Devant le palais

2. (avant)

Lesiem: Liberty


Un escadron de guerriers ayant revêtus leurs impressionnantes armures, avançait en rang, à un bon rythme sur la route qui dans quelques heures les mèneraient au pied de la vaste muraille entourant Sunliao. Ils arboraient la bannière de l’empereur rouge, symboles noirs tracés sur de longues bannières rouges sang, flottant au vent. L’emblème que nul homme dans la région n’avait plus revu depuis plus de dix ans et qui s’en souviendrait encore? Qui se souviendrait de ce millier d’hommes qui avait un jour prit les chemins de la guerre pour porter haut le nom de l’empereur, par delà les terres connues? Qui se souviendrait de ce valeureux général qui avait pris ces hommes sous ses ordres pour mener cette mission à bien?

Car aujourd’hui ils étaient de retour, les troupes de l’empereur rouge, étaient enfin de retour chez eux. Sur le chemin qui menait à Liao, le général avait salué l’un après l’autre ses frères d’arme, ses si valeureux compagnons, les regardant d’un œil ému, retrouver la chaleur des bras d’épouses qui ne pensaient plus jamais revoir leurs époux. Il avait vu les larmes dans leurs yeux, ces larmes de bonheur et d’incrédulité, ce regard qui à la vue du retour du mari perdu, s’allumait de cette magnifique lumière. Il avait su alors avoir pris la bonne décision.

Satisfait, Genkan parvenait à présent accompagné encore de quelques soldats aux murailles de Sunliao, murailles qui protégeaient la plus belle des cité, Liao avec en son cœur, le palais de l’empereur. Le vent avait amené aux oreilles des habitants, la surprenante nouvelle, l’empereur rouge que certains avaient craints mais que tous avaient respecté. Le fameux général était de retour de campagne, après une absence si longue que tous le pensaient mort. Il n’en était rien, bien au contraire, la présence du général au milieu de la cour devant la façade du palais, était la preuve indiscutable que rien ni personne n’avait eu raison de Genkan.

Alors que des gardes du palais se précipitaient à ses devants, trop jeunes pour reconnaître cet étranger aux allures impressionnantes dans son armure, Genkan descendit de cheval, aussitôt imité par la quinzaine de compagnons qui n’avaient pas eu de foyer à rejoindre. L’homme, un lieutenant de garde à voir l’emblème qu’il arborait sur sa tunique, l’aborda main sur la garde de son épée.

- Je te salue, noble guerrier. Qui es-tu et quelle est la raison de cette visite?

Genkan posa sur le jeune homme son regard acéré, visage de glace dont l’expression n’en était que plus terrible à cause de cette balafre qui allait de l’arcade sourcilière jusque sur le sommet de sa joue, toute proche de son oeil. Il avait eu beaucoup de chance ce jour là. Lentement, il se tourna pour croiser le regard outré de ses compagnons, avant de plonger son regard noir dans celui de ce freluquet.

- Est-ce ainsi qu’on salue un général?

L’autre eut un regard affolé en reconnaissant alors le signe sur les armes et l’armure de Genkan.

- Sache que je suis le général Genkan Jiang, de retour d’un long voyage, dans cette cité qui l’a vu naître. Et que je souhaite que l’Empereur Mingshu me reçoive.

Le lieutenant de la garde écarquilla les yeux. S’il avait commis une erreur en ne reconnaissant pas le grade de son supérieur, il avait toutefois suffisamment de connaissance en histoire de son pays pour savoir de qui parlait cet homme face à lui.

- mais… L’empereur Mingshu, n’est plus! Il .. il a trouvé la mort.. ça fait, ça fait très longtemps de ça aujourd’hui!

Le lieutenant se demandait à présent depuis combien de temps ce général face à lui avait quitté le pays. Il ne vit pas Genkan ciller sous la nouvelle. Son regard se troubla pour devenir plus noir encore et son visage plus pâle qu’il ne l’avait jamais été. Derrière lui, les chevaux soudains nerveux, s’agitèrent, devinant la tension entre les hommes. Les compagnons de l’empereur rouge, échangeaient des regards bouleversés comprenant en quelques instants, la raison de ce qui les avaient isolés si longtemps de Sunliao. Genkan lui encaissait, immobile cette terrible nouvelle. C’est d’une voix rendue rauque par l’émotion qu’il demanda alors:

- Et qui est le nouvel empereur?
- C’est l’empereur Zhao, mon général.

Genkan toisa de toute sa hauteur, cet homme qui se demandait s’il devait craindre le jugement dernier ou non à voir l’expression du général.

- Pourrait-on nous attribuer des quartiers à moi et à mes hommes? Le voyage a été très long et .. très difficile, nous avons besoin de repos.
- Je vais demander à ce que cela soit fait..

Genkan le regarda s’éloigner et donner des ordres à d’autres soldats. Les palefreniers vinrent à eux pour s’occuper de leur monture, et tout en retirant ses gants, le général posa un regard énigmatique sur la façade du Palais. Que c’était-il passé pendant tout ce temps? Il allait bientôt le savoir.