Direm, le Port de Djamila

Le Loukhoum



Locke avait suivit la jeune femme jusqu'à une petit maisonnée mais ne la vit pas ressortir. Il vit seulement une pauvre femme de pêcheur. Pourtant, le jeune homme décida la suivre. Il connaissait bien les techniques de maquillage pour lui-même en faire pour toutes sortes de "coups".
La femme rentra dans un bateau et quelques temps, c'est un homme qui en sortit.

- Me prendrait-elle pour un novice... ? se dit-il.

Le jeune homme continuait de la suivre à travers les ruelles de la Cité, se demandant si elle allait s'arrêter un jour... Il vit également une étrange roulotte. Des gens aux yeux bridés... Jamais vu. Il suivit la roulotte qui se dirigeait vers le Palais et lorsqu'il revint sur la rue, la jeune femme avait disparut.

- Me laisser berner ainsi... Qu'importe, j'ai trouvé une autre porte d'entrée...

Locke se dirigea à toute enjambée vers le Palais et décida d'aller "demander" de l'aide aux "habitants" de la roulotte...

Ambiance !


Un navire voguait vers Djamila. Elle ignorait dans quel monde elle allait s’installer. Elle ne cherchait que ce qui lui avait tant manqué… là bas. La liberté. Un pincement au cœur pour tous ceux qu’elle avait laissé derrière elle. Mais il y a un moment où il faut avancer. Et c’était désormais chose faite.

Cissi était à proue et regardait droit devant elle ces côtes qu’elle distinguait au loin. La contrée semblait chaude et ressemblerait sans doute à ce qu’elle venait de quitter. Pas trop de dépaysement.

Elle retourna alors en direction de la cabine et soudain se laissa choir contre le bord.

Dedjeu… Vais creuver.

Cissi, cheveux ramassés en un piteux chignon, avait le nez par-dessus bord, le teint évoluant avec les vagues.
Elle palissait quand le navire se relevait et quand il était au creux de la vague elle verdissait étrangement.

Ah pourtant elle le savait qu’elle n’avait pas le pied marin. Elle avait encore voulu faire la maligne. Enfin c’était ça ou le manque de rhum.

La pauvre était partie sans rien emmener laissant tout à la casbah pour que son mari ne se doute de rien. Enfin mari… elle ne se souvenait même pas de son nom.
Et pis là… Dans l’état dans lequel elle était elle se fichait bien que ce soit Rakh, Flo ou même Steeve.

Tout ce qu’elle voulait après des mois en mer était retrouver le plancher des vaches et même celui des serpents et autres bestioles dégueu. Mais par pitié, de la terre, de la bouffe et surtout… Du rhuuuuum !!!


Des mois en mer avec en tout et pour tout trois caisses de rhum. Et il y avait douze marins en plus d’elle. C’était injuste. A elle seule elle aurait vite anéantie les réserves. Mais les autres pochtrons ne lui avaient octroyés qu’une bouteille.

Elle avait entendu dire que sa réputation la précédait. Autant dire qu’elle avait boudé un bout de temps.

Trois heures même. Un record. Et s’était sifflé la bouteille pour fêter la fin de sa bouderie. Elle avait encore une fois tout compris.

Depuis ce temps elle vivait sur ses réserves alcoolique… enfin son sang dans l’alcool était devenu de l’alcool dans le sang à son plus grand désespoir.

Ça et le mal de mer … Autant dire qu’à l’arrivée dans cette nouvelle contrée, ça allait être la fête !

A peine le bateau touche t il la passerelle que Cissi est en bas et file en courant.

Ah ben vi… le feu au fesse… elle avait promis de payer le voyage si et seulement si elle arrivait en vie et en bonne santé à bon port.
Ce qu’elle avait oublié de dire c’est qu’elle n’a strictement rien pour payer.

Mais ce n'est pas grave. La voilà enfin au port... Libre... et seule.

-14-

Wen était des plus mal à l’aise. Certes tout ce temps passé avec Dante n’était pas une partie de plaisir, mais se retrouver désormais avec 5 autres femmes ne l’enchantaient guère surtout de la manière dont elles le dévisageaient.
Il accepta la proposition de Dante pour aller chercher des tenues pour les jeunes femmes car la vision de rester avec elle 5 ne le tentait pas.

Elles étaient beaucoup plus libérées que les femmes de Sunliao, et il n’avait pas l’intention d’être le fruit de toutes leurs attentions.

Ils se promenèrent sur les quais. Dante était plus enjouée sûrement du au fait qu’elle avait désormais plusieurs femmes prêtes à venir à Sunliao. Cela lui permettrait de récupérer Kenny et peut être de revoir Jacky. D’ailleurs que se passait-il en ce moment même à Sunliao. Son pays lui manquait, les vallées, les montagnes, parcourir le pays à cheval… Il devenait nostalgique. Perdu dans ses pensées il ne vit pas que Dante s’était arrêtée et se cogna à elle…

Non mais tu pourrais faire attention…

Pardon, j’avais la tête ailleurs.

Tu pensais aux belles Djamiliennes…

Dante se mit à rire de sa remarque, Wen fit un signe de dépit de la tête. Ces femmes en dehors de sa mission étaient le cadet de ces soucis. Il ne les voulait pas…
Dante entra dans l’échoppe et regarda différentes tenues, son choix se porta sur des robes à voilages de couleurs différentes pour pouvoir plus facilement identifier les femmes. Quand elle eut payé, ils sortirent Wen ayant proposé de porter les paquets.

Dante, quand est ce que nous prendrons le bateau pour repartir ?

Dante s’arrêta et se tourna vers Wen.

Le plus tôt. Plus vite j’aurai terminé cette mission, plus vite nous pourrons faire annuler ce mariage d’opérette, et plus vite je retrouverai Kenny.

Wen acquiesça de la tête, c’était l’une des rares fois ou ils étaient d’accord sur un point : la mission devait au plus vite être achevée pour le bien de tous, et surtout pour eux deux.

Dante était sur le pont du bateau, elle avait mal à la tête et les voix refusaient obstinément de se taire.
Elle respira l’air pur de la mer tandis que le bateau quittait le port.
La jeune femme ressentait un vague malaise indéfinissable, qu’elle ne savait analyser.

(voix2) Je crois qu’on devrait lui dire

(Voix1 Non, c’est à elle de se rendre compte

(Voix4) c’quand même pas d’bol…

(voix3) De quoi vous parlez ?

(voix1) De rien, occupez vous donc de vos sushi…
Elle comprendra assez tôt

(voix2) je ne suis pas convaincue

(voix1) Vous n’êtes JAMAIS convaincue

Ils étaient à présent en haute mer, au large du bateau de liaison entre les écrins, passa un autre bateau typiquement Suliaoiste, reconnaissable à sa barge bombée et ses voiles inimitables.
Dante porta la main à son front, se massant entre les yeux, si seulement ils pouvaient se taire.
Elle était d’une pâleur maladive et surprit le regard inquiet d’une des filles posé sur elle.
Toutes les filles avaient décidées de tenter l’aventure en Sunliao, elles restaient entre elles, parlant avec inquiétude et excitation de leur futur mariage.
Mais quoiqu’il en soit, elles ne regrettaient pas l’enclos aux esclaves et arboraient joyeusement les tenues aux couleurs vives que Dante et Wen leur avaient achetées au marché.
Dante s’efforça de sourire aux filles et rentra se mettre à l’abri des regards dans la cabine avant d’être obligée de leur faire la conversation !
L’Ilienne déballa un des paquets qu’elle avait acheté à Djamila et qui contenait des plantes séchées.
Elle se concocta une tisane légère et s’assit sur la couchette pour la boire lentement.
Dante se coucha et attendit que la tisane apaisante et légèrement soporifique fasse effet.

Ca va ? demanda une voix inquiète

Dante tourna la tête surprise et croisa le regard de Wen

(Voix2) Quand je vous disais que ce jeune homme était charmant

(voix4) Nan tu disais qu’il était pas assez noble ou un truc du genre !!!

(voix2) mais il pourrait toutefois faire un bon mari, vu les circonstances…

(voix3) les circonstances, quelles circonstances ?

(voix1) justement vu les circonstances, il ferait un TRES mauvais choix de mari, il faut faire annuler ce mariage !

(voix 3) mais de quoi parlez-vous enfin !!!

Dante se posait la même question ! Elle hocha la tête doucement, avec précaution.

Ça ira…juste mal au crâne.

Le jeune homme acquiesça en silence dans la pénombre de la cabine et allait faire demi-tour quand Dante demanda hésitante

Qu’est-ce que tu vas faire une fois rentré ?

Avant
-8-

L’esclave n’était que fort peu bavard. Esmeralda, fut étonnée de ne pas l’entendre poser de questions sur la destination, sur ce qui avait fait qu’eux, étrangers, étaient venus si loin pour acheter un homme…
Elle voyait à l’attitude de Salah que celui-ci était méfiant, voulant à tout prix protéger Esméralda, mais il savait aussi qu’il ne pouvait aller contre ses désirs. Ils firent une longue route traversant de nombreux continents, que se soit à pied ou par voix maritime…
Pour ne pas trop se fatiguer ils avaient fait de nombreuses haltes, pour se reposer et surtout se restaurer.
L’esclave mangeait à leur table, mais au début avait voulu se mettre dans un coin loin d’eux… Pour esméralda elle ne le concevait pas ainsi. Elle savait que les esclaves se devaient de garder une distance particulière avec leur maître mais elle ne voulait aucunement être ce genre de personne…
Il leur restait encore une journée de marche, et Salah était parti voir dans la ville ou ils étaient si des chameaux étaient à vendre…

Esmeralda décida de rompre le silence et d’expliquer quelques petites choses à Ignatius…

Comme je te l’ai dit nous sommes de Jawharia, capitale de Djamila. Demain nous serons arrivés chez nous… Sache que je ne veux pas que tu sois un esclave comme tu as pu le vivre jusqu’à présent…

Esmeralda cherchait ses mots pour se faire comprendre au mieux… Elle vit dans le regard de l’homme de l’étonnement… Un esclave était un esclave et il devait servir son ou ses maîtres.

Ce que j’entends par la c’est que tu ne seras pas la pour faire les taches ménagères ou autre… En fait j’ai reçu des menaces, et on voulait un homme qui serait capable de me protéger…

Une question semblait lui démangeait les lèvres mais toujours sur la défensive il n’osa demander…

Pourquoi avoir été si loin tu te le demandes ?

Elle lui sourit…

Mes détracteurs, mes bourreaux, ont beaucoup de pouvoirs et beaucoup de relations, je voulais quelqu’un qui soit capable de ne pas être des le départ considéré comme une menace…


Elle devait désormais comment se passerait son travail.

Dans la maison, le Konut d’émeraude, ta chambre sera celle voisine de la mienne, tu prendras tes repas avec moi… La ou j’irai tu devras être avec moi…
Je ne pense pas que tu seras plus malheureux qu’avant, mais si tu as le moindre problème je suis prête à les entendre…

Elle allait continuer quand Salah fit son apparition… Il leur annonça qu’il avait acheté 3 chameaux, et qu’ils les auraient le lendemain matin… Elle s’excusa alors et alla se reposer, pendant que les hommes allaient de leur côté se coucher.

Ignatius n'était jamais sortit de la capitale Vestalia. Aussi il fût légèrement nerveux intérieurement quand ils sortirent. Ayant pris pour décision de jouer docilement son rôle d'esclave attendant qu'on lui donne un ordre il s'occupa surtout de faire les bagages au réveil.
Ce qui lui donnait plus de temps pour regarder les merveilles qui s'offraient à son regard! Les mers, les plaines et les montagnes.... Tout ceci était nouveau pour Ignis habitué à la vie - qui lui manquait malgrès tout ce qu'il y avait vécu - citadine. *De toute façon nous devrions bientôt arriver à Djamila il y aura surement une ville ou nous allons...*
Plus ils avançaient plus il avait le sentiment qu'ils devraient rebrousser le chemin. Notamment lors des voyages à pieds ou des cavaliers pourraient surgir de n'importe ou et les rattraper. La jeune femme avait une bonne éducation qui n'allait pas sans lui rappeler les patriciens. De plus cette histoire de manger à table avec eux... C'était contre nature et donc terriblement suspect. C'est dans un état terriblement confus qu'un jour il dût écouter sa maitraisse.

Comme je te l’ai dit nous sommes de Jawharia, capitale de Djamila. Demain nous serons arrivés chez nous… *Au moins, on retourne à la vie citadine, la campagne n'est pas sans charmes... mais bon...* Sache que je ne veux pas que tu sois un esclave comme tu as pu le vivre jusqu’à présent… Il fût fort étonné et intrigué par cette dernière phrase. Qu'avait-elle voulu dire?
Pourquoi avoir été si loin tu te le demandes ?
*On y arrive!* Mes détracteurs, mes bourreaux, ont beaucoup de pouvoirs et beaucoup de relations, je voulais quelqu’un qui soit capable de ne pas être des le départ considéré comme une menace…
Dans la maison, le Konut d’émeraude, ta chambre sera celle voisine de la mienne, tu prendras tes repas avec moi… La ou j’irai tu devras être avec moi…
Je ne pense pas que tu seras plus malheureux qu’avant, mais si tu as le moindre problème je suis prête à les entendre… *Comment pense-t'elle qu'un esclave supposé être un esclave ménager et sans armes qui plus est est censé la protéger?!... Elle aura surement pensé à tout et aura le nécessaire chez elle...*

Il écouta attentivement ce qu'elle lui dit la crainte d'être contraint de tuer quelqu'un refaisant surface... *Et si je m'enfuyais cette nuit? Pour aller où?! Non c'était trop tard il avait raté sa chance...* Un peut morose il se dit qu'au moins elle avait répondu à nombre de ses questions... Le reste il n'en doutait pas viendrait avec le temps aucune raison de se presser. Quand à l'homme ils se toisèrent du regard comme chaque soir et partirent se coucher sans un mot. La nuit mis à rude épreuve la lucidité d'Ignis... D'un coté il voulait partir s'enfuir... De l'autre il savait qu'il serait recapturé et peut être crucifié - ou pire en ces régions -

Sekret avait assisté au discours du Sultan.
Il secoua la tête, comment pouvait-il être aussi frivole alors qu'il ccraignait pour la prospérité de la Cité.
Etait-ce bien le moment de se lancer dans des travaux d'une telle envergure ?
D'abrutir le peuple de taxes et d'impots .
Paut-etre était-ce seulement pour détourner l'attention de la population des derniers evènements peu glorieux pour Son Altesse.
Mais Sek' avait un autre chat à fouetter pour le moment.
Grace à son réseau d'espionnage, il avait assez facilement retrouvé la trace de Sahar.
Elle avait été vendu comme esclave en Arcadia.
Il lui fallait aller se rendre sur place.
Aussi embarqua-t-il à bord de la Perle du Desert pour rejoindre la terre où il pourrait mettre la main sur cette traitresse et...

4. ( Avant, en mer..)

Un peu plus tard, le Santa Maria faisait son entrée dans le port de Birem. Entrée très remarquée parmi les Djamiliens qui alors qu’ils s’activaient sur les quais, cessèrent leurs occupations pour observer l’accostage de cette fière et étonnante caravelle, dont les voiles étaient marquées de la croix d’Espagne.

Cortés assistait de prés à la manœuvre tandis que non loin le navire du capitaine Darkhâm terminait de s’amarrer. Ces gens là s’étaient montrés étonnamment accueillant vis-à-vis d’étrangers, mais Cortés n’était pas encore au point des mœurs de ce pays. Darkhâm lui avait parlé de son sultan, de l’alliance de leurs peuples pour devenir aujourd’hui une puissance très respectée par les autres empires. Il ignorait les intentions de Cortés mais lui conseilla cependant de rendre une visite au sultan, du moins si celui-ci daignait le recevoir. En attendant le capitaine djamilien ferait en sorte que leur présence au port de Birem ne souffre pas d’ennuis. Ils étaient tombés sur un des capitaines de la flotte de Djamila et c’était une bonne chose pour eux de bénéficier de sa protection.

Cependant, si Cortés comptait bel et bien rendre une visite de politesse au sultan, il ne pensait pas rester très longtemps. Enfin le temps de remettre ses hommes sur pied qui avaient déjà repris des forces grâces aux soins de Darkhâm. Il fallait à présent ravitailler le navire en vivres et denrées pour le prochain voyage et si sur des terres plus sauvages, le troc était de mise, ici de toute évidence il faudrait payer cela monnaie sonnante et trébuchante.

Une fois amarrés, Cortès, son lieutenant Abel, le professeur Lucio Barossa qui avait beaucoup souffert du jeun forcé, Estéban, matelot confirmé et responsable du fret, ainsi que Tiago jeune mousse qui suivait le capitaine dans chacun de ses déplacements, débarquèrent sur les quais de Birem. Le reste de l’équipage pour l’instant ne fut pas autorisé à descendre à terre, malgré les longs mois passés en mer. Le capitaine leur laisserait quartier libre une fois qu’il serait revenu de sa visite au sultan. En attendant il y avait à faire. Trouver le moyen de rendre leur voyage rentable, car les doublons versés par la reine ne serait pas éternels.

Darkhâm leur avait laissé quelques hommes pour les accompagner dans cette première visite et les guider à travers la ville. Leur anglais étant encore plus vague que celui de leur capitaine, il ne fut pas aisé de se faire comprendre alors qu’ils atteignaient la rue marchande. Cortès allait devoir sévèrement négocier le prix des premières denrées qu’ils emmèneraient à bord, à savoir de l’eau douce, des farines, céréales et bien d’autres choses.

Ils y passèrent le reste de l’après-midi et au couché du soleil, les calles étaient à nouveau remplies de réserves, mais les réserves de doublon, elles en avaient pris un coup.
Remerciant les hommes de Darkhâm pour leur aide, le capitaine remonta à bord pour y passer la nuit. Ils iraient trouver le sultan au lendemain matin. Pour l’instant il leur fallait récupérer un peu.

- Cette balade fut fort enrichissante !

Cortés s’était retourné sur le professeur Barossa qui semblait avoir repris quelques couleurs. Il lui avait coûté quelques doublons de plus à vouloir déguster quelques plats de la région, mais le capitaine n’eut pas le cœur de lui refuser ces quelques dégustations, surtout à le voir à présent aussi souriant.

- enrichissante ? Ma foi, il faut voir de quel point de vue on se place.
- il est clair que cela a du puiser fortement dans les réserves royales, mais mon capitaine, nous n’avions guère le choix. Donc je disais que la ballade avait été enrichissante au niveau de ce que l’on a découvert. Les mœurs de ces gens sont en tout point pareil à celles des arabes, perses et autres peuples du Moyen Orient.

Cortès jeta un coup d’œil au professeur, alors qu’ils atteignaient le pont.

- oui il me semblait l’avoir remarqué.

Le capitaine dès que Darkhâm avait quitté le navire, avait convoqué les officiers dans le carré, et le professeur en faisait partie. Homme de science, il avait embarqué à son bord afin de rapporter à sa majesté les nouvelles découvertes scientifiques qu’il aurait pu faire. Ainsi dans un coin de calle, l’on avait embarqué toutes sortes d’échantillons de plantes, et d’objets divers, parfois même de simples roches mais le plus précieux était sans doute toutes les notes que le professeur prenaient et conservait dans son journal, ainsi que bien des croquis qu’il dessinait dans un épais livre. Le bonhomme était, il fallait le reconnaitre, fort sympathique. Toutefois ses manières, sa science et sa suffisance avaient parfois le don d’agacer un homme aussi simple que le capitaine. Et il avait plus d’une fois, du le renvoyer à sa cabine, afin de diriger les manœuvres sans l’homme toujours dans ses pattes. Et puis c’était aussi une question de sécurité, car le professeur n’était pas un grand marin.

- en fait capitaine, il m’a semblé comprendre que certains commerçants avaient du mal à trouver des navires pouvant rapidement transporter leurs marchandises vers des pays voisins, et surtout sans risque à cause des pirates qui sillonnent ces mers.
- hm c’est ce que m’a laissé entendre le capitaine Darkhâm.
- alors peut-être qu’il vous serait possible le temps d’un voyage ou deux, de négocier cela avec eux ? Ça vous permettrait ainsi de vous retourner un peu sans avoir à puiser dans vos réserves.
-dois-je comprendre que vous me suggérez de transformer un navire de la marine royale en navire marchand ?
- ma foi oui, cela pourrait-il être envisageable ?

Cortés fixa Barossa, sans rien laisser paraître de ce qu’il pensait. Il finit par lâcher dans un petit sourire.

- cela devrait pouvoir se faire, qu’en penses-tu Abel ?
- euh oui oui, il y a moyen d’aménager la place nécessaire dans les calles.
- alors fais donc cela. Demain après la visite au sultan, nous nous occuperons de ça. Professeur ?
- oui ?
- merci de votre suggestion fort à propos !
- mais euh je vous en prie mon capitaine.

Cortés s’amusa de voir Barossa surpris et après lui avoir rendu sa petite révérence, il retourna auprès du médecin de bord pour voir comment se portaient les hommes qui étaient tombés malades peu avant de croiser la route du navire djamilien.

5.

Après avoir passé la nuit à bord, au lendemain, ils reçurent un message. Ils étaient attendus au palais ou le sultan les recevrait avec grand plaisir. Les hommes qui étaient malades se portaient déjà mieux après avoir pris deux solides repas, et à ce rythme suivant les prédictions du médecin, ils seraient rapidement sur pied. Le capitaine Cortés laissa donc quartiers libres au premier quart de son équipage en se recommandant tout de même pour ne pas faire d’esclandres. Ils étaient en terre inconnue, et ignoraient encore la façon dont seraient perçus des étrangers ici. Mais bon, Cortés ne pouvait pas non plus garder indéfiniment ses hommes à bord, surtout après les longs mois de voyage qu’ils venaient de faire. Ils avaient besoin de s’amuser, de voir des femmes, de boire et tout ce qu’un port pouvait bien offrir comme distraction à des marins.

Quand à lui, il avait des affaire à mener à bien, dont celles dont ils avaient convenus la veille ensemble avec son lieutenant et le professeur Barossa. Il leur fallut retourner dans les rues marchandes et trouvèrent un commerçant intéressé par leur service. Ca faisait de longs mois qu’il avait tout un stock d’étoffes précieuses à faire livrer à Utopia, mais ne trouvait pas un navire qui voulut faire voile et puisse lui garantir la sécurité de sa marchandise. Cortés lui assura qu’à bord du Santa-Maria, ses étoffes ne risqueraient rien et en donnant le détail des canons et leurs nombres à bords, il sut convaincre le marchand.

Pour un bon prix, ils conclurent donc leur affaire par une poignée de main et une tasse de café que leur proposa l’humble commerçant dans l’arrière boutique. Cortés accepta bien volontiers, et lui ainsi que le professeur, le jeune mousse et Esteban dégustèrent un café des plus corsés. L’habitant de ces contrées se montrait très chaleureux, voir insistant alors qu’ils parcoururent les nombreux souks des rues qui formaient un véritable labyrinthe dans cette cité portuaire. Certains tentaient de leur vendre à tout prix, de magnifiques tapis aux couleurs éblouissantes, tandis que d’autres leur faisaient miroiter de belles pièces de vaisselle aux reflets cuivrés.

Ces dernières attirèrent le regard du mousse que Cortés eut toutes les peines à arracher à leur contemplation. Et malgré les généreuses offres des commerçants, ils repartirent sans leur avoir acheté quoique ce soit. Il eut mieux valu, sinon ces derniers se seraient passé le mot. Cortés passa un bras amical autour des épaules du jeune Tiago.

- alors on est attiré par ce qui brille ? hein ?
- c’est que ça me rappelle quand ma mère mettait la table et..
- ta mère te manque ?
- oui mais. Enfin ce n’est pas ce que je voulais dire.. J’aurais aimé lui offrir ce genre de chose.
- je comprends. Mais ce n’est pas une jolie assiette ou un beau verre brillant qui font qu’un repas est réussi.
- je sais… mais ça lui aurait plu.

Cortés envoya une bourrade dans le dos du gamin, tout en revenant vers les quais. Ils avaient trouvé le moyen de rentabiliser les futurs voyages qu’ils allaient entreprendre. Ne leur restait plus qu’à se fournir une carte de ce fameux continent, et ils pourraient se rendre à Utopia. De plus Cortés se souvint de ce que lui avait dit Darkhâm au sujet du pendentif qu’il portait. Un signe peut-être..

Revenus à bord, il visita les calles nouvellement aménagées, en vue d’accueillir de futures cargaisons. Les hommes avaient fait du bon travail. Ils étaient parés à repartir, mais ça ne serait pas pour tout de suite. Cette escale était la bienvenue, les hommes avaient besoin de rester quelques jours à terre, avant de reprendre la mer, surtout qu’ils avaient appris que ce n’était pas demain la veille qu’ils retourneraient chez eux. Cortés était resté très vague sur ce que lui avait expliqué Darkhâm et mis à part les officiers, personne n’était au courant au sujet de ce nouveau monde. Officiellement, ils se trouvaient sur une terre encore inexplorée, mais combien de temps le capitaine saurait les en convaincre ? tout comme lui-même refusait toujours d’y croire..

Seul le temps lui révèlerait l’inévitable vérité.

( Suite au palais Sélam)