …

- Hmmm …

**Ces hommes…**

- Je pense que ces femmes ont un charme.

- Ahahah bien dit, allez buvons.

Levant la main, une hôtesse vint leur demander leur commande, apportant celle-ci sur un plateau d’étain.

- Pssst, hôtesse ! Al’ regardait ici et là les filles qui servaient les hommes, ou restaient plus gentiment à leurs côtés. Mais celle qui venait de les servir l’intéressait davantage que les autres, et il ne manquait pas d’être discret. Heeepp, la belle là, viens voir par ici.

Esquissant un sourire, Al’ voyait approcher l’hôtesse, s’asseyant sur la même méridienne que le tenancier. Ne disant mot, l’hôtesse savait comment faire plaisir à ces hommes. Et elle ne manqua pas de se dandiner sous la musique orientale qui venait de commencer sur la scène où les danseuses arrivaient maintenant. Mais Al’ restait complètement scotché sur cette hôtesse, et ses mains elles aussi, glissant sur les cuisses de la jeune femme et remontant délicatement…

- Sllaaaaatcchhh !

Une gifle monumentale ! L’hôtesse avait giflé Al’ qui venait de glisser non galamment sa main entre les cuisses de la jeune femme. Bien qu’hôtesse, elle n’en était pas prostituée, et refusait catégoriquement d’être représentait ainsi. Une marque rouge, Al’ se frottait la joue qui allait marquer une belle trace de doigt dans peu de temps.

- Tu vas le payer ! dit-il, relevant les yeux vers l’hôtesse qui repartait maintenant en direction d’autres clients pour faire son service.

Saisissant la jeune femme par le bras, Al’ serrait de plus en plus sa prise, tirant même sur celui-ci d’une force qui aurait pu le démettre. Faisant tomber l’hôtesse à ses pieds, Al’ n’attendait d’elle que des excuses pour la gifle qu’elle lui avait donné. Mais il ne reçu que des supplications :

- AAARREETEEZZZ ! vous me faîteeess mal !

- Lâche-là ! hurla Medjaï brandissant son cimeterre dont la pointe de sa lame se stoppa juste entre les deux yeux du tenancier.

- J’ai dit lâche-là ! MAINTENANT !

Ibn s’était relevé, regardant les deux hommes qui s’affrontaient maintenant du regard, l’un tenant avec fermeté le pommeau de son cimeterre, et pas prêt de le ranger, l’autre serrant fermement le bras de cette hôtesse qui lui avait porté atteinte. Autour d’eux, les danseuses s’étaient stoppées de danser, descendant de la scène pour rejoindre les autres filles qui s’avançaient maintenant, doucement, vers ses deux hommes, mais surtout vers leurs amis qui se retrouvaient au cœur de cet affrontement …

De plus en plus satisfaite de la tournure de leur complot, Sahar s'exalte les bras au ciel

Et les gens s’écriront sur mon passage
Vive Sahar Vive la Negociatrice !* (*cf kaamelot et Boort…)

Maintenant que Lady est parfaitement équipée, nous allons pouvoir allez la présenter au sultan
Je propose de jouer la carte de la surprise et d’y aller au culot le jour des audiences publiques.
Cela jouera en notre faveur qu’il y ait foule !
Demain sera parfait !
En plus je sais que…

Maîtresse, maîtresse !!!!

Bouba fait irruption dans la pièce, tout essoufflé

Maitresse y a du grabuge au rez de chaussée.

Du grabuge ?!! comment ça du Grabuge ?
Chez moâaaaaaaa ?

Sahar fronce les sourcil et se précipite au rez de chaussée en criant à Lady

Ne bouge pas de là !!!
Persoooooonne ne doit te voir !!!!
Sek’ ! Veille sur elle, mon rayon de miel.

Sahar fait irruption dans le Grand Salon et embrasse la scène du regard :
Deux homme s’affrontant en face à face, l’un tenant une de ses filles et l’autre le sabre au clair.
D’un pas très « grande dame », déterminée, Sahar s’avance le menton haut, les yeux lançant des éclairs, superbe de colère contenue.
La soie de sa robe violette bruisse et ses bijoux tintent à chaque pas.
Bouba la suit , prêt à protéger sa maîtresse s’il le faut.

Puis-je savoir ce que signifie cet esclandre chez MOA ?
Et qui ose tirer l’épée en MON domaine et déranger mes invités ?

Une des filles s’approche de Sahar qui lève la paume de la main pour couper court toute tentative d’explication.
La fille lui chuchote quelques mots à l’oreille
Déplacé…gifle…bagarre…
Le regard de Sahar se fait plus dur et se pose sur l’homme qui tient la jeune hôtesse .
Un sourire froid en coin étire ses lèvres carmin et c’est d’une voix suave qu’elle dit à voix basse.

Laissez cette jeune femme et quittez les lieux je vous prie.
Je crains que vous n’ayez pas compris le but de cet établissement, vous n’êtes pas ici dans un lupanar !
Et il serait dommage de devoir faire appel aux gardes royaux pour résoudre une si banale affaire n’est-ce pas ?

L’homme devient blanc la mention des gardes du Sultan, il ne fait pas bon tomber entre leurs mains et la pointe de sabre pointé sur lui par Medjaï l’aide à prendre sa décision.
L'homme begaye

Mais ..mais... ma chère confrère...

Moi votre "confrère" ?
Vous vous meprenez Monsieur, je crois que nous n’avons rien en commun !

Al' blanchit de rage, au ton cinglant de la jeune femme mais lâche sa prise qui recule précipitamment pour se mettre à l’abri, Sahar vient de se faire un ennemi mortel et elle le sait.
Elle claque des mains et deux eunuques approchent pour raccompagner l’homme qui maugrée à voix basse des insultes à l’encontre de ces femelles qui excitent les hommes sans les assouvir.
Sahar plisse les lèvres mais se retient de tout commentaire, laissant ses gardes escorter Al’Kôhl Ihq vers la sortie.
L’atmosphère se relache alors et Sahar claquant de nouveau dans les mains enjoint les musiciens et les danseuses à reprendre le spectacle.
Sahar se tourne vers la jeune hotesse qui se masse les poignets endoloris et lui demande inquiète

Tu n’a rien Sabia ?

Non non maitresse.

Rassurée, Sahar prend alors un ton plus cassant et réprimande la jeune fille qui rougit de honte, au bord des pleurs devant le mécontentement de sa patronne.

Tssss, tu manques de tact, ma fille.
Va te reposer, nous discuterons de tout cela plus tard.

La jeune fille s’éclipse, accompagné par Bouba qui la prend en charge.
Sahar se tourne alors vers Medjaï et Ibn e leur adresse un sourire étincelant avant de regarder le sabre de Medjaï

Je crois que vous pouvez le ranger, Monsieur, vous n’en aurez plus besoin dans mon établissement.
Installez vous je vous prie, je vous suis redevable, la soirée vous est offerte.
Je suis Sahar, propriétaire du Loukhoum…

6.

Le cimeterre à la main, la pointe de ce dernier quasi posée sur le commencement du nez d’Al’, Medjaï toisé du regard cet énergumène qui venait de s’en prendre à une hôtesse. Sous les yeux ébahis d’Ibn, et des danseuses et autres hôtesses qui se rapprochaient de plus en plus des deux hommes, Medjaï ne bougeait pas d’un poil, bien décidé de faire lâcher prise à l’inconscient. Mais Al’, bien qu’apeuré par la réaction colérique de Medjaï, continuait d’empoigner avec fermeté la jeune femme.

Soudainement, les têtes se tournent, comme si le tonnerre venait de débarquer dans le grand salon. Ne lâchant des yeux Al’, de peur qu’il fasse geste insensé, Medjaï ne remarqua pas la personne qui arrivait dans son dos.

- Puis-je savoir ce que signifie cet esclandre chez MOA ?
Et qui ose tirer l’épée en MON domaine et déranger mes invités ?

**Une femme ? « Chez MOA » ??**

Intrigué, Medjaï jeta un regard rapide vers cette personne qui venait de prendre la parole. Une robe de soie violette, une parure de bijoux autour du cou. Le patron de cette enseigne était donc … une patronne ! Se sentant dans de mauvais draps, Medjaï allongea sa taille tout en plantant son regard dans celui de Al’, bien conscient que si il avait osé tirer l’épée ici, ce n’était que pour cause juste. Mais à peine osa-t-il ouvrir la bouche pour s’expliquer sur pareille scène ici même que Sahar fit geste de la main coupant net une tentative d’explication de l’une de ses filles. Ils étaient vraiment dans de mauvais draps…Ecoutant tout de même les quelques explications chuchotées à son oreille, Sahar reprit la parole, d’une voix légère certes, mais qui ne laissait personne indiffèrent.

- Laissez cette jeune femme et quittez les lieux je vous prie.
Je crains que vous n’ayez pas compris le but de cet établissement, vous n’êtes pas ici dans un lupanar !
Et il serait dommage de devoir faire appel aux gardes royaux pour résoudre une si banale affaire n’est-ce pas ?

**Bien**

A l’évocation des gardes royaux, Al’ sembla perdre toute sa couleur de peau halé. Mais les quelques bégayements pour tenter de s’expliquer, une lame entre les deux yeux, ne convainquirent guère. Devant ce toupet, Sahar répondu d’une seule voix, qui fit l’effet escompté. Lâchant sa prise, l’homme se fit vite raccompagner vers la sortie par les deux gardes, eunuques. Débarrassé du problème Al’ Köhl Ihq, Medjaï est conscient qu’il n’est plus que seul maintenant, accompagné de Ibn. Les ennuis vont réellement commencer pour lui. Tournant la tête vers la jeune femme qui venait de se faire agresser, Medjaï eut un moment d’arrêt, sentant que d’aider femme en danger pouvait mettre dans une situation des plus embarrassante. L’arme à la main, Medjaï voulu reprendre Sahar qui commençait à réprimander sa fille, mais préféra se taire. Il n’avait sûrement sa place ici que pour quelques secondes encore, avant que cette femme, patronne de ce lieu, ne viennent à lui dire ces quelques mots qu’elle venait à l’instant même de lancer à Al’ : « quittez les lieux ! ».

Raccompagné par un homme, la jeune femme s’éclipse sous le regard décontenancé de Medjaï. Elle qui faisait son travail des plus sereinement se voyait réprimander pour l’avoir mal fait, et de plus, avait du subir la non galanterie d’un homme désireux d’un peu de tendresse du sexe opposé. Se retournant vers Ibn et Medjaï, ce dernier ravala sa salive, sentant sa sentence arriver.

- Je crois que vous pouvez le ranger, Monsieur, vous n’en aurez plus besoin dans mon établissement.
Installez vous je vous prie, je vous suis redevable, la soirée vous est offerte.
Je suis Sahar, propriétaire du Loukhoum…

**Redevable ? La soirée vous est offerte ?**

Intrigué par ces sentences des plus étranges, lui qui avait osé tirer l’épée ici, Medjaï eut un moment d’incompréhension, ne sachant que faire. Etait-ce là une provocation avant de lui crier dessus de quitter le lieu ? Ou était-ce réellement une invitation pour avoir protéger une de ses filles ? Sentant la main d’Ibn se poser sur son épaule, Medjaï rangea son cimeterre, faisant signe de gratitude tout en disant à Sahar.

- Je suis Medjaï Bey, membre du clan des Setjuki. Et voici Ibn Bakr, berbère et marchand des sables.

- C’est un honneur de faire votre connaissance Sahar, dit Ibn d’une voix bien différente qu’à la normale, comme s’il désirait s’attirer les bonnes grâces de la patronne de ce lieu. Après tout, ils en avaient bien besoin.

Prenant la main de Sahar doucement dans la sienne, Ibn chercha à la porter à ses lèvres, effleurant à peine le dos de sa main avec. Pendant ce temps, Medjaï regardait la jeune fille agressée disparaître derrière un rideau de soie brodée.

- Vous n’avez à nous offrir l’hospitalité, répondit toutefois Medjaï. Je viens de tirer l’épée en votre demeure. Je n’aurais pas du. Cet homme a eu ce qu’il devait. Je me suis fait un ennemi…

- Ne négligez pas mon offre, vous avez avant tout protégé une de mes filles. De cela je vous suis redevable.

- Bien si vous insistez, nous ne pouvons refusez votre offre. Nous tâcherons de ne plus nuire à vos affaires à présent.

- Je l’espère. Installez-vous, mes filles sont là pour vous servir. Et pas pour autre chose, vous l’avez bien compris maintenant.

- Je l’avais compris ! répondu Medjaï avec un léger sourire en direction de Sahar.

- Bien, j’ai affaire comme vous l’avez si bien dit. Si vous me permettez de vous quitter ?

- Vous êtes en votre demeure. Ce serait plutôt à nous de nous excuser de quelque chose. répondit Ibn, faisant grâce à Sahar de pouvoir les quitter pour retourner à ses affaires. Medjaï, quant à lui, acquiesça d’un geste de tête.

Tapant entre ses deux mains, Sahar ordonna à deux de ses filles de venir aux côtés de ces deux hommes. Quelques mots glissés à l’oreille d’une d’elles, et les hôtesses guidaient désormais Ibn et Medjaï à travers la Grande Salle en direction d’une salle privée, destinée traditionnellement aux clients de marques. Sahar, elle, laissa les hôtesses être au soin de ces deux clients, retournant de là où elle était arrivée, suivie de très prêt par Booba, la protégeant coûte que coûte. Les eunuques, eux, rentraient à l’intérieur du Loukhoum, attendant l’ordre de faire déguerpir Medjaï et Ibn, se sentant en mauvaise posture d’avoir laissé entrer ces gens, et d’autant plus Medjaï.

S’asseyant à la table privée, sur de splendides méridiennes, Ibn et Medjaï reçurent les bonnes grâces des hôtesses qui étaient maintenant à leur petit soin, apportant sur la table basse mets et merveilles d’orient. Soufflant tout deux, les deux hommes s’échangèrent un regard, glissant à voix basse :

- Pfff… nous l’avons échappé belle.
- Vous l’avez bien dit. Avisez de ne pas commettre pareil grabuge partout où nous irons.
- Oui. Profitons.

…

(la suite ici)

- 18 - à la veille du Jour J..

Sarah Brightman: Scarborough fair

- Ne bouge pas de là !!! Persoooooonne ne doit te voir !!!! Sek’ ! Veille sur elle, mon rayon de miel.

La pirate fit face à Sek qui lui sourit aimablement. Elle n’eut pas le temps de protester que déjà Sahar était partie, la laissant seule avec cet homme.. Veiller sur elle, elle lady Sparrow, Jesse ne put s’empêcher de faire une grimace, Sahar avait voulu plaisanter sans doute..

- alors vous êtes une de ses anciennes amies?
- oui… et vous un de ses nouveaux amis..

Il sourit encore..

- juste.. Nous devrions pouvoir nous entendre.

Jesse le dévisagea d’un air méfiant, ses beaux sourires ne l’endormiraient pas, loin de là.

- oui sans aucun doute.
- je vous devine un peu tendue, cela vous inquiète-t-il de revoir le grand vizir?
- quoi? Noooon.. Au contraire, je me réjouis de voir sa tr…sa tête quand il comprendra son erreur.. Et vous pourquoi vous réjouissez vous de le faire tomber?

Le sourire de l’homme retomba aussitôt, son regard se fit lointain quand il expliqua d’une voix plus grave.

- c’est une longue histoire, un compte que j’ai à régler avec lui…
- hmm vengeance personnelle, je vois..

Devinant qu’il ne s’étendrait pas plus sur le sujet, Jesse cessa de le questionner et s’amusa avec la plume de son chapeau qui attendait d’être étrenner.. Demain oui, demain l’ambassadrice Lady Sparrow ferait son entrée et avec une telle tenue, nul doute qu’elle ferait sensation, la femme n’aurait plus rien à voir avec cette princesse orientale vêtue comme une des femmes du harem, au grand soulagement de Jesse. Mais à présent elle se sentait terriblement nerveuse, impatiente et la pirate avait envie d’en finir de suite avec cette histoire. Dans ces cas, rien ne valait une bonne bouteille de rhum, mais voilà pas de rhum en ces régions, ce qui soudain lui donna une idée.. Elle se tourna vers Sek qui attendait, assis dans l’un des vastes fauteuils..

- dites-moi Sek..
- oui?
- ces îles crânes… elles doivent bien avoir quelques plantations de cannes à sucre?
- de.. Cannes à sucre?? Pour quoi faire?

Jesse fit la moue, et il se demandait pourquoi faire…

- ben du rhum pardi!
- oh..oh oui bien sûr, comment n’y avais-je pas songé, Sahar m’a dit que vous appréciez bien cet alcool..
- ah bon elle vous a dit ça?
- oui…bon au sujet de ces plantations, je n’en ai ma fois aucune idée..
- mmm…

La pirate aurait donné cher pour que cette île exista réellement, avec ses mines d’émeraudes et ses champs de canne à sucre! Et surtout beaucoup de rhum… La porte s’ouvrit discrètement sur Sahar qui revenait..

- ouf un peu de grabuge en effet, mais tout est arrangé!

Jesse et Sek s’étaient tournés vers Sahar attendant de connaître la suite de l’histoire…

- euh ou en étais-je restée?
- demain.. Tu as dit que c’était demain le jour idéal pour rendre une visite inopinée au sultan..
- ah oui oui!! C’est juste! Alors profitons de cette dernière nuit pour nous reposer, demain une longue journée nous attend!
- grmbl.. Je ne crois pas que je vais savoir dormir!
- j’ai des infusions pour aider à trouver le sommeil si…tu… veux… euh oui bon oublions l’infusion..

Sahar en voyant l’expression de la pirate n’avait pas insisté avec cette idée et à la place se dirigea vers le même petit buffet qu’il y avait trois jours, et saisit la bouteille de Whisky qu’elle tendit à Jesse..

- c’est tout ce que j’ai à te proposer… Bien alors je te laisse, je vais raccompagner Sek..

Et sous le regard résigné de la pirate, les deux lascars s’éclipsèrent de la chambre. Jesse leva la bouteille de whisky devant son nez et poussant un profond soupir, la déboucha pour en avaler quelques gorgées.. Aucunement comparable avec le rhum, mais enfin c’était déjà ça… Jesse peu après s’étendit sur le vaste lit, et resta longtemps à fixer le ciel du lit sans trouver le sommeil, ressassant de vieux souvenirs..

...