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 Le port d'Utopia

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MessageSujet: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeLun 17 Mar - 20:51

image à trouver...
Lady ? Le port d'Utopia 658317

Le Délictueux, navette îlienne qui va de port en port, pourra au cours de son parcours vous déposer au port d'Utopia.
Vaste, capable d'accueillir des bateaux de fort tonnage, il s'enorgueillit en outre d'un phare.
Lors des tempetes, il est cependant préférable d'attendre pour pouvoir accoster car les récifs sont très dangereux.
L'accès au port peut être fermé par une énorme chaine (cf le film pirate^^) sur décision royale, ce qui arrive lors de risque d'invasion ou lorsqu'un couvre feu est déclaré lors de guerre par ex.


Dernière édition par Dante le Lun 17 Mar - 20:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeLun 17 Mar - 20:53



16# arrivée à Utopia


La tempête s’était calmée à l’aube et le soleil se leva sur des flots apaisés.
Dante n’avait pas beaucoup dormi et elle sortit prendre l’air sur le pont.
Utopia était en vue, on distinguait nettement la côte et le château de pierre massive qui se découpait dans la brume matinale.
Après l’orage, la journée promettait d’être belle et Dante sourit presque malgré elle.
Elle ferma un instant les yeux, laissant le vent lui caresser le visage.
Mais la réalité la rattrapa et avec elle ses soucis, comment convaincre trois jeunes femmes de se rendre à Sunliao pour épouser des hommes de l’impératrice alors qu’elle-même ne voulait qu’une chose annuler son propre mariage…
Allait-elle trouver des femmes dont le mariage était la principale préoccupation mais aussi qui accepterait de quitter famille et patrie pour s’exiler vers un époux et un pays inconnu ?
Elle en doutait fortement.
Six mois, elle avait six mois pour réussir, que diable trois filles, ce n’était quand même pas impossible !
Peut-être devrait-elle laisser Wen plaider sa cause auprès des donzelles, il avait tellement à cœur de plaire à son impératrice qu’il trouverait sûrement des arguments convaincants.
Le bateau venait d’amorcer son arrivée dans le port, les marins s’agitaient sur le pont, Dante se plaça de façon à ne pas gêner les manœuvres.
L’architecture d’Utopia ressemblait à celle de l’île au moine, en plus cossue.
Le moine défroqué qui avait construit la ville de voleurs était peut-être un utopien se dit la jeune femme, on savait si peu de chose sur lui


(Voix n°2) Ah Utopia, Cité merveilleuse entre toute !
Le château est une splendeur
Et comme auberge je conseille que nous descendions à la Licorne Noire
C’est le meilleur établissement de la ville, enfin dans celles qui sont dans nos moyens limités évidemment…


(Voix n°4) Qu’est-ce qu’elle a d’particulier ta gargote ?

(Voix n°2) Gargote ? Cette auberge a ses étuves privées, et un bain ne nous fera pas de mal !

(Voix n°1) Là vous n’avez pas tort ma chère

(Voix n°2) Sachez mon cher que je n’ai jamais tort ou tout du moins on ne le fait pas remarquer aux dames de mon rang!

(Voix n°1) Malheureusement pour vous, je ne suis pas un de ces chevaliers qui se pâment aux pieds des dames.

(Voix n°2) Oui j’avais remarqué….


Et bien en route alors et trouvons cette auberge

La passerelle fut descendue et les passagers se pressèrent pour descendre.
Dante attendit patiemment que Wen la rejoigne pour aborder le quai et découvrit Utopia




Dernière édition par Dante le Mer 19 Mar - 20:46, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeMar 18 Mar - 18:34

-8-
ambiance

Wen avait passé une nuit agitée, et n'avait pas baissé sa garde... Il avait l'habitude, c'etait un guerrier et cela signifiait que les aléas du sommeil n'était plus un soucis pour lui. Il était resté allongé quand Dante c'était levé, il n'avait pas eu envie d'avoir encore a faire à ses remarques acerbes...
Il était la contre son gré, il allait pas non plus toujours s'excuser de tout.

Quand elle fut sortit de la cabine il se leva, remit sa cape sur ses épaules, replaca la ceinture et son fourreau, et monta sur le pont.

Le bateau allait accoster, et le paysage qui s'offrait à lui était pour lui incroyable, il n'avait jamais vu pareil environnement à Sunliao.
Il vit de loin Dante près à descendre. Il la rejoignit, et quand elle le vit, ne lui adressa pas la parole et descendit du bateau.

Il vint à son niveau et essaya quand même une approche polie.


Bonjour Dante.


Elle grommella quelque chose et il ne sut dire si c'était un bonjour, ou un grognement parce qu'elle devait le supporter.


Vous ne m'appréciez pas, et vous me trouver surement plus encombrant qu'autre chose, soit. Mais faisons contre mauvaise fortune bon coeur, et essayons un minimum de civisme, s'il vous plait.

Dante avait été surprise qu'il utilise ainsi une formule de politesse. Quoique venant de lui tout était possible.

Mouais.


Connaissez vous ce lieu ? Etes vous déjà venue par ici ? Parce que je dois vous avouer que je ne suis jamais sorti de Sunliao.
D'après vous par ou devons nous commencer ?


On va dans un premier temps commencer par trouver une auberge, cela nous permettra d'avoir un premier contact avec les gens du coin et surtout d'avoir un endroit ou dormir et manger correctement...


Pensez vous que la tâche va être aisé ? Délocaliser des jeunes femmes pour venir à Sunliao, cela ne sera pas simple. Notre pays est certes acceuillant, mais...

Wen se rendit alors compte que l'acceuil qu'avait eu Dante n'avait surement pas été celui qu'elle avait escompté, et s'en voulait d'avoir dit ses mots.

Je... Je ... Je suis désolé, sincèrement...


Il voulut alors changer complétement changer de discussion, vu le visage froid et le regard dur que venait de lui décocher Dante.

Bon alors trouvonsn cet auberge et peut être un fille qui se sent pas bien ici... Une personne qui n'aurait qu'une envie partir de la et qui n'aurait plus aucune attache sur ces terres.


Ils continuèrent de marcher en silence, wen encore sous le coup des remords d'avoir prononcé des paroles peu appropriées, et la machoire serrait pour Dante.

Suite grand marché


Dernière édition par Wen Liang le Jeu 24 Avr - 17:48, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeDim 20 Avr - 14:09

Le grand marché
-12-

Wen après son excursion dans les rues d'utopia, avait repris le chemin de l'auberge. Une fois arrivée sur place, la gérante l'appela pour lui indiquer qu'on avait laissé un message pour lui. C'était une missive de Dante lui expliquant de la retrouver à la taverne du port.

Il monta prendre ses affaires, rendit la clé à la gérante et partit en direction de la taverne... Pour se diriger vers le port, il se fia à l'odeur de l'iode, c'était encore le meilleur moyen pour ne pas se perdre.
Une fois arrivée il vit la taverne grâce à son panneau qui représentait une licorne. Il distingua dans la foule des pêcheurs, Dante assis à une table.


Bonjour Dante, est ce que vos recherches ont été fructueuses ?

Non bien au contraire je pense qu'il nous faut aller ailleurs...
Vous non plus n'avez trouvé personne ?

Non j'ai bien rencontré une fille qui moyennant finance m'aurait suivi mais pas aussi loin...

Dante se mit à rire, il avait du rencontrer une fille de joie sans comprendre qui c'était...

Bah alors ne perdons pas plus de temps et hâtons nous pour prendre le bateau...

D'après vous quelle direction devons nous prendre ?

Dante réfléchit une seconde le temps de visualiser la carte du monde... Le plus simple serait de faire Djamila, arcadia et enfin Vestalia Imperii...
Elle sortit de la taverne et alla en direction du quai ou était amarré leur bateau.

Elle monta suivit par Wen qui ne savait toujours pas qu'elle serait leur prochaine étape.
Dante alla voir le capitaine pour donner l'itinéraire...


En route pour Djamila... On doit partir au plus vite, nous avons encore une longue route à faire...

Le temps de tout mettre en place et nous partons, nous avons de la chance le temps est clément...

Le capitaine partit pour préparer le départ et informer l'équipage de la future destination...

Wen partit alors se mettre dans la cabine en attendant...
Il ne servait à rien de rester avec Dante, leur rapport étant toujours aussi froid et sans intêret...
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeLun 26 Jan - 17:13

12. ( Avant sur le Santa Maria)


Découvrez Vangelis!




Le silence complet régnait sur le pont et cela depuis que la vigie avait annoncé dans un grand cri qu’ils arrivaient en vue de terres. La seconde fois que ce cri raisonnait depuis qu’ils avaient errés si longtemps en mer, depuis que ce voyage avait tourné à une étrange expédition vers des pays inconnus. Les hommes avaient tous le regard rivé vers les côtes qui peu à peu se précisaient sous leurs yeux grands ouverts. Ils purent bientôt observer les premiers villages côtiers, avec leurs maisons en rangée, et un sentiment général de déjà vu plongea chacun dans l’expectative.

Le Santa Maria entra bientôt dans une large baie en forme de fer à cheval, et ils purent admirer à la pointe de chaque extrémité, comme veillant sur le port, d’une part, une haute statue au visage d’un homme couronné et d’autre part, une tour très haute qui devait sans doute leur servir de phare. Et si les premières maisons observées ressemblaient à de modestes villages espagnols, l’intérieur de la baie, et la cité que se dessinait au loin, n’était pas sans leur rappeler les plus fameux ports européens. Le pays était riche et cela se voyait aux fortifications construites de toutes parts. Des tourelles de gardes aux remparts sur lesquelles se juchèrent rapidement nombre de soldats qui observèrent avec le même regard stupéfait, le galion espagnol franchir les eaux utopiennes, pour venir lentement glisser sur les eaux du port.

Et chaque petit navire qu’ils croisaient, de s’écarter pour observer à leur tour, le fier galion à la croix espagnole, le genre de navire qu’ils n’avaient vu que dans les livres. Ici aucun de leurs voiliers ne ressemblaient à ce vaisseau, et aucune voile ne portait un tel symbole.

- Je crois capitaine que notre arrivée fait sensation !
- je vois ça, et je ne suis pas certain que ça soit bon pour nous.
- c’est étrange, mais l’architecture de ces constructions s’est largement inspirée de l’architecture romane. Pour un peu, l’on pourrait croire que nous sommes rentrés chez nous.

Cortés détourna son regard de la ville dont les bâtiments se précisaient, et le posa un instant sur le professeur Barossa.

- C’est un sujet qu’il ne faut pas aborder à la légère, professeur. Vous savez combien de nos hommes sont prêts à tout donner pour rentrer chez eux. Ne leur donnons pas de faux espoirs.
- oui je suis désolé, je comprends. Cependant, il me fallait le constater.
- Oh mon capitaine ! Regardez l’église là, elle est si grande, comme chez nous ! Tiago agile comme un singe, venait de bondir sur la lisse à côté d’eux, et pointait du doigt ce qui avait provoqué son émerveillement.
- mon petit, c’est une cathédrale, non pas une église et oui, il semblerait que les habitants de cette région aient la même religion que nous autres, au moins cette fois, serons-nous sûr de ne pas avoir affaire à des sauvages !
- Mon capitaine ?

Cortés troublé d’avoir reconnu la croix catholique, perchée sur la plus haute des tours de la cathédrale, se tourna vers son second qui s’était à son tour approché.

- oui Abel ?
- il semblerait que nous allons avoir un comité d’accueil, et je doute que nous soyons accueillis à bras ouvert.

Cortés se dirigea aussitôt à la proue du galion, et observa à son tour, la troupe de soldats qui était apparue sur les quais, impressionnant par leurs armures , leurs dagues et boucliers..

- Devons-nous changer de pavillon Capitaine ?
- non, laissez ceux en place..

Cortés leva les yeux vers les voiles, et regarda les trois pavillons hissés, celui du Santa maria, un visage de femme auréolé, le pavillon espagnol, et le pavillon marchand. Cela devrait suffire aux soldats pour ne pas ouvrir d’office le feu sur eux.

- vous croyez qu’ils vont nous arrêter ?

La douce voix d’Orianka lui fit baisser les yeux sur elle. Elle était inquiète visiblement. Il posa une main réconfortante sur son épaule.

- non, nous sommes ici en tant que marchands, j’ai les lettres du contrat avec moi. Ne t’inquiète pas Orianka, ils veulent sans doute s’assurer que nous ne venons pas dans de mauvais intentions. Par contre, tu devrais aller attendre dans ma cabine.
- Non !
- Orianka ! gronda Cortés, c’est pour plus de sûreté. Laisse moi voir ce qu’ils désirent, et après on verra, d’accord ?

La jeune femme hocha la tête, et s’éclipsa sans plus discuter. Cortés soupira.
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeSam 14 Fév - 11:56

13.

Les gardes attendirent que la passerelle fût hissée pour s’y engager sans attendre une invitation et posèrent leurs pieds sur le pont du Santa-Maria devant un équipage et son capitaine, sur le qui-vive. Le commandant de troupe jaugea rapidement les hommes avant d’arrêter son regard sur Cortés.
Celui-ci prit aussitôt les devants, il fit un pas en direction de l’homme et s’inclina pour le saluer, simple salut d’un homme à un autre sans plus de déférence.


- Je suis le capitaine Felipe Cortés et je viens pour livrer ma cargaison à un client qui demeure ici. Voici le contrat.

L’homme avant même de lui répondre, saisit les lettes que Cortés lui tendait, les examina d’un coup d’œil rapide, puis ouvrit enfin la bouche.

- Capitaine, enchanté, je suis moi-même capitaine de la garnison portuaire d’Utopia, Leroy Fenton. Nous nous demandions ce qui nous valait la visite d’un navire si particulier dans nos eaux. Il faut avouer que nous n’avions encore jamais vu de vaisseau de ce genre, c’est un beau navire que vous avez là.
- merci pour le compliment, mais il ne m’appartient pas vraiment, je suis au service de sa majesté reine d’Espagne et..

Cortés s’interrompit, il n’était pas certain que de parler de ses origines fut bienvenu dans cette conversation. Il vit l’autre hausser un sourcil surpris, avant d’ajouter.

- D’Espagne, hmm.. Ainsi vous êtes un voyageur ?

Cortés qui ne comprenait pas toute la signification que ce mot pouvait prendre en ces terres, acquiesça .

- oui un voyageur, navigateur ou explorateur.
- Dans ce cas, il vous faut savoir que tout nouvel arrivant voyageur est invité d’office au château de sa seigneurie.

Le capitaine ne fut pas vraiment surpris de cette invitation. Le sultan de Djamila lui avait déjà fait la même offre, seulement il espérait que cette fois, le seigneur de ce château ne passerait pas sa soirée à le traiter comme une amusante distraction.

- d’office ?

- oui, c’est une ancienne coutume de Liberty.

Encore ce nom étrange..Cortés ne préféra pas relever.

- Et quel est le nom de ce seigneur qui souhaite recevoir le capitaine Cortés ? Oh pardonnez-moi, j’en oublie les manières, ma curiosité se montre trop souvent plus rapide que mon éducation. Je me présente, professeur Lucio Barossa, au service de sa majesté moi aussi.

L’homme le dévisagea à son tour, avant de concéder un sourire. Il n’était pas l’homme le plus sympathique qu’on eut croisé.

- Professeur, il va de soit qu’un scientifique sera lui-aussi le bienvenu à la cour du roi, où tout autre accompagnant de votre choix, dit-il à l’intention de Cortés. Je vais à présent me retirer et vous laisser à vos affaires. N’oubliez pas de passer au château, son altesse Richard de Camelot sera ravi de vous recevoir..

( A suivre aux alentours de la capitale)
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeMar 3 Mar - 14:47

4.

Précédemment

Citadelle des Abstergues - non loin du port.

Le scriptorium était situé dans la partie la plus ancienne de la tour défensive et donnait sur la mer. Une tour construite par les premiers Abstergues à l'époque où la Capitale n'était encore qu'un gros bourg. Depuis, la ville s'était développée ainsi que la prospérité de l'Ordre, bien que tapi dans l'ombre. Jadis, on y voyait les navires y déposer chaque jour des marchands et des pèlerins enthousiastes sur le port. Une tour désormais laissée à l'abandon, conséquence du recentrage de la Capitale plus à l'intérieur des terres. Stratégie défensive avait-on laisser entendre. Un spectacle toujours enchanteur certes, mais qu'Othon Lugardy ne contemplait plus à sa juste valeur, sans cesse la barbe pendante au-dessus de ces livres, manuscrits, traductions de codex et autres déchiffrages en tout genre. Depuis des décennies maintenant, frère Othon s'était reclus entre ses murs, entouré d'une bibliothèque dont lui seul connaissait toute sa valeur. Chaque Grand Maître de l'Ordre avait su voir en lui toute l'érudition dont il faisait preuve et l'aide majeur qu'il pouvait leur apporter, à commence par le décryptage de correspondances avec Djamila.

Savant émérite, Othon s'était constitué au fil du temps une collection impressionnante de manuscrits venant de toutes les contrées de ce monde, à commencer par Utopia et Djamila. Chaque Abstergue d'Orient savait que la moindre trace écrite, d'une quelconque bataille, d'une quelconque razzia, ou d'un quelconque assassinat devait impérativement être remis en main propre à ce frère. Othon était, par ailleurs, accompagné le plus souvent de deux jeunes clercs, ayant pour charge l'archivage des lettres ou traités venant des confins de Djamila. Une aide précieuse, inconnue de tous ou presque, mais qui permettait au frère Othon de livrer des analyses inestimables pour l'Ordre.

Toutefois en ce matin, Othon Lugardy n'était pas le nez plongé dans un des livres. Non, l'homme était debout, observant la mer à travers la fenêtre. Les vagues venaient s'écraser violemment sur les premiers rochers, venant bientôt s'abattre sur les murs de la tour. Le vent n'avait cessé de souffler depuis plusieurs jours et à cela allait bientôt s'ajouter la pluie, songea Othon. Lugardy soupira. Il ne pouvait s'empêcher de penser à ces Templiers qui prenaient de plus en plus de pouvoir au sein de la Capitale. D'ici peu, l'Ordre lui-même ne serait plus qu'un souvenir. Chaque peuple, chaque religion allait bientôt se renfermer sur eux-mêmes ; et s'ignorer pour des siècles durant.

Othon regarda ses étales de livres. Toute sa vie, il l'avait passé au milieu de ces quatre murs. Tout le travail d'une vie ne pouvait disparaître ainsi dans l'oubli. Saisi d'une rage terrible, Lugardy frappa violemment du poing sur le rebord de la fenêtre, les dents serrés. Les larmes commençant à perler au coin des yeux. Sa voix s'enflamma.

- Jamais je ne laisserai ces livres partir en fumée. Pas tant que je serai encore en vie !

On frappa à la porte.



- Maître Lugardy, salua respectivement le jeune clerc. Permettez-moi de vous présenter un de nos frères : Galyan. Celui-ci désirait coûte que coûte vous rencontrer.

Galyan s'inclina tout en jetant un œil sur la bibliothèque. De toutes parts, les livres montaient à l'assaut de la voute. Intrigué, Othon répondit au salut d'un simple geste. Il observait ce frère, taillé en hercule, qui regardait, béat, les rayonnages croulant sous les volumes.

- Vous vous intéressez aux livres, frère Galyan ?
- Maître Lugardy, je viens à vous en quête de connaissance, et ce n'est pas sans dire en ce royaume que vous êtes l'un des plus grand érudit dont nous devons nous enorgueillir.
- Mes lumières ne sont que le maigre reflet des livres que vous voyez rassemblés ici, frère Galyan, et c'est bien peu de chose en ces temps de ténèbres.
- Vous êtes trop modeste, maître, et je ne doute pas que vos connaissances ne soient d'un grand secours pour notre frère. Maintenant, si vous voulez bien me permettre de prendre congé, de nouvelles lettres viennent de nous arriver de Djamila.

Le jeune clerc s'inclina de nouveau et sortit.

- Ainsi tu es ce fameux Galyan dont notre Ordre parle tant en ce moment ?
- Pour vous servir, maître. Répondit Galyan, embarrassé quant à ce titre qui lui collait désormais à la peau.
- Alors dis-moi ce qui t'amène ici ? Cherches-tu réponse quant à la portée de tes actes ?
- Mes actes n'ont de réponse dans les livres.
- Crois-tu si bien dire ? Sais-tu qu'il y a là des trésors qui importent à l'humanité ? Un savoir qui demain finira en cendres et que jamais les hommes ne retrouveront ? Quelle perte, mon Dieu ! Ces autodafés ne sont que des actes diaboliques. Les Templiers devraient subir toute la foudre de Dieu pour leurs actes !

Galyan avait toujours été rapide a jauger une situation et plus encore à prendre une décision. Devant lui se tenait l'homme par qui transitaient nombre d'informations sur le monde chrétien. L'homme dont il avait besoin.

- Vous savez que toutes les bibliothèques de la Capitale sont en ce moment réquisitionnés et que toutes œuvres contraire aux dogmes de l'Ordre du Temple se trouveront brûlés sans exception.

Lugardy tapota nerveusement le bois de la table.

- Toutefois...

La main du bibliothécaire accéléra la cadence.

- Seules les bibliothèques, abbayes, citadelles et tout autre lieux où la connaissance et le savoir sont exposés sont concernés. Et je ne crois pas qu'une grotte puisse être réquisitionnée par les Templiers.

Le visage parcheminé d'Othon s'illumina.

- Et tu crois que...
- Et je crois que nous pourrions nous entendre.
- Demande-moi tout ce que tu veux !
- Tout ce que vous savez sur l'Opus Dei !

...
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MessageSujet: questionna Laugardy   Le port d'Utopia Icon_minitimeMer 4 Mar - 15:33

5.

Dehors, la tempête se déchaînait. Déjà, les bourrasques de vent venaient frapper les oriflammes frappés de la croix abstergue. Un froid glacial s'engouffra dans la pièce peu calfeutrée. Frère Othon alluma une lampe à huile qu'il posa sur une longue table de chêne où s'entassaient livres, parchemins et grimoires vieillis par le temps. La lumière était chiche. Galyan examina avec plus d'attention le frère bibliothécaire. Une carrure bien particulière pour un frère abstergue, des épaules osseuses et un teint livide. A se demander comment l'Ordre avait-il pu recruter pareil homme. Mais l'organisation, depuis sa création, avait quelque peu changé, comprenant désormais un bon nombres d'hommes de savoir et d'érudits en tout genre : des hommes qui ne combattaient certes par par l'épée, mais dont leur érudition pouvait faire gagner grand nombre de batailles.

- Qui t'a parlé de l'Opus Dei ?
- Nul ne m'en a parlé. J'ai vu ces mots de mes propres yeux et je veux en savoir plus là-dessus, répliqua Galyan.

Othon le regarda d'un air singulier, avant de grimacer un sourire.

- Mon frère, si tu veux en savoir plus, il faudra m'en dire plus !

Il eut envie de rappeler à cet ermite que la survie de ses livres dépendait d'une certaine manière de sa bonne grâce. Mais Galyan jugea plus efficace de se montrer courtois et diplomate.

- J'ai lu ces mots avant hier. Et dans un endroit qui ne cesse pas de m'étonner.
- Comment sais-tu que ces mots t'étaient destinés ?
- Un pressentiment. Ou plutôt, une certitude. J'ai vu ces mots écrits de cette encre rouge qui nous permet de vivre là où elle n'aurait du couler.

Le bibliothécaire sursauta. Une puissante vague venait de frapper la tour ; le vent faisait claquer les oriflammes à en donner l'impression que la tour était assiégée.

- Tu dis écrit d'une encre rouge ?
- Oui. Ces mots étaient écrits sur le corps d'Agylus.

Comme s'il venait de se délivrer d'un pêché, Galyan baissa les yeux en disant ses mots, Othon tourna son regard vers ce frère qui venait de se confesser à lui.

- Ainsi as-tu retrouvé le corps d'Agylus ? Je ne suis pas là pour juger tes actes et tes dires. Mais tu ne m'as pas dit pourquoi ces mots t'étaient destinés ?

Étonné par la réaction du bibliothécaire, Galyan resta un instant bouche-bée. Le visage penché à la fenêtre, il hésitait à se confier. Parler lui coutait : bien que ce frère donnait l'impression de ne pas vouloir le juger, il avait l'impression de livrer un lourd secret aux conséquences imprévisibles, Dieu seul savait si Othon était homme de confiance ou non. Mais le doute ne fit que le traverser, et il se retourna, fixant le bibliothécaire dans les yeux.

- Quand notre Grand-Maître m'a confié cette mission dans cette grotte, accompagné de mes deux disciples Agylus et son frère Adelbert, je ne savais que nous allions être devancé. Mon intrépidité a conduit à la mort mes deux frères de foi ; Godeffroy de Bouillie m'ayant laissé la vie sauve afin de livrer un message à mon maître.
- Un message ? questionna Laugardy. Et quel était en était son contenu ?
- Une mise en garde. Rien de plus. Qu'il devait renoncer à la Terre Sainte.
- Cette mise en garde n'est pas à prendre à la légère mon jeune frère ! La Terre Sainte a encore beaucoup de savoir à nous livrer. Beaucoup de trésors également. Et l'Ordre ne peut se priver de détenir un quelconque pouvoir sur elle.
- C'est aussi l'avis du Grand Maître. Mais cette mise en garde n'a pas sauvé pour autant mes deux frères de foi. Agylus a eu le ventre tailladé, le corps positionné en croix.
- Et ce sont ces mots qui étaient écrits sur son ventre...
- Exactement.
- Je comprends mieux maintenant pourquoi tu as préféré mentir quand à la disparition de ces deux frères. Et tu as bien fait !

Galyan regarda son interlocuteur avec une curiosité nouvelle. Laugardy quant à lui eut un sourire amer ; il n'aimait pas ce qu'il allait devoir apprendre à ce frère.

- Toutefois, je n'ai pu retrouver le corps d'Adelbert.
- Hérétiques ! Profanateurs ! Comment osent-ils troubler le repos éternels d'un frère chrétien ? Ces scélérats seront châtier pour l'éternité ! Ainsi n'ont-ils plus de cœur !

Galyan inspira lentement avant de lâcher :

- Mais ces mots, taillées à même la chaire. Ce message m'était destiné. Pourquoi ?
- Je ne saisis pas bien... commença Laugardy, mais sa voix s'éteignit aussitôt. Mieux valait laisser continuer son interlocuteur.
- Conscient que ce message caché un sens plus qu'important pour moi, et qu'il pouvait me mettre en danger, ainsi que l'Ordre lui-même, je préféra mentir que de dévoiler au Grand Maitre ce qui s'était réellement passé dans cette grotte. Vous comprendrez donc, mon frère, que cette grotte que je vous mettais à disposition cache donc également le corps d'un homme.
- Bien. Et que ne comprends-tu pas dans ce terme d'Opus Dei ?
- Et bien... Galyan hésita. Je comprends le latin, je comprends même ces mots. L'Oeuvre de Dieu, si ma traduction est exacte.
- Elle l'est mon frère.
- Mais je ne comprends ce que cela signifie. Que dois-je comprendre dans ces mots ? Et pourquoi étaient-ils écrits sur le corps de l'un de mes frères ?

Dans l'obscurité tombante, Galyan ne put lire une quelconque réaction sur le visage du bibliothécaire. A peine éclairé par la lumière de la lampe à huile, aucune émotion se semblait s'inscrire sur le visage d'Othon.

- Aurais-tu remarqué quelque chose d'inhabituel sur le corps d'Agylus.
- Je... oui. Une plaie, ou plutôt une entaille. Comme s'il avait été poignardé à la carotide. Mais pas avec un couteau, non. Quelque chose de plus petit encore.
- Grand Dieu !

Les deux hommes se regardèrent. Le regard de Laugardy luisait dans l'obscurité.

- Assis-toi mon frère, ce qui suit ne doit en rien quitter ce lieu.

La voix de Laugardy venait de changer du tout au tout. Un ton plus inquiétant. Galyan regarda le bibliothécaire, intrigué quant à la définition même de cet Opus Dei qui avait tant de mystères à révéler.

- Je préfère rester debout.
- Bien, dans ce cas, ne sois pas étonné par ce que je vais te révéler. Voilà ce que je sais sur l'Opus Dei …

...
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeJeu 5 Mar - 13:51

6.

- Je vais te dire tout ce que je sais à propos de l'Opus Dei...

Galyan était resté debout, regardant le vieil homme dans la pénombre. Seule la barbe grisonnante d'Othon reflétait, prenant une couleur légèrement cuivrée.

- ...mais avant cela j'aurais une question à te poser.
- Je vous écoute mon frère, répondit Galyan, quelque peu étonné.
- Depuis quelques temps déjà, l'Ordre est frappé d'un mal qui le touche en son cœur. Nous vivons de plus en plus reclus, agissant dans l'ombre. Pourquoi ?
- Les Templiers. Ils nous observent, épient le moindre de nos geste. Ils sont le Mal incarné. Leur définition de la chrétienté si différente de la notre met notre Ordre en danger. Je ne comprends pas votre question mon frère.

Galyan s'était rapproché du bibliothécaire. Le vieil homme faisait les cent pas devant la fenêtre, brossant sa barbe entre l'index et le majeur. Othon s'arrêta, tournant la tête vers son interlocuteur.

- Ainsi crois-tu que le mal qui frappe notre Ordre en est extérieur ?
- En effet ! Mais pourquoi cette question, ne ne vous suis pas.
- Bien. Laugardy baissa les yeux vers le sol, quelques rares plumes d'oies et vieux papyrus emportées par les bourrasques de vents recouvrant à présent la dalle de pierre. Depuis quelque temps, notre Ordre est touchée par une redéfinition de la chrétienté par le truchement de quelques brebis égarées. Fidèles même que tu désignes comme le mal qui frappe notre Ordre : les Templiers.

L'homme marqua une pause, comme pour captiver plus encore son interlocuteur. Galyan restait immobile, écoutant d'une oreille attentive tout ce que lui livrait ce rat de bibliothèque. Othon poursuivit.

- C'est alors que certains de nos frères décidèrent de mener leur bataille contre ces infidèles. Décidé à réécrire les préceptes de la chrétienté telle qu'ils devraient se définir, ces frères, surtout avides de pouvoir, créèrent dans l'ombre une organisation secrète. Pour eux, l'engagement des fidèles de l'Opus Dei n'engagent qu'eux-mêmes et n'impliquent en rien l'organisation.
- Êtes-vous en train d'insinuer que notre Ordre est composée de traîtres ?
- Non, pas vraiment. Ou plutôt...Ils remettent en cause l'intégralité des dogmes définis jusqu'ici sur la chrétienté. L'Opus Dei cherche à diffuser le message évangélique en encourageant chaque individu, personnellement, à chercher à devenir saint dans le cadre de ses activités quotidiennes, qu’elles soient professionnelles, sociales ou familiales.
- Combien sont-ils ?
- Nul ne sait vraiment. Nul ne sait qui se cache derrière cette organisation, ni même le nom de ses fondateurs.
- Comment recrutent-ils leurs membres dans ce cas ?
- Des méthodes très travaillées, montrant une extrême affection envers les fidèles.

Galyan restait troublé par les affirmations de Lugardy. En plus de lui apprendre que des chrétiens agissaient dans l'ombre, il affirmait aussi et surtout que l'Ordre était le commanditaire de cette nouvelle organisation. Fronçant les sourcils, Galyan se posta à côté du bibliothécaire, observant la mer déchaînée à travers la fenêtre.

- Pourquoi donc a-t-on chercher à me faire découvrir cette organisation ? questionna Galyan.
- Il n'y a aucun doute : les Templiers à qui tu as eu à faire en connaissent l'existence. Te dévoiler l'existence de pareil organisation secrète au sein de l'Ordre avait pour but de te faire douter. L'idée était on ne peut plus intelligente.
- Elle l'était ...

En effet, Galyan s'interrogeait de plus en plus quant à la nature même de l'Ordre pour lequel il avait donné sa vie. Et si tout ceci n'était qu'un leurre depuis le début, qu'il agissait en réalité pour une toute autre organisation qui elle, se voulait bien plus radicale quant à la définition de la chrétienté ? Le doute s'installait dans la tête de Galyan tandis qu'Othon cherchait à enlever ce voile obscur qui embrumait l'esprit du jeune frère.

- Quand tu m'as dit avoir retrouvé le corps d'Agylus dans pareil état, j'ai tout de suite compris qu'il s'agissait là d'une vraie mise en garde. L'Opus Dei encourage toute les formes de mortification, préconise le port du cilice ainsi que l'usage du fouet. Ainsi, la souffrance qu'a subi Agylus n'est rien face à celle hebdomadaire que s'inflige ces fidèles.
- Ces fidèles ont l'air bien plus dangereux que les Templiers ?
- Ils le sont ! L'Opus Dei est extrêmement élitiste et affairiste. Quiconque douterait des agissement de cette organisation connaîtra une mort lente et agonisante. Agylus en est l'exemple le plus frappant. N'as-tu pas dit avoir observé une plaie dans son cou ?
- Oui. La marque des Infidèles !
- Effectivement. Mais surtout la marque d'assassins !

Un éclair venait de frapper à une dizaine de mètres seulement de là. Dehors, la nuit était tombée depuis plusieurs heures. De la tour, on ne distinguait plus que la crête des vagues se brisant sur les premiers rochers. Galyan avait les yeux écarquillés ; Othon avait eu raison de lui proposer de s'asseoir tout à l'heure tant ce qu'il venait à l'instant d'apprendre le frapper de plein fouet.

- Vous affirmez que notre Ordre accueillerait une organisation secrète dont les membres seraient des assassins ?
- Hélas mon frère. J'aurai aimé ne jamais t'apprendre pareille chose. Et pourtant, il en est ainsi. Voilà pourquoi je te demande de rester sur tes gardes et de ne communiquer à quiconque ce qui s'est dit au cours de cet entretien. Ta vie comme la mienne en dépendent !
- Rien de tout ce qui s'est dit ici ne quittera cette pièce, frère Othon. Je vous en fait le serment.
- Bien.

Reprenant ses esprits, Galyan tourna la tête en direction du bibliothécaire. Le choc était encore dur à encaisser, mais Galyan en avait encaissé plus d'un au cours de son existence ; à commencer par la disparition mystérieuse de ses parents. Saluant Lugardy, il se dirigea d'un pas lent en direction de la porte, l'esprit embrumé par tout ce qui venait d'être dit. Mais une question vint à son esprit.

- Notre Grand Maître cherche à mettre la main sur les saints artefacts de la Chrétienté. Des hommes en ce moment auraient selon lui des informations cruciales qui pourraient nous être fort utiles pour les localiser. Auriez-vous des noms à me communiquer ?
- Je crains fort que je ne puisse t'aider. La mission que t'a confié ton maître est assez difficile et je conçois qu'il l'ait donné à quelqu'un comme toi. Sache que l'œkoumène chrétien repousse constamment ses frontières en ce monde. Ainsi ton périple peut s'avérer extrêmement long. Utopia a beaucoup à t'apprendre, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais n'en oublie pas que notre monde cache aussi des régions plus éloignées.
- Bien, je vous remercie maître pour toute les informations dont vous m'avez fait part. Je reviendrai le plus vite possible afin de mettre à l'abri vos précieux ouvrages.
- Merci mon frère. Que votre courage et votre bonté vous garde. Une chose avant que vous ne partiez toutefois...
- Oui ?
- Pourquoi votre maître cherche-t-il tant à mettre la main sur ces dits artefacts ?
- Il prétend qu'ils sont nécessaires à la survie de l'Ordre dans ces temps difficiles, et qu'ils seront d'une aide précieuse contre les Infidèles et les Templiers. Pourquoi cette question ?
- Hmmm... pour rien mon frère.

Galyan salua Lugardy d'un geste de la tête. Un instant plus tard, le vieil homme se retrouvait seul dans la pièce, entourées de ses colonnes d'ouvrages.

- Prends soin de toi !

...
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeLun 9 Mar - 14:41

7.

Dans sa bibliothèque, frère Othon ne manquait d'aucun ouvrage. Les uns après les autres, les saisissant méticuleusement, ses ouvrages sortaient de leur nid, se préparant pour un long voyage. Mais tous ne pouvaient partir, tant le nombre de volumes était plus qu'impressionnant dans ce qui se désignait comme la bibliothèque la plus riche d'Utopia. Et qui plus est, frère Galyan ne lui avait pas communiqué la taille de la grotte où seront mis à l'abri cette bibliothèque riche de savoir. Il commença par abandonner tous les volumes en doubles, ne conservant que ceux les mieux conservés. Pour Laugardy, toute la vanité humaine n'importait peu dans la valeur d'un livre. Ainsi regardait-il au-delà des enluminures, des exploits de la calligraphie, convaincu que le véritable savoir ne se trouvait qu'à l'intérieur textes même. Ce qui l'intéressait par dessus tout, c'était les textes rares. Et qui dit rares, dit le plus souvent interdit. Ces textes qui condamnent au bûcher ceux qui sont arrêté en possession de ces derniers. Ceux-là même qui, aujourd'hui, le condamne à devoir se séparer d'une grande partie de sa bibliothèque.

D'un hochement de tête, Othon balaya ces inquiétudes. Le tout était à présent de faire preuve d'une très grande prudence. Depuis longtemps, il avait pris ses précautions. A l'intérieur de sa bibliothèque officielle existait en réalité une bibliothèque secrète dont lui seul connaissait l'existence. D'abord avait-il inséré des textes dangereux à l'intérieur de livres dit sans risque. Puis, toutes les vingts pages d'un in-folio avait-il également disposé des feuillets de traités en tout genre. Personne n'irait chercher au milieu des descriptions de la botanique en Djamila.

Il continua son travail de classement, rangeant d'un côté les livres à garder, ceux qu'il confierait à frère Galyan, de l'autre ceux qu'il laisserait ici. Othon soupira. Les livres entassés à sa droite, ceux qui ne ferait pas le voyage, formait une pile de plus en plus impressionnante, là où ceux qu'il protégerait jusqu'à la mort semblait quant à eux être quasi inexistant. A gauche, des gros in-folio notamment, cachant nombres d'informations. Dont un qu'Othon s'était empressé de récupérer. Un gros in-folio dont la couverture semblait désigner un ouvrage de philosophie. A l'intérieur se cachait le document le plus impressionnante qu'il est eu à consulter au cours de sa longue vie. Une œuvre qu'il n'avait encore su déchiffrer dans son intégralité. C'était il y a un an environ qu'un frère était venu en sa bibliothèque, jetant sur la table un feuillet souillé de sueur et de sang.

Othon contempla le volume qui contenait le texte. Il avait déjà passé tant de nuits à s'interroger. Des nuits blanches à puiser dans les livres, à mettre en commun nombre d'ouvrages, à méditer pour que la lumière se fasse. En vain. Il avait donc cherché à en savoir plus quant au circonstances dans lesquelles ce frère avait mit la main sur ce feuillet. Mais l'homme n'avait osé lui répondre distinctement, précisant que frère Othon n'avait à connaître la vérité sur cela. Une réaction qui avait éveillé la curiosité du bibliothécaire. Jusqu'à présent, il n'avait trouvé de personne connaissant elles aussi l'existence de ce que révélait ce feuillet. Jusqu'à ce soir. L'illumination avait été totale. Désormais, il détenait la clé, pensa-t-il avec un léger sourire aux lèvres.

Othon regarda par la fenêtre. La nuit s'épaississait. Laugardy revint s'asseoir à sa table de travail. On frappa à la porte de la bibliothèque. Deux coups secs. La porte s'ouvrit. Le visage d'Othon s'éclaira d'un sourire.

- Bienvenue mon frère. Je vous attendez.



Un peu plus tôt, non loin de là.

Une silhouette dans la nuit. Un cavalier filant en direction de la Capitale. L'homme semble faire corps avec sa monture. Galyan fonce au triple galop en direction de ses quartiers. Il avait passé il ne savait combien de temps avec frère Othon. Mais cet entretien ne fut en rien du temps perdu pensa-t-il, donnant un coup de talon dans le flanc de sa monture. Par sécurité, afin de ne pas se faire repérer par des templiers stationnés ici et là aux alentours de la Capitale, il avait pris soin de ficeler solidement le museau de son cheval. Ainsi ce dernier laissa-t-il échapper un léger hennissement avant d'accélérer le pas.

La nuit s'épaississait à mesure que Galyan s'éloignait de la tour de garde. La brise marine qui jusque là formait un voile opaque laissait la place au brouillard frais des nuits d'Utopia. Les mains serrant les bribes, Galyan réfléchissait à cet entretien si terrible qu'il venait d'avoir. L'Opus Dei. Ainsi une menace grandissante risquait de mettre à mal tous les fondements de la chrétienté, et par extension, de l'Ordre. Galyan ne pouvait s'empêcher de penser au credo qu'il devait défendre malgré tout. Ces dogmes qui avait fait de lui un soldat bien plus qu'un simple moine maintenant.

Et soudain, un éclair de lucidité. Comment Othon pouvait-il en savoir autant sur l'Opus Dei ? Comment ce frère, bien qu'érudit, avait-il pu entendre parler de cet organisation si secrète ? Il en avait dit trop, beaucoup trop raisonna Galyan. Des méthodes de recrutement au signe distinctif en passant par leur procédé de mortification. Ou bien Othon n'avait pas tout dit, ou bien l'homme avait quelque chose à cacher quant à son appartenance à cet Ordre.

Galyan réfléchit tandis qu'il galopait à vive allure en direction de la Capitale. Le doute était trop grand, il devait comprendre. Pourquoi Othon n'avait-il pas osé lui dire comment il en savait autant sur cet organisation. Et si cet homme était un des leurs ? Tirant d'un coup sec sur les bribes, le cheval se cabra, manquant de faire tomber Galyan. Mais l'homme était un cavalier averti, conséquence des nombreuses batailles menées contre l'Ordre du Temple. Tirant sur la bribe de gauche, le cheval se retourna. Deux coups de talons, et Galyan refilait à présent en direction de la tour défensive. Il voulait en avoir le cœur net.

Quelques minutes plus tard, il distingua enfin la tour défensive. Encore quelques mètres, et il arriva enfin au pied de la tour. Nul n'avait repère son arrivé tant lr brouillard marin ne permettait pas de distinguer plus loin que son nez. Mettant pied à ter, attachant sa monture à un anneau de la tour servant à cet effet, Galyan se dirigea vers la porte de la tour. Il donna deux coups à la porte. Aucune réponse. Posant la main sur la poignée, Galyan la tourna d'un geste lent. Soudain, quelqu'un ouvrit la porte.

- Frère Galyan ! C'est affreux ! Mon maître vient de disparaître !

...
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeLun 9 Mar - 14:50

8.

Les deux hommes se faisaient face. Aucun d'eux n'avaient brisé le silence oppressant de cette nuit. La pluie n'avait cessé de tomber, Galyan sentant les gouttelettes d'eau perlant le long des pierres de la tour lui tombant sur le visage, glissant sur son visage avant de freiner leur descente, gênée par la barbe hirsute du jeune frère. Les deux hommes se dévisageaient, chacun cherchant à comprendre ce qui avait bien pu se passer. Ce fut le frère qui le premier osa briser ce silence.

- Que faîtes-vous ici ? Comment se fait-il que frère Othon disparaisse et que vous reveniez ici ?

Le visage du jeune clerc montrait une certaine inquiétude. Le regard quant à lui exprimait cependant une non confiance pour Galyan. Ce dernier ne dédaigna pas pour autant de répondre à ces vaines accusations.

- Je ne revenais ici que pour parler avec votre maître. Vous en conviendrez que je viens tout juste de poser pied à terre, mon cheval en est la preuve apparente.

Se retournant, montrant d'un geste de la main sa monture, Galyan savait qu'il n'avait aucun soucis à se faire quant à la véracité de ses propos. Intrigué, le jeune frère saisi une torche enflammée à côté de la porte d'entrée, pointant la flamme en direction du cheval. Ce dernier était enveloppé d'un nuage de vapeur, preuve qu'il avait du galoper il y a peu. Le jeune frère acquiesça aux propos de Galyan l'invitant par là-même à rentrer.

- C'est à n'y rien comprendre. J'étais plongé dans la traduction d'un traité commerçant entre Djamila et Utopia quand j'ai entendu un bruit dans le bureau de mon maître. Quand je suis entré il n'y avait plus personne.

Le jeune frère avançait, suivi de Galyan en direction du bureau d'Othon. Galyan se posait de plus en plus de questions, et cette disparition soudaine, quelques minutes à peine après son entretien, n'indiquait rien de bon. Frère Othon avait quelque chose à cacher, il en avait le cœur net. Mais pour autant, Galyan se refusa de dévoiler la nature de l'entretien qu'il venait d'avoir avec frère Othon, malgré la réticence du jeune clerc. Ce dernier arriva enfin devant la porte de la bibliothèque. Posant sa main sur la poignée, il s'apprêta à la tourner quand il fut arrêté dans son geste.

- Je préfère rentrer le premier. On ne sait jamais.

Galyan avait saisi la main du jeune clerc, lui faisant signe de se mettre en arrière. L'homme accepta, ôtant sa main de la poignée. Galyan saisit son épée, rassurant le jeune clerc qui venait d'émettre un léger gémissement à la vue de pareille arme, avant de poser ses deux mains sur sa bouche. Galyan ouvrit la porte.

- Personne.

Le jeune clerc avait fermé les yeux pour ne pas voir. En rouvrant qu'un seul, il pencha la tête pour voir à son tour, protéger par le colosse imposant qu'était Galyan. Ce dernier rangea son arme dans son fourreau, avançant dans la pièce, toujours sur ses gardes pour autant. Le jeune clerc se glissa derrière lui, lui collant presque aux fesses ; l'homme n'était en rien rassuré.

- Et vous n'avez entendu personne rentré dans la tour ?questionna Galyan.
- J'étais tellement pris dans cette traduction...non, je n'ai absolument rien entendu.
- Hmmm, étrange, dit Galyan, s'accroupissant alors devant de bureau de frère Othon. Je n'en suis pas si sûr, ajouta-t-il, passant son doigt sur le dallage de pierre. De la boue sur le doigt. Quelqu'un venait de lui rendre visite.

Le jeune clerc se cramponna au corps de Galyan. Ce dernier repoussa celui-ci, quoi qu'il n'était pas rassuré lui non plus. Essayant de ressaisir le jeune clerc, Galyan observa minutieusement chaque recoin de la bibliothèque. Des ouvrages avaient été sortis de leur étagères, signe qu'Othon avait commencé sa sélection d'ouvrages à garder.

- Je...je suis désolé... répondit le jeune clerc, défroissant ses vêtements. Qui a bien pu kidnapper mon maître ?
- Quelqu'un qui m'a suivi, répondit Galyan, les sourcils en circonflexe.
- Qui vous suivez ? Comment ça ?
- Depuis combien de temps ais-je quitté votre maître ?
- Depuis moins de quinze minutes maintenant.
- Ou bien cette personne nous a espionné, ou bien cette personne a attendu que je quitte frère Othon avant d'agir.
- Pensez-vous qu'il soit en danger ? questionna le jeune clerc, un nœud dans la gorge.
- Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas, répondit Galyan, revoyant tout l'entretien défiler devant ses yeux. Si l'homme qui avait rendu visite à frère Othon juste après lui les avait épié dans leur conversation, alors oui, frère Othon pouvait en ce moment même être en très grand danger. Et lui aussi …

Sur le bureau de frère Othon, des ouvrages étaient rangées de chaque côté; Une pile éparse à droite, une pille quasi vide à gauche. Et au milieu de cela, comme mit en évidence, un ouvrage de très grande taille. Galyan s'approcha de celui-ci.

- Mon Maître, une fois que vous êtes parti, m'avez demandé de le laisser tranquille afin de sélectionner les ouvrages à sauver.
- Et cet ouvrage, demanda Galyan en le brandissant dans la pièce. Sur la couverture, on pouvait y lire Essai de philosophie swizzerlandaise.
- Une oeuvre peu passionnante. Je pense que notre maître était sur le point de l'ôter de sa sélection quand il a été kidnappé.

Galyan regarda le jeune clerc. Le livre avait été posé avec méticulosité, à égale distance des deux pilles d'ouvrages. A en croire qu'il avait été disposé ainsi volontairement. Et non que frère Othon ait pu le laisser tomber de ses mains en se faisant kidnapper. Galyan saisit l'ouvrage entre ses mains.

- Frère Galyan, ces ouvrages sont précieux. En temps normal je ne vous permettrais pas d'y toucher.
- Mais nous ne sommes plus en temps normal, répondit du tac au tac Galyan, commençant à chercher des semblants d'informations dans cet in-folio.

Mais il semblait n'y avoir rien d'intéressant à l'intérieur. Reposant l'ouvrage sur la plus grosse pille, Galyan se demanda ce qui avait bien pu se passer ici. Brusquement, une bourrasque de vent s'engouffra dans la bibliothèque, faisant danser les feuilles et feuillets qui traînaient sur le sol ainsi que les plumes d'oies. L'ouvrage que Galyan venait de reposer s'ouvrit sous la violence du coup de vent. Les pages tournèrent les unes après les autres. Un feuillet en sorti, emporté par le vent jusqu'aux pieds du jeune clerc.

- Qu'est-ce que …??

...
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeJeu 12 Mar - 14:59

9.

Galyan restait figé sur place. Le feuillet qui venait de glisser du livre devait livrer des informations d'une importance cruciale. Feuillet qui, pas conséquence, ne devait se trouver aux mains de n'importe qui. Les deux hommes s'échangèrent un regard intrigué. Nul ne semblait connaître l'existence de ce feuillet...et donc de ce qu'il était sensé dévoiler. Le jeune clerc s'accroupit alors, récupérant le document ayant atterri à ses pieds. Un papier tâché de sang et de sueur.

- C'est écrit en latin.

Galyan s'avança vers le jeune clerc pour observer de plus prêt ce document. Mais à peine leva-t-il le pied gauche que le jeune clerc jeta un regard inquisiteur vers Galyan, saisissant le feuillet de vives mains, le calant contre sa poitrine.

- Ce document fait partie de la bibliothèque de mon maître. Ce qu'il révèle n'est connu que de lui seul, et il n'est pas sans concevoir que ce que révèle ce feuillet est précieux à ses yeux. Je ne peux vous permettre de le lire.

Galyan n'en revenait pas. Le jeune clerc qui jusque ici ressemblait davantage à un enfant des plus peureux le menaçait à présent. Le regard de celui-ci se noircit, donnant envie à Galyan d'exploser de rire tant la scène était des plus pathétiques. Mais l'heure n'était pas à rire. Le document aux mains du jeune clerc cachaient des informations précieuses...Galyan recula d'un pas, gardant toutefois un œil sur le jeune clerc, cherchant à déceler la moindre réaction sur son visage à mesure qu'il avancerait dans la traduction.

Le jeune clerc, voyant la réaction de Galyan, commença à analyser plus étroitement le feuillet. Son visage se durcit, que Galyan interpréta comme la résultante d'un latin très pompeux, difficile à traduire même pour un aussi fin lettré que devait être ce clerc.

- De quoi traite ce feuillet ?
osa Galyan. En vain. Le silence s'était installé dans la bibliothèque.

Le jeune clerc faisait les cent pas, cherchant à déchiffrer tous les termes de ce document. Les expressions de visage changeaient du tout au tout à mesure que les yeux du jeune clerc filaient sur le papier. Un moment, le visage complètement tiré, Galyan eu même l'impression que ce clerc avait perdu son latin.

Tout d'un coup, l'homme se figea sur place, les yeux exorbités. Galyan ne l'avait pas quitté des yeux, sursautant en lisant cette réaction particulièrement inquiétante sur le visage du clerc. Intrigué, il tenta de se rapprocher de ce dernier.

- Que se passe-t-il ?

Mais l'homme ne bougeait plus. Ses yeux non plus d'ailleurs, arrêtant de glisser sur les lignes de ce feuillet. Ses mains se mirent à trembler, comme s'il venait de voir le Diable en personne. Lentement, il leva les yeux vers Galyan. L'incompréhension totale se lisait dans son regard. Le feuillet glissa d'entre ses doigts paralysés, valsant dans l'air avant de rejoindre le monticule de feuilles jonchant le dallage de pierre. Dans un murmure quasi inaudible, l'homme laissa échapper deux mots...

- Opus Dei …

Galyan accoura en direction du jeune clerc, frappé par la foudre. A l'image de ces hommes figés à jamais par la cendre d'un volcan en éruption. Les deux mots quasi sifflés par ce dernier l'effrayèrent plus qu'ils le rassurèrent. Ainsi le feuillet parlait de cette organisation ? Voilà pourquoi il était mis en évidence. Une volonté d'Othon, sachant qu'il allait revenir ; ou celle de son kidnappeur ? Galyan tomba à genoux devant le jeune clerc, récupérant le feuillet entre ses mains.

- Que Dieu me garde !

Ce que comportait ce feuillet avait plus que troublé le jeune clerc, à l'étonnement de Galyan. Bien que ce que lui avait révélé Othon sur cette organisation l'avait complètement retourné, il n'avait toutefois eu pareille réaction. Était-ce sa façon d'être si détaché des choses qui y était pour quelque chose, ou bien le jeune clerc était-il tout bonnement trop émotif ? Reprenant ses esprits, ce dernier lança un regard effrayé à Galyan, le saisissant par les bras.

- Il faut prévenir l'Ordre au plus vite ! Nous courrons un grand danger !

Galyan observa l'homme. Ainsi connaissait-il lui aussi, à présent, l'existence de l'Opus Dei. Galyan ne voulut réagir quant au fait que l'entretien qu'il venait d'avoir avec frère Othon avait rapport avec cette organisation, tant les réactions du jeune clerc s'avéraient décontenancées. Il se savait en danger, sachant que si Othon avait été kidnappé, il y avait de forte chance que ce soit pour ce qu'il savait sur cet Opus Dei. A moins que ce ne soit pour d'autres raisons, Templiers ou Inquisition dans ce cas. Laugardy l'avait mis en garde : il devait resté vigilant, ne communiquer à personne ce qu'il savait sur l'Opus Dei. Hélas, l'homme qu'il avait devant lui savait tout à présent, et s'il n'agissait pas dans les plus brefs délais, ce qui était un secret bien gardé jusque là allait très vite être communiqué à l'ensemble du royaume, à commencer par les hauts dignitaires de l'Ordre. Galyan essaya de le rassurer.

- Prévenir l'Ordre, maintenant ? Le temps n'est pas assez clément pour nous laisser quitter la tour pour la Capitale. Ressaisissez-vous, et expliquez-moi plutôt pourquoi nous devrions réveiller le Grand Maître à pareille heure ?
- Nous ne pouvons attendre jusqu'à demain ! Le danger est imminent !

Et sans attendre de réponse, le jeune clerc arracha le feuillet des mains de Galyan, se relevant d'un bond. Inspirant une grande bouffée d'air, gonflant le ventre, le clerc lança un regard à Galyan avant de lancer sèchement à celui-ci :

- Si vous préférez restez ici ! J'ai donné ma vie pour l'Ordre et je la protégerais jusqu'au dernier souffle !

L'homme tourna les talons, se dirigeant en direction de la porte de la bibliothèque. L'homme allait tout révéler, il fallait réagir au plus vite, songea Galyan à vitesse folle. Se relevant d'un bond, il accourut en direction du clerc qui venait de poser sa main sur la poignée de la porte. Saisissant le bras de l'homme, Galyan l'arrêta dans sa course, tirant l'homme vers lui. Le visage du jeune clerc se retourna alors, un regard noir en direction de Galyan. Un filet de lumière fila dans la pièce, que Galyan eut à peine le temps de distinguer. Le regard du jeune clerc se brisa, les yeux sortant de leurs orbites. L'homme s'écroula à terre. Une aiguille d'acier venait de lui transpercer la carotide.

...
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeSam 14 Mar - 15:26

10.

Le jeune frère gisait sur le sol, au milieu des parchemins et plumes d'oie. Galyan s'agenouilla à ses côtés, portant le corps du jeune homme dans ses bras. Le coup fut fatal. Une aiguille d'acier, si fine et si pointue. Une frappe quasi chirurgicale. Le visage figé, les yeux exorbités : la mort l'avait emporté sans qu'il ne la vit arriver. Le sang commença à perler le long de l'aiguille, goûtant dans un premier temps, avant de couler dans un filet interrompu sur la longue cape blanche de Galyan.

Galyan ne bougeait pas, regardant le corps inerte du jeune clerc. Les images défilèrent dans sa tête. Il avait accouru vers le jeune homme, prêt à tout pour éviter qu'il ne divulgue aux hauts dignitaires de l'Ordre l'existence de l'Opus Dei. Un instant, il avait eu l'impression de lui avoir arracher le bras. L'homme avait aussitôt tourner la tête en sentant Galyan le stoppait dans sa course. Puis ce filet de lumière traversant la pièce. Et ces yeux...

Galyan lança son regard vers la fenêtre. Une ombre disparue dans la nuit. Quittant le corps sans vie du clerc, il se releva d'un bond, accourant en direction de la fenêtre. Car cet homme était certes mort, emportant avec lui le secret de l'Opus Dei qu'il était sur le point de révéler...Mais cet homme n'était pas mort de la main de Galyan ! Arrivant à la fenêtre, l'épée sortit de son fourreau, Galyan chercha dans la pénombre de la nuit et sous un épais manteau de brume marine l'assassin qui venait de s'enfuir. Mais il ne vit qu'une silhouette à travers l'épais nuage de brouillard. Un cheval au galop quittait la tour défensive, une masse sombre, semblable à des sacoches, de chaque côté des flancs arrières du cheval.

**Laugardy**

Le bibliothécaire avait bel et bien était kidnappé, et son kidnappeur n'était autre que l'assassin du jeune clerc. Galyan comprit à ce moment précis que cette organisation secrète avait encore beaucoup à lui apprendre. Et qu'il n'était pas le seul à en connaître l'existence et à vouloirportéger son secret, coûte que coûte. Accourant dans les couloirs de la tour en direction de la porte d'entrée, laissant derrière lui le corps du jeune clerc, Galyan tenta de rejoindre sa monture. Il savait déjà que ses chances de retrouver le cavalier noir était sans espoir sous ce temps maussade. Mais il ne pouvait rester sans rien faire. Frère Laugardy était en danger, et avec lui s'emportait tout le savoir dont il avait besoin. Qui plus est, avec la disparition tragique de Laugardy, et la mort suspecte de son aide, Galyan se trouvait à présent dans une mauvaise posture. Nul ne devait apprendre ce qui venait de se passer, mais l'Ordre allait forcément s'interroger.

Arrivant devant la porte d'entrée, Galyan sortit de la tour. La pluie n'avait toujours pas cessé de tomber, mouillant les vêtements blancs maculés de sang de Galyan. En quelques secondes, le lin de sa cape avait délavé, passant d'un blanc d'une pureté étincelante à un rôle pâle. Le moine-soldat qu'il était venait de perdre une grande part de virilité. Fonçant à vive allure en direction de sa monture, il sentait son sang pulsait dans son cou. Les veines ressortait, l'adrénaline coulaient dans son sang. Il fallait qu'il mette la main sur cet assassin, qu'il sauve la vie de frère Othon avant qu'on ne décide de le tuer à son tour... où qu'on lui fasse avouer tout ce qu'il savait.

Mais Galyan n'irait pas bien loin. L'assassin avait agi d'une main de maître. Après l'enlèvement discret de Laugardy, la frappa chirurgicale tuant net le jeune clerc, voilà qu'il avait également prit soin d'empêcher Galyan de courir sur ses traces. Les tendons du cheval avait été sectionnés, ce dernier hennissant de douleur, son sang se vidant sur la terre humide. La pluie frappait fort, les éclairs également, angoissant le pauvre cheval qui cherchait à se sauver sans pouvoir se remettre sur ses talons. Galyan s'agenouilla à ses côtés. L'animal était en train d'agoniser lentement. La muselière, placée judicieusement sur son museau, contenant les pleurs du pur-sang. Galyan ne pouvait laisser le cheval souffrir ainsi. L'épée à la main, il regarda l'œil du cheval. Il eu l'impression que l'animal l'implorait de lui abréger ses souffrances. Il frappa.

L'animal avait trépassé, l'épée transperçant le flanc avant de l'animal, la pointe de la lame perçant le cœur. L'animal n'avait rien senti, espérait Galyan, sortant l'épée du corps du pur-sang. La pluie nettoya la lame. Galyan l'essuya dans sa cape, la rangeant dans son fourreau avant que la pluie n'ait raison de sa brillance et de son tranchant. Il caressa le museau du cheval, ôtant la muselière de l'animal. Il ne pleurerait plus à présent, songea Galyan, se relevant avant de s'en retourner auprès du corps du jeune clerc.

Revenant dans le bureau personnel de Laugardy, les cheveux humides et les vêtements perlant de gouttes de pluie, Galyan se dirigea vers le jeune clerc. S'arrêtant devant le corps de ce dernier, il ferma les yeux, faisant un signe de croix avant de s'agenouiller à ses côtés, passant sa main sur les yeux de l'homme pour les fermer. Au sang coulant sur le sol s'ajoutait à présent la pluie et la boue. Galyan ne savait quoi faire. Faire penser à une attaque des Templiers serait la meilleure solution, pensa-t-il alors, cherchant d'autres idées dans sa tête. Il fallait maquiller la scène afin qu'aucun dignitaires de l'Ordre ne vienne à apprendre ce qui avait réellement pu se passer. Si tout était parfaitement mis en scène, les Templiers seraient vu comme unique coupable de ce crime. Le secret de l'Opus Dei serait toujours bien gardé, et la haine envers les Templiers se verraient grandir davantage. Galyan acquiesça un sourire en songeant à cela. Mais quel modus operandi ?

Récupérant le vélin des mains de feu le jeune clerc, Galyan réfléchissait à comment il pouvait maquiller, surtout, la disparition de Laugardy. Il se tenait debout devant la large fenêtre d'où avait frappé l'assassin. On ne voyait pas au delà de deux mètres, la lumière du phare quant à elle ne perçant pas à plus de trente mètres. L'obscurité de la nuit s'engouffrait de plus en plus dans la bibliothèque. La lampe à huile, seul éclairage de la pièce, était sur le point de s'éteindre. Trop risqué aurait été d'utiliser une chandelle ici avec tout ces vieux grimoires et ouvrages de papier.

**La chandelle...mais oui. J'aurais du y penser plus tôt.**

Il venait de trouver le moyen infaillible de maquiller cette scène en une attaque des Templiers.

...
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeDim 15 Mar - 22:47

11.

- La tour défensive est en feu !!

Les flammes crépitaient dans les airs, vacillantes, portées par le vent marin. Le signalement venaient d'être donné, les soldats installés aux points avancés près du port observant horrifiés les flammes faire partir en morceau cette tour, symbole historique de la Capitale, emportant avec elle tout le savoir d'Utopia. Avec un peu de chance, les Templiers, en nombre importants dans les environs, seraient les premiers sur les lieux. Les premiers que l'on accuseraient, par conséquence.

Galyan avait quitté la tour quelques minutes plus tôt. Le brouillard l'aiderait à se dissimuler. Il avait couru en direction de la jetée, à quelques mètres seulement de la tour. Il savait que personne ne viendrait balayer cet endroit, compte-tenu de la tempête : aucun homme, avisé soit-il, ne se serrait aventuré par pareil temps à prendre la mer.

La tour brûlait, mais Galyan savait qu'il n'y avait aucun danger. Il avait pris grand soin à protéger la bibliothèque de frère Othon. D'ailleurs, ce dernier l'avait plus qu'aidé. En commençant sa sélection d'ouvrage à garder, il avait aussi et surtout donné à Galyan une pille incommensurable de livres juste bon à allumer un feu. Et Galyan s'était fait un plaisir de les brûler. Il avait déplacé le corps du jeune clerc, le sortant du bureau de frère Othon pour le déposer là où aurait du se trouver l'homme, à savoir dans son bureau. Il avait pris la précaution de nettoyer toute traces, brûlant également quelques uns des nombreux ouvrages à côté du corps du jeune clerc.

Quant à la bibliothèque, il avait pris soin de mettre à l'écart les livres sacrés, ceux que frère Othon avait préféré bon garder. Il les avait disposé le plus haut possible sur les bibliothèques, là où les flammes mettraient plus de temps à grimper. Il avait, de plus, complété l'étagère d'ouvrages incongrues. Ainsi, les ouvrages précieux se dissimulaient à présent dans une bibliothèque en flamme. Galyan n'avait mis le feu qu'à quelques livres, mais disposés de telle façon qu'à peine eut-il commencer à brûler, ils causèrent une brasier assez impressionnant pour êtes repéré du port. Un brasier certes impressionnant, mais contrôler. Suffisamment pour que les livres sacrés soient épargnés juste à temps avec l'arrivée des premiers soldats sur place.

Galyan s'était caché derrière des rochers. La tour prenait toujours feu. Il avait tout contrôlé, le plan parfait. Il voyait déjà les Templiers arriver sur place, défonçant la porte d'entrée avant de rentrer dans la tour. Là, ils trouveraient le corps sans vie du jeune clerc. Dans la précipitation ils ne verraient pas l'aiguille d'acier planté dans sa carotide. Ils sortiraient le corps tandis que d'autres Templiers accouraient vers le cours d'eau adjacent la tour, faisant la chaîne pour éteindre le brasier. En quelques minutes, le feu seraient éteint. Quelques meubles auraient pris feu, quelques vélins et autres parchemins jonchant le sol également. Évidemment, les gros in-folio non sélectionnes par frère Othon ne seraient que de vieux souvenir. Puis arriveraient enfin les soldats de l'Ordre. Et l'affrontement serait quasi imminent. Les Templiers face à l'Ordre. Les seconds accusant les premiers de tout ce qui venait de se dérouler.

Galyan savourait son plan machiavélique. En plus de sauver sa peau, de sauver les ouvrages sacrés d'Othon, il avait trouvé le moyen de mettre dans une mauvaise posture les chevaliers du Temple. A l'abri de tous, il voulut saisir le vélin dissimulé dans sa besace de cuir. Mais la pluie battante aurait raison de l'encre, réfléchit-il. La main posée sur sa besace, il referma la sangle de métal. Il fallait qu'il reste sur ses gardes, nul ne savait ce qui pouvait se passer maintenant.

Les premiers hennissements de chevaux retentirent à ses oreilles. Les Templiers arrivaient au triple galop sur la tour en feu. Il se trouvait à quelques mètres seulement d'eux, non loin de là, les vagues frappant les premiers rochers quasiment à ses pieds. Les bruits de sabots s'arrêtèrent. Les Templiers venaient de mettre pieds à terre, les premiers fonçant en direction de la tour. On entendit un fracas ; la porte d'entrée venait d'être défoncée. Des ordres étaient hurlées, à chaque soldat étant attribuée une tâche précise.

- Que l'on apporte de l'eau. Vous, vérifiez qu'il n'y ait personne à l'intérieur de la tour.

Galyan esquissa un sourire. Mais celui-ci disparu bien vite en entendant un soldat hurler.

- Maître, un pur-sang a été assassiné !
- Soldats ! hurla à son tour leur chef. Fouillez les alentours ! Que l'on retrouve ce criminel !

...
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeDim 15 Mar - 22:50

12.

Le plan parfait. Il avait tout pensé, vu et revu chaque scène. Tout était parfaitement contrôlé. Tout, sauf le cheval ! Une erreur, aussi incongrue qu'il n'y paraissait, et voilà que le plan parfait n'était plus qu'un vulgaire souvenir. Il avait envie de se maudire pour l'éternité tant l'énormité de son erreur pouvait s'avérait funeste. Car les Templiers étaient maintenant à sa recherche. Le danger se rapprochait de plus en plus, il le sentait presque respirait à deux pas de lui.

Comment avait-il pu oublier ce pur-sang ? L'animal avait agonisé, il se voyait encore abréger les souffrances du pauvre cheval, les tendons sectionnés. Par chance, il avait enlevé la muselière de cuir. Car celle-ci était signée du symbole de l'Ordre. Galyan avait tout calculé dans le moindre détail, de l'incendie à la disparition de frère Othon, en passant par la mort, tragique, de son aide personnel. A tellement réfléchir à la meilleure façon de maquiller le pire, il avait oublié de maquiller le plus bête.

Les Templiers se guidaient à présent à la lumière des torches de fortune, fabriquées à l'aide des morceaux de bibliothèques et étagères ayant subi l'assaut du feu. Le brouillard, toujours fort présent, ajouté de la brise marine, rendaient les recherches exhaustives. Les soldats partaient dans toutes les directions, épiant chaque recoin aux alentours de la tour. Aucun buisson, aucune butte, aucun coin d'eau n'était épargné. Galyan sentait le temps jouait de plus en plus en sa défaveur à mesure que les flammes des torches se rapprochaient de lui. Il n'avait plus aucune chance de s'en sortir indemne à présent, tout ses espoirs s'envolaient alors que l'incendie venait d'être maîtriser et que les derniers Templiers, qui jusqu'ici s'activaient à éteindre le brasier vinrent eux aussi à se mettre à sa recherche.

Il fallait déguerpir au plus vite, se mettre à l'abri. Dans quelques minutes, il serait fait comme un rat. Il voyait déjà l'interrogatoire musclé qu'il allait subir, les soldats, plus tortionnaires qu'autres choses, faisant subir les pires souffrances à celui qu'il considérait comme l'assassin. Et le pauvre Galyan, cherchant à se défendre, prétextant qu'il n'était en rien responsable de cette disparition et de ce crime ; en vain. Il serrait juste bon à brûler en place publique, comme il en était d'habitude pour tous ceux qui, comme Galyan, était préjugé coupable. Une façon pour le Temple de faire asseoir son pouvoir dans la Capitale. Une façon, aussi et surtout, de contrôler la populace en leur montrant ce qui arriverait à quiconque agirait de la sorte.

Ils avançaient, plus que quelques mètres. Il était là, quasi sous leurs yeux. Tout prêt et à leur merci. Les quelques rochers en guise de barrière. Les pas se rapprochaient, de plus en plus près. Les vagues frappaient, la mer montant maintenant jusqu'aux pieds de Galyan. Il était complètement recroquevillé, regardant tout en se cachant l'arrivée imminente des Templiers. Il avait enlevé sa cape blanche ainsi que sa tunique, trop voyante. Il était torse nu à présent, attendant que son heure vienne, qu'on mette la main sur lui et ne vienne à le juger pour ces crimes qu'il n'avait pas commis – à l'exception de l'incendie. Seule points d'accusation où il n'oserait prétendre ne pas l'avoir commis de sa propre main. La pluie n'avait cessé de tomber. Une pluie torrentielle, froide, ajoutée d'un brise marine extrêmement glacial. Un tenue parfaite sous pareil temps pour ne pas tomber malade.

Les flambeaux des torches s'avançaient. Il voulut tenter de rejoindre la mer, essayer de se cacher dans l'eau. Car il se savait bon nageur et bon apnéiste. Des aptitudes dont l'Ordre ne pouvait se priver : les attaques se faisaient de plus en plus par voie marine, et pareilles aptitudes s'étaient révélaient par bien des occasions fortes utiles pour infiltrer la flotte ennemie. Mais aujourd'hui, ces aptitudes ne lui seraient d'aucun renfort. Il ne pouvait emprunter la mer, le phare non loin de là éclairant toute la côte. Plonger, et se mettre à l'abri de son faisceau en apnée ? Impossible. Non, il devait accepter son erreur et en payer le prix fort. Il devait tomber aux mains de l'ennemi, et Dieu sait ce qui adviendrait de lui.

Un Templier marchait tout droit en direction de Galyan. La torche, arrosée d'huile, résistait à la pluie battante. Plus que quelques pas. Il était tout prêt. Galyan s'étala sur le sol, les cailloux écailleux se plantant dans son dos. Il eut envie de crier de douleur, mais il avait déjà subi pire souffrances que celles-ci. Il essaya de saisir le gros rocher à ses pieds. Pas bien gros, juste assez pour tenter de se dissimuler. Soulevant la pierre des deux mains, doucement, sans faire de mouvements brusques, sans même lever la tête, à tâtons, il fit glisser la pierre le long de ses jambes, ramenant la pierre au niveau de son torse. Il inspira un grand coup, gonflant le ventre et les pectoraux. Il devait faire le mort, ne plus respirer. Plus un seul bruit. Il posa la pierre sur son ventre, les abdominaux supportant maintenant un rocher qui devait en peser dix kilos. Il avait l'habitude de porter l'armure, bien plus lourde que cela, dépassant dans certains cas les quarante kilos. Mais jamais n'avait-il eu à la porter en se trouvant le dos nu sur des cailloux pointus. Un fakir sur sa planche à clou. Le silence se fit.

Le chevalier n'était plus qu'à deux mètres de lui. Le brouillard n'aidait certes pas, mais il se trouvait quasiment au-dessus du corps de Galyan. Un pas de travers et il trébuchait sur lui. Galyan le bougeait pas, les yeux fermés. Avec la lueur de la torche enflammée, l'éclat de ses prunelles auraient pu lui être fatal. Les vagues frappaient de plus en plus fortement, emportant avec elle une pluie d'eau salée qui s'agrippait à la peau de Galyan. Les cailloux eurent raison de son dos, le griffant et le plantant légèrement. Quelques gouttes de sang vinrent à perler, assez fine pour être vite emporter par les vagues. Des plaies ouvertes par conséquence, que le sel marin agressait violemment. Il fallait résister, le Templier n'irait pas plus loin. Il allait faire marche arrière.

Le soldat avança d'un pas. Un pas de trop. Le pied se prit dans un rocher, à dix centimètres seulement des pieds de Galyan. L'homme tomba de tout son être, tentant de contrôler sa chute en projetant ses mains en avant. Dans la panique, il laissa échapper la torche de ses mains, cette dernière tombant juste à côté de Galyan. A la pluie battante, aux vagues salées et aux cailloux pointus et saillants s'ajoutaient maintenant la flamme chaude qui brûlait sa joue. Il était à découvert. Quand le soldat se relèverait, il verrait l'homme allongé à même les cailloux. Il ne bougea pas, les flammes de la torche brûlant sa joue ainsi que sa barbe, laissant échapper une odeur de poulet grillé. Il était piégé.

- Raaah ! Maudit soit cette plage, grommela le soldat, étalé sur aux pieds de Galyan.

Cherchant à se relever, l'homme posa sa main sur la chaussure de Galyan. Dans sa chute, l'homme l'était fracassé le front, le sang dégoulinant sur son nez et sur ses joues. Il se releva s'essuyant les yeux et la plaie du revers de la manche. Une vague frappa les premiers rochers, éclatant dans une pluie d'eau salée. Tellement violente qu'elle éteignit la torche. Un miracle, faillit hurler Galyan, sentant le feu sur sa joue se dissiper lentement.


- C'est bien mon jour, protesta le Templier alors qu'il se relevait, déchiffonnant sa tunique frappée de la croix rouge.

Énervé, il voulut frapper de toutes ces forces dans un caillou. Mais il ne fit que frapper de toute ses forces dans le rocher sur le ventre de Galyan. Un caillou un peu lourd !

- Aïeee !

Le coup était puissant, assez pour faire vaciller le gros rocher. Assez pour la faire bouger aussi sur le ventre de Galyan, retombant un peu plus à droite. Une autre zone de pression. Il n'allait pas résister longtemps à ce train là. Le Templier se tordit de douleur, sautant sur un pied. Galyan n'avait plus rien pour se dissimuler. Le soldat baissa les yeux vers ce gros caillou.

Soudain des hennissement lointains se firent entendre. Les soldats de l'Ordre ! Il était sauvé ! Le soldat tourna aussitôt la tête en entendant les chevaux arriver au triple galop. Le Templier courut, quelque peu en boitant, en direction de la tour. Le combat était inéluctable. Le moment opportun pour prendre la fuite.

...
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeDim 22 Mar - 20:54

13.

L'affrontement fut inéluctable. Les Templiers contre les Abstergues. Un combat que Galyan n'aurait jamais voulu manquer, pour rien au monde. Mais ce soir, il ne faisait pas partie des soldats frappant le fer, et pour cause. L'homme courait, prenant soin de ne pas tomber sur un soldat. Loin de toute cette barbarie, loin de toute cette émulation. Loin de tous le monde. Il fallait qu'il fuit tout cela, qu'il aille le plus loin possible, qu'il soit à l'abri de tous. De l'Ordre surtout. Des Templiers dans un second temps. Partir, quitter la Capitale. Au moins pour quelques temps. Assez pour ne pas éveiller les soupçons. Il était le diable incarné pour certain, celui qui causerait la fin des Abstergues. Avec la mort d'Agylus et de de son frère, de plus en plus de membres de l'Ordre considéraient Galyan comme la bête noire dont il fallait se débarrasser au plus vite.

Le fer frappait fort. Sous une pluie battante, les soldats se donnaient à corps et âmes, les corps tombant les uns après les autres, transpercés pour certains, entaillés pour d'autres. Les chevaux s'affolaient, hennissant de peur, fuyant au galop dans la nuit. Les rares torches encore enflammées laissaient apparaître une scène macabre, les hommes agonisant à terre, implorant Dieu, les mains tendues vers le ciel. Le sang venait de couler. Certains réussirent à fuir, accourant les jambes au cou dans toutes les directions.

Galyan n'avait pas encore bougé. Il regardait, accroupi derrière les rochers, le dos en sang. Le moment opportun, une ouverture. Il attendait. Il ne semblait rester que peu d'hommes encore debout, la plupart déjà mort de leurs blessures. Il fallait rester prudent, extrêmement prudent. Galyan avait tout observé, les soldats ayant fuit, ceux tombés à terre, implorant le Seigneur, et ceux encore debout, prêt à en découdre une bonne fois pour toute. Malgré la vue obstruée par le brouillard, il avait l'impression de savoir avec exactitude où se trouvait tous le monde. Il était temps pour lui. Maintenant.

Il se releva d'un bond. Ses os craquèrent, conséquence du temps passé allongé sur ces cailloux pointus avec un rocher de plusieurs kilos sur le ventre. Ses plaies dans le dos le martyrisaient, mais il devait tenir bon. Se penchant légèrement, le ventre dans les genoux, il s'avança doucement mais sûrement, regardant prudemment où il posait les pieds, jetant de temps à autre un coup d'œil en direction de la tour et des combattants. Les rochers étaient extrêmement glissant, l'écume marine et les vagues abandonnant une vase verdâtre poisseuse et collante que même le ressac ne put ôter. Il comprenait maintenant comment ce soldat du Temple avait pu glisser sur lui. Lentement, il quitta la côté, contournant la tour, évitant de se mettre dans la ligne de mire des derniers soldats encore debout. Aller dans la mauvaise direction, là où aucun soldat n'aurait idée de partir. Fuir à même la plaine.

L'idée pouvait sembler incongrue, voire complètement mortelle. Se mettre autant à portée des soldats. Mais Galyan n'était pas stupide. Bien au contraire. Lors d'un repli, les soldats en fuite cherchent avant tout à se mettre à l'abri. Et donc cherchent-ils un lieu où il ne pourront être vu si facilement que sur une plaine. Il savait que la plupart des soldats ayant fuit, éclopés, boiteux, ou même le corps transpercés, avaient tenté de rejoindre la forêt adjacente, ou, pour les plus courageux, et les moins blessés, retourner à la Capitale appeler du renfort. En fuyant par la plaine, il ne serait vu de personne, aucun soldat ayant l'idée de suivre un fuyard ici. La plaine était peu escarpée. Par chance, il trouva un buisson, assez imposant sous s'y camoufler. Le temps d'une nuit, pas plus. Dès que le temps serait plus avantageux, il devrait fuir.

Il devait donner l'impression d'être loin, très loin. Mais où ? Il réfléchit. Et comme une apparition spectrale, l'idée lui parut comme un enchantement. Les artefacts; Il esquissa un sourire, épiant dans les moindres détails les alentours, écoutant tout les petits bruits de craquements dans les environs. Donner l'impression d'être à des centaines de lieues d'ici, sur la route du saint calice, comme le lui avait demandé le Grand Maître. Un alibi parfait. Mais un alibi difficile à mettre sur pied. Il faudra qu'il agisse avec la plus grande précaution, assez discret pour ne pas se faire voir aux abords de la Capitale, assez visible pour être repéré des informateurs de l'Ordre parcourant tout Utopia, ainsi que d'autre royaume en ce monde. Se faire voir auprès des grands de ce monde, nobles et riches aristocrates, illustres savants et hommes religieux à la verbe sacrée. Il avait commis trop d'impair, à partir de maintenant, il devait agir avec davantage de réflexion, de discrétion et de bon sens.



Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit, observant tel un faucon perché sur sa branche le moindre signe de vie alentour. Le brouillard s'était levé depuis quelques minutes, faisant disparaître le voile opaque, triste et froid de la nuit passée. La tour avait cessé de brûler, l'incendie maîtrisé. De là où il se trouvait, il constatait avec effroi les hommes, ses frères pour certains, morts par sa faute, d'une certaine manière. Il voyait aussi l'étendue de l'incendie ; les Templiers avaient su faire preuve d'un excellent travail collectif, sauvant une grande partie de la bibliothèque comme l'avait soigneusement prévu Galyan. Il avait mal à la tête de voir tout cela, pétrifié de froid par ailleurs. Il n'avait pas remis sa robe de lin blanche, de peur de ne se faire repérer.

Personne à gauche ; personne à droite. Il observa scrupuleusement dans toutes les directions. Personne, aucun soldat. Se relevant délicatement, il jeta un œil vers la route qu'il devait suivre : Rejoindre la forêt de Mist Hood non loin de là. Une forêt hantée pour certains, refusant même l'idée de s'y approcher de trop prêt. Nombre des frères de l'Ordre pensaient ainsi. A l'amusement de Galyan, qui ne croyait nullement en ses sornettes. Des légendes et des fables, voilà ce qui expliquait toute cette mascarade à propos de cette forêt dont les voyageurs racontent que la nuit, on pouvait entendre des pleurs d'enfants.

Là-bas, il serait à l'abri. A peine serait-il arrivé à l'orée du bois que celui-ci lui livrerait un nombre incroyables de cachettes dont il ne pouvait pas rêver mieux. Buissons épais, arbres de plusieurs mètres de haut. Un avantage pour un Abstergue dont l'enseignement consiste surtout à se fondre dans la masse et dans le décor pour agir le plus secrètement qui soit. Et comme une flèche en plein vol, Galyan sortit du buisson, fonçant droit en direction de sa cible. Le bois hanté de Mist Hood.


..

La suite ici.
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeLun 13 Juil - 11:16

14. ( Avant à l'ancienne cure, à l'île du Moine)

Ils avaient donc pris le premier navire en partance. Et finalement se retrouvèrent à Utopia, la capitale et cité des chevaliers. Ils n’étaient donc pas trop mal tombés, mieux même.. Frère Angelo était satisfait. Il voulait connaître l’origine de l’étrange livre qu’il avait acquis sur l’île du Moine et la bibliothèque d’Utopia était la plus belle et la plus complète qu’il connaissait. Il espérait donc trouver quelques réponses à ses questions ici, et peut-être que Dieu lui enverrait de nouveaux signes.

Le bébé se montrait particulièrement calme, et facile à vivre, ce qui était une bénédiction pour un moine voyageant avec deux enfants. Il avait attiré bien des regards intrigués à son passage et cela n’était pas pour arranger ses affaires. Frère Angelo préférait pour l’instant se faire un peu oublier. Quand à Kenny, il ouvrit sur la capitale, de grands yeux ravis. Pour lui le voyage avait perdu cette allure inquiétante que leur départ précipité lui avait donnée. Les enfants oubliaient vite, mais pas Frère Angelo, lui n’oublierait pas le regard de cet homme au marché, et la façon dont il avait examiné cet enfant…. Il avait alors ressenti un vif sentiment de danger, sans réaliser que c’était Akuko qui lui avait insufflé cette crainte.

Et puis il y avait ce livre et tout le mystère qui l’entourait.. Son rêve, cette fillette qui l’avait appelé à l’aide, et tant de signes..

- Où allons-nous frère ?

Le frère se tourna vers Kenny qui le regardait, le regard interrogateur, mais sans trace d’inquiétude.

- Il me faut me rendre à la bibliothèque, mais je ne peux m’y rendre avec vous deux. Il va donc falloir d’abord trouver un endroit pour nous reposer et prendre un repas.

Et cette mission là s’avérait autant compliquée que de comprendre pourquoi ce livre semblait tellement lié à ce qui lui arrivait depuis quelques temps…
Il alla frapper à plusieurs auberges, mais à chaque fois, il obtenait la même réponse, plus de chambres disponibles, partout, il se faisait renvoyer. Personne ne songeait même à s’inquiéter pour le jeune enfant que le frère tenait contre son cœur, enroulé dans une étoffe claire qu’il avait fixé autour de lui pour avoir les mains libres. Cela lui rappelait tellement une autre histoire..
Il s’apprêtait à réclamer une place dans les écuries de la dernière taverne qui venait de lui refuser ses chambres quand un homme s’approcha..

- Mon frère, excusez-moi de me mêler de choses qui ne me regardent pas mais.. Je possède une ferme pas très loin d’ici, et si je raconte à mon épouse que j’ai laissé un moine sur la rue avec deux enfants, elle va m’accueillir à coup de rouleau à pâte.
- monsieur… non, ne vous excusez pas… Je ne comprends pas… toutes ces auberges et pas une petite place pour un pauvre moine et deux enfants..

Ou plutôt, frère Angelo avait bien une idée, mais il refusait d’y songer..

- ma foi, un frère et deux gosses, c’est pas tous les jours qu’ils doivent voir ça, ils préfèrent refuser des clients qui n’auraient peut-être pas les moyens de payer.
- si vous le dite, répondit le frère sceptique..
- alors permettez moi de vous offrir l’hospitalité mon frère, à vous et à ..euh aux deux petits.

Le visage du frère s’éclaira d’un sourire et il posa une main sur la tête de Kenny qui avait observé l’échange sans broncher.

- ça serait vraiment très aimable à vous et à votre femme de nous accueillir chez vous.

L’homme lui rendit son sourire et se mit en route :


- Oh de rien, ma demeure n’a rien d’un palace, mais Marie cuisine divinement bien, et surtout elle adore les enfants.. Alors p’tit, c’est quoi ton nom ?
- Kenny M’sieur..
- c’est bien… et ton petit frère ?

Kenny sourit, il adopta aussitôt l’idée :

- Akuko, m’sieur..

Frère Angelo guetta alors la réaction de leur hôte improvisé. Mais celui-ci afficha seulement de la curiosité.

- c’est pas courant ça !
- il n’est pas vraiment son frère..

Frère Angelo affronta le regard teinté de colère de Kenny qui venait de trouver un petit frère, mais le moine n’aimait pas les mensonges et vis-à-vis de cet homme généreux qui les avait si gentiment invité, le mensonge avait encore moins sa place.

(Suite à la bibliothèque de Liberty)
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MessageSujet: Re: Le port d'Utopia   Le port d'Utopia Icon_minitimeLun 19 Juil - 14:02

Le premier navir de Ur arriva en vu d'un port d'un endroit appelé Utopia.
LE Navir s'appelait "Ades I", il était armé pour se défendre: sa double voilure taillée pour la vitesse était peinte d'u scorpion rouge. de loin il ne ressemblait à aucun navire connu. Il est long et fin. son bois est peint d'un bleu-vert pareil a la mer se qui donne l'illusion qu'il n'est pas vraiment là si sa voile est rentrée ce qui était le cas pour le moment.

- Capitaine, nous avons les signaux du cafard ( terme designant les espions d'Ur ). Il nous demande d'attendre.
- Nous attendrons alors, commencez à monter le quart je vai me reposer et envoyer un message à Ur.
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