Dans les sombres forêts d'Asgard

A l'heure matinale où la brume n'est pas encore levée, où la rosée n'a pas encore fait son apparition, les loups hurlaient encore dans cette aube se levant péniblement.

D'un geste, elle les fît se taire. Un simple geste de la main, sans un mot ni autre bruit.
Elle devait écouter, sentir la moindre présence.
Leur camp n'avait jamais été sûr, c'est pour ça qu'ils s'étaient toujours déplacé. Mais la forêt perdait lentement de sa superbe comme si quelque chose clochait et cette impression d'insécurité se faisait grandissante en son for intérieur.

Rien... Pas un bruit ne vînt éveiller la population des villages aux alentours.

Habituellement, elle leur aurait permis de reprendre leur concerto d'hurlements à glacer le sang des plus courageux.
Mais pas aujourd'hui, pas ce matin.

Un autre geste de la main, main qu'elle leva brusquement comme un ordre avant d'attraper ses chaînes à deux mains.

Un jeune loup s'élança vers elle. et lui sauta dessus en tentant de la mordre.
Trop lent, trop jeune!
La chaîne se plaça autour de son corps et l'immobilisa.

Trop faible... pensa t'elle.

Un loup gris s'avança tranquillement vers la rouquine et mordît la chaîne juste à côté de ses doigts.
Et elle comprît.

Lentement, elle s'avança vers le jeune loup au pelage sombre et le détacha.
Elle l'avait vu naître, elle l'avait aidé à grandir sans sa mère. Maintenant, elle l'aiderait à devenir fort, et à devenir, peut être le chef de la meute.

Pour ses amis, il était l'heure du repas, l'heure de la chasse. Elle les laissa partir, espérant que chacun d'eux reviendrait sain et sauf et se percha sur un arbre en attendant leur retour.

Des hurlements, mêlés de cris et de pleurs...
Sans attendre, elle descendît de son arbre, ramassa ses chaînes et partît à grandes enjambées en direction des bruits.

Ses loups faisaient bloc, unis autour d'un des leurs, blessé.
Des torches, des fourches... Les villageois!
Elle aurait dû s'en douter, ils étaient sur leurs gardes ces derniers temps.
Le temps était rude et la présence des loups dans la forêt nuisait à leur chasse.

Lentement, elle s'avança, traversant sa troupe...

La rouquine! S'écria l'un des villageois. Comme si sa présence était signe de malheur...

Les loups s'écartait légèrement sur son passage, afin de lui faciliter. Elle s'approcha du jeune loup blessé... celui qu'elle avait entraîné un peu plus tôt. Belle erreur de sa part alors qu'elle croyait le préparer!

La colère l'envahît et elle serra sa chaîne de ses deux mains avant de se mettre en garde.
Ses compagnons étaient près eux aussi. Ils n'attendaient plus qu'elle!

Devant cette apparition, certains villageois, reculèrent pour ne pas subir l'affrontement, se souvenant de celui qu'elle avait provoqué quelques années auparavant.
Rapidement, il n'en resta plus que 3... Les deux mieux armés, les plus costauds... Et le chef...

Tu ne nous fais pas peur petite. Je sais qui tu es. Et tu ne seras bientôt plus un problème pour nous.

Il fît signe à ses acolytes d'attaquer. Les loups répondirent à leur provocation et s'occupèrent des deux hommes.

Le chef prît peur devant le carnage et le sang qui maculait la terre glacée. Il recula, espérant s'enfuir.
Mais, d'un geste vif et agile, elle lança sa chaine et l'enroula autour de ses pieds pour le ramener près d'elle, le trainant au sol.

Ca tombe bien, mes amis meurent de faim... Dit elle agenouillée à ses côtés.

Elle se releva et les loups l'entourèrent.
La jeune femme s'éloigna quelque peu, l'entendant hurler de peur puis de souffrance. Et enfin... Plus rien...
Le silence était revenu dans la forêt. Mais à quel prix ?

Maya leva les yeux au ciel, les corbeaux attendaient déjà leur pitance...

Sigrün errait dans la vaste forêt de Valkyrheim, sans but précis, juste pour le plaisir d’être plus proche encore de ses loups et des animaux. Le calme blanc d’un hiver sans fin, lui convenait à merveille et la neige étouffait le bruit de ses pas légers. Discrète silhouette pâle, rares étaient les chasseurs à l’avoir aperçue. Et ceux qui l’avaient vue, s’étaient dépêché de détaler, craignant les légendes qui entouraient les mystérieuses Valkyries.

Elle leva soudain la tête, sentant un furtif déplacement d’air. Et elle sourit, il faisait de sacrés progrès, pouvant se déplacer si vite, et sans que personne ne se rende compte qu’il était là, tout proche. Elle continua sa marche dans la forêt, avec son éternelle compagne, Dolce la louve blanche. Silhouette éthérée d’une femme aux longs cheveux blonds et bouclés, à la robe blanche, longue qui faisait comme une traine sur ses pas, donnant l’impression qu’elle ne marchait pas mais qu’elle flottait.
Puis un nouveau déplacement d’air, lui fit redresser la tête. Il était revenu, se faisant plus pressé, oubliant la discrétion pour lui laisser entrevoir son corps d’écailles nacrées. Elle perçut ce qu’il ressentait, la peur, le danger, le sang.

- Quoi ? Que se passe-t-il ?

Dolce hésita, une patte suspendue en l’air, à l’affut et aussitôt Sigrün regarda dans la même direction.

- Il y a quelqu’un ?... plus loin.. d’accord… Allons-y

L’instant d’après, ce fut une meute de loup qui galopait à travers la vaste forêt du Valkyrheim, se laissant guider au flair, le sang, et la peur… la peur et la satisfaction. Puis quand ils approchèrent, la louve blanche se retourna pour attendre un ordre de la cheffe de meute, inquiète de ce qu’elle avait senti. Sigrün était là, ses yeux d’un bleu violine scrutant les bois alentours. Elle savait qu’ils n’étaient pas seuls. Et puis soudain Silver fut là, et fonça au devant d’elles comme pour attaquer.

- Non Silver ne les attaque pas !

L’ordre claqua net dans l’air et le loup obéit, même s’il émettait encore des grondements sourds de frustration. Sigrün s’approcha de la scène, et posa un regard glacial sur la neige ensanglantée. Elle se pencha pour poser sa main sur une trace encore fraîche et se redressa.

- Inutile de te cacher…. Qui es-tu ?

En entendant des bruits étrangers dans la forêt, Maya décida de grimper à l'un des arbres afin de s'y dissimuler le temps nécessaire. Ses loups étaient restés là où ils étaient, certains s'étant tout de même cachés dans l'obscurité de la forêt.

Une jeune femme... Blonde, l'air sans doute assez noble. Tout ce qu'elle détestait.
Lorsque l'un des loups menaça d'attaquer les siens, elle descendît de manière agile et se redressa près de son loup gris.

Alors comme ça tu voulais me voir ? Que fais donc une jeune femme aussi fragile que toi dans cette sombre forêt ?

Son regard était glacial. La jeune femme rousse n'avait jamais supporté d'être contrariée.

Le poil de sa meute s'hérissait. Rien de bon n'était à envisager.
Maya serra un peu plus sa chaîne entre ses mains, prête à s'en servir si les Siens étaient menacés.

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A quelques kilomètres de là, Sevean maudissait Raven. Au lieu de finir dans le cachot des geôles sombres de la forteresse de Tarras Nyr, il allait finir geler, quelle ironie !
Il avait cru être sauvé en passant le portail de téléportation, certes il était blessé et affaibli mais s'estimait capable de rallier un village ou une ville où il trouverait des soins. C'était sans compter sur le climat inhospitalier des terres d'Asgard. Il était en haillon, ses vêtements de bonne qualité autrefois étaient à présent en lambeaux. Il n'avait ni arme, ni couverture, ni un quelconque matériel.
Serrant les dents, jurant en silence, il regarda autour de lui. Il n'y avait ici nul trace du pentacle ou d'un quelconque moyen magique de se déplacer. De toute façon il n'avait pas franchement envie de retourner en Orkhon. Pas dans l'immédiat tout du moins.
Il décida d'une direction au hasard, s'en remettant non aux dieux qu'en bon exilé il maudissait, mais à son instinct ou à la Chance peu importait. Marcher était aussi un moyen de se réchauffer et de ne pas mourir sur place. Il se força à avancer malgré la douleur, la fatigue, mu par une farouche volonté de vivre. Au bout de quelques kilomètres il était si épuisé qu'il ne voyait plus que le bout de ses pieds, une sueur moite et froide lui couvrant le corps, s'il n'attrapait pas la mort avec ça.
Il ricana, s'imaginant rejoindre son père chez les Non Morts.
Ce qu'il n'avait pas vu c'est qu'il venait de déboucher en bordure d'une scène des plus étranges, deux femmes s'affrontant du regard et des loups face à face. Un des loups les plus proche de lui fit volte face et se mit à grogner dans sa direction, ce qui eut pour eut pour effet de ramener Sevean à la réalité !

Tandis qu'elle fixait la jeune femme blonde devant elle, l'un de ses loups se mît à grogner brusquement.
Maya hésita un instant, elle ne pouvait laisser sa meute ainsi face à un potentiel danger pour voir de quoi il retournait.
Elle n'empêcha pas son loup de grogner cependant. Son regard glissa en coin un instant pour apercevoir le jeune homme.
La forêt était habituellement si calme... Que s'était il passé pour qu'elle accueille autant de monde tout à coup ?

Refixant son regard glacial sur cette présence féminine, elle s'adressa pourtant à l'inconnu, d'une voix cinglante.

Je ne sais pas qui tu es et, à vrai dire, je m'en fiche totalement.
Mais tu es arrivé ici sur mon territoire. Alors dis moi de suite pourquoi tu es ici ou je lâche mes loups sur toi.

Son visage était totalement fermé, aucune émotion ne transparaissait sur son visage.
Mais rendez vous un peu compte... L'arrivée de ces deux personnes dans cette forêt était un eu comme une intrusion de voleurs. La forêt c'était son domaine, son chez elle...
Et elle ne laisserait personne venir la déranger en ce lieu où elle voulait avant tout protéger les siens, sa famille d'adoption.

Sigrün regretta soudain d’être sortie ce jour là, la fille était insolente et ne réalisait pas qu’elle parlait à une valkyrie, elle se comportait en maîtresse des lieux et quand un étranger se fit remarquer des loups, elle eut exactement le même comportement, allant même jusqu'à le menacer. Sigrün se dit qu’elle devrait peut-être les laisser se débrouiller entre eux, voir s’écharper, s’entretuer, après tout les hommes étaient ainsi fait qu’ils éprouvaient le besoin de se défier tout le temps, prouver leur valeur à la moindre occasion.

Seulement quelques détails de taille n’échappèrent pas au regard de Sigrün qui observait le jeune homme. C’est donc d’une voix calme et posée, de ces voix qui en imposaient sans avoir besoin de hausser le ton qu’elle intervint.

- Il est fatigué et blessé. Laisse lui au moins le temps de se remettre avant …. Avant d’envoyer tes loups sur lui. Et si cette forêt est ton territoire et celui de tes loups, aux yeux des hommes cela n’a aucune signification. Evite de faire couler leur sang si tu ne veux pas t’attirer leur foudre. Ils n’hésiteraient pas à envoyer des traqueurs sur ta trace pour avoir supprimé l’un des leurs. Tu n’es point loup, ne l’oublie pas.

Sigrün songeait à faire demi-tour sans attendre de réponse. Mais brusquement une ombre puissante et rapide voila la faible lumière du soleil d’Asgard. Elle leva aussitôt les yeux, le cœur battant plus vite. Blizzard était revenu. On entendit un rugissement sourd, puis plus rien, le calme glacé de la forêt revint. C’était un avertissement.

Elle attendit que les battements de son cœur ralentissent avant de jeter un dernier regard perçant au jeune homme. Il lui restait à savoir si c’était la présence de la fille qui avait inquiété le dragon, ou celle de l’étranger. Elle aurait voulu partir, mais elle ne pouvait pas ignorer le danger que le dragon avait insufflé dans son cœur. Elle attendit donc la suite, Silver devant elle qui ne pouvait s’empêcher de gronder vers l’un ou l’autre humain. Et Dolce plus prudente se tenant derrière.

Nombre de messages : 50 Points : 72 Date d'inscription : 31/08/2010

C'était bien sa veine. Il aurait difficilement pu plus mal tomber. Tout allait de travers depuis la mort de son père. La colère flamba un court instant dans son cœur tandis qu'une fois de plus il maudissait son frère. Il grimaça un sourire, qui faisait plutôt figure de rictus aux paroles de la jeune femme aux loups. Un instant il pensa utiliser la magie pour se sortir de se guêpier mais la présence de la femme en robe blanche l'en dissuada. Il sentait confusément son aura quand elle parla et la prudence restait de mise malgré son état. Et une ombre rugissante passa au dessus d'eux, le faisant frissonner. Un dragon ! Il resta bouche bée et son sourire s'accentua. Peut-être était-ce enfin un signe positif pour la mission qui lui avait été confiée. Le calme revenu, Sevean reporta son regard sur les deux femmes.
Il répondit avec un ton quelque peu railleur.

Je suis navré, tu te doutes bien que j'aurais préféré être ailleurs.
Ne t'en fais pas, je ne fais que passer.
Si l'une de vous deux pouvait juste m'indiquer la direction du plus proche village, je lui en serais éternellement reconnaissant.

Il fit une mini courbette ironique, ce qui le fit grimacer de nouveau, de douleur cette fois. Il supputait une côte de fêlée, peut-être cassée et ça faisait un mal de chien. Son regard s'étrécit. Il lui fallait être prudent, les exilés n'étaient pas les bienvenus hors d'Orkhon.

Elle les écoutait vaguement parler tandis que son regard scrutait le ciel. Qu'est ce que cela pouvait donc être ? Jamais, elle n'avait aperçût une bête semblable...
Le loup gris à ses côtés ne lui laissait pourtant ressentir aucun signal d'une quelconque peur. Peut être n'était ce rien d'important...

Habituellement, les humains ne prenaient pas la peine de lui tenir de si longs discours. Etaient ils différents ces deux là ?
Ils arrivaient à lui laisser un doute en tous cas.

D'un geste de la main, elle calma sa meute, qui recula lentement et cessa toute activité hostile. Seul le loup gris restait à ses côtés.

La nuit n'est pas sûre par ici...

Elle leva les yeux au ciel un instant avant de reprendre.

Et puis continuer votre voyage ainsi blessé serait stupide. Le climat est hostile en Asgard, vous ne feriez pas long feu...

C'était une invitation dissimulée à la suivre dans son campement. Mais oserait il ?
Pas qu'elle lui faisait confiance... Mais quitte à devoir le tuer, autant que ses loups puissent en profiter pour affûter leurs inctincts avec un homme en pleine forme.
Son regard se dévia vers la jeune femme. Qu'attendait elle ?[/i]

Sigrün scrutait le visage du jeune homme, cherchant sur ces traits innocents la trace d’un doute. Mais elle ne vit rien de particulier. Elle se tourna ensuite vers la jeune femme dont elle sentait le regard sur elle et l’hostilité.

- Sage décision. Qu’Odin veille sur vous.

C’est tout ce qu’elle dit, n’aimant pas s’étendre en paroles inutiles. Ces deux là se débrouilleraient ensembles, elle pouvait enfin retourner à sa solitude, à une forêt paisible du moins pour un temps.
La valkyrie tourna le dos et d’un pas qui marquait à peine la neige, les pans de sa robe brillante et délicate dissimulant ses chausses, donnant à sa démarche l’impression qu’elle flottait sur la neige, elle disparut dans les bois, laissant les jeunes gens à leur discussion, Dolce sur ses pas.
Silver gronda une dernière fois avant de disparaître à son tour dans la forêt.

Nombre de messages : 50 Points : 72 Date d'inscription : 31/08/2010

Sevean fut surpris par le départ de la femme qui respirait la noblesse autant que l'autre la vie sauvage. Mais il écouta son instinct qui lui criait de prendre garde à cette femme étrange, surement magicienne et ne pipa mot. Il se tourna donc vers celle qui devait donc le guider.
Il se tourna vers elle et fit un léger geste d'attente, d'interrogation. Il n'avait pas peur des loups même si ceux ci n'étaient pas ce qu'on peut appeler amicaux. Mais comme ils semblaient sous le contrôle de la jeune femme, c'était plutôt sur elle qu'il lui fallait concentrer son attention.
Il frissonna involontairement dans le froid, Orkhon était une terre hostile mais chaude, qui reposait sur un volcan, il n'était pas habitué au climat d'Asgard et encore moins équipé. Il commenta simplement d'une voix rauque

Il fait froid ici

Il regretta aussitôt sa phrase, ici voulait sous entendait qu'il venait d'ailleurs. Prudence, prudence, ce mot revenait comme un leitmotiv mais la fatigue et la douleur commençait insidieusement à prendre le pas sur sa capacité de réflexion.
Il demanda à la fille en s'avançant d'un pas

Où va-t-on ?

Tandis que le jeune homme lui parlait, elle ne détachait pas son regard de la jeune femme.
Quelque chose lui disait que leurs chemins se croiseraient à nouveau à l'avenir...

Lorsqu'elle disparût dans la nuit, le grondement d'un de ses loups la fît revenir à la réalité de sa la situation.
Il venait tout juste de grogner sur le jeune homme qui s'était doucement approcher.
La meute la protégeait sans cesse, tout autant qu'elle les protégeait.

D'un revers de la main, elle ordonna au loup de s'éloigner et de se calmer et fixa le jeune homme.
Ici ? Il n'était donc pas de son pays. Mais cela, elle s'en doutait en voyant sa tenue.

Elle ne releva cependant pas sa remarque plus que cela. A quoi cela aurait il bien pu lui servir de le connaître ? Elle n'avait confiance en personne hormis ses loups... L'être humain était si vil et malhonnête...

Mais son instinct lui dictait pourtant de le remettre en forme. Pourquoi ? Ca ne pouvait pas être pour l'aider. Jamais, elle n'aiderait qui que ce soit.

Elle tourna les talons et avança vers la sombre forêt qui s'étendait encore et encore...

Allons à mon campement. Un peu de chaleur et de repos ne vous fera pas de mal.

La meute les entourant, ils commencèrent leur marche.
Le vieux loups gris cheminait près de Maya tandis qu'un loup bien plus jeune poussa légèrement Sevean au niveau des genoux pour le faire avancer à son tour.
Il ne pouvait plus reculer, la meute l'entourait.

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Un campement ?
Elle n'était pas si sauvageonne que ça pensa Sevean avec un demi sourire.
Lorsque le loup le poussa il baissa son regard sur lui. Son poing se crispa pour retenir le geste de toucher la bête. Sa chaleur, la vie qu'il dégageait de lui était très tentante mais Sevean savait que ce serait une très mauvaise idée que de pratiquer la Magie d'Orkhon ici et maintenant. Il se contenta donc d'avancer à la suite de la jeune femme. Il profita de leur progression pour l'observer, elle ses loups. Les liens qui les unissaient comme si elle était un des leurs et même leur cheffe. Voilà qui éveilla sa curiosité un peu plus encore.
Il avança sans rien dire sous le couvert des arbres qui heureusement coupait le vent glacial d'Asgard. Il commençait sérieusement à accuser le coup mais continua d'avancer toujours poussé par le loup lorsqu'il ralentissait de fatigue. Il grommela

oui j'avance...

Mais il ne se plaignait. Parce qu'en Orkhon, il avait appris à ne pas se plaindre, à avancer en serrant les dents, parce qu'en Orkhon les faibles n'avaient pas leur place et mourraient.
Il se dit qu'avec un tel climat, ce devait surement être la même chose en Asgard !

Lentement, ils arrivaient au campement de fortune, sous le couvert des arbres.
Et il était plus que temps car la neige commençait à tomber de nouveau.
Ainsi arrivés, les loups encerclèrent leur aire de repos, autant pour protéger Maya que pour éviter la fuite du jeune homme qui les accompagnait.
Leurs yeux brillaient dans l'obscurité, conférant à ce lieu une impression terrifiante d'être épié.
Seul le vieux loup gris était resté au centre du camp, alors que maya s'affairait à tenter d'allumer un feu couvert.

Entre temps, elle désigna, un amas de peaux près de la tente qu'elle s'était bâtie.

Servez vous, si vous avez froid.

Et elle reprît son œuvre de plus belle, claquant des pierres l'une contre l'autre, dans l'espoir qu'une étincelle jaillisse et vite. Le froid commençait à s'insinuer et à souffler entre les branches.

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Sevean regarda le campement sommaire. C'était loin d'être un village ( Dans les sombres forêts d'Asgard 604387

) .
Il s'approcha du tas de fourrure et après avoir fouillé un instant en choisit une qu'il jeta sur ses épaules. Il s'approcha de Maya et du foyer qu'elle tentait d'allumer. Faire du feu n'était malheureusement pas une de ses compétences, pour la première fois de sa vie, il se sentait inadapté à son environnement. Même la torture dans les cachots de la forteresse du Seigneur Maudit était familière pour son univers mais ici, le froid, la vie sauvage et il n'avait même pas une arme, c'était bien la première fois de sa vie !!
Il s'accroupit près du foyer et tacha de le protéger du vent grâce à la fourrure pour aider Maya dans sa tâche.
N'aimant pas se sentir inutile, voire encombrant, il proposa aimablement

Humm tu as besoin d'aide ?
Tu veux que j'aille chercher du bois ?

Question étrange et totalement inconnue pour elle. De l'aide ? Jamais elle n'en avait eu alors à quoi bon ?
Le loup gris s'approcha d'ailleurs près de Sevean en grognant, ce qui permît à la jeune femme d'esquisser un sourire.

Vidar! Ordonna t'elle et il cessa immédiatement ses grognements, restant cependant juste à côté du jeune homme, comme pour le surveiller.

Toujours occupée à taper ses pierres l'une contre l'autre, elle répondît tout de même à Sevean.

De l'aide ? Mis à part si tu arrivais à trouver du bois sec dans une forêt enneigée, je ne vois pas non...

Des petites étincelles provenaient à présent des pierres mais, aucune n'enflammait le bois, sans doute trop mouillé par les récentes intempéries.
De temps à autre, elle relevait la tête en direction de Sevean. Il l'intriguait à dire vrai... Qui était il ? D'où venait il ?
Elle avait si peu de contact avec sa propre espèce. Forcément un étranger, ça éveillait quelques interrogations en elle.

Nombre de messages : 50 Points : 72 Date d'inscription : 31/08/2010

Sevean jeta un regard peu amène au loup avant de regarder Maya d'un air déconfit quand elle lui parla du bois sec et de la neige. Il secoua la tête négativement en avouant

Je n'y avais pas pensé.

Il prit une autre fourrure et s'assit dessus, espérant qu'elle parvienne tout de même à allumer le feu, sinon il faudrait que les fourrures suffisent. Il leva les yeux vers le ciel alors que quelques flocons commençaient à tomber avec la légèreté d'une plume. Il resta fasciné. Il n'avait jamais vu de neige, n'ayant jamais été sur les Hauts Sommets d'Orkhon où seuls on pouvait en trouver sur les terres du Maudit. Il eut un sourire hésitant et tendit la main pour cueillir un de ces pétales gelés. Il resta surpris par le froid du flocon qui fondit tout de suite sur son doigt et resserra la fourrure autour de lui. Il comprenait que le feu était indispensable s'il ne voulait finir congelé. Il pensa que la neige avait la beauté glacée de la femme en robe blanche ce qui lui fit demander à Maya.

Tu connais la femme en robe blanche ?
Qui est-ce ?
On aurait dit une noble ou quelque chose comme ça...est-ce que ça veut dire qu'il y a une ville près d'ici ?

Les questions de Sevean lui fîrent prendre conscience. Elle l'avait escorté jusqu'ici pour qu'il puisse reprendre des forces certes... Mais vu que la neige reprenait sa tombée, il ne survivrait pas longtemps à l'extérieur, contrairement à elle. Même pour se nourrir, le feu ne lui était pas forcément nécessaire. Elevée par les loups...

Elle lâcha alors ses pierres et posa une fourrure plus épaisse sur les épaules du jeune homme.

Oui il y a une ville, la capitale même. Roskildheim.
Tu veux t'y rendre de suite ? Je ne t'accompagnerais pas plus loin que l'orée de la forêt cependant.

Elle haïssait la civilisation. Celle là même qui l'avait rejeté étant enfant.

Tournant le dos à Sevean pour prendre une proie qu'un des loups venait de chasser, elle répondît à son autre question.

Non je ne la connais pas. Peut être aurais tu dû la suivre d'ailleurs, tu serais sans doute en ville à l'heure qu'il est.

Pensant qu'ils n'auraient pas besoin du gibier sans le feu, elle lança la proie à la meute.

Nombre de messages : 50 Points : 72 Date d'inscription : 31/08/2010

Non pas ce soir.
Demain, j'irais demain...

répondit lentement Sevean qui commençait à s'engourdir, ressentant la fatigue des dernières semaines, du froid et de ses blessures.
Il se sentait fiévreux et alla se mettre sous le couvert de l'abri, et tacha de se tenir chaud avec les fourrures.
Sur le dos, tachant d'ignorer la douleur, il marmonna

Elle était étrange cette femme, ... surnaturelle.
Elle ne m'inspirait pas confiance.

Un peu surprenant de dire ça à une fille qui vivait parmi les loups, comme s'il avait senti qu'elle, il pouvait la suivre à moindre risques malgré les prédateurs qui l'entouraient mais c'était pourtant le cas.
Il essaya de lutter contre le sommeil, car il n'aimait pas dormir en se sentant vulnérable, mais doucement ses yeux se fermaient.
Par moment un frisson le tirait de sa léthargie, tandis que parallèlement la fièvre montait.

Nombre de messages : 50 Points : 72 Date d'inscription : 31/08/2010

Sevean avait tenu bon tant qu'il s'agissait de fuir et de sauver sa peau. La perspective d'être écartelé et son fort instinct de survie l'avait poussé au delà de sa résistance. Mais à présent ayant trouvé une certaine sécurité, il succombait aux blessures infligées par le bourreau. La fièvre le terrassa, faisant errer son esprit dans des délires mélanges de souvenir et de peurs enfouies, de désir de vengeance et d'angoisse. De temps à autres il reprenait conscience quelques secondes et avec une lucidité terrible savait qu'il était en train de mourir. Il n'avait même plus froid.
Il ne sut jamais combien de temps il resta ainsi entre les deux mondes...
Un matin il s'éveilla tout à fait et se redressa, étonné de se trouver dans un lit. Un coup d'œil circulaire lui permit de constater qu'il était dans une belle chambre aux murs de pierre. Un épais rideau bouchait la fenêtre, tamisant la clarté pour laisser le malade se reposer.
Sevean fronça les sourcils, faisant un effort pour se souvenir mais ses dernières images étaient le campement de la sauvageonne. Il avait reçu des soins comme l'attestait les bandages qui enserraient encore son torse. Sevean tenta de se lever mais fut pris d'un vertige et il dut s'appuyer au lit en grognant, furieux contre sa propre faiblesse, car il restait un jeune homme impatient. Par tous les démons, où était-il ?

==> suite

» Dans le Pomerium ( dans l'enceinte de la ville)
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